Alors un des éléments qui est resté dans la mémoire commune qui est vraiment important pour tous et qui a été très significatif et marquant c’est la canicule de 2003. En 2003 on a eu une vague de chaleur sur deux mois, enfin sur trois mois même, juin juillet août, qui a eu des effets très significatifs avec une surmortalité de plusieurs dizaines de milliers de personnes sur l’Europe qui était totalement inconnue puisqu’à l’échelle mondiale la canicule la plus importante qui avait été connue aux Etats-Unis l’ordre de grandeur de la surmortalité c’était de 400 personnes il me semble, 400 – 500 personnes. Donc on est vraiment sur d’autres ordres de grandeur et ça, ça reflète vraiment l’effet du changement climatique tel qu’on le constate sur des événements rares aujourd’hui qui pourront devenir beaucoup plus fréquents dans le reste du XXIe siècle.
Alors une canicule c’est une vague de chaleur qui dure un certain temps. Enfin au bout de trois jours avec des températures élevées en fait on commence à constater un effet sur les populations. Donc c’est le travail qui a été fait par Santé publique France avec lequel on a collaboré nous à Météo-France et qui a permis de mettre en place par exemple le dispositif de vigilance canicule. Ce dispositif existe depuis 2003, il permet d’alerter en anticipation, enfin, d’avertir et de mettre en vigilance les populations sur des vagues de chaleur prévues sur plusieurs jours à l’avance et qui dépassent en fait des seuils de température qui dépendent en fait des différentes localisations sur le territoire puisque les populations ne sont pas sensibles aux mêmes températures dans le nord de la France ou dans le sud de la France par exemple. Les seuils qui présentent des risques pour les populations ne sont pas les mêmes. Cela a été déterminé par des études épidémiologiques après la canicule de 2003 où les épidémiologues, avec les météorologues, ont déterminé l’impact et les effets des canicules afin d’ajuster les systèmes d’alerte et les éléments de vigilance qui alimentent les systèmes d’alerte.
Sur les tempêtes, l’effet du changement climatique sur l’Europe de l’Ouest n’est pas évident, il n’est pas démontré aujourd’hui, ni en augmentation ni en diminution. Par contre sur les pluies méditerranéennes, les pluies sur le pourtour méditerranéen, donc de forte intensité, on s’attend à une augmentation des épisodes de forte intensité. Donc des épisodes de forte intensité et surtout en fait de leur intensité elle-même de ces épisodes.
La météorologie, donc c’est une matière vaste. C’est la thermodynamique des fluides appliquée à l’atmosphère et l’océan. A Météo-France on a la chance d’avoir des spécialistes de l’ensemble de ces métiers qui vont de la recherche à la prévision opérationnelle en particulier. Donc les chercheurs, comment les chercheurs aujourd’hui contribuent à l’adaptation au changement climatique ? Faire face aux effets c’est l’adaptation au changement climatique qui contribue finalement à la mise en œuvre du plan national d’adaptation au changement climatique. Donc au niveau de la recherche ça consiste à étudier et à caractériser et à objectiver les effets du changement climatique, les effets par exemple sur la sécheresse des sols, sur la probabilité d’apparition de sécheresses des sols sévères et leur extension sur le territoire national, en métropole comme outre-mer. Ça c’est du domaine de la recherche. Ensuite un deuxième métier dans le prolongement immédiat de la recherche, c’est ce qu’on appelle les services climatiques. Les services climatiques c’est comment passer de ces impacts objectivés à l’influence sur les activités humaines. Typiquement on caractérise des sécheresses et comment on doit gérer les récoltes en termes d’agriculture.
L’aspect médiation communication, c’est une dimension très importante dans laquelle à la fois les chercheurs sont impliqués mais aussi les personnes qui développent des services climatiques mais aussi des spécialistes de la communication et de la médiation. On travaille notamment avec l’éducation nationale. On a un partenariat important depuis plus de vingt ans avec l’éducation nationale qui traite les questions de changement climatique. Notamment pour permettre aux enseignants d’aborder cette matière avec des contenus scientifiquement solides. On participe aussi au niveau international aux travaux du GIEC qui alimente aussi toutes ces actions de médiation puisque le GIEC fait la synthèse d’une connaissance. Les équipes de recherche produisent la connaissance donc à des chercheurs qui produisent de la connaissance et on a aussi certains de ces chercheurs-là qui sont sélectionnés par le GIEC pour rédiger les rapports du GIEC ou coordonner des chapitres entiers.
Comment se décline l’adaptation au niveau opérationnel aujourd’hui ? En fait l’adaptation au changement climatique s’intègre au système d’alerte, au dispositif d’alerte, on va dire au système d’alerte, à travers le dispositif de vigilance notamment son caractère évolutif.
Le dispositif de vigilance est entré en vigueur il y a à peu près 19 ans suite aux tempêtes de 1999 où en fait on avait en 1999 une prédiction météorologique qui prévoyait 150 km/h de vent sur la façade atlantique. Une partie de la population et des autorités à l’époque n’ont pas réalisé le niveau de risque associé en fait à cette prévision. Ce qui était demandé à l’époque à Météo-France par le ministère de l’Environnement c’est de mettre en place un dispositif de politique publique qui permette d’évaluer le niveau de risque associé à cette prévision de phénomènes. Donc on est passé à un deuxième niveau. La prévision de phénomènes c’est la prévision météorologique, l’estimation du niveau de risque, la détermination du niveau de risque, c’est la vigilance météo. Et le troisième niveau, quand la vigilance est avérée, que le phénomène est imminent ou a une intensité forte imminente on passe à un niveau alerte. Le niveau alerte, c’est du ressort du Premier ministre et par délégation du ministère de l’Intérieur. Donc vous voyez les trois niveaux en fait de la mise en œuvre de cette politique publique. Et le fait que les critères d’estimation du niveau de risque évoluent dans le temps, c’est ça qui fait que notre dispositif sera adapté et s’adaptera régulièrement au changement climatique. Donc c’est en ça où les dispositifs d’alerte sont le premier niveau finalement d’adaptation et sont très concrets pour les populations, c’est du quotidien en fait. La carte de vigilance comme vous voyez sur mon écran, donc c’est les travaux sur la future carte de vigilance pour dans quelques années, c’est quelque chose de quotidien pour les Français.
L’aménagement littoral doit intégrer la problématique de la hausse du niveau marin qui peut être objectivée par les services climatiques à travers, en s’appuyant sur les travaux de recherche. En particulier pour zoner des zones d’inondation potentielle dans laquelle il ne faudrait pas soit ne pas construire, soit construire des maisons avec des étages ou avec des dispositifs qui permettent de ne pas exposer les populations. Ou éventuellement de mettre des digues.
Il y a des travaux avec des collectivités locales qui permettent en fait d’identifier les possibilités d’aménagement en tenant compte de la hausse du niveau marin. Pour une ville la question, c’est ce qui est fait par exemple avec la ville de Paris, une des questions c’est où est-ce en période de canicule je peux trouver des îlots de fraîcheur. C’est des choses qui se modélisent et l’effet d’îlot de chaleur urbain qui est amplifié par certains bâtiments denses et qui restituent de la chaleur, c’est des choses qu’on peut représenter aujourd’hui dans des modèles de très haute résolution de climat urbain qui peuvent être en appui, en expertise, de logiques d’aménagement.