Quelles sont les principales inégalités qui perdurent aujourd’hui entre les femmes et les hommes ?
Le sexisme, c’est cette idéologie qui vise à inférioriser les femmes dans une société. Et donc cette idéologie produit un certain nombre d’effets. Si nous parlons de la vie politique. Dans la vie politique, les femmes sont, en dépit des lois, puisque nous avons des lois sur la parité, lorsque les lois obligent à la parité, nous avons des résultats, effectivement les assemblées sont paritaires. C’est le cas des conseils départementaux et des conseils régionaux aujourd’hui et des élections européennes pour ce qui est de la France. Lorsqu’il n’y a pas de loi qui exige qu’il y ait des mesures prises, dans ce cas-là, on n’atteint absolument pas la parité, c’est par exemple le cas des élections législatives où les personnes sont élues au scrutin uninominal et donc on a largement plus d’hommes que de femmes parce qu’il n’y a pas effectivement suffisamment, à parité en tous cas, de femmes présentées. C’est également le cas de la vie professionnelle. Les femmes, tous métiers, toutes professions et tout temps de travail confondus, gagnent, en moyenne, 26 % environ de moins que les hommes pour une raison très simple, c’est qu’elles n’ont pas la même carrière que les hommes parce que un tiers des femmes sont à temps partiel. Un temps partiel, cela veut dire bien sûr un salaire inférieur et cela veut dire, à terme, une retraite très inférieure et des femmes qui vont se retrouver aux minima sociaux quant à leur retraite.
Il y a effectivement 80 % des personnes à temps partiel sont des femmes et 20 % seulement sont des hommes, ce n’est pas un hasard complet bien entendu. Les filles ont de meilleurs résultats que les garçons dans l’ensemble parce que, elles ont acquis des qualités par leur éducation, par le fait qu’on va attendre d’elles qu’elles soient effectivement bonnes élèves.
Le sexisme, et les stéréotypes sexistes vont conduire à ce qu’elles choisissent, avec l’aide de leurs parents et avec l’aide de leurs enseignants, des études qui sont considérées comme plus adaptées à des filles. Cela veut dire qu’elles vont beaucoup moins aller vers les métiers scientifiques. Et les garçons, à l’inverse, eux, vont être davantage stimulés pour aller vers des études scientifiques qui sont plus rémunératrices et qui donnent effectivement beaucoup plus de perspectives professionnelles. Donc on voit bien que l’école est loin d’assurer l’égalité entre les filles et les garçons, il n’y a pas suffisamment d’éducation à l’égalité. Il y a effectivement des objectifs mais cela se passe assez peu dans la réalité. On a effectivement, en conséquence, de très grandes inégalités de ce que produit le système scolaire qui est en amont bien évidemment de la vie professionnelle.
Depuis le « Tour de France de l’égalité », quelles sont les principales mesures qui ont été adoptées ?
Le « Tour de France de l’égalité » a été initié par Emmanuel Macron et Marlène Schiappa fin 2017 et il avait pour but effectivement d’affirmer la place de l’égalité entre les femmes et les hommes dans le projet du président de telle sorte que cela devienne la grande cause nationale. Donc, un certain nombre d’annonces avaient été faites à l’époque et ce qui a été acté pour le moment, c’est la loi contre les violences sexistes et sexuelles de 2018 dans laquelle les auteurs de violences sont davantage sanctionnés et dans laquelle on améliore la protection des personnes victimes de violences sexistes et sexuelles et en particulier cet allongement des délais de prescription.
Et puis, le Premier ministre a annoncé un plan de lutte contre les violences faites aux femmes avec un certain nombre de mesures. Donc, par exemple, la possibilité de porter plainte en ligne ce qui est quand même très important.
Comment la France se situe-t-elle par rapport aux autres pays ?
La France aujourd’hui, en matière de parité, en termes de classement international est au 12e rang. Il n’y a rien de particulier à en dire, sauf que, on apparaît toujours un peu comme le champion de la parité. Non, en réalité, il y a des pays qui sont infiniment plus paritaires que nous. Ceci dit, on est sur le bon chemin. Dans la lutte contre les violences, il y a eu des avancées indiscutables dont je parlais tout à l’heure, pour autant, il faut que ce soit vraiment des choses qui soient affirmées au plus haut niveau de l’État et que cette volonté soit formulée ainsi : « oui, les violences, c’est un problème auquel nous voulons vraiment nous attaquer en y mettant les moyens ».
Ce grave problème du sexisme qui imprègne complètement la société française, il faut porter là aussi un discours fort en disant que cela doit être un des éléments fondamentaux de toutes les politiques publiques.
Cela implique effectivement que nous soyons dans l’intégration de l’égalité entre les femmes et les hommes qu’en étant un élément essentiel. C’est-à-dire, ne donner d’argent public que dans des politiques qui vont permettre de lutter contre les stéréotypes sexistes. D’autres pays l’ont fait. La Belgique par exemple. Il n’y a pas de raison qu’on ne le fasse pas.
On a des points forts en termes de textes de loi. On a effectivement un dispositif législatif en France excellent. Vraiment excellent. La difficulté, c’est l’écart qui existe entre les droits formels et l’égalité et la situation vécue par les femmes.