Texte intégral
QUESTION : La France semble avoir une position divergente de ses partenaires face aux propositions de M. Gorbatchev. En avez-vous parlé avec eux ?
LE PORTE PAROLE DU MINISTERE DES AFFAIRES ETRANGERES :
- 1) Le ministre a saisi hier l'occasion de son entretien avec M. Nitze et M. Perle, venus pour parler du traité ABM, pour rappeler :
- que, contrairement à certaines interprétations, la rupture du lien entre la négociation sur les forces nucléaires intermédiaires avec les autres corbeilles de la négociation (armes stratégiques et armes spatiales) était prévisible. Le lien avait en effet été rétabli à Reykjavik après avoir été abandonné.
- Les Soviétiques rompent à nouveau ce lien, probablement pour des raisons d'opportunité politique, la situation en Europe restant pour eux un objectif essentiel.
- 2) S'agissant de l'option zéro, la position française n'a pas changé.
- Il s'agit d'une proposition occidentale, faite par les Alliés, membres de l'organisation intégrée qui participent au déploiement, elle est consécutive à la double décision (implicite en 1979, explicite en 1981).
- La France a toujours dit que l'option zéro ne doit pas se traduire par une moindre sécurité pour l'Europe.
- Elle a insisté sur le fait que sa mise en oeuvre comporte un certain nombre de risques liés à la possibilité d'un contournement par le haut et par le bas.
- Le problème du contournement par le haut est celui de la négociation stratégique :
- sur ce point, nous considérons que la réalisation de l'objectif convenu entre USA et URSS à Reykjavik, c'est-à-dire la réduction de 50 % de leurs arsenaux, serait un acquis positif et sans précédent dans l'histoire du désarmement.
- Le point du contournement par le bas est celui des missiles à courte portée à propos duquel existe, depuis Reykjavik, un débat entre Américains et Soviétiques :
- l'accord devrait-il comporter un plafonnement de ces missiles (position américaine) ou un gel (position soviétique) qui consacrerait la supériorité soviétique en ce domaine ?
- D'autre part, s'ajoute le problème de l'engagement, dans les six mois qui suivraient un accord FNI, d'une nouvelle négociation dont l'objet serait la réduction de ces armes. C'est dans ce contexte que M. Raimond a indiqué qu'il fallait éviter d'aller vers une "dénucléarisation" de l'Europe (c'est-à-dire un désengagement nucléaire américain avec découplage).
- 3) Notre attitude n'est pas dictée par le problème de l'inclusion des forces tierces dans la négociation (F. RU), M. Gorbatchev ayant exclu, une nouvelle fois à Reykjavik, cette prise en compte,
Donc pour résumer :
- la proposition Gorbatchev n'est pas une surprise. notre position n'a pas changé sur l'option zéro. notre attitude n'est pas dictée par la prise en compte des forces tierces.
- Nous sommes en contact régulier avec nos Alliés sur toutes ces questions.
- Hier, M. Raimond a vu M. Nitze et M. Perle, comme il avait vu à Genève les négociateurs américains dont M. Glitman (chargé des FNI).
- Il s'est entretenu, ce matin, par téléphone, avec M. Genscher.