Texte intégral
Au nom du MEDEF, d'Ernest-Antoine Seillière et de l'ensemble du conseil exécutif, je vous remercie d'avoir accepté d'accueillir ce forum. Je suis heureux et fier d'être parmi vous pour une nouvelle fois étudier, réfléchir, débattre, proposer !
Nous sommes parfaitement dans notre rôle en participant au débat public qui précède les grands rendez-vous électoraux. Tous les citoyens s'interrogent sur le destin politique, économique et social de notre pays. Nous avons le devoir de dire haut et fort quelles sont, pour nous entrepreneurs, les priorités de l'action publique. Nous avons le devoir de faire entendre la voix de ceux qui sont en charge des activités productives, dans un monde qui, plus que jamais, met sa confiance et son avenir dans le développement économique et industriel, dans un monde sans cesse plus ouvert, sans cesse plus concurrentiel, sans cesse plus compétitif, la voix de ceux qui produisent les richesses de notre pays, richesses qui assurent notre niveau de vie et notre protection sociale.
Nos propositions s'adressent à tous, sans exception. D'abord et avant tout, à tous nos concitoyens, au premier rang desquels figurent les salariés, pour que tous aient pleinement conscience des enjeux économiques que devra relever la France dans les années qui viennent. Nos propositions s'adressent aussi à tous les candidats à des fonctions publiques, locales, régionales, nationales, quelle que soit leur couleur politique, pour qu'aucun d'entre eux n'ignore les voies à suivre et les moyens à mettre en uvre pour créer un environnement aussi propice que possible aux entreprises, c'est à dire propice à l'emploi et à la croissance.
Nous avons un souhait : que l'on cesse enfin, à l'occasion de ces rendez-vous électoraux, de faire de la politique " sur le dos des entreprises ". Que l'on cesse de faire croire aux Français que c'est en brimant les entreprises, en les bridant, en les encadrant, en les critiquant, en les contrôlant, en les stérilisant, en les ponctionnant, en les plombant que l'on retrouvera croissance et plein emploi.
-Vous le savez, vous, chers amis entrepreneurs, c'est exactement l'inverse qui est vrai : nous demandons à être encouragés, soutenus, portés pour relever ensemble, entreprises et Etat, les formidables challenges qui s'annoncent !
- C'est en faisant d'abord confiance aux entrepreneurs, aux femmes et aux hommes qui se mettent à risque pour créer, reprendre, développer les entreprises ;
- C'est en faisant confiance au dialogue social et donc à l'ensemble des partenaires sociaux ;
- C'est en rendant aux entreprises les responsabilités qu'on leur a confisquées ;
- C'est en libérant les énergies créatrices ;
- C'est en encourageant tous ceux qui mobilisent les moyens de production ;
- Que l'on retrouvera une croissance durable, entretenue, porteuse d'emploi.
Nous devons tous être fiers de ce que nous faisons, de ce que nous créons, de ce que nous représentons. Et répondre point par point, sans relâche, à tous ceux qui critiquent et accablent les entreprises pour nourrir leur fonds de commerce politique, pour justifier l'intervention incessante de l'Etat, pour augmenter les prélèvements obligatoires, pour multiplier les réglementations, pour étouffer sous des tonnes de papier les vocations d'entrepreneurs !
Parmi ceux qui critiquent sans cesse les entreprises figurent en bonne place ceux qui ne voient dans l'activité productive qu'atteintes à l'environnement, qu'exploitation déraisonnable de la nature, qu'épuisement forcené des ressources de la terre. A les entendre, notamment les plus extrémistes d'entre eux, les entreprises détruiraient davantage de richesses qu'elles n'en produiraient. C'est faux, c'est absurde, c'est mensonger.
Je suis heureux que ce forum ait contribué à dégager les éléments de réponse à ces critiques, à ces accusations, à ces procès. Nous devons tenir un discours positif sur l'environnement. Les solutions des problèmes liés à l'environnement passeront par les entreprises, par leur implication, leur responsabilisation, ou ne passeront pas ! Notre engagement résolu en faveur du développement durable permettra de montrer que la protection de l'environnement, au sens le plus large du terme, n'est pas un slogan de meeting mais une réalité quotidienne en mouvement.
PRIORITE AU DEVELOPPEMENT
Permettez moi d'abord, Chers amis, de rappeler que dans l'expression développement durable, il y a le mot " développement ". Or le développement ne peut être atteint que par la création de richesse. Et la création de richesse ne peut se réaliser que si les trois conditions de la croissance sont toutes réunies:
- la mobilisation du facteur travail ;
- la mobilisation du facteur capital ;
- la mobilisation de l'intelligence ;
- la mobilisation du facteur travail, d'abord ; c'est à dire la mobilisation des femmes et des hommes qui participent à l'activité productive, qui disposent d'une solide formation initiale et professionnelle permettant l'augmentation de la productivité, qui soient incités à travailler parce que le fruit de leur travail n'est pas confisqué par des prélèvements obligatoires exorbitants. Croyez-vous que tel soit le cas en France, où seulement un Français sur deux participe aujourd'hui à l'activité productive ? Où l'on contraint tout le monde par la loi à travailler moins ? Où aucune politique de formation n'a été vraiment poursuivie ? Où les prélèvements sociaux et fiscaux atteignent des niveaux records ?
- la mobilisation du facteur capital, ensuite ; c'est-à-dire la priorité donnée aux investissements productifs, aux équipements, aux moyens de production. Croyez-vous que cela soit le cas alors que la taxation des entreprises est plus élevée en France qu'à l'étranger, que la profitabilité y est plus faible, que certains continuent de demander la taxation de l'outil de travail, et que Martine Aubry a encore imaginé d'introduire une taxe sur les équipements, sur l'amortissement, pour financer la Sécurité sociale ? Croyez-vous que cela soit le cas lorsque l'Etat continue d'absorber une part importante des ressources financières de la nation, parce qu'il est incapable de maîtriser les dépenses collectives et continue d'accumuler une dette publique qui dépasse 5500 milliards de francs, et que le déficit budgétaire présenté en ce moment même au Parlement va dépasser les deux cent milliards de francs ? Ne croyez-vous pas que cet argent serait mieux investi dans nos entreprises du secteur concurrentiel ?
- la mobilisation de l'intelligence, enfin ; la croissance résulte de la recherche fondamentale et appliquée, de l'innovation, dans tous les domaines, des progrès technologiques, des progrès dans les process, dans les produits et dans les organisations. Croyez-vous, Chers Amis, que la France fasse tout ce qu'il faut pour mobiliser l'intelligence, lorsque l'on voit la situation de nos universités, des centres de recherche publics, lorsque l'on voit la fuite de cerveaux vers des cieux scientifiques plus féconds ?
MOBILISER LES FACTEURS DE DEVELOPPEMENT
Avant de parler de développement durable, assurons nous toujours qu'il y ait bel et bien développement. Je le dis aujourd'hui avec force à Clermont-Ferrand, dans cette région qui peut s'honorer d'une vraie tradition de travail et d'industrie :
- Oui, il faut mobiliser les ressources humaines de notre pays, réformer l'école et la formation professionnelle, revaloriser le travail, élever les âges de cessation d'activité, alléger toutes les ponctions sur les salaires.
- Oui, il faut mobiliser le facteur capital dans notre pays , encourager l'épargne qui va vers l'entreprise, instaurer des fonds de pension, alléger l'impôt sur les sociétés, supprimer la taxe professionnelle, accélérer l'amortissement. Et éradiquer le déficit public et tous les déficits sociaux qui obèrent le niveau de vie de toutes les générations à venir. - Oui, il faut mobiliser l'intelligence, et donner à notre pays un projet éducatif, scientifique et technologique ambitieux pour le XXIème siècle.
Ce n'est que comme cela - il n'y a pas d'autre voie - que l'on retrouvera la croissance, le développement, le progrès.
NOUS SOMMES POUR UN DEVELOPPEMENT DURABLE
Mais aujourd'hui, le développement doit être durable, respectueux des générations futures, équitablement réparti à travers les territoires.
Le développement durable est à la fois une nouvelle demande sociale et un nouveau challenge pour les entreprises.
REPONDRE A UNE NOUVELLE DEMANDE SOCIALE
Le développement durable est une nouvelle demande sociale qui se traduit par de nouvelles exigences qu'il nous faut satisfaire. Le développement durable implique de raisonner et d'agir dans une perspective de long terme. Il s'agit en particulier d'une révolution du temps, d'une revendication d'un temps long, qui ne sacrifie pas le futur pour le présent, qui ne sacrifie pas l'avenir des générations futures sur l'autel de l'égoïsme des générations d'aujourd'hui. Et pour nous, il ne s'agit pas seulement de protéger l'environnement, mais de rendre compatible l'économique, le social, l'écologique.
L'économique est essentiel, le profit est une condition nécessaire de tout développement, mais l'éthique du développement durable demande que l'on intègre les dimensions sociales et écologiques dans toutes nos décisions.
Le développement durable peut être vu comme une contrainte nouvelle, mais c'est pour les entrepreneurs un nouveau défi, un nouveau challenge, une occasion pour faire gagner les valeurs de l'entreprise. Nous devons faire valoir ce qui caractérise au premier chef l'esprit d'entreprise, c'est-à-dire l'esprit de responsabilité. Relever ce défi, c'est nous donner la chance de faire respecter l'entreprise par tous ses partenaires, de lui redonner sa vraie place dans la société, une place de leader, une place de pionnier, une place aux avant-postes de la modernité.
Mais, ne nous y trompons pas : le contexte du développement durable est aussi celui d'une bataille, où l'entreprise doit faire reconnaître sa légitimité. Bataille avec l'opinion, bataille avec certaines associations qui n'aiment pas ce que nous sommes censés représenter, bataille aussi avec les pouvoirs publics, qui trouvent dans ce domaine de nouveaux prétextes à nous faire la leçon.
Les valeurs du développement durable sont les nôtres, nous en sommes les auteurs et les porteurs autant que d'autres, mais nous savons aussi qu'elles peuvent être le terreau pour certains groupes, certains gouvernements de poursuivre la mise sous tutelle de l'entreprise. Elles peuvent servir de prétexte à multiplier les taxes, à maintenir ou à élever de nouvelles barrières, à freiner l'activité productive. Elles peuvent servir de prétexte à faire des lois et des règlements travestis en " nouvelles régulations ". Et cela dans des conditions d'opacité, d'incohérence stupéfiantes : rappelons-nous que l'écotaxe dont on nous a longtemps menacé n'avait pas pour but la protection de l'environnement, mais le financement des 35 heures, véritable tonneau des Danaïdes.
Le développement durable, Chers amis, c'est notre affaire : rien ne serait pire que s'installe la croyance que les préoccupations de l'environnement, que les préoccupations éthiques ne sauraient s'imposer à l'entreprise que de l'extérieur. Le développement durable est une exigence qui n'appartient pas aux uns contre les autres. Le développement durable n'est possible que s'il devient l'affaire de tous et de chacun, unis dans une même vision de ce que sont les responsabilités de l'homme sur cette terre.
Et nous, entrepreneurs de France, nous ne sommes pas en reste. Nous n'avons pas à avoir mauvaise conscience. En matière de protection de l'environnement, c'est la France qui, en Europe, y consacre la plus grande part de sa richesse avec des résultats très positifs, comme cela fut rappelé au début de ce forum.
SOYONS CONQUERANTS
Nous devons faire du développement durable un instrument de conquête du marché et de développement de l'entreprise. Nous n'avons d'ailleurs pas le choix dans le contexte actuel de mondialisation. Déjà certains de nos concurrents étrangers, mais aussi un certain nombre d'entreprises françaises, ont su s'emparer de ces thèmes pour conquérir des marchés, pour gagner dans la concurrence mondiale.
En effet, la démarche de développement durable permet à terme la réduction des coûts. Ainsi la recherche d'une plus grande efficacité énergétique se traduit par une baisse des coûts de production. L'innovation dans les process de production est souvent, elle aussi, un facteur de réduction des coûts. L'innovation dans le produit, vous le savez, permet de conquérir des parts de marché. L'investissement dans la formation des salariés a un impact direct sur leur compétence, leur dynamisme, et donc sur la performance de l'entreprise. Les investissements dans le domaine de la dépollution ont permis de faire d'entreprises françaises des leaders mondiaux dans ce secteur d'activité.
La démarche d'entreprises en faveur du développement durable est devenue un argument qui détermine les décisions des investisseurs. Déjà fleurissent les fonds éthiques, les agences de notations éthiques. Déjà se multiplient les activités de normalisation à partir de développement durable. Les pouvoirs publics cherchent d'ailleurs à s'en inspirer pour nous imposer de nouvelles contraintes, tous marris qu'ils sont de constater que le marché s'est d'ores et déjà emparé du thème, qu'il l'a intégré, qu'il le met efficacement en uvre sans les attendre.
Gagner la bataille du développement durable, c'est aussi gagner la bataille de l'éthique : c'est assurer l'acceptabilité sur le long terme des activités industrielles, des activités de transport. C'est aussi montrer que l'on peut construire la société sur l'entreprise, sur l'esprit d'entreprise, que celui-ci n'est pas seulement animé par l'instant, le court terme, mais qu'il porte une vision capable de rendre le monde meilleur.
POUR UN NOUVEAU PARTENARIAT
Mais il y a d'autres enjeux, notamment des enjeux de régulation. En nous appropriant ce thème, nous devons démontrer que nous pouvons atteindre ces objectifs autrement que par de nouvelles lois ou de nouveaux textes, mais par des démarches volontaires, proactives, contractuelles.
Nous faisons ainsi face à des enjeux de gouvernance. Au niveau national, à travers cette question du développement durable, nous pouvons construire de nouvelles relations avec les pouvoirs publics, fondées non plus sur l'oukase et la contrainte, mais sur le partenariat.
Il ne s'agit pas pour nous de dire que l'Etat n'a rien à faire dans ces domaines. Au contraire. Il doit d'abord nous protéger de certains usages de cette notion, de certaines discriminations dont les entrepreneurs nationaux pourraient être l'objet de la part de pays étrangers, contestant par exemple nos critères de durabilité. C'est bien ce qui est en cause actuellement à Doha, dans les négociations de l'OMC. Mais, au-delà, il lui revient de créer les conditions pour que l'exigence de développement durable devienne un projet collectif, mobilisant tous et chacun, entreprises et salariés, entrepreneurs et consommateurs, pouvoirs publics, associations et ONG dans un effort commun, une ambition nationale, qui nous permettent à nous Français de relever un défi déjà mondial. Le développement durable peut et doit être l'occasion de transformer profondément les rapports des pouvoirs publics avec l'entreprise. Ceci est aussi vrai au niveau international : il faudra bien que s'organise également cette gouvernance mondiale et que les entreprises y participent.
La démarche de développement durable doit également inspirer une nouvelle gouvernance locale. Les politiques de décentralisation et d'aménagement du territoire doivent intégrer cet objectif de développement durable, comme en ont témoigné les intervenants de la deuxième table ronde de ce forum. Oui, il devient urgent de simplifier et de rationaliser l'organisation des collectivités locales et de clarifier le champ de leurs compétences. Oui, il est indispensable de renforcer la concertation avec les entreprises à l'échelon local. Oui, l'entreprise revendique d'assumer toutes ses responsabilités vis-à-vis de tous ses partenaires.
UNE VISION PARTAGEE
Nous devons arriver à faire partager notre vision du développement durable. Une vision liée aux valeurs de progrès, et non de crispation sur des avantages acquis, enracinée dans la confiance, et non dans la défiance, une vision liée à l'idée forte que ce n'est qu'à condition de prendre certains risques, raisonnés, calculés, que l'homme pourra accomplir la mission qui est la sienne sur cette Terre : améliorer sa condition, au profit du plus grand nombre. C'est une vision profondément humaine, véritablement humaniste.
Cette volonté de dialogue avec tous ceux qui sont concernés a bien été ressentie par les participants à la première table ronde, qui proposent avec pertinence la mise en place de conseils du développement durable, rassemblant toutes les parties prenantes, tant au niveau national que régional, pour débattre des priorités à définir à chacun des deux niveaux, des moyens à mettre en uvre, des difficultés rencontrées, et cela dans un véritable esprit de concertation.
Le MEDEF va d'ailleurs créer un " carrefour des entrepreneurs en matière de développement durable ". De manière à ce que chacun puisse s'inspirer des expériences réussies, mais aussi des difficultés rencontrées. Il s'agira d'une sorte de forum régulier, permanent, qui fonctionnera comme un retour d'expérience collectif.
Encore une fois, Chers Amis, le développement durable n'a de sens que comme un accélérateur de responsabilités.
Gouverner pour favoriser le développement durable implique d'abandonner les vieux réflexes fiscaux et réglementaires pour recourir à de nouvelles formes de régulation et raisonner en termes d'objectifs. La mondialisation des marchés, la concurrence accrue entre les pays, la dimension planétaire d'un certain nombre de problèmes environnementaux tels que celui de l'eau, des changements climatiques, de l'élimination des déchets, de la politique intégrée des produits imposent de recourir à de nouveaux instruments de régulation, qui permettent aux entreprises d'atteindre les objectifs fixés avec le meilleur rapport possible coût/efficacité, de manière à préserver leur compétitivité. Cela implique désormais de travailler par objectifs et non par règlements. C'est la démarche même préconisée par l'ONU à l'égard des Etats.
Une fois les objectifs fixés, il appartient aux branches industrielles, aux entreprises de déterminer comment les atteindre, de négocier avec les pouvoirs publics de véritables engagements dont la réalisation devra être contrôlée par des experts externes, et leur non réalisation sanctionnée. C'est cela que nous avons proposé sans succès depuis deux ans au gouvernement pour la lutte contre le changement climatique et la réduction des émissions de gaz à effets de serre, sans aucune réponse à ce jour.
Cela implique également de mettre en place des mécanismes de marché, instruments complémentaires aux engagements que prendront les entreprises.
Cela signifie encore de développer des codes de bonne conduite, pour renforcer la dimension " accélérateur de responsabilité " du développement durable, par exemple pour une information sur la mise en uvre de la démarche développement durable au sein de l'entreprise, sur les résultats obtenus.
TROIS PRIORITES
Au-delà des grandes orientations qui viennent d'être évoquées, on peut dégager trois priorités dans la vision entrepreneuriale du développement durable :
Donner la priorité à l'avenir, donc à l'investissement sous toutes ses formes. Priorité au long terme, en matière économique, fiscale et sociale, refus de toutes les formes de gâchis, des dépenses inutiles. Ne gaspillons plus les ressources de la nation. Nous devons adopter une attitude systématique d'anticipation, nous projeter dans l'avenir, vérifier sans cesse la cohérence temporelle de nos projets. Nous devons nouer de nouveaux liens avec la communauté scientifique, participer à la lutte contre le nouvel obscurantisme, recréer une culture technologique. Nous devons renouer un pacte avec l'école et l'université, où se forgent les générations futures.
Adopter une conduite éthique, qui respecte partout la dignité de l'homme, en particulier dans la prise des risques nécessaires à l'entreprise, dans leur prévention et leur réparation. Notre devoir est de respecter les traditions, les coutumes, les richesses naturelles partout dans le monde.
Organiser l'insertion de l'entreprise dans les communautés au sein desquelles elle se développe, par une politique de transparence, d'information en amont, de communication. C'est par le dialogue ouvert, franc, direct que l'on parviendra à dissiper les malentendus, réduire les peurs, supprimer les angoisses.
Nous aurons comme entrepreneurs à nouer des relations avec les collectivités locales, avec ces nouveaux partenaires que sont les associations et les ONG. Nous devons tout faire pour que l'entreprise n'apparaisse pas localement comme une menace. Organisons des journées portes ouvertes, des relations avec le monde enseignant. Encourageons localement non seulement des clubs sportifs, mais aussi des opérations de protection de la nature.
Oui, donc, à ce que dans les rapports d'activité des entreprises figurent à terme leurs actions en matière de développement durable.
Oui aux notations éthiques, même si elles doivent être normalisées.
Oui à ces nouvelles formes de concurrence, concurrence par les bonnes, par les meilleures pratiques.
Oui à ce que les consommateurs reconnaissent celles des entreprises et des marques qui représentent la meilleure éthique.
Oui aux solutions négociées, contractuelles, conventionnelles.
Oui au développement, oui au développement durable.
En avant les entreprises, en avant la France !
(Source http://www.medef.fr, le 19 novembre 2001)
Nous sommes parfaitement dans notre rôle en participant au débat public qui précède les grands rendez-vous électoraux. Tous les citoyens s'interrogent sur le destin politique, économique et social de notre pays. Nous avons le devoir de dire haut et fort quelles sont, pour nous entrepreneurs, les priorités de l'action publique. Nous avons le devoir de faire entendre la voix de ceux qui sont en charge des activités productives, dans un monde qui, plus que jamais, met sa confiance et son avenir dans le développement économique et industriel, dans un monde sans cesse plus ouvert, sans cesse plus concurrentiel, sans cesse plus compétitif, la voix de ceux qui produisent les richesses de notre pays, richesses qui assurent notre niveau de vie et notre protection sociale.
Nos propositions s'adressent à tous, sans exception. D'abord et avant tout, à tous nos concitoyens, au premier rang desquels figurent les salariés, pour que tous aient pleinement conscience des enjeux économiques que devra relever la France dans les années qui viennent. Nos propositions s'adressent aussi à tous les candidats à des fonctions publiques, locales, régionales, nationales, quelle que soit leur couleur politique, pour qu'aucun d'entre eux n'ignore les voies à suivre et les moyens à mettre en uvre pour créer un environnement aussi propice que possible aux entreprises, c'est à dire propice à l'emploi et à la croissance.
Nous avons un souhait : que l'on cesse enfin, à l'occasion de ces rendez-vous électoraux, de faire de la politique " sur le dos des entreprises ". Que l'on cesse de faire croire aux Français que c'est en brimant les entreprises, en les bridant, en les encadrant, en les critiquant, en les contrôlant, en les stérilisant, en les ponctionnant, en les plombant que l'on retrouvera croissance et plein emploi.
-Vous le savez, vous, chers amis entrepreneurs, c'est exactement l'inverse qui est vrai : nous demandons à être encouragés, soutenus, portés pour relever ensemble, entreprises et Etat, les formidables challenges qui s'annoncent !
- C'est en faisant d'abord confiance aux entrepreneurs, aux femmes et aux hommes qui se mettent à risque pour créer, reprendre, développer les entreprises ;
- C'est en faisant confiance au dialogue social et donc à l'ensemble des partenaires sociaux ;
- C'est en rendant aux entreprises les responsabilités qu'on leur a confisquées ;
- C'est en libérant les énergies créatrices ;
- C'est en encourageant tous ceux qui mobilisent les moyens de production ;
- Que l'on retrouvera une croissance durable, entretenue, porteuse d'emploi.
Nous devons tous être fiers de ce que nous faisons, de ce que nous créons, de ce que nous représentons. Et répondre point par point, sans relâche, à tous ceux qui critiquent et accablent les entreprises pour nourrir leur fonds de commerce politique, pour justifier l'intervention incessante de l'Etat, pour augmenter les prélèvements obligatoires, pour multiplier les réglementations, pour étouffer sous des tonnes de papier les vocations d'entrepreneurs !
Parmi ceux qui critiquent sans cesse les entreprises figurent en bonne place ceux qui ne voient dans l'activité productive qu'atteintes à l'environnement, qu'exploitation déraisonnable de la nature, qu'épuisement forcené des ressources de la terre. A les entendre, notamment les plus extrémistes d'entre eux, les entreprises détruiraient davantage de richesses qu'elles n'en produiraient. C'est faux, c'est absurde, c'est mensonger.
Je suis heureux que ce forum ait contribué à dégager les éléments de réponse à ces critiques, à ces accusations, à ces procès. Nous devons tenir un discours positif sur l'environnement. Les solutions des problèmes liés à l'environnement passeront par les entreprises, par leur implication, leur responsabilisation, ou ne passeront pas ! Notre engagement résolu en faveur du développement durable permettra de montrer que la protection de l'environnement, au sens le plus large du terme, n'est pas un slogan de meeting mais une réalité quotidienne en mouvement.
PRIORITE AU DEVELOPPEMENT
Permettez moi d'abord, Chers amis, de rappeler que dans l'expression développement durable, il y a le mot " développement ". Or le développement ne peut être atteint que par la création de richesse. Et la création de richesse ne peut se réaliser que si les trois conditions de la croissance sont toutes réunies:
- la mobilisation du facteur travail ;
- la mobilisation du facteur capital ;
- la mobilisation de l'intelligence ;
- la mobilisation du facteur travail, d'abord ; c'est à dire la mobilisation des femmes et des hommes qui participent à l'activité productive, qui disposent d'une solide formation initiale et professionnelle permettant l'augmentation de la productivité, qui soient incités à travailler parce que le fruit de leur travail n'est pas confisqué par des prélèvements obligatoires exorbitants. Croyez-vous que tel soit le cas en France, où seulement un Français sur deux participe aujourd'hui à l'activité productive ? Où l'on contraint tout le monde par la loi à travailler moins ? Où aucune politique de formation n'a été vraiment poursuivie ? Où les prélèvements sociaux et fiscaux atteignent des niveaux records ?
- la mobilisation du facteur capital, ensuite ; c'est-à-dire la priorité donnée aux investissements productifs, aux équipements, aux moyens de production. Croyez-vous que cela soit le cas alors que la taxation des entreprises est plus élevée en France qu'à l'étranger, que la profitabilité y est plus faible, que certains continuent de demander la taxation de l'outil de travail, et que Martine Aubry a encore imaginé d'introduire une taxe sur les équipements, sur l'amortissement, pour financer la Sécurité sociale ? Croyez-vous que cela soit le cas lorsque l'Etat continue d'absorber une part importante des ressources financières de la nation, parce qu'il est incapable de maîtriser les dépenses collectives et continue d'accumuler une dette publique qui dépasse 5500 milliards de francs, et que le déficit budgétaire présenté en ce moment même au Parlement va dépasser les deux cent milliards de francs ? Ne croyez-vous pas que cet argent serait mieux investi dans nos entreprises du secteur concurrentiel ?
- la mobilisation de l'intelligence, enfin ; la croissance résulte de la recherche fondamentale et appliquée, de l'innovation, dans tous les domaines, des progrès technologiques, des progrès dans les process, dans les produits et dans les organisations. Croyez-vous, Chers Amis, que la France fasse tout ce qu'il faut pour mobiliser l'intelligence, lorsque l'on voit la situation de nos universités, des centres de recherche publics, lorsque l'on voit la fuite de cerveaux vers des cieux scientifiques plus féconds ?
MOBILISER LES FACTEURS DE DEVELOPPEMENT
Avant de parler de développement durable, assurons nous toujours qu'il y ait bel et bien développement. Je le dis aujourd'hui avec force à Clermont-Ferrand, dans cette région qui peut s'honorer d'une vraie tradition de travail et d'industrie :
- Oui, il faut mobiliser les ressources humaines de notre pays, réformer l'école et la formation professionnelle, revaloriser le travail, élever les âges de cessation d'activité, alléger toutes les ponctions sur les salaires.
- Oui, il faut mobiliser le facteur capital dans notre pays , encourager l'épargne qui va vers l'entreprise, instaurer des fonds de pension, alléger l'impôt sur les sociétés, supprimer la taxe professionnelle, accélérer l'amortissement. Et éradiquer le déficit public et tous les déficits sociaux qui obèrent le niveau de vie de toutes les générations à venir. - Oui, il faut mobiliser l'intelligence, et donner à notre pays un projet éducatif, scientifique et technologique ambitieux pour le XXIème siècle.
Ce n'est que comme cela - il n'y a pas d'autre voie - que l'on retrouvera la croissance, le développement, le progrès.
NOUS SOMMES POUR UN DEVELOPPEMENT DURABLE
Mais aujourd'hui, le développement doit être durable, respectueux des générations futures, équitablement réparti à travers les territoires.
Le développement durable est à la fois une nouvelle demande sociale et un nouveau challenge pour les entreprises.
REPONDRE A UNE NOUVELLE DEMANDE SOCIALE
Le développement durable est une nouvelle demande sociale qui se traduit par de nouvelles exigences qu'il nous faut satisfaire. Le développement durable implique de raisonner et d'agir dans une perspective de long terme. Il s'agit en particulier d'une révolution du temps, d'une revendication d'un temps long, qui ne sacrifie pas le futur pour le présent, qui ne sacrifie pas l'avenir des générations futures sur l'autel de l'égoïsme des générations d'aujourd'hui. Et pour nous, il ne s'agit pas seulement de protéger l'environnement, mais de rendre compatible l'économique, le social, l'écologique.
L'économique est essentiel, le profit est une condition nécessaire de tout développement, mais l'éthique du développement durable demande que l'on intègre les dimensions sociales et écologiques dans toutes nos décisions.
Le développement durable peut être vu comme une contrainte nouvelle, mais c'est pour les entrepreneurs un nouveau défi, un nouveau challenge, une occasion pour faire gagner les valeurs de l'entreprise. Nous devons faire valoir ce qui caractérise au premier chef l'esprit d'entreprise, c'est-à-dire l'esprit de responsabilité. Relever ce défi, c'est nous donner la chance de faire respecter l'entreprise par tous ses partenaires, de lui redonner sa vraie place dans la société, une place de leader, une place de pionnier, une place aux avant-postes de la modernité.
Mais, ne nous y trompons pas : le contexte du développement durable est aussi celui d'une bataille, où l'entreprise doit faire reconnaître sa légitimité. Bataille avec l'opinion, bataille avec certaines associations qui n'aiment pas ce que nous sommes censés représenter, bataille aussi avec les pouvoirs publics, qui trouvent dans ce domaine de nouveaux prétextes à nous faire la leçon.
Les valeurs du développement durable sont les nôtres, nous en sommes les auteurs et les porteurs autant que d'autres, mais nous savons aussi qu'elles peuvent être le terreau pour certains groupes, certains gouvernements de poursuivre la mise sous tutelle de l'entreprise. Elles peuvent servir de prétexte à multiplier les taxes, à maintenir ou à élever de nouvelles barrières, à freiner l'activité productive. Elles peuvent servir de prétexte à faire des lois et des règlements travestis en " nouvelles régulations ". Et cela dans des conditions d'opacité, d'incohérence stupéfiantes : rappelons-nous que l'écotaxe dont on nous a longtemps menacé n'avait pas pour but la protection de l'environnement, mais le financement des 35 heures, véritable tonneau des Danaïdes.
Le développement durable, Chers amis, c'est notre affaire : rien ne serait pire que s'installe la croyance que les préoccupations de l'environnement, que les préoccupations éthiques ne sauraient s'imposer à l'entreprise que de l'extérieur. Le développement durable est une exigence qui n'appartient pas aux uns contre les autres. Le développement durable n'est possible que s'il devient l'affaire de tous et de chacun, unis dans une même vision de ce que sont les responsabilités de l'homme sur cette terre.
Et nous, entrepreneurs de France, nous ne sommes pas en reste. Nous n'avons pas à avoir mauvaise conscience. En matière de protection de l'environnement, c'est la France qui, en Europe, y consacre la plus grande part de sa richesse avec des résultats très positifs, comme cela fut rappelé au début de ce forum.
SOYONS CONQUERANTS
Nous devons faire du développement durable un instrument de conquête du marché et de développement de l'entreprise. Nous n'avons d'ailleurs pas le choix dans le contexte actuel de mondialisation. Déjà certains de nos concurrents étrangers, mais aussi un certain nombre d'entreprises françaises, ont su s'emparer de ces thèmes pour conquérir des marchés, pour gagner dans la concurrence mondiale.
En effet, la démarche de développement durable permet à terme la réduction des coûts. Ainsi la recherche d'une plus grande efficacité énergétique se traduit par une baisse des coûts de production. L'innovation dans les process de production est souvent, elle aussi, un facteur de réduction des coûts. L'innovation dans le produit, vous le savez, permet de conquérir des parts de marché. L'investissement dans la formation des salariés a un impact direct sur leur compétence, leur dynamisme, et donc sur la performance de l'entreprise. Les investissements dans le domaine de la dépollution ont permis de faire d'entreprises françaises des leaders mondiaux dans ce secteur d'activité.
La démarche d'entreprises en faveur du développement durable est devenue un argument qui détermine les décisions des investisseurs. Déjà fleurissent les fonds éthiques, les agences de notations éthiques. Déjà se multiplient les activités de normalisation à partir de développement durable. Les pouvoirs publics cherchent d'ailleurs à s'en inspirer pour nous imposer de nouvelles contraintes, tous marris qu'ils sont de constater que le marché s'est d'ores et déjà emparé du thème, qu'il l'a intégré, qu'il le met efficacement en uvre sans les attendre.
Gagner la bataille du développement durable, c'est aussi gagner la bataille de l'éthique : c'est assurer l'acceptabilité sur le long terme des activités industrielles, des activités de transport. C'est aussi montrer que l'on peut construire la société sur l'entreprise, sur l'esprit d'entreprise, que celui-ci n'est pas seulement animé par l'instant, le court terme, mais qu'il porte une vision capable de rendre le monde meilleur.
POUR UN NOUVEAU PARTENARIAT
Mais il y a d'autres enjeux, notamment des enjeux de régulation. En nous appropriant ce thème, nous devons démontrer que nous pouvons atteindre ces objectifs autrement que par de nouvelles lois ou de nouveaux textes, mais par des démarches volontaires, proactives, contractuelles.
Nous faisons ainsi face à des enjeux de gouvernance. Au niveau national, à travers cette question du développement durable, nous pouvons construire de nouvelles relations avec les pouvoirs publics, fondées non plus sur l'oukase et la contrainte, mais sur le partenariat.
Il ne s'agit pas pour nous de dire que l'Etat n'a rien à faire dans ces domaines. Au contraire. Il doit d'abord nous protéger de certains usages de cette notion, de certaines discriminations dont les entrepreneurs nationaux pourraient être l'objet de la part de pays étrangers, contestant par exemple nos critères de durabilité. C'est bien ce qui est en cause actuellement à Doha, dans les négociations de l'OMC. Mais, au-delà, il lui revient de créer les conditions pour que l'exigence de développement durable devienne un projet collectif, mobilisant tous et chacun, entreprises et salariés, entrepreneurs et consommateurs, pouvoirs publics, associations et ONG dans un effort commun, une ambition nationale, qui nous permettent à nous Français de relever un défi déjà mondial. Le développement durable peut et doit être l'occasion de transformer profondément les rapports des pouvoirs publics avec l'entreprise. Ceci est aussi vrai au niveau international : il faudra bien que s'organise également cette gouvernance mondiale et que les entreprises y participent.
La démarche de développement durable doit également inspirer une nouvelle gouvernance locale. Les politiques de décentralisation et d'aménagement du territoire doivent intégrer cet objectif de développement durable, comme en ont témoigné les intervenants de la deuxième table ronde de ce forum. Oui, il devient urgent de simplifier et de rationaliser l'organisation des collectivités locales et de clarifier le champ de leurs compétences. Oui, il est indispensable de renforcer la concertation avec les entreprises à l'échelon local. Oui, l'entreprise revendique d'assumer toutes ses responsabilités vis-à-vis de tous ses partenaires.
UNE VISION PARTAGEE
Nous devons arriver à faire partager notre vision du développement durable. Une vision liée aux valeurs de progrès, et non de crispation sur des avantages acquis, enracinée dans la confiance, et non dans la défiance, une vision liée à l'idée forte que ce n'est qu'à condition de prendre certains risques, raisonnés, calculés, que l'homme pourra accomplir la mission qui est la sienne sur cette Terre : améliorer sa condition, au profit du plus grand nombre. C'est une vision profondément humaine, véritablement humaniste.
Cette volonté de dialogue avec tous ceux qui sont concernés a bien été ressentie par les participants à la première table ronde, qui proposent avec pertinence la mise en place de conseils du développement durable, rassemblant toutes les parties prenantes, tant au niveau national que régional, pour débattre des priorités à définir à chacun des deux niveaux, des moyens à mettre en uvre, des difficultés rencontrées, et cela dans un véritable esprit de concertation.
Le MEDEF va d'ailleurs créer un " carrefour des entrepreneurs en matière de développement durable ". De manière à ce que chacun puisse s'inspirer des expériences réussies, mais aussi des difficultés rencontrées. Il s'agira d'une sorte de forum régulier, permanent, qui fonctionnera comme un retour d'expérience collectif.
Encore une fois, Chers Amis, le développement durable n'a de sens que comme un accélérateur de responsabilités.
Gouverner pour favoriser le développement durable implique d'abandonner les vieux réflexes fiscaux et réglementaires pour recourir à de nouvelles formes de régulation et raisonner en termes d'objectifs. La mondialisation des marchés, la concurrence accrue entre les pays, la dimension planétaire d'un certain nombre de problèmes environnementaux tels que celui de l'eau, des changements climatiques, de l'élimination des déchets, de la politique intégrée des produits imposent de recourir à de nouveaux instruments de régulation, qui permettent aux entreprises d'atteindre les objectifs fixés avec le meilleur rapport possible coût/efficacité, de manière à préserver leur compétitivité. Cela implique désormais de travailler par objectifs et non par règlements. C'est la démarche même préconisée par l'ONU à l'égard des Etats.
Une fois les objectifs fixés, il appartient aux branches industrielles, aux entreprises de déterminer comment les atteindre, de négocier avec les pouvoirs publics de véritables engagements dont la réalisation devra être contrôlée par des experts externes, et leur non réalisation sanctionnée. C'est cela que nous avons proposé sans succès depuis deux ans au gouvernement pour la lutte contre le changement climatique et la réduction des émissions de gaz à effets de serre, sans aucune réponse à ce jour.
Cela implique également de mettre en place des mécanismes de marché, instruments complémentaires aux engagements que prendront les entreprises.
Cela signifie encore de développer des codes de bonne conduite, pour renforcer la dimension " accélérateur de responsabilité " du développement durable, par exemple pour une information sur la mise en uvre de la démarche développement durable au sein de l'entreprise, sur les résultats obtenus.
TROIS PRIORITES
Au-delà des grandes orientations qui viennent d'être évoquées, on peut dégager trois priorités dans la vision entrepreneuriale du développement durable :
Donner la priorité à l'avenir, donc à l'investissement sous toutes ses formes. Priorité au long terme, en matière économique, fiscale et sociale, refus de toutes les formes de gâchis, des dépenses inutiles. Ne gaspillons plus les ressources de la nation. Nous devons adopter une attitude systématique d'anticipation, nous projeter dans l'avenir, vérifier sans cesse la cohérence temporelle de nos projets. Nous devons nouer de nouveaux liens avec la communauté scientifique, participer à la lutte contre le nouvel obscurantisme, recréer une culture technologique. Nous devons renouer un pacte avec l'école et l'université, où se forgent les générations futures.
Adopter une conduite éthique, qui respecte partout la dignité de l'homme, en particulier dans la prise des risques nécessaires à l'entreprise, dans leur prévention et leur réparation. Notre devoir est de respecter les traditions, les coutumes, les richesses naturelles partout dans le monde.
Organiser l'insertion de l'entreprise dans les communautés au sein desquelles elle se développe, par une politique de transparence, d'information en amont, de communication. C'est par le dialogue ouvert, franc, direct que l'on parviendra à dissiper les malentendus, réduire les peurs, supprimer les angoisses.
Nous aurons comme entrepreneurs à nouer des relations avec les collectivités locales, avec ces nouveaux partenaires que sont les associations et les ONG. Nous devons tout faire pour que l'entreprise n'apparaisse pas localement comme une menace. Organisons des journées portes ouvertes, des relations avec le monde enseignant. Encourageons localement non seulement des clubs sportifs, mais aussi des opérations de protection de la nature.
Oui, donc, à ce que dans les rapports d'activité des entreprises figurent à terme leurs actions en matière de développement durable.
Oui aux notations éthiques, même si elles doivent être normalisées.
Oui à ces nouvelles formes de concurrence, concurrence par les bonnes, par les meilleures pratiques.
Oui à ce que les consommateurs reconnaissent celles des entreprises et des marques qui représentent la meilleure éthique.
Oui aux solutions négociées, contractuelles, conventionnelles.
Oui au développement, oui au développement durable.
En avant les entreprises, en avant la France !
(Source http://www.medef.fr, le 19 novembre 2001)