Texte intégral
R. Elkrief
Ce soir, vous partez pour Porto Alegre, au Forum mondial social, on en parle dans un instant. Mais bien sûr, un commentaire sur ce week-end très chargé : J. Chirac et L. Jospin ont fait un pas en avant vers la candidature. Cela vous suffit ?
- "Littéralement, j'ai entendu L. Jospin dire "qu'il se préparait à faire un pas en avant". Soyons sérieux. Comme vient de l'expliquer A. Duhamel, les grosses machines à sous, que sont le RPR et le PS, font vrombir leur moteur, mais il n'y a toujours pas de débat. On dit que la campagne commence, mais le débat, projet contre projet..."
Les projets du RPR et du PS sont publics en tout cas...
- "Non, non. Ce ne sont que des robinets d'eau tiède. Et si je prends le programme du PS, c'est un programme à horizon 2012, qui n'engage pas le candidat. C'est "une banque de données", j'entends dire. Bref, une boîte à idées dans laquelle il piochera, ou alors dans les livres de monsieur Strauss-Kahn ou de monsieur Fabius. Quand j'entends dire qu'on va "privatiser l'EDF ou ouvrir son capital", je ne vois pas la différence avec le programme du RPR en matière de service public. Tout le reste est à l'avenant. Je dirais d'un "capital temps" octroyé à chacun tout au long de la vie, ne me paraît pas une proposition réaliste. Car tout dépend de la formation initiale. On ne peut pas se former tout au long de la vie, si on n'a pas une bonne formation initiale. Laissez-moi vous dire une chose quand même : c'est qu'il y a un sondage qui est complètement occulté, paru dans Le Parisien Libéré..."
Dans Le Parisien de vendredi, dans lequel les Français souhaiteraient que les candidats se déclarent très rapidement...
- "Oui. Et il ajoute que 60 % des Français ne souhaitent pas d'un duel Chirac-Jospin. 60% !"
Vous vous êtes senti concerné, bien sûr ?
- "Bien entendu, d'autant que dans d'autres enquêtes, on voit qu'à peu près 40 % des Français souhaiteraient que je figure au 2ème tour. Donc, je pense qu'il y a là pour moi un espace que je ne peux pas occuper, car vous constaterez que les médias n'en ont que pour "Chispin et Jorac" !"
On vous entend bien J.-P. Chevènement quand même !
- "Oui, grâce à vous et je vous en suis tout à fait gré."
Pas seulement, pas seulement !
- "Je constate simplement que le débat est confisqué aux Français, qu'on ne peut pas parler des grandes orientations sur lesquelles la France devrait pouvoir quand même s'exprimer, puisqu'elle couvre les cinq prochaines années."
L. Jospin a dit que vous seriez à votre poste si vous étiez ministre de l'Intérieur en ce moment", il l'a dit hier...
- "Mais je suis candidat, on peut le regretter, mais c'est ainsi."
Vous n'avez pas apprécié cette petite phrase ?
- "C'est pas que je ne l'ai pas appréciée, mais c'est de l'ordre de la tautologie."
Un petit mot sur P. Séguin qui revient à droite. Vous craignez qu'il fasse rentrer au bercail vos électeurs venus de la droite, vos électeurs chiraquiens ?
- "Non, je crois que P. Séguin a dit des choses justes : c'est qu'effectivement, le fil a été brisé et il a d'ailleurs suggéré à J. Chirac de faire une forte autocritique pour retrouver sa crédibilité. Il faudrait qu'elle soit très très forte !"
Va-t-il ramener certains de vos électeurs venus de la droite ?
- "J'en doute."
Un mot sur la délinquance, puisque les chiffres sont parus aujourd'hui et vous faisiez allusion au programme. L'augmentation de la délinquance, certainement, ne vous surprend pas - vous l'avez peut-être un petit peu annoncée. Mais dans votre programme, il est plutôt proche de celui du RPR que de celui du PS, quant à la lutte contre la délinquance ?
- "Non, absolument pas. L'augmentation de la délinquance est une augmentation record cette année : plus de 7,5 %, et pour la première fois, on voit le nombre des délits et des crimes dépasser la barre des 4 millions, alors qu'ils s'étaient tenus à peu près stables tant que j'étais ministre de l'Intérieur, autour de 3,5 millions. Tout cela est évidemment préoccupant."
Vous savez ce que disent les socialistes aujourd'hui ?
- "Non, je ne veux pas le savoir !"
Si, c'est que, même quand vous étiez ministre de l'Intérieur, il y avait beaucoup de mots, mais finalement les résultats n'avaient pas changés...
- "C'est faux. Je vais vous donner les statistiques : en 1999, la délinquance a augmenté de 2.000 faits, 0,07%, au cours de la dernière année complète où j'ai été à la place Beauvau. Mais je ne fais pas porter la responsabilité sur mon successeur, pas du tout. Je considère que cette augmentation est très largement due à l'incapacité du Gouvernement à prendre à temps les mesures nécessaires. L. Jospin a refusé d'arbitrer en temps utile, sur des points décisifs, comme la délinquance des mineurs - je proposais de créer des Centres de retenue pour multirécidivistes, dès 1998 et réitéré en 1999..."
C'est ce que propose aujourd'hui le RPR par exemple : des internats fermés pour les mineurs récidivants.
- "Mais que ne l'a-t-il fait quand il disposait des leviers de commandes ? Je vois en tant que maire, un multirécidiviste de 16 ans qui fiche le feu aux voitures, régulièrement, qu'on ne peut pas placer ! Il faut attendre que le juge des enfants prenne une décision - il met huit jours pour cela ! On le place, et 24 heures après, il est dans la nature ! Le "centre d'éducation renforcée" n'est pas ce "centre fermé" que je réclamais. Par ailleurs, j'ai demandé une loi de programmation, qu'on m'a refusée début 1999, et on voit que le Gouvernement, sous la pression de la rue, des policiers et des gendarmes, est obligé de créer des postes. Sur la présomption d'innocence, j'ai été le seul à faire des mises en garde. Mais cette loi a été votée par le RPR et par le PS..."
Maintenant, elle est modifiée...
- "Elle est modifiée sur quelques points qui sont d'ailleurs ..."
Que vous avez approuvés...
- "... justifiés, puisque j'avais attiré l'attention là-dessus. Je m'étonne simplement que la droite, qui avait voté ce projet, refuse de voter des amendements qui vont plutôt dans le bon sens. Donc, d'un côté, il y a l'angélisme de la gauche, et de l'autre, il y a la démagogie de la droite - affreuse démagogie. Quand on voit par exemple proposer la municipalisation de la police nationale par J. Chirac. Que voulez-vous qu'un maire puisse faire quand il se heurte à l'incapacité de mettre hors circuit des multirécidivistes ?"
Si vous n'êtes pas eu deuxième tour, entre qui choisirez-vous : cet angélisme ou cette démagogie ? Qui recommanderez-vous ?
- "Mais ni l'un ni l'autre. Je pense que les Français ont une bonne raison de me mettre au deuxième tour, parce que je prendrai toutes ces mesures, cohérentes entre elles, et je ferai en sorte qu'il y ait une politique pénale et une seule, sur tout le territoire de la République. Alors que, vous le savez bien, l'indépendance des parquets a été proposée par J. Chirac ; mais qui l'a faite ? C'est L. Jospin."
Dernière question puisqu'on reste sur la sécurité : êtes-vous favorable à l'amnistie des infractions routières ?
- "Je suis favorable à l'amnistie des infractions qui n'ont pas mis en cause la vie d'autrui. Autrement dit, pour être plus simple, je suis favorable à l'amnistie des contraventions concernant le stationnement. J'ai d'ailleurs publié cette réponse, mais la Fnaut, qui est soigneusement noyautée par les Verts, ne m'a pas publié."
(Source http://Sig.premier-ministre.gouv.fr, le 28 janvier 2002)
Ce soir, vous partez pour Porto Alegre, au Forum mondial social, on en parle dans un instant. Mais bien sûr, un commentaire sur ce week-end très chargé : J. Chirac et L. Jospin ont fait un pas en avant vers la candidature. Cela vous suffit ?
- "Littéralement, j'ai entendu L. Jospin dire "qu'il se préparait à faire un pas en avant". Soyons sérieux. Comme vient de l'expliquer A. Duhamel, les grosses machines à sous, que sont le RPR et le PS, font vrombir leur moteur, mais il n'y a toujours pas de débat. On dit que la campagne commence, mais le débat, projet contre projet..."
Les projets du RPR et du PS sont publics en tout cas...
- "Non, non. Ce ne sont que des robinets d'eau tiède. Et si je prends le programme du PS, c'est un programme à horizon 2012, qui n'engage pas le candidat. C'est "une banque de données", j'entends dire. Bref, une boîte à idées dans laquelle il piochera, ou alors dans les livres de monsieur Strauss-Kahn ou de monsieur Fabius. Quand j'entends dire qu'on va "privatiser l'EDF ou ouvrir son capital", je ne vois pas la différence avec le programme du RPR en matière de service public. Tout le reste est à l'avenant. Je dirais d'un "capital temps" octroyé à chacun tout au long de la vie, ne me paraît pas une proposition réaliste. Car tout dépend de la formation initiale. On ne peut pas se former tout au long de la vie, si on n'a pas une bonne formation initiale. Laissez-moi vous dire une chose quand même : c'est qu'il y a un sondage qui est complètement occulté, paru dans Le Parisien Libéré..."
Dans Le Parisien de vendredi, dans lequel les Français souhaiteraient que les candidats se déclarent très rapidement...
- "Oui. Et il ajoute que 60 % des Français ne souhaitent pas d'un duel Chirac-Jospin. 60% !"
Vous vous êtes senti concerné, bien sûr ?
- "Bien entendu, d'autant que dans d'autres enquêtes, on voit qu'à peu près 40 % des Français souhaiteraient que je figure au 2ème tour. Donc, je pense qu'il y a là pour moi un espace que je ne peux pas occuper, car vous constaterez que les médias n'en ont que pour "Chispin et Jorac" !"
On vous entend bien J.-P. Chevènement quand même !
- "Oui, grâce à vous et je vous en suis tout à fait gré."
Pas seulement, pas seulement !
- "Je constate simplement que le débat est confisqué aux Français, qu'on ne peut pas parler des grandes orientations sur lesquelles la France devrait pouvoir quand même s'exprimer, puisqu'elle couvre les cinq prochaines années."
L. Jospin a dit que vous seriez à votre poste si vous étiez ministre de l'Intérieur en ce moment", il l'a dit hier...
- "Mais je suis candidat, on peut le regretter, mais c'est ainsi."
Vous n'avez pas apprécié cette petite phrase ?
- "C'est pas que je ne l'ai pas appréciée, mais c'est de l'ordre de la tautologie."
Un petit mot sur P. Séguin qui revient à droite. Vous craignez qu'il fasse rentrer au bercail vos électeurs venus de la droite, vos électeurs chiraquiens ?
- "Non, je crois que P. Séguin a dit des choses justes : c'est qu'effectivement, le fil a été brisé et il a d'ailleurs suggéré à J. Chirac de faire une forte autocritique pour retrouver sa crédibilité. Il faudrait qu'elle soit très très forte !"
Va-t-il ramener certains de vos électeurs venus de la droite ?
- "J'en doute."
Un mot sur la délinquance, puisque les chiffres sont parus aujourd'hui et vous faisiez allusion au programme. L'augmentation de la délinquance, certainement, ne vous surprend pas - vous l'avez peut-être un petit peu annoncée. Mais dans votre programme, il est plutôt proche de celui du RPR que de celui du PS, quant à la lutte contre la délinquance ?
- "Non, absolument pas. L'augmentation de la délinquance est une augmentation record cette année : plus de 7,5 %, et pour la première fois, on voit le nombre des délits et des crimes dépasser la barre des 4 millions, alors qu'ils s'étaient tenus à peu près stables tant que j'étais ministre de l'Intérieur, autour de 3,5 millions. Tout cela est évidemment préoccupant."
Vous savez ce que disent les socialistes aujourd'hui ?
- "Non, je ne veux pas le savoir !"
Si, c'est que, même quand vous étiez ministre de l'Intérieur, il y avait beaucoup de mots, mais finalement les résultats n'avaient pas changés...
- "C'est faux. Je vais vous donner les statistiques : en 1999, la délinquance a augmenté de 2.000 faits, 0,07%, au cours de la dernière année complète où j'ai été à la place Beauvau. Mais je ne fais pas porter la responsabilité sur mon successeur, pas du tout. Je considère que cette augmentation est très largement due à l'incapacité du Gouvernement à prendre à temps les mesures nécessaires. L. Jospin a refusé d'arbitrer en temps utile, sur des points décisifs, comme la délinquance des mineurs - je proposais de créer des Centres de retenue pour multirécidivistes, dès 1998 et réitéré en 1999..."
C'est ce que propose aujourd'hui le RPR par exemple : des internats fermés pour les mineurs récidivants.
- "Mais que ne l'a-t-il fait quand il disposait des leviers de commandes ? Je vois en tant que maire, un multirécidiviste de 16 ans qui fiche le feu aux voitures, régulièrement, qu'on ne peut pas placer ! Il faut attendre que le juge des enfants prenne une décision - il met huit jours pour cela ! On le place, et 24 heures après, il est dans la nature ! Le "centre d'éducation renforcée" n'est pas ce "centre fermé" que je réclamais. Par ailleurs, j'ai demandé une loi de programmation, qu'on m'a refusée début 1999, et on voit que le Gouvernement, sous la pression de la rue, des policiers et des gendarmes, est obligé de créer des postes. Sur la présomption d'innocence, j'ai été le seul à faire des mises en garde. Mais cette loi a été votée par le RPR et par le PS..."
Maintenant, elle est modifiée...
- "Elle est modifiée sur quelques points qui sont d'ailleurs ..."
Que vous avez approuvés...
- "... justifiés, puisque j'avais attiré l'attention là-dessus. Je m'étonne simplement que la droite, qui avait voté ce projet, refuse de voter des amendements qui vont plutôt dans le bon sens. Donc, d'un côté, il y a l'angélisme de la gauche, et de l'autre, il y a la démagogie de la droite - affreuse démagogie. Quand on voit par exemple proposer la municipalisation de la police nationale par J. Chirac. Que voulez-vous qu'un maire puisse faire quand il se heurte à l'incapacité de mettre hors circuit des multirécidivistes ?"
Si vous n'êtes pas eu deuxième tour, entre qui choisirez-vous : cet angélisme ou cette démagogie ? Qui recommanderez-vous ?
- "Mais ni l'un ni l'autre. Je pense que les Français ont une bonne raison de me mettre au deuxième tour, parce que je prendrai toutes ces mesures, cohérentes entre elles, et je ferai en sorte qu'il y ait une politique pénale et une seule, sur tout le territoire de la République. Alors que, vous le savez bien, l'indépendance des parquets a été proposée par J. Chirac ; mais qui l'a faite ? C'est L. Jospin."
Dernière question puisqu'on reste sur la sécurité : êtes-vous favorable à l'amnistie des infractions routières ?
- "Je suis favorable à l'amnistie des infractions qui n'ont pas mis en cause la vie d'autrui. Autrement dit, pour être plus simple, je suis favorable à l'amnistie des contraventions concernant le stationnement. J'ai d'ailleurs publié cette réponse, mais la Fnaut, qui est soigneusement noyautée par les Verts, ne m'a pas publié."
(Source http://Sig.premier-ministre.gouv.fr, le 28 janvier 2002)