Texte intégral
J.-P. Elkabbach Un centriste n'a-t-il rien à dire sur le succès de l'euro ?
- "Au contraire, le succès de l'euro est un événement historique comme nous n'en avons pas vécu depuis des décennies pour les douze pays européens qui font ce choix. Et c'est un extraordinaire succès pour la famille politique qui est la mienne, parce qu'il est juste de citer à ce micro le nom de ceux qui ont fait l'euro. Il faut commencer par une réflexion de R. Barre il y a longtemps, V. Giscard d'Estaing a joué un rôle majeur, J. Delors a joué lui aussi un très grand rôle. Et il faut citer le nom de H. Kohl sans qui l'euro n'aurait pas eu lieu. Voilà des hommes - cette famille politique qui est la mienne, l'UDF et aussi le courant européen du PS - qui ont fait l'euro et qui donc ont offert aux Français comme aux autres Européens, un événement comme on n'en a pas vécu depuis des décennies, et auquel en réalité personne ne croyait."
F. Mitterrand est exclu. J. Chirac est exclu.
- "F. Mitterrand a joué lui aussi un très grand rôle."
La naissance réelle de l'euro rendait muets les politiques. Le succès de l'euro leur rend soudainement la parole. N'est-ce pas étrange ?
- "Pas du tout. Chacun a pris ses responsabilités et joué son rôle. Pour nous, cela a été une bagarre, un combat difficile. Vous vous souvenez de Maastricht et de la difficulté qu'il y a eue, du combat qu'il a fallu mener pour que la France dise "oui". On revoit tous les prophètes de malheur de cette époque. Aujourd'hui, ils sont devant des rendez-vous et devant la réussite de ce qu'ils annonçaient comme une catastrophe extraordinaire pour la France."
Et les Français ont-ils montré la voie tout seuls ? Ils ont du cran, les Français !
- "Les Français ont du cran et les autres Européens aussi. La vérité c'est que lorsqu'on explique, lorsqu'on montre le chemin et que l'on fait confiance à un peuple, à ce moment-là, tout change et il prend d'un seul coup la hauteur de cet événement. Beaucoup n'y croyaient pas. On voit aujourd'hui ce qu'a été le succès. Mais ce n'est qu'une étape."
Justement, l'euro devrait avoir un effet, je suppose, d'accélération pour l'Europe. F. Hollande réclamait hier soir un vrai gouvernement de l'Europe pour son économie, sa diplomatie, sa défense. Vous aussi, je suppose, vous allez le faire, mais par quoi faut-il commencer et quand et jusqu'où faut-il aller ?
- "Il faut commencer par donner à l'Europe ce à quoi tous les citoyens ont droit, c'est-à-dire la possibilité d'identifier et de choisir leurs dirigeants. L'Europe existera le jour où les Européens pourront choisir ceux qui les dirigent."
Vous voulez tous ensemble, pas à l'échelle nationale ?
- "Le jour où le président de l'Europe sera choisi par les Européens, l'Europe existera. Le jour où un exécutif, un gouvernement de l'Europe aura des comptes à rendre aux citoyens européens, l'Europe existera. Vous voyez bien qu'aujourd'hui on a besoin d'une défense. Regardez ce qui est arrivé en Afghanistan, regardez à quel point la France a été absente, et beaucoup de Français ont ressenti comme une blessure et nos soldats aussi, je pense. On a besoin d'une défense, on a besoin d'une politique étrangère de l'Europe pour que nous puissions nous faire entendre sur la scène du monde."
D'accord, mais après l'euro, on commence par quoi, concrètement, demain ?
- "On commence, concrètement, demain, par une politique étrangère et de défense. Et pour cela, il faut que les Européens choisissent leurs dirigeants. Les démocraties qui existent dans nos nations, il faut qu'elles soient aussi l'effet de l'euro."
Et qu'est-ce qui restera de réels pouvoirs, dans une telle Europe politique, au président de la République d'un Etat national ?
- "Il restera tous les pouvoirs qu'il a aujourd'hui, plus l'influence. Vous avez vu, après les événements du 11 septembre..."
Cela limitera ses prérogatives.
- "Pas du tout. Ce que l'Europe nous permet d'avoir, c'est le poids, la puissance et l'influence que nous n'avons plus tout seuls. Regardez ! Hier, nous avions le franc, c'était une monnaie souvent chahutée, c'est le DM qui quelquefois était fort, mais le franc n'avait pas le poids. Aujourd'hui, en face du dollar, il y a l'euro. Toutes les économies de la planète, tous les financiers de la planète regardent deux indicateurs : le dollar et l'euro. Et cela, nous ne l'avions pas nationalement. Nous l'avons gagné avec l'Europe."
Autrement dit, même si on a peu de change de gagner, cela vaut la peine d'être candidat ?
- "Cela vaut la peine d'être candidat pour montrer un chemin. L'enjeu qui est devant nous, aujourd'hui est un enjeu comme nous n'en avons pas eu depuis des décennies. Ou bien nous manquons la chance de l'Europe, et cela va se jouer dans les deux ans qui viennent, parce que si l'élargissement intervient avant que les réformes nécessaires soient faites, à ce moment-là, l'Europe n'aura plus jamais le même visage."
C'est la succession de cérémonies de voeux actuellement. Hier, il y a eu quelques phrases entre le président de la République et le Premier ministre qui se sont comportés comme les têtes de l'exécutif. Le président de la République a réclamé un "débat intense et digne, sans affrontement entre les hommes".
- "Ce sont des voeux pieux."
Pourquoi vous riez ?
- "Il est normal qu'on fasse des voeux, mais l'expérience des campagnes précédentes montre que c'est moins gentil que cela, et je le regrette."
Vous voulez dire que le même jour, il y a eu une polémique autour de la rançon - toujours niée - qui aurait été versée pour libérer les otages du Liban ?
- "Je dis par exemple que tout cela n'est pas très clair."
C. Pasqua accuse de manipulations politiques visant le président de la République un cabinet noir de Matignon. Croyez-vous, vous, à ces officines, à ces cabinets noirs qu'on nous ressort de temps en temps en campagne électorale ?
- "Oui, je pense qu'il y a des officines."
Où et chez qui ?
- "Je pense qu'il y a dans les cercles de pouvoir - je ne sais pas exactement où, parce que je ne les ai pas rencontrés - des gens qui s'ingénient à tirer les ficelles pour que des affaires sortent au bon moment."
Et vous sentez l'ombre derrière, ou la présence, vous-même ?
- "Moi, je n'ai jamais eu "d'affaire", heureusement. J'espère que je n'en aurai jamais. Mais la politique française, depuis des décennies, est empoisonnée par des pratiques qui ne sont pas transparentes. La politique française depuis des décennies souffre de ce qu'il y a des manoeuvres, qu'on tire des ficelles et qu'on fait sortir des choses qui sont nauséabondes."
Donc, J. Chirac a raison de souhaiter un débat digne et correct ?
- "Tous ceux qui voudront un débat de clarté, les yeux dans les yeux avec le pays ont raison. C'est cela qui rend service à la démocratie."
D'où vient que quelles que soient les attaques ou les menaces, J. Chirac n'ait plus de rival - ou des rivaux -, dans son camp, et qu'il soit le géant de la droite ?
- "Parce qu'il est sortant avant la campagne électoral. Il y a sept ans, dans l'autre présidentielle, c'est E. Balladur qui était le géant, et vous posiez les mêmes questions à la même époque. Je dis que naturellement, avant les campagnes, les sortants ont un avantage considérable. Et puis, pendant les campagnes, ce sont les projets, les idées, les volontés qui se font entendre et tout changera dès cet instant-là."
F. Fillon déclare ce matin au Figaro : "J. Chirac sera le candidat de la France, L. Jospin celui de la gauche."
- "La gauche c'est la France aussi. La droite, le centre, la gauche, tout cela c'est la France. Et en effet, moi je souhaite que les projets qu'on présente soient des projets pour toute la France. Je ne crois pas que l'avenir soit à l'affrontement camp contre camp, en disant que c'est l'ombre d'un côté et la lumière de l'autre, ou tout blanc d'un côté et tout noir de l'autre. Je ne crois pas à cela."
Il y a des bons et des méchants dans chaque camp.
- "Oui, il y a des bons et des méchants dans chaque camp, et je pense que les grands sujets que nous avons devant nous - la violence, l'insécurité, l'Europe, les retraites - tous ces sujets-là sont des sujets qui imposeront que les dirigeants soient capables de dépasser les intérêts de leur camp pour rencontrer les intérêts de la France."
C'est le cas, là, maintenant ?
- "Non."
Les médecins généralistes font grève. Ils ont fait grève pendant les fêtes et recommencent à partir de ce soir. Si F. Bayrou était médecin, serait-il en grève ?
- "Sûrement oui, parce que le drame en France est qu'on ne peut se faire entendre que si on fait grève ou si on descend dans la rue. L'espèce de surdité qui fait que tous les pouvoirs refusent d'écouter les gens tant qu'ils parlent pour exprimer leurs difficultés, et ne les entendent que le jour où ils sont en grève et descendent dans la rue, c'est le mal français. On l'a vu avec les gendarmes, on l'a vu avec les policiers, on l'a vu avec les infirmières..."
Vous l'avez vu en tant qu'ancien ministre de l'Education nationale.
- "On le voit aujourd'hui avec les médecins. Tant qu'on ne sera pas capable de bâtir une démocratie où les gens sont entendus avant le conflit, on ne sera pas un pays moderne."
Faut-il augmenter les médecins ?
- "Ils n'ont pas été augmentés pour leurs visites depuis huit ans."
Donc vous dites "oui" ou "non" ?
- "Je dis "oui". Vous connaissez un autre métier dans lequel il n'y pas eu d'augmentation depuis huit ans ? Si vous, J.-P. Elkabbach, vous n'aviez pas eu d'augmentation depuis huit ans, ce matin, votre sourire au moment des voeux ne serait pas le même."
Ce n'est pas le problème, mon cas personnel. Ce serait d'ailleurs faux, mais enfin, ce n'est pas la question. Chacun présente ses voeux. Quels sont les voeux de F. Bayrou pour les Français, et d'abord pour lui ? Tenir jusqu'en avril ?
- "D'abord pour les Français : que les Français retrouvent la certitude qu'ils peuvent changer les choses, qu'ils ne sont pas condamnés à subir toujours les mêmes malédictions françaises."
Et pour vous ?
- "Et pour moi, que je les y aide."
Jusqu'en ?
- "Jusqu'en ... quel est le terme ? 2007, au prochain mandat."
(Source http://Sig.premier-ministre.gouv.fr, le 4 janvier 2002)
- "Au contraire, le succès de l'euro est un événement historique comme nous n'en avons pas vécu depuis des décennies pour les douze pays européens qui font ce choix. Et c'est un extraordinaire succès pour la famille politique qui est la mienne, parce qu'il est juste de citer à ce micro le nom de ceux qui ont fait l'euro. Il faut commencer par une réflexion de R. Barre il y a longtemps, V. Giscard d'Estaing a joué un rôle majeur, J. Delors a joué lui aussi un très grand rôle. Et il faut citer le nom de H. Kohl sans qui l'euro n'aurait pas eu lieu. Voilà des hommes - cette famille politique qui est la mienne, l'UDF et aussi le courant européen du PS - qui ont fait l'euro et qui donc ont offert aux Français comme aux autres Européens, un événement comme on n'en a pas vécu depuis des décennies, et auquel en réalité personne ne croyait."
F. Mitterrand est exclu. J. Chirac est exclu.
- "F. Mitterrand a joué lui aussi un très grand rôle."
La naissance réelle de l'euro rendait muets les politiques. Le succès de l'euro leur rend soudainement la parole. N'est-ce pas étrange ?
- "Pas du tout. Chacun a pris ses responsabilités et joué son rôle. Pour nous, cela a été une bagarre, un combat difficile. Vous vous souvenez de Maastricht et de la difficulté qu'il y a eue, du combat qu'il a fallu mener pour que la France dise "oui". On revoit tous les prophètes de malheur de cette époque. Aujourd'hui, ils sont devant des rendez-vous et devant la réussite de ce qu'ils annonçaient comme une catastrophe extraordinaire pour la France."
Et les Français ont-ils montré la voie tout seuls ? Ils ont du cran, les Français !
- "Les Français ont du cran et les autres Européens aussi. La vérité c'est que lorsqu'on explique, lorsqu'on montre le chemin et que l'on fait confiance à un peuple, à ce moment-là, tout change et il prend d'un seul coup la hauteur de cet événement. Beaucoup n'y croyaient pas. On voit aujourd'hui ce qu'a été le succès. Mais ce n'est qu'une étape."
Justement, l'euro devrait avoir un effet, je suppose, d'accélération pour l'Europe. F. Hollande réclamait hier soir un vrai gouvernement de l'Europe pour son économie, sa diplomatie, sa défense. Vous aussi, je suppose, vous allez le faire, mais par quoi faut-il commencer et quand et jusqu'où faut-il aller ?
- "Il faut commencer par donner à l'Europe ce à quoi tous les citoyens ont droit, c'est-à-dire la possibilité d'identifier et de choisir leurs dirigeants. L'Europe existera le jour où les Européens pourront choisir ceux qui les dirigent."
Vous voulez tous ensemble, pas à l'échelle nationale ?
- "Le jour où le président de l'Europe sera choisi par les Européens, l'Europe existera. Le jour où un exécutif, un gouvernement de l'Europe aura des comptes à rendre aux citoyens européens, l'Europe existera. Vous voyez bien qu'aujourd'hui on a besoin d'une défense. Regardez ce qui est arrivé en Afghanistan, regardez à quel point la France a été absente, et beaucoup de Français ont ressenti comme une blessure et nos soldats aussi, je pense. On a besoin d'une défense, on a besoin d'une politique étrangère de l'Europe pour que nous puissions nous faire entendre sur la scène du monde."
D'accord, mais après l'euro, on commence par quoi, concrètement, demain ?
- "On commence, concrètement, demain, par une politique étrangère et de défense. Et pour cela, il faut que les Européens choisissent leurs dirigeants. Les démocraties qui existent dans nos nations, il faut qu'elles soient aussi l'effet de l'euro."
Et qu'est-ce qui restera de réels pouvoirs, dans une telle Europe politique, au président de la République d'un Etat national ?
- "Il restera tous les pouvoirs qu'il a aujourd'hui, plus l'influence. Vous avez vu, après les événements du 11 septembre..."
Cela limitera ses prérogatives.
- "Pas du tout. Ce que l'Europe nous permet d'avoir, c'est le poids, la puissance et l'influence que nous n'avons plus tout seuls. Regardez ! Hier, nous avions le franc, c'était une monnaie souvent chahutée, c'est le DM qui quelquefois était fort, mais le franc n'avait pas le poids. Aujourd'hui, en face du dollar, il y a l'euro. Toutes les économies de la planète, tous les financiers de la planète regardent deux indicateurs : le dollar et l'euro. Et cela, nous ne l'avions pas nationalement. Nous l'avons gagné avec l'Europe."
Autrement dit, même si on a peu de change de gagner, cela vaut la peine d'être candidat ?
- "Cela vaut la peine d'être candidat pour montrer un chemin. L'enjeu qui est devant nous, aujourd'hui est un enjeu comme nous n'en avons pas eu depuis des décennies. Ou bien nous manquons la chance de l'Europe, et cela va se jouer dans les deux ans qui viennent, parce que si l'élargissement intervient avant que les réformes nécessaires soient faites, à ce moment-là, l'Europe n'aura plus jamais le même visage."
C'est la succession de cérémonies de voeux actuellement. Hier, il y a eu quelques phrases entre le président de la République et le Premier ministre qui se sont comportés comme les têtes de l'exécutif. Le président de la République a réclamé un "débat intense et digne, sans affrontement entre les hommes".
- "Ce sont des voeux pieux."
Pourquoi vous riez ?
- "Il est normal qu'on fasse des voeux, mais l'expérience des campagnes précédentes montre que c'est moins gentil que cela, et je le regrette."
Vous voulez dire que le même jour, il y a eu une polémique autour de la rançon - toujours niée - qui aurait été versée pour libérer les otages du Liban ?
- "Je dis par exemple que tout cela n'est pas très clair."
C. Pasqua accuse de manipulations politiques visant le président de la République un cabinet noir de Matignon. Croyez-vous, vous, à ces officines, à ces cabinets noirs qu'on nous ressort de temps en temps en campagne électorale ?
- "Oui, je pense qu'il y a des officines."
Où et chez qui ?
- "Je pense qu'il y a dans les cercles de pouvoir - je ne sais pas exactement où, parce que je ne les ai pas rencontrés - des gens qui s'ingénient à tirer les ficelles pour que des affaires sortent au bon moment."
Et vous sentez l'ombre derrière, ou la présence, vous-même ?
- "Moi, je n'ai jamais eu "d'affaire", heureusement. J'espère que je n'en aurai jamais. Mais la politique française, depuis des décennies, est empoisonnée par des pratiques qui ne sont pas transparentes. La politique française depuis des décennies souffre de ce qu'il y a des manoeuvres, qu'on tire des ficelles et qu'on fait sortir des choses qui sont nauséabondes."
Donc, J. Chirac a raison de souhaiter un débat digne et correct ?
- "Tous ceux qui voudront un débat de clarté, les yeux dans les yeux avec le pays ont raison. C'est cela qui rend service à la démocratie."
D'où vient que quelles que soient les attaques ou les menaces, J. Chirac n'ait plus de rival - ou des rivaux -, dans son camp, et qu'il soit le géant de la droite ?
- "Parce qu'il est sortant avant la campagne électoral. Il y a sept ans, dans l'autre présidentielle, c'est E. Balladur qui était le géant, et vous posiez les mêmes questions à la même époque. Je dis que naturellement, avant les campagnes, les sortants ont un avantage considérable. Et puis, pendant les campagnes, ce sont les projets, les idées, les volontés qui se font entendre et tout changera dès cet instant-là."
F. Fillon déclare ce matin au Figaro : "J. Chirac sera le candidat de la France, L. Jospin celui de la gauche."
- "La gauche c'est la France aussi. La droite, le centre, la gauche, tout cela c'est la France. Et en effet, moi je souhaite que les projets qu'on présente soient des projets pour toute la France. Je ne crois pas que l'avenir soit à l'affrontement camp contre camp, en disant que c'est l'ombre d'un côté et la lumière de l'autre, ou tout blanc d'un côté et tout noir de l'autre. Je ne crois pas à cela."
Il y a des bons et des méchants dans chaque camp.
- "Oui, il y a des bons et des méchants dans chaque camp, et je pense que les grands sujets que nous avons devant nous - la violence, l'insécurité, l'Europe, les retraites - tous ces sujets-là sont des sujets qui imposeront que les dirigeants soient capables de dépasser les intérêts de leur camp pour rencontrer les intérêts de la France."
C'est le cas, là, maintenant ?
- "Non."
Les médecins généralistes font grève. Ils ont fait grève pendant les fêtes et recommencent à partir de ce soir. Si F. Bayrou était médecin, serait-il en grève ?
- "Sûrement oui, parce que le drame en France est qu'on ne peut se faire entendre que si on fait grève ou si on descend dans la rue. L'espèce de surdité qui fait que tous les pouvoirs refusent d'écouter les gens tant qu'ils parlent pour exprimer leurs difficultés, et ne les entendent que le jour où ils sont en grève et descendent dans la rue, c'est le mal français. On l'a vu avec les gendarmes, on l'a vu avec les policiers, on l'a vu avec les infirmières..."
Vous l'avez vu en tant qu'ancien ministre de l'Education nationale.
- "On le voit aujourd'hui avec les médecins. Tant qu'on ne sera pas capable de bâtir une démocratie où les gens sont entendus avant le conflit, on ne sera pas un pays moderne."
Faut-il augmenter les médecins ?
- "Ils n'ont pas été augmentés pour leurs visites depuis huit ans."
Donc vous dites "oui" ou "non" ?
- "Je dis "oui". Vous connaissez un autre métier dans lequel il n'y pas eu d'augmentation depuis huit ans ? Si vous, J.-P. Elkabbach, vous n'aviez pas eu d'augmentation depuis huit ans, ce matin, votre sourire au moment des voeux ne serait pas le même."
Ce n'est pas le problème, mon cas personnel. Ce serait d'ailleurs faux, mais enfin, ce n'est pas la question. Chacun présente ses voeux. Quels sont les voeux de F. Bayrou pour les Français, et d'abord pour lui ? Tenir jusqu'en avril ?
- "D'abord pour les Français : que les Français retrouvent la certitude qu'ils peuvent changer les choses, qu'ils ne sont pas condamnés à subir toujours les mêmes malédictions françaises."
Et pour vous ?
- "Et pour moi, que je les y aide."
Jusqu'en ?
- "Jusqu'en ... quel est le terme ? 2007, au prochain mandat."
(Source http://Sig.premier-ministre.gouv.fr, le 4 janvier 2002)