Texte intégral
A. Hausser Vous avez regardé L. Jospin hier soir. Je voudrais savoir quelle est votre réaction, non pas partisane, mais un peu celle du spécialiste en communication politique ?
- "Je l'ai trouvé un peu laborieux, un peu poussif. Sur le plan de la communication, ses messages me semblent préfabriqués. On sent derrière les agences de communication, avec les mots assez plats et un peu racoleurs. Pas d'enthousiasme, pas d'implication vraiment personnelle. Une sorte de message destiné à rassembler sans préciser. Je trouve qu'à nouveau, L. Jospin avance masqué. Il ne dit pas la vérité, il ne parle pas de sa sincérité. Quelle est sa ligne politique d'avenir ? Est-ce que c'est le néolibéralisme de Fabius ? Est-ce que c'est la dérive bourgeoise de Strauss-Kahn ? Est-ce que c'est le socialo-socialisme de M. Aubry ?"
C'est ce qu'au PS on appelle "la synthèse"...
- "Il a besoin de préciser. Quand on rentre dans les dossiers précis, ils disent le contraire. Monsieur Strauss-Kahn sur EDF dit qu'il faut privatiser. Et les communistes disent qu'il ne faut pas privatiser. Il faut qu'il soit plus précis. Sur la privatisation d'EDF, il commence par dire "non", et il finit par dire "oui". Il manque de sincérité. C'est le grand problème de L. Jospin. Et quand il parle de son projet, finalement, les mots de son projet sont contraires aux actions de son bilan. Il parle de "France active" ? Mais en fait, la France est en déclin : 12ème rang sur 15. Il parle de "France juste" ? Regardez sur les retraites, les retraites des agriculteurs, les retraites des artisans, est-ce que c'est une France juste, tout cela ? Le bilan de Jospin plaide contre son projet, et en fait donc, je ne l'ai pas trouvé crédible, mais surtout parce qu'il avance masqué."
Est-ce que pour J. Chirac, on ne peut pas dire que son projet plaide contre son bilan ?
- "Non, je ne crois pas, parce que J. Chirac a un projet politique au fond qui est celui de l'expérience et du renouveau. Il a une expérience, il a traversé beaucoup de responsabilités : l'agriculture, la Corrèze. Il a une expérience humaine de la France. Et il veut faire en sorte que le renouveau puisse s'exprimer, que l'Union de l'opposition puisse permettre de dégager notamment toute cette génération terrain qui est apparue avec les élections municipales."
C'est autre chose. Là, on est dans le renouvellement des hommes, mais non pas dans l'action...
- "C'est le projet de J. Chirac : expérience et renouveau. Et donc, il y a chez J. Chirac une implication personnelle, une humanité qu'on ne ressent pas du tout dans le message préfabriqué de L. Jospin."
Et vous pensez que c'est cette humanité qui fera la différence ? Parce que finalement, on peine quand même à chercher la différence entre les deux projets. Vous parliez d'EDF, des retraites... Ce sont des dossiers auxquels l'élu, quel qu'il soit, devra s'attaquer.
- "Absolument. Mais sur les retraites, il n'est pas sincère, L. Jospin, quand il en parle. J'ai relu attentivement sa déclaration de politique gouvernementale à l'Assemblée. Il prend l'engagement de s'occuper des retraites. Il nous a dit hier à la télévision : "Je ne l'ai jamais promis". Quelle est cette attitude de défausse permanente ? Tout cela n'est pas authentique. Qu'il dise clairement les échecs qu'il a pu affronter. Quand il nous parle de sécurité, il a l'air de découvrir le problème de la délinquance des jeunes. Nous lui disons depuis longtemps qu'il faut réadapter l'ordonnance de 1945 sur la situation pénale des jeunes. Nous voyons bien qu'il y a des choses qu'il faut aujourd'hui changer. Ils nous disent en permanence "non", défendant une sorte de société des excuses permanentes qui est au coeur de l'idéologie socialiste. Et vous avez vu ce manque de sincérité : quand on parle de son projet, il ne veut plus l'appeler "socialiste" maintenant !"
Il dit qu'il est le candidat du rassemblement...
- "Et donc, il cache à nouveau son socialisme d'aujourd'hui, comme il a caché ses engagements du passé. En fait, il n'a pas assumé sa situation aujourd'hui de candidat, qui doit avoir une sorte de décrispation de sa propre personnalité, qui laisse parler ses convictions."
Il n'est candidat que depuis deux jours...
- "Mais tout cela manque de naturel. Une campagne, c'est très dur. Une campagne, c'est la vérité du candidat qui apparaît. On ne triche pas avec la France à l'occasion d'une campagne présidentielle. Et hier, il ne nous est apparu convaincant, parce qu'il est coincé dans ses positions un peu ambiguës."
En somme, vous attendez qu'il se décoince ?
- "Je pense en tout cas qu'il assume son propre bilan, parce qu'autrement, son bilan plaide contre son projet."
On va parler de l'opposition et de la réunion de l'UEM qui va se tenir demain à Toulouse. On n'a pas très bien compris ce qu'est l'UEM, finalement. Au départ, cela devait être le grand parti de l'opposition avant la présidentielle. Après, on a dit que ce ne sera qu'un comité de soutien à J. Chirac. Et puis, aujourd'hui, on dit que c'est quand même l'embryon d'un futur grand parti. J. Chirac n'ira pas à Toulouse. Alors, ce sera quoi ?
- "J. Chirac ne va pas à Toulouse, parce que Toulouse c'est le rassemblement, l'union pour le deuxième tour."
Vous n'allez pas un peu vite, là ?
- "Mais non. Il faut rassembler aujourd'hui pour gagner. Il y a à droite des candidats qui sont, au premier tour, concurrents. Nous, nous disons que ces candidats ont légitimement le droit de s'exprimer et de faire part de leur projet. Mais nous disons qu'au second tour, on voit bien aujourd'hui que c'est J. Chirac qui portera nos couleurs. Alors, rassemblons-nous. Est-ce que nous voulons, oui ou non, que Toulouse préfigure cette union que demandent les Français, cette union qui a gagné les dernières élections municipales ? Notre réponse est "oui". Donc, le souffle de Toulouse, c'est le souffle de l'union et aussi du renouveau. On sera, je crois, très nombreux, pour exprimer ce besoin d'union et puis aussi ce besoin de renouveau. Un projet plein de fraîcheur nouvelle, des idées neuves, des équipes renouvelées, c'est cela le message de Toulouse."
On voit émerger la jeune génération...
- "Absolument."
Mais l'ancienne n'a pas envie de s'en aller !
- "Il faut les deux, parce que ce pays - ce vieux et grand pays - a besoin que les générations puissent se rassembler. Ce que je n'aime pas dans la politique socialiste, c'est qu'on oppose toujours les uns aux autres, on divise pour régner. J. Chirac a une logique aujourd'hui, qui est une logique de rassemblement. Et nous voulons avec lui que toutes les forces politiques qui peuvent le soutenir se préparent à ce grand rassemblement du deuxième tour pour assurer, pour notre pays, le renouveau auquel nous sommes attachés."
Où situez-vous F. Bayrou dans ce deuxième tour ? Vous pensez qu'il va revenir comme cela, tranquillement, à la maison ?
- "Il défend [ses idées] avec courage, car un certain nombre de ses amis ne sont pas très loyaux avec lui. Donc, il défend ses idées avec courage, comme A. Madelin les défend avec conviction. C'est normal. Et que les Français disent ce qu'ils souhaitent. Et ensemble, au deuxième tour, on bâtira un projet de rassemblement, avec cette union qui aura été préparée à Toulouse, pour éviter ce que nous avons connu dans le passé, toutes ces guérillas du premier tour qui empêchent la victoire du second tour."
On dit cela à chaque fois !
- "C'est la première fois quand même que l'on fait un grand rassemblement, comme cela, que l'on fait, à Toulouse, ce rassemblement pour l'union au second tour, et ce avant le premier tour. C'est la première fois. J'espère finalement que Toulouse va préfigurer ce grand rassemblement de la droite et du centre que j'appelle de mes voeux. J'espère qu'à Toulouse, on va préparer ce qui pourrait être dans l'avenir notre congrès d'Epinay, qui avait été le congrès de rassemblement de la gauche dans le passé, avec monsieur Mitterrand. Nous souhaitons, nous, avoir un grand rassemblement du centre et de la droite."
Dirigé par A. Juppé ?
- "Dirigé par toute une équipe, par du collectif... Aujourd'hui, il ne s'agit pas d'avancer une personnalité ou une autre. Ce qui compte, c'est rassembler, rassembler tous ceux qui se sont mobilisés à Strasbourg, à Blois, à Orléans. Tous ceux qui ont donné des victoires électorales aux dernières municipales."
Vous ne laissez personne au bord de la route ?
- "Rassembler le terrain, ceux qui représentent nos idées dans la France enracinée."
(Source :Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 22février 2002)
- "Je l'ai trouvé un peu laborieux, un peu poussif. Sur le plan de la communication, ses messages me semblent préfabriqués. On sent derrière les agences de communication, avec les mots assez plats et un peu racoleurs. Pas d'enthousiasme, pas d'implication vraiment personnelle. Une sorte de message destiné à rassembler sans préciser. Je trouve qu'à nouveau, L. Jospin avance masqué. Il ne dit pas la vérité, il ne parle pas de sa sincérité. Quelle est sa ligne politique d'avenir ? Est-ce que c'est le néolibéralisme de Fabius ? Est-ce que c'est la dérive bourgeoise de Strauss-Kahn ? Est-ce que c'est le socialo-socialisme de M. Aubry ?"
C'est ce qu'au PS on appelle "la synthèse"...
- "Il a besoin de préciser. Quand on rentre dans les dossiers précis, ils disent le contraire. Monsieur Strauss-Kahn sur EDF dit qu'il faut privatiser. Et les communistes disent qu'il ne faut pas privatiser. Il faut qu'il soit plus précis. Sur la privatisation d'EDF, il commence par dire "non", et il finit par dire "oui". Il manque de sincérité. C'est le grand problème de L. Jospin. Et quand il parle de son projet, finalement, les mots de son projet sont contraires aux actions de son bilan. Il parle de "France active" ? Mais en fait, la France est en déclin : 12ème rang sur 15. Il parle de "France juste" ? Regardez sur les retraites, les retraites des agriculteurs, les retraites des artisans, est-ce que c'est une France juste, tout cela ? Le bilan de Jospin plaide contre son projet, et en fait donc, je ne l'ai pas trouvé crédible, mais surtout parce qu'il avance masqué."
Est-ce que pour J. Chirac, on ne peut pas dire que son projet plaide contre son bilan ?
- "Non, je ne crois pas, parce que J. Chirac a un projet politique au fond qui est celui de l'expérience et du renouveau. Il a une expérience, il a traversé beaucoup de responsabilités : l'agriculture, la Corrèze. Il a une expérience humaine de la France. Et il veut faire en sorte que le renouveau puisse s'exprimer, que l'Union de l'opposition puisse permettre de dégager notamment toute cette génération terrain qui est apparue avec les élections municipales."
C'est autre chose. Là, on est dans le renouvellement des hommes, mais non pas dans l'action...
- "C'est le projet de J. Chirac : expérience et renouveau. Et donc, il y a chez J. Chirac une implication personnelle, une humanité qu'on ne ressent pas du tout dans le message préfabriqué de L. Jospin."
Et vous pensez que c'est cette humanité qui fera la différence ? Parce que finalement, on peine quand même à chercher la différence entre les deux projets. Vous parliez d'EDF, des retraites... Ce sont des dossiers auxquels l'élu, quel qu'il soit, devra s'attaquer.
- "Absolument. Mais sur les retraites, il n'est pas sincère, L. Jospin, quand il en parle. J'ai relu attentivement sa déclaration de politique gouvernementale à l'Assemblée. Il prend l'engagement de s'occuper des retraites. Il nous a dit hier à la télévision : "Je ne l'ai jamais promis". Quelle est cette attitude de défausse permanente ? Tout cela n'est pas authentique. Qu'il dise clairement les échecs qu'il a pu affronter. Quand il nous parle de sécurité, il a l'air de découvrir le problème de la délinquance des jeunes. Nous lui disons depuis longtemps qu'il faut réadapter l'ordonnance de 1945 sur la situation pénale des jeunes. Nous voyons bien qu'il y a des choses qu'il faut aujourd'hui changer. Ils nous disent en permanence "non", défendant une sorte de société des excuses permanentes qui est au coeur de l'idéologie socialiste. Et vous avez vu ce manque de sincérité : quand on parle de son projet, il ne veut plus l'appeler "socialiste" maintenant !"
Il dit qu'il est le candidat du rassemblement...
- "Et donc, il cache à nouveau son socialisme d'aujourd'hui, comme il a caché ses engagements du passé. En fait, il n'a pas assumé sa situation aujourd'hui de candidat, qui doit avoir une sorte de décrispation de sa propre personnalité, qui laisse parler ses convictions."
Il n'est candidat que depuis deux jours...
- "Mais tout cela manque de naturel. Une campagne, c'est très dur. Une campagne, c'est la vérité du candidat qui apparaît. On ne triche pas avec la France à l'occasion d'une campagne présidentielle. Et hier, il ne nous est apparu convaincant, parce qu'il est coincé dans ses positions un peu ambiguës."
En somme, vous attendez qu'il se décoince ?
- "Je pense en tout cas qu'il assume son propre bilan, parce qu'autrement, son bilan plaide contre son projet."
On va parler de l'opposition et de la réunion de l'UEM qui va se tenir demain à Toulouse. On n'a pas très bien compris ce qu'est l'UEM, finalement. Au départ, cela devait être le grand parti de l'opposition avant la présidentielle. Après, on a dit que ce ne sera qu'un comité de soutien à J. Chirac. Et puis, aujourd'hui, on dit que c'est quand même l'embryon d'un futur grand parti. J. Chirac n'ira pas à Toulouse. Alors, ce sera quoi ?
- "J. Chirac ne va pas à Toulouse, parce que Toulouse c'est le rassemblement, l'union pour le deuxième tour."
Vous n'allez pas un peu vite, là ?
- "Mais non. Il faut rassembler aujourd'hui pour gagner. Il y a à droite des candidats qui sont, au premier tour, concurrents. Nous, nous disons que ces candidats ont légitimement le droit de s'exprimer et de faire part de leur projet. Mais nous disons qu'au second tour, on voit bien aujourd'hui que c'est J. Chirac qui portera nos couleurs. Alors, rassemblons-nous. Est-ce que nous voulons, oui ou non, que Toulouse préfigure cette union que demandent les Français, cette union qui a gagné les dernières élections municipales ? Notre réponse est "oui". Donc, le souffle de Toulouse, c'est le souffle de l'union et aussi du renouveau. On sera, je crois, très nombreux, pour exprimer ce besoin d'union et puis aussi ce besoin de renouveau. Un projet plein de fraîcheur nouvelle, des idées neuves, des équipes renouvelées, c'est cela le message de Toulouse."
On voit émerger la jeune génération...
- "Absolument."
Mais l'ancienne n'a pas envie de s'en aller !
- "Il faut les deux, parce que ce pays - ce vieux et grand pays - a besoin que les générations puissent se rassembler. Ce que je n'aime pas dans la politique socialiste, c'est qu'on oppose toujours les uns aux autres, on divise pour régner. J. Chirac a une logique aujourd'hui, qui est une logique de rassemblement. Et nous voulons avec lui que toutes les forces politiques qui peuvent le soutenir se préparent à ce grand rassemblement du deuxième tour pour assurer, pour notre pays, le renouveau auquel nous sommes attachés."
Où situez-vous F. Bayrou dans ce deuxième tour ? Vous pensez qu'il va revenir comme cela, tranquillement, à la maison ?
- "Il défend [ses idées] avec courage, car un certain nombre de ses amis ne sont pas très loyaux avec lui. Donc, il défend ses idées avec courage, comme A. Madelin les défend avec conviction. C'est normal. Et que les Français disent ce qu'ils souhaitent. Et ensemble, au deuxième tour, on bâtira un projet de rassemblement, avec cette union qui aura été préparée à Toulouse, pour éviter ce que nous avons connu dans le passé, toutes ces guérillas du premier tour qui empêchent la victoire du second tour."
On dit cela à chaque fois !
- "C'est la première fois quand même que l'on fait un grand rassemblement, comme cela, que l'on fait, à Toulouse, ce rassemblement pour l'union au second tour, et ce avant le premier tour. C'est la première fois. J'espère finalement que Toulouse va préfigurer ce grand rassemblement de la droite et du centre que j'appelle de mes voeux. J'espère qu'à Toulouse, on va préparer ce qui pourrait être dans l'avenir notre congrès d'Epinay, qui avait été le congrès de rassemblement de la gauche dans le passé, avec monsieur Mitterrand. Nous souhaitons, nous, avoir un grand rassemblement du centre et de la droite."
Dirigé par A. Juppé ?
- "Dirigé par toute une équipe, par du collectif... Aujourd'hui, il ne s'agit pas d'avancer une personnalité ou une autre. Ce qui compte, c'est rassembler, rassembler tous ceux qui se sont mobilisés à Strasbourg, à Blois, à Orléans. Tous ceux qui ont donné des victoires électorales aux dernières municipales."
Vous ne laissez personne au bord de la route ?
- "Rassembler le terrain, ceux qui représentent nos idées dans la France enracinée."
(Source :Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 22février 2002)