Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Comme à chaque fois, j'ai reçu avec plaisir M. Shimon Peres. Nous avons eu des entretiens qui complètent ceux qu'il a déjà eus aujourd'hui à Paris. Je crois que nous agissons dans le même sens.
La situation au Proche-Orient est terrible. Elle s'aggrave constamment et toutes les bonnes volontés doivent se retrouver, se regrouper. Les efforts de Shimon Peres personnellement, et les efforts qu'il fait avec Abou Ala à travers un plan, doivent être encouragés et soutenus. C'est d'ailleurs la seule alternative politique présentée pour le moment aux Israéliens par rapport à une politique qui est uniquement une politique de répression militaire.
Les Européens, de leur côté, ont réfléchi à un certain nombre d'idées pour essayer de sortir de cette impasse, pour redonner une consistance à une approche politique permettant de sortir du piège. Vous savez que les Européens, dans leur ensemble, considèrent que la voie politique a été abandonnée, qu'il faut absolument la relancer, y compris pour des raisons de sécurité. C'est aussi en recherchant une solution politique équitable que l'on pourra s'attaquer de façon plus efficace à la question de la sécurité. Il est nécessaire de faire les deux choses.
L'autre élément nouveau, c'est le plan saoudien pour la paix, d'ailleurs salué positivement par M. Shimon Peres et par nous. C'est une prise de position très importante. Elle n'est pas de nature à débloquer la situation immédiatement, parce que ce ne sont pas les Saoudiens qui peuvent décider si une négociation politique recommence entre les Israéliens et les Palestiniens. Mais cette position saoudienne lève une hypothèque considérable, qui avait pesé dans le passé récent sur toutes les négociations de paix. C'est quelque chose de très important pour l'avenir, dans la perspective d'un processus de paix qui aurait été relancé. Nous avons l'intention de continuer à faire converger les différentes initiatives et interventions mais, naturellement, le plus important est ce qui se passe à l'intérieur du monde palestinien, ce qui se passe à l'intérieur d'Israël. Cela nous ramène au travail courageux que fait M. Shimon Peres. La façon dont il est reçu à Paris montre bien que nous souhaitons que ses idées avancent, progressent et arrivent à convaincre le maximum d'Israéliens.
Q - Est-ce que vous considérez que l'initiative de l'Arabie Saoudite, qui n'est quand même pas n'importe quel pays dans le monde arabe vu son importance, peut fédérer une reconnaissance de l'Etat d'Israël par l'ensemble du monde arabe ?
R - Je ne peux que répéter ce que j'ai dit tout à l'heure. Je crois qu'il faut d'abord relancer un processus politique qui est le complément nécessaire de la lutte pour rétablir la sécurité. Sur la route de ce processus, il y a de très nombreux obstacles que l'on connaît bien, parce qu'ils ont en partie empêché le processus de Camp David d'aboutir. La prise de position de l'Arabie Saoudite lève en partie cet obstacle.
Je souhaite naturellement que la position de l'Arabie Saoudite soit très largement soutenue par le monde arabe. Quand le processus aura recommencé, ce sera un élément positif et favorisant. Cela ne suffit pas à faire relancer le processus, mais c'est quand même très important.
Q - M. Solana va à Djeddah jeudi prochain. Est-ce qu'il y a une mission européenne pour essayer justement de conjuguer les initiatives européennes avec le plan saoudien ?
R - Les idées européennes, la déclaration saoudienne, le plan Peres-Abou Ala, même si ce sont des approches différentes, me semblent aller dans le même sens. L'idée générale est la même et nous allons continuer à travailler à la synergie entre ces différentes approches. M. Solana travaille en ce moment dans la région au nom de l'Union européenne. J'espère que M. Sharon sera sensible à toutes ces propositions et suggestions qui dégagent une voie qui, je crois, serait dans l'intérêt d'Israël, y compris sur le plan de sa sécurité.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 février 2002)