Interview de M. François Bayrou, président de l'UDF et candidat à l'lélection présidentielle, à Wanadoo le 12 février 2002, en réponse à des questions des internautes.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Wanadoo

Texte intégral

Etes-vous favorable à l'augmentation du SMIC ?
FB : Oui, je propose un SMIC à 1000 euros net par mois. On ne peut vivre décemment en-dessous de ce seuil.
Allez-vous appeler à voter pour Chirac ou allez-vous le trahir ?
FB : J'ai déjà répondu à ce type de question. Je souhaite que les Français sortent de ce duo Chirac-Jospin. Mais je n'ai pas l'intention de trahir qui que ce soit.
Répondez-vous directement à vos e-mails ?
FB : J'en ai tellement que, parfois, c'est mon équipe qui répond à ma place. Mais j'essaie d'écrire directement aussi souvent que possible.
L'image que vous avez dans les Guignols de l'info ou Charlie Hebdo est-elle nuisible pour votre campagne ?
FB : Sûrement, mais ça fait partie de la règle du jeu. Peut-être que ma candidature est plus dérangeante pour le système qu'on ne l'imagine.
Tous les candidats proposent d'augmenter les dépenses tout en diminuant la pression fiscale ? Ou se trouvent les marges de manoeuvre ?
FB : Pas de démagogie sur ce sujet. Il y a des économies que l'on peut faire dans notre administration, qui fourmille de papiers, de formulaires... Et d'autre part il faut se concentrer sur les priorités : éducation, sécurité et emploi.
Quel est l'avenir des emplois jeunes, et que pensez-vous des actions de l'ancienne ministre de l'emploi ?
FB : Il ne faut pas les abandonner bien sûr. Leur faire passer des concours est peut-être une bonne idée. Quand aux actions de l'ancienne ministre de l'emploi, je crois que ça a été un grave échec. Les 18-20 ans, ainsi que les 50-60 ans, ont un taux d'activité parmi les plus faibles d'Europe. Aux deux bouts de la chaîne, il y a des manques.
Ne pensez-vous pas que la corruption ternit l'image des politiques ?
FB : En effet, cela contribue à la démoralisation des électeurs.
Que dites-vous à propose de M. Donnedieu de Vabres qui soutient Chirac ?
FB : Quand on est engagé dans une famille, la loyauté est une chose essentielle. Quiconque a la trahison dans son jeu est sûr de perdre.
Avez-vous encore de l'espoir avec 4 % d'intentions de votes ?
FB : Non seulement de l'espoir, mais la certitude que les choses vont changer.
Est-il néfaste à la démocratie que Chirac se représente malgré tous les dossiers qui pèsent sur lui ?
FB : Se représenter est une liberté. Mais il n'y a jamais eu de relève en France, et c'est là le point essentiel. Les autres pays d'Europe, comme l'Espagne par exemple, ont organisé leur respiration, le renouvellement de leur classe politique.
Etes-vous favorable au maintien ou à la suppression de la redevance télé ?
FB : Je défends d'abord l'audiovisuel public. Il doit et peut devenir concurrentiel avec le privé. Plus il est protégé des contraintes, celles de la publicité notamment, plus il se libérera et exposera des pistes nouvelles. La télévision coûte cher, et la redevance rapporte peu, mais il y a peut-être des économies à faire dans ce secteur aussi.
Quel est l'avenir de l'UDF ?
FB : Elle a vocation à devenir le grand parti central de la vie politique Française.
Que pensez-vous de l'attitude économique des USA ?
FB : C'est son hégémonie qui me gène. Je veux un monde dans lequel il y ait un équilibre des puissances, et pas seulement celles des marchés.
Que pensez-vous de la politique française vis-à-vis du conflit israëlo-palestinien ?
FB : Elle manque de clarté d'expression, surtout quand il y a des victimes Je ne crois pas à la simple coexistence de deux états. Il faudra faire la même chose en Palestine que ce qu'on a fait en Europe. Shimon Peres était d'accord avec moi sur ce point.
Comment prétendre incarner la relève alors que vous avez participé à deux gouvernements ?
FB : J'ai cru pendant longtemps que je pouvais changer les choses de l'intérieur. Mais je n'étais pas au volant. Le seul moyen de changer les choses vraiment, c'est de s'adresser aux français directement. Et changer le coeur nucléaire du pouvoir. Avec les mêmes équipes, on retrouvera les mêmes pratiques.
(source http://www.bayrou.net, le 12 février 2002)