Texte intégral
Q - L'intervention au Kosovo est-elle selon vous un succès ?
R - Nous n'avons atteint à ce jour que l'objectif principal - la paix y est revenue. Notre entreprise ne sera réussie que si nous arrivons à assurer la sécurité de manière permanente et convaincre les parties de la nécessité d'une coexistence pacifique. Cela sera un grand test pour les forces d'intervention de l'OTAN (KFOR) et la nouvelle administration civile.
Q - Croyez-vous que les Albanais et les Serbes pourront vivre ensemble au Kosovo ? Que la reconstruction d'une communauté multiethnique n'est plus qu'un beau rêve ?
R - Il ne s'agit pas de sa reconstruction mais de sa construction. Une telle société n'a pas existé réellement. Je pense que c'est possible - conformément aux recommandations de la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU. Nous voulons que cette solution serve d'exemple à tous les Balkans. Nous savons parfaitement qu'à présent ces différentes nations ne sont pas capables de coexister au Kosovo. C'est pour cela qu'il faut un si fort engagement international. Nous voulons faire en sorte que ce qui aujourd'hui semble impossible, devienne réel.
Q - La France va-t-elle soutenir la volonté des Albanais de voir le Kosovo indépendant ?
R - Le Groupe de contact a fait clairement comprendre qu'il n'accepte pas une telle option. Ceci risquerait de déstabiliser tous les pays où existe une minorité albanaise, d'éveiller la volonté de partage du Kosovo et d'encourager des actions similaires en Bosnie. La communauté internationale, sauf l'Albanie peut-être, ne soutiendra pas l'option de l'indépendance. Nous sommes pour l'autonomie, mais sans changements démocratiques en Serbie il y a peu de chances pour une coexistence pacifique entre les Serbes et les autres habitants du Kosovo.
Q - L'OTAN va garantir la sécurité aux pays voisins de la Yougoslavie alors qu'ils ne sont pas membres de l'Alliance. En sera-t-il de même pour l'Union européenne ? Y a-t-il un lien entre la reconstruction des Balkans et le plan d'élargissement de l'Union européenne ?
R - Ce lien n'a rien d'automatique. Au Kosovo - de toutes façons - il faudra réorganiser la société et l'économie. C'est un objectif évident. Nous devons considérer l'ensemble des problèmes des Balkans : sécurité, démocratie, économie. Certains pays de la région - la Roumanie ou la Bulgarie - pourraient entreprendre la démarche qui les mènerait à faire partie de l'Union européenne. Quant aux autres, nous ne pouvons pas les pousser au changement à l'aide de la promesse illusoire que l'intégration pourrait être un remède à tous leurs problèmes et ceci dès demain. Nous ne pouvons pas, pour leur seul bénéfice, modifier les conditions d'accès des nouveaux membres. L'intégration est un processus difficile. Les candidats doivent entreprendre des réformes profondes. Il faut cependant sans doute une politique spéciale pour les Balkans. C'est pour cette raison qu'a été créé le Pacte de stabilité pour les Balkans.
Q - L'Union européenne saura-t-elle supporter la reconstruction des Balkans et l'élargissement aux pays d'Europe centrale, simultanément ?
R - Je ne vois aucune possibilité de compétition. Ce sont des questions tout à fait différentes. Les négociations avec la Pologne sur l'intégration sont très avancées. Les Polonais ne devraient avoir aucune crainte. Il faut continuer des négociations - comment faire le mieux, le plus vite, le plus sérieusement. D'un autre côté, nous devons avoir une politique de stabilisation des Balkans.
Q - Quand l'élargissement deviendra-t-il la priorité numéro 1 de la politique de l'Union européenne ?
R - L'Europe s'occupe toujours de plusieurs questions en même temps. Il existe le problème de la réforme institutionnelle, la gestion de la monnaie commune, des problèmes sociaux, de la politique commune étrangère et de sécurité. Cela n'empêche pas le progrès des négociations sur l'élargissement. Nous ne devons pas parler du tout de "priorités". Le gouvernement polonais aussi s'occupe de plusieurs problèmes à la fois.
Q - Mais la monnaie commune a été certainement l'affaire la plus importante. L'Union européenne va-t-elle se mettre enfin avec la même détermination à accepter de nouveaux membres ?
R - Vous posez cette question comme si l'Europe était capable de faire seulement une chose à la fois. C'est une inquiétude injustifiée. L'euro ne nous a pas empêché de préparer l'élargissement. La réforme institutionnelle a une grande importance pour la Pologne - elle prépare l'Union européenne à recevoir de nouveaux membres et aura une influence sur la décision à la fin des négociations. Quant à la France, nous considérons déjà la Pologne comme partenaire stratégique en Europe. Nous discutons avec vous de tous les grands problèmes qui concernent l'Europe de demain, sans attendre l'élargissement.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 août 1999)
R - Nous n'avons atteint à ce jour que l'objectif principal - la paix y est revenue. Notre entreprise ne sera réussie que si nous arrivons à assurer la sécurité de manière permanente et convaincre les parties de la nécessité d'une coexistence pacifique. Cela sera un grand test pour les forces d'intervention de l'OTAN (KFOR) et la nouvelle administration civile.
Q - Croyez-vous que les Albanais et les Serbes pourront vivre ensemble au Kosovo ? Que la reconstruction d'une communauté multiethnique n'est plus qu'un beau rêve ?
R - Il ne s'agit pas de sa reconstruction mais de sa construction. Une telle société n'a pas existé réellement. Je pense que c'est possible - conformément aux recommandations de la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU. Nous voulons que cette solution serve d'exemple à tous les Balkans. Nous savons parfaitement qu'à présent ces différentes nations ne sont pas capables de coexister au Kosovo. C'est pour cela qu'il faut un si fort engagement international. Nous voulons faire en sorte que ce qui aujourd'hui semble impossible, devienne réel.
Q - La France va-t-elle soutenir la volonté des Albanais de voir le Kosovo indépendant ?
R - Le Groupe de contact a fait clairement comprendre qu'il n'accepte pas une telle option. Ceci risquerait de déstabiliser tous les pays où existe une minorité albanaise, d'éveiller la volonté de partage du Kosovo et d'encourager des actions similaires en Bosnie. La communauté internationale, sauf l'Albanie peut-être, ne soutiendra pas l'option de l'indépendance. Nous sommes pour l'autonomie, mais sans changements démocratiques en Serbie il y a peu de chances pour une coexistence pacifique entre les Serbes et les autres habitants du Kosovo.
Q - L'OTAN va garantir la sécurité aux pays voisins de la Yougoslavie alors qu'ils ne sont pas membres de l'Alliance. En sera-t-il de même pour l'Union européenne ? Y a-t-il un lien entre la reconstruction des Balkans et le plan d'élargissement de l'Union européenne ?
R - Ce lien n'a rien d'automatique. Au Kosovo - de toutes façons - il faudra réorganiser la société et l'économie. C'est un objectif évident. Nous devons considérer l'ensemble des problèmes des Balkans : sécurité, démocratie, économie. Certains pays de la région - la Roumanie ou la Bulgarie - pourraient entreprendre la démarche qui les mènerait à faire partie de l'Union européenne. Quant aux autres, nous ne pouvons pas les pousser au changement à l'aide de la promesse illusoire que l'intégration pourrait être un remède à tous leurs problèmes et ceci dès demain. Nous ne pouvons pas, pour leur seul bénéfice, modifier les conditions d'accès des nouveaux membres. L'intégration est un processus difficile. Les candidats doivent entreprendre des réformes profondes. Il faut cependant sans doute une politique spéciale pour les Balkans. C'est pour cette raison qu'a été créé le Pacte de stabilité pour les Balkans.
Q - L'Union européenne saura-t-elle supporter la reconstruction des Balkans et l'élargissement aux pays d'Europe centrale, simultanément ?
R - Je ne vois aucune possibilité de compétition. Ce sont des questions tout à fait différentes. Les négociations avec la Pologne sur l'intégration sont très avancées. Les Polonais ne devraient avoir aucune crainte. Il faut continuer des négociations - comment faire le mieux, le plus vite, le plus sérieusement. D'un autre côté, nous devons avoir une politique de stabilisation des Balkans.
Q - Quand l'élargissement deviendra-t-il la priorité numéro 1 de la politique de l'Union européenne ?
R - L'Europe s'occupe toujours de plusieurs questions en même temps. Il existe le problème de la réforme institutionnelle, la gestion de la monnaie commune, des problèmes sociaux, de la politique commune étrangère et de sécurité. Cela n'empêche pas le progrès des négociations sur l'élargissement. Nous ne devons pas parler du tout de "priorités". Le gouvernement polonais aussi s'occupe de plusieurs problèmes à la fois.
Q - Mais la monnaie commune a été certainement l'affaire la plus importante. L'Union européenne va-t-elle se mettre enfin avec la même détermination à accepter de nouveaux membres ?
R - Vous posez cette question comme si l'Europe était capable de faire seulement une chose à la fois. C'est une inquiétude injustifiée. L'euro ne nous a pas empêché de préparer l'élargissement. La réforme institutionnelle a une grande importance pour la Pologne - elle prépare l'Union européenne à recevoir de nouveaux membres et aura une influence sur la décision à la fin des négociations. Quant à la France, nous considérons déjà la Pologne comme partenaire stratégique en Europe. Nous discutons avec vous de tous les grands problèmes qui concernent l'Europe de demain, sans attendre l'élargissement.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 août 1999)