Texte intégral
Q - Quel est votre sentiment sur le processus de paix au Proche-Orient après la
visite de M. Netanyahou à Paris ?
R - Le processus de paix est toujours dans l'impasse. Les démarches européennes
ont été très nombreuses : j'étais moi-même en visite au Proche-Orient il y a
quelques jours, d'autres y ont été après. Il y a une bonne coordination entre
les Européens là-dessus, qui considèrent que le statu quo est dangereux et
qu'il faut vraiment essayer de trouver un déblocage. A la suite, d'autre part,
d'un engagement américain beaucoup plus fort qu'il y a quelques mois, avec une
action persévérante de Mme Albright, on voit qu'il y a une sorte de
frémissement mais je n'ose pas dire encore qu'il se concrétise. On voit que le
Premier ministre israélien, M. Netanyahou, qui est venu en Europe, en Allemagne
et en France, a laissé filtrer qu'il pourrait faire une proposition sur une des
questions qui est très importante pour remettre en marche la dynamique du
processus, des Accords d'Oslo et celle du redéploiement. Mais les chiffres dont
il a parlé sans qu'on sache exactement si ce sont des chiffres qui l'engagent
lui, sont très faibles. Il y a cette petite indication. Mais, comme dans ce
domaine il ne faut jamais insulter l'avenir, il faut être très persévérant,
même si les conditions actuelles n'incitent pas à l'optimisme, il faut
encourager tout mouvement qui irait dans le bon sens. Est-ce que c'est
suffisant ? Pas encore, certainement pas. Mon analyse sur place et à Paris,
après avoir rencontré les uns et les autres, et avoir passé un temps assez long
hier avec Mme Albright, est que l'écart entre les petits gestes que M.
Netanyahou pourrait faire éventuellement, et le minimum dont l'Autorité
palestinienne a besoin pour que le processus de paix ne soit pas décrédibilisé
aux yeux des Palestiniens qui ont fondé de grands espoirs dans ce processus,
qui sont aujourd'hui assez largement découragés par rapport à cela, cet écart
demeure trop grand aujourd'hui pour que l'on puisse penser que la relance du
processus devra intervenir à court terme. Il faut faire plus, il faut revenir à
l'esprit des Accords. Même si tout n'est pas chiffré dans les Accords, il y a
un état d'esprit général. Donc, il y a des petites indications, il faut
travailler dessus mais ce n'est pas encore suffisant.
Q - Vous avez parlé d'efforts américains, vous avez parlé de l'Union européenne
très active en la matière, est-ce qu'il y a moyen, vu l'urgence de la
situation, de parler d'une sorte de coordination entre vous et les Américains
parce qu'il y a trop de retard justement ?
R - Il y a dans les faits une coordination. Je ne sais pas si cela suffira à
relancer le processus compte tenu du fait, comme je vous le disais, que les
positions sont très éloignées les unes des autres, mais ce qui est frappant et
cela me frappe, même au cours de la période de quelques mois depuis laquelle
j'occupe ces fonctions, c'est que par exemple entre les Européens, entre les
Quinze et pas uniquement dans les pays qui sont traditionnellement très
intéressés par le Proche-Orient et très actifs sur ce sujet comme la France,
mais aussi l'Italie, l'Espagne et la Grande-Bretagne, pas uniquement dans ces
pays, chez l'ensemble des Quinze, il y a un intérêt beaucoup plus grand, une
analyse qui est de plus en plus homogène, une volonté d'intervenir qui est de
plus en plus vive. Il y a d'ailleurs une présence sur place qui est très
soutenue avec une très grande harmonisation entre les différents ministres qui
y vont régulièrement, qui se tiennent informés, qui se parlent avant, après. Il
est en train de se constituer plus encore nettement qu'avant et pas uniquement
quand il y a des Conseils européens avec des déclarations sur le sujet au jour
le jour. L'activité diplomatique a un corpus de doctrines et d'actions. C'est
également vrai avec les Etats-Unis, mais c'est frappant car cela n'a pas
toujours été le cas. Je vois que depuis que la politique américaine s'est
ressaisie de cette question du processus de paix au Proche-Orient, donc depuis
peu de mois, les analyses américaine et européenne se rapprochent. Elles ne
sont pas en train de diverger, elles ne s'opposent pas. Les actions ne se
nuisent pas, vous n'assistez pas à des phénomènes un peu puérils de compétition
et il y a un rapprochement des analyses et une volonté d'agir dans le même sens
de la part des Etats-Unis et de l'Europe. C'est un phénomène assez nouveau et
je crois que M. Netanyahou a mesuré ce fait. Je ne sais pas encore si cela
suffira à enclencher un processus à relancer les choses mais les uns et les
autres font tout ce qu'ils peuvent, et d'ailleurs de l'Europe et des
Etats-Unis, mais il faut noter aussi l'action de l'Egypte qui est importante et
il faut noter aussi une sorte de réveil, de retour de la diplomatie russe sur
ce plan qui cherche aussi à jouer un rôle utile. L'essentiel c'est que les uns
et les autres ne tirent pas à hue et à dia, qu'on aille dans le même sens. Pour
le moment c'est le cas, donc nous continuons.
Q - Est-ce que la situation, tel que le blocage existe, n'exige pas de la
fermeté à l'égard de M. Netanyahou de la part de la communauté internationale ?
R - Vous m'entraînez trop loin et je ne peux rien dire qui soit suivi
d'effet./.
(source http://www,diplomatie,gouv,fr, le 21 septembre 2001)
visite de M. Netanyahou à Paris ?
R - Le processus de paix est toujours dans l'impasse. Les démarches européennes
ont été très nombreuses : j'étais moi-même en visite au Proche-Orient il y a
quelques jours, d'autres y ont été après. Il y a une bonne coordination entre
les Européens là-dessus, qui considèrent que le statu quo est dangereux et
qu'il faut vraiment essayer de trouver un déblocage. A la suite, d'autre part,
d'un engagement américain beaucoup plus fort qu'il y a quelques mois, avec une
action persévérante de Mme Albright, on voit qu'il y a une sorte de
frémissement mais je n'ose pas dire encore qu'il se concrétise. On voit que le
Premier ministre israélien, M. Netanyahou, qui est venu en Europe, en Allemagne
et en France, a laissé filtrer qu'il pourrait faire une proposition sur une des
questions qui est très importante pour remettre en marche la dynamique du
processus, des Accords d'Oslo et celle du redéploiement. Mais les chiffres dont
il a parlé sans qu'on sache exactement si ce sont des chiffres qui l'engagent
lui, sont très faibles. Il y a cette petite indication. Mais, comme dans ce
domaine il ne faut jamais insulter l'avenir, il faut être très persévérant,
même si les conditions actuelles n'incitent pas à l'optimisme, il faut
encourager tout mouvement qui irait dans le bon sens. Est-ce que c'est
suffisant ? Pas encore, certainement pas. Mon analyse sur place et à Paris,
après avoir rencontré les uns et les autres, et avoir passé un temps assez long
hier avec Mme Albright, est que l'écart entre les petits gestes que M.
Netanyahou pourrait faire éventuellement, et le minimum dont l'Autorité
palestinienne a besoin pour que le processus de paix ne soit pas décrédibilisé
aux yeux des Palestiniens qui ont fondé de grands espoirs dans ce processus,
qui sont aujourd'hui assez largement découragés par rapport à cela, cet écart
demeure trop grand aujourd'hui pour que l'on puisse penser que la relance du
processus devra intervenir à court terme. Il faut faire plus, il faut revenir à
l'esprit des Accords. Même si tout n'est pas chiffré dans les Accords, il y a
un état d'esprit général. Donc, il y a des petites indications, il faut
travailler dessus mais ce n'est pas encore suffisant.
Q - Vous avez parlé d'efforts américains, vous avez parlé de l'Union européenne
très active en la matière, est-ce qu'il y a moyen, vu l'urgence de la
situation, de parler d'une sorte de coordination entre vous et les Américains
parce qu'il y a trop de retard justement ?
R - Il y a dans les faits une coordination. Je ne sais pas si cela suffira à
relancer le processus compte tenu du fait, comme je vous le disais, que les
positions sont très éloignées les unes des autres, mais ce qui est frappant et
cela me frappe, même au cours de la période de quelques mois depuis laquelle
j'occupe ces fonctions, c'est que par exemple entre les Européens, entre les
Quinze et pas uniquement dans les pays qui sont traditionnellement très
intéressés par le Proche-Orient et très actifs sur ce sujet comme la France,
mais aussi l'Italie, l'Espagne et la Grande-Bretagne, pas uniquement dans ces
pays, chez l'ensemble des Quinze, il y a un intérêt beaucoup plus grand, une
analyse qui est de plus en plus homogène, une volonté d'intervenir qui est de
plus en plus vive. Il y a d'ailleurs une présence sur place qui est très
soutenue avec une très grande harmonisation entre les différents ministres qui
y vont régulièrement, qui se tiennent informés, qui se parlent avant, après. Il
est en train de se constituer plus encore nettement qu'avant et pas uniquement
quand il y a des Conseils européens avec des déclarations sur le sujet au jour
le jour. L'activité diplomatique a un corpus de doctrines et d'actions. C'est
également vrai avec les Etats-Unis, mais c'est frappant car cela n'a pas
toujours été le cas. Je vois que depuis que la politique américaine s'est
ressaisie de cette question du processus de paix au Proche-Orient, donc depuis
peu de mois, les analyses américaine et européenne se rapprochent. Elles ne
sont pas en train de diverger, elles ne s'opposent pas. Les actions ne se
nuisent pas, vous n'assistez pas à des phénomènes un peu puérils de compétition
et il y a un rapprochement des analyses et une volonté d'agir dans le même sens
de la part des Etats-Unis et de l'Europe. C'est un phénomène assez nouveau et
je crois que M. Netanyahou a mesuré ce fait. Je ne sais pas encore si cela
suffira à enclencher un processus à relancer les choses mais les uns et les
autres font tout ce qu'ils peuvent, et d'ailleurs de l'Europe et des
Etats-Unis, mais il faut noter aussi l'action de l'Egypte qui est importante et
il faut noter aussi une sorte de réveil, de retour de la diplomatie russe sur
ce plan qui cherche aussi à jouer un rôle utile. L'essentiel c'est que les uns
et les autres ne tirent pas à hue et à dia, qu'on aille dans le même sens. Pour
le moment c'est le cas, donc nous continuons.
Q - Est-ce que la situation, tel que le blocage existe, n'exige pas de la
fermeté à l'égard de M. Netanyahou de la part de la communauté internationale ?
R - Vous m'entraînez trop loin et je ne peux rien dire qui soit suivi
d'effet./.
(source http://www,diplomatie,gouv,fr, le 21 septembre 2001)