Conférence de presse conjointe de MM. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères et Joschka Fischer, ministre des affaires étrangères d'Allemagne sur la situation au Kosovo, les travaux du Conseil de transition, la sécurité de la minorité serbe du Kosovo, la dimension policière et militaire du processus de rétablissement de la sécurité sous le contrôle de la KFOR, Pristina le 24 août 1999.

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Circonstance : Voyage de M. Hubert Védrine, ministre des Affaires étrangères au Kosovo (Yougoslavie) le 23 août 1999

Texte intégral

J'ai pu m'entretenir avec M. Thaçi, M. Rugova, avec une délégation de militaires du Kosovo. Nous avons parlé, les uns les autres, du travail que nous pouvions faire demain au sein du Conseil. Le message était très clair et simple, comme vous pouvez l'imaginer. L'ensemble des responsables doivent faire ici tout ce qui est possible pour assurer la sécurité de tous. Il faudra que les forces de police se renforcent. Cela ne sera crédible qu'avec un engagement politique de tous ceux qui ont ici une influence politique. Le reste consistera en la relance de l'économie, en la mise en oeuvre de la résolution avec ces perspectives plus lointaines que j'ai évoquées.
Nous rendons hommage au travail effectué. Nous sommes très vigilants. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir - en concertation constante, encore maintenant, avec Mme Albright, M. Cook, et tous les autres ministres européens - pour que les problèmes qui se posent maintenant soient surmontés.
Q - On a entendu beaucoup parlé ces derniers jours de cantonisation. La représentation serbe, lors du Conseil de transition, a fait une proposition dans ce sens. Les déclarations du Représentant spécial n'excluent pas d'envisager cela, il y a une réponse à cette question. Est-ce le début de la partition du Kosovo ?
R - Le Représentant spécial de l'ONU, lors de la dernière réunion du Conseil, nous a dit simplement qu'il examinerait cette proposition : c'est son rôle, c'est sa fonction. En même temps, il a dit tout à l'heure que cela ne lui paraissait une solution souhaitable. C'est ma position et, je crois, notre position. Nous sommes parvenus dans la résolution à une formule souhaitable. Le fait de dire cela ne doit pas nous dispenser de nous pencher sur le sujet qui est derrière, celui de la sécurité. Si ce problème est remis en avant, c'est sans doute parce que la sécurité, en particulier celle des Serbes, n'a pas pu être correctement assurée.
Q - (Inaudible)
R - Je crois qu'il existe deux types différents de violence. Dans certains cas, ce sont des réactions passionnelles, consécutives aux horreurs que la population albanaise du Kosovo a subies. L'un de nos objectifs, le plus noble mais aussi le plus difficile, est de réussir à dépasser cette vengeance. Tout cela ne se fait pas en un mois ou deux, mais nous sommes particulièrement déterminés à y parvenir.
Dans d'autres cas, il y a des formes de violences pire encore : ce sont des violences froidement calculées pour terroriser les populations. Elles ont été pratiquées - il n'y a pas longtemps - à grande échelle contre les Albanais du Kosovo, et malheureusement par certains d'entre eux contre les Serbes qui sont encore ici. C'est une chose qui doit être empêché à tout prix. C'est pourquoi le travail de la KFOR est aussi un travail de police. Il faut empêcher ces comportements proprement impensable.
Q - (Inaudible)
R - En ce qui concerne la sécurité, rappelez-vous dans quelle situation nous étions au Kosovo il y a deux mois, 18 mois ou bien un an. Je vous invite à comparer cette situation à celle d'aujourd'hui. Les difficultés ont été réduites. La KFOR s'est installée au Kosovo, selon un processus d'établissement de la sécurité. Mais cela ne se fait pas d'un coup de baguette magique. Il y a la dimension militaire globale de la sécurité, il y a une dimension policière, il y a un engagement politique, une dimension presque sociétale au Kosovo. Je crois que la KFOR, la MINUK, la communauté internationale en faisant des pressions, arriveront à créer une vraie situation de sécurité
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 août 1999)