Texte intégral
Chers Camarades,
La situation est bonne. Jean-Pierre Chevènement est désormais installé au centre de la campagne électorale. Il est en passe d'atteindre son objectif : obtenir plus de 15 % des intentions de vote au mois de mars. Certains commencent même à poser publiquement la question de savoir qui de Lionel Jospin ou de Jacques Chirac affrontera Jean-Pierre Chevènement au second tour. Pour nous, peu importe. Un débat avec Jacques Chirac serait plus classique. Un duel avec Lionel Jospin serait plus original. Mais, sur le fond, les termes en seraient quasi identiques, puisque l'un et l'autre ont mené et mèneraient la même politique, à quelques nuances prés.
En effet, sur l'essentiel, et d'abord la politique européenne, ils sont d'accord. Lionel Jospin a fini par l'avouer le jour où il a indiqué que l'entente entre Jacques Chirac et lui était à la virgule prés. La politique européenne détermine non seulement les grandes orientations de notre avenir, mais aussi notre vie quotidienne. Le dernier exemple en date est celui de la vente des automobiles. Par dogmatisme libéral, la commission de Bruxelles a décidé de casser un système qui donnait satisfaction. L'expérience montre que la concurrence imposée par les eurocrates permettra dans un premier temps quelques réductions de tarifs, qui seront rapidement résorbés par ailleurs. Surtout, le trafic des pièces détachées, déjà bien inquiétant pour notre sécurité, pourra devenir florissant. Vous remarquerez avec moi le silence complice des deux sortants.
Pour la même raison, ils acceptent la liquidation des services publics. La privatisation annoncée d'EDF est exemplaire. Dans un premier temps, d'un commun accord, ils ont accepté la concurrence dans le domaine de l'électricité, en disant qu'ils ne toucheraient pas au statut de l'entreprise publique. Bruxelles a approuvé. Dans un deuxième temps, ils nous ont dit que pour se maintenir à niveau EDF devait devenir un groupe mondial en achetant toutes les parts de marché qui se présentaient à l'étranger. Les concurrents se sont mis à protester puisque EDF pouvait entrer dans leur capital, alors que eux ne pouvaient entrer dans celui d'EDF. Ainsi, on créait une première pression en faveur de la privatisation. Dans un troisième temps, les dirigeants d'EDF déclarent qu'ils ont besoin d'argent frais pour cette stratégie mondialisée et demandent l'introduction d'au moins une partie de leur capital en bourse. Le RPR applaudit. Les socialistes s'interrogent gravement pour savoir s'il faut mettre ou pas un seuil à 51 %. Le programme socialiste affirme qu'il faut maintenir ce seuil. Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn n'en veulent pas. La vérité est ailleurs. L'éventuelle privatisation d'EDF ne peut être que progressive. Sa mise en vente d'un seul bloc assécherait le marché des capitaux. La seule solution raisonnable est de garder EDF dans le secteur public. C'est un outil exemplaire et performant, dont la République a besoin pour impulser et entraîner l'économie du pays. Mais, pendant que se prépare cette funeste privatisation, l'avenir énergétique de la France n'est pas traité. Le prototype de la nouvelle filière de réacteur n'est toujours pas mis en chantier.
Tous ces gens là sont tellement prisonniers de leur idéologie libérale qu'ils sont incapables de tirer les leçons de l'expérience, y compris celle des Etats-Unis. Les grandes pannes d'électricité en Californie auraient du les inciter à la prudence. La faillite retentissante d'Enron, qui était soi-disant la septième entreprise des Etats-Unis, remet en cause leur schéma simpliste. Car, Kenneth Lay, fondateur et dirigeant d'Enron, est le grand théoricien et le premier praticien du marché de l'électricité. A chaque fois, RPR et PS se réfugient derrière les aspects anecdotiques pour ignorer les logiques mises en uvre. Ainsi, pour Enron, on insiste sur les contributions financières de l'entreprise à la vie politique des Etats-Unis ou sur les manoeuvres douteuses de ses dirigeants. Mais, les premières sont légales dans ce pays. Mais, les secondes ont débuté quand le système a commencé de lui-même à se gripper.
Dans sa faillite, Enron a non seulement mis au chômage ses salariés, mais a aussi ruiné leur perspective de retraite. Leur fond de pension a été emporté dans le naufrage. Cela n'empêche pas nos deux sortant de continuer à dire qu'ils sont favorables au système actuel - la répartition - tout en proposant d'introduire les premiers éléments de capitalisation. Pour se justifier, ils nous disent que 40 % des capitaux des entreprises cotées au CAC 40 sont détenus par des fonds de pension anglo-saxons. Mais pourquoi donc ont-ils privatisés et privatisent-ils encore ? Les entreprises nationalisées constituaient notre fond de pension collectif national. Ils l'ont liquidé, et maintenant ils veulent jouer en bourse avec nos retraites. Or, autre révélation d'Enron, le système d'audit, qui doit certifier les comptes, peut-être complètement truqué. La crise de confiance atteint une hauteur inégalée. Les conséquences en sont imprévisibles.
En me limitant à ces seuls exemples, je pose la double question : sur quel critère Lionel Jospin peut-il encore se dire de gauche ? Sur quel critère Jacques Chirac peut-il se prétendre héritier du gaullisme ? Réponse : ils se décernent eux-mêmes les brevets, ils se décernent mutuellement les brevets. En 1983, Lionel Jospin disait qu'il fallait ouvrir une parenthèse libérale ; il ne l'a toujours pas refermée ; il n'a pas cherché à la refermer. Pour Jacques Chirac, le gaullisme se réduit à un pot de chrysanthème qu'il porte en novembre à Colombey-les-Deux-Eglises. Pourtant, l'habitude et la résignation continuent à donner une crédibilité minimale à leurs professions de foi. Mais, ils ne sont plus croyants depuis longtemps. Ils sont encore moins pratiquants. Ils ne sont que des façades de leurs prétentions. Ils usurpent des histoires qui ne sont plus leurs.
Lionel Jospin entraîne avec lui bien sûr le Parti socialiste, mais aussi ce qui reste du parti communiste. Jean-Claude Gayssot, ministre communiste des Transports, est en train de privatiser les Autoroutes du Sud de la France. Lionel Jospin n'est qu'un rentier de la gauche, mais il en a dilapidé le capital. Il abuse d'une rente de situation dont il n'est même plus le propriétaire indivis. Il n'est qu'un locataire de la gauche qui a déménagé à la cloche de bois. Lionel Jospin croit à la magie. Il pense que quelques incantations suffiront pour métamorphoser les citoyens en dévots. Lui et tous les résidus de la gauche plurielle sont mal placés pour distribuer des labels d'appartenance à la gauche. Pourtant, sans vergogne, ils continuent comme si de rien n'était. Ils veulent relancer le débat entre la droite et la gauche, comme si ce débat face à Jacques Chirac avait un sens.
Ne nous laissons pas impressionner. Le seul critère qui compte est celui des actes, celui de la politique menée. Et, la politique conduite par Lionel Jospin depuis 1997 n'est pas une politique globalement de gauche. Lorsque nous avons entendu son discours de politique générale, le 19 juin 1997, nous avons cru à un redressement républicain ; le mot de " République " y figurait dix sept fois. Malheureusement, la politique de Lionel Jospin s'est avérée un alignement sur la mondialisation ultra-libérale. Le tournant a été pris au séminaire gouvernemental de Rambouillet. Voilà pourquoi Jean-Pierre Chevènement a quitté le gouvernement ; l'étincelle en a été la Corse, parce que le traitement de ce dossier par Lionel Jospin en a été le symptôme le plus manifeste et le plus grave dans le domaine du ministre de l'Intérieur. Voilà pourquoi nous considérons comme morte et enterrée la majorité plurielle.
Je peux aussi tenir des propos analogues sur la droite. En effet, Jacques Chirac n'est plus à droite, il s'est dissout dans la mondialisation. Il a abandonné la République pour l'idéologie. Il a désarmé la France. Quel spectacle pitoyable, venons nous de vivre ! Jacques Chirac propose les services de la France aux Etats-Unis, George Bush les ignore. En dehors du renseignement, nous n'avons rien de sérieux à présenter. Les militaires n'en sont pas responsables. Les responsables sont ceux qui, depuis une douzaine d'année, ont donné consistance à l'expression de Laurent Fabius sur les " dividendes de la paix ". Ils ont sans cesse réduit les crédits militaires. Depuis sept ans, Jacques Chirac a oublié qu'il était le chef des armées.
Ainsi, les Français constatent l'existence d'un véritable bipartisme unique qui, trente ans après, n'a pas négocié un programme commun de gouvernement, mais a simultanément publié un programme commun de renoncement. Le tenants de l'ordre établis essayent d'insister sur le bipartisme, en nous disant que l'un des sortants serait de gauche et l'autre de droite. Nos compatriotes voient de plus en plus que ce bipartisme est surtout unique quant au fond. Voilà pourquoi Jean-Pierre Chevènement grimpe dans les sondages. Voilà pourquoi le Pôle républicain entre en résonance avec l'opinion.
Nous sommes dans une campagne électorale pour élire le Président de la République Française selon l'esprit et les dispositions de notre constitution actuelle. Les partis concourent à l'expression du suffrage. Le retour à la IVème République est banni. Aussi, Jean-Pierre Chevènement n'est pas le candidat du Mouvement des Citoyens, comme certains le disent encore trop souvent. Il n'est même pas le candidat du Pôle républicain. Celui-ci est un rassemblement qui s'est constitué autour de sa candidature, après qu'il se soit déclaré candidat. On peut soutenir Jean-Pierre Chevènement sans appartenir au Pôle républicain.
Le candidat, ne négocie avec personne. Il peut certes, demander des conseils. Comme vous le savez, il sollicite beaucoup d'entre nous. Mais, rien ne l'oblige à suivre ces conseils. C'est lui, et lui seul, qui fixe le programme, la démarche ; c'est sa responsabilité devant le peuple français. Jean-Pierre Chevènement a présenté à Vincennes, le 9 septembre 2001, dix axes stratégiques pour la France dans les cinq années qui viennent. Le Mouvement des Citoyens les a approuvés. Il nous revient de les faire connaître. Il est aux commandes et c'est lui qui dirige la manoeuvre.
D'autres que nous apportent leur soutien à Jean-Pierre Chevènement. Nous n'avons aucun tri à faire, aucun jugement à porter. Nous ne leur demandons qu'une seule chose : s'engager à respecter et à appliquer les orientations et les propositions de Jean-Pierre Chevènement. Mais, à partir du moment où ils acceptent ces orientations, Jean-Pierre Chevènement est autant leur candidat que le nôtre. La situation de la France est aujourd'hui telle que nous devons accepter tous les concours qui se présentent dans le respect du cadre fixé par le candidat.
Nos adversaires essayeront de nous faire la leçon en dénigrant des ralliements. Mais, d'où parle-t-il pour se croire étalon de morale quand ils ne sont que professeurs de petite vertu ? Je ne veux même pas évoquer les turpitudes des uns et des autres. J'en resterai à leur trahison systématique des engagements pris devant les citoyens pendant les campagnes électorales. Jacques Chirac et sa " fracture sociale ". Lionel Jospin et son " retour en tout à la République ". Il n'est pas jusqu'à Noël Mamère qui, dans les débats publics, sert de faire valoir à Jean-Marie Le Pen et qui n'hésite pas à poser pour les photographes à ses côtés. Aujourd'hui, ils banalisent Jean-Marie Le Pen pour essayer de contrer Jean-Pierre Chevènement. Demain, s'il le faut, ils le diaboliseront à nouveau. Le Pen est d'abord un instrument entre leurs mains, leurs mains sales.
Chers camarades,
Encore un effort, et la victoire est à portée de main. Jamais, depuis trente ans, le camp de la République n'a été si près de l'emporter. Mais, le succès n'est pas encore acquis. Alors, travaillons sans relâche, partout où nous nous trouvons pour convaincre nos compatriotes, nos proches, nos collègues de travail, nos voisins qu'une alternative est possible, qu'une alternative est crédible.
Si, au soir du 5 mai 2002, Jean-Pierre Chevènement est élu Président de la République Française, tous nos efforts, tous nos sacrifices seront récompensés. Bien sûr, commencera un autre combat, un combat combien exaltant, celui de la refondation de la République, celui pour une France relevée.
En tout état de cause, nous devrons être présents les 9 et 16 juin prochains dans toutes les circonscriptions législatives de France métropolitaine et d'outre-mer. Nous désignerons en temps voulu nos candidats. Attendons que les choses se décantent. En attendant, nul n'est habilité à se dire candidat. Nous ne sommes pas un parti qui se bat pour les honneurs et pour les places. Nous ne sommes pas le parti de la course à la soupe. Nous sommes le parti qui veut pour la France une autre politique, qui veut relever la France avec la République. Et, nous savons aujourd'hui que le seul moyen est de porter Jean-Pierre Chevènement à l'Elysée.
Alors, notre tache prioritaire, notre tache absolue est d'attirer, de regrouper, de mobiliser, d'agir. Partout, organisons des réunions, lançons des souscriptions, et, s'il le faut, proposons des pétitions. Nous soutenons un homme qui peut gagner, mais qui ne peut gagner que si nous le soutenons encore plus fermement. N'ayons pas peur de la victoire. N'ayons pas peur de nous élargir. N'ayons pas peur de nous renforcer.
Nous sommes déjà une structure composée de femmes et d'hommes dévoués. Pourtant, cela ne suffit pas. Il faut adresser aux masses. Il faut convaincre les masses.
Alors, courage et détermination. Les Français nous attendent. Ne les décevons pas.
(source http://www.georges-sarre.net, le 14 février 2002)
La situation est bonne. Jean-Pierre Chevènement est désormais installé au centre de la campagne électorale. Il est en passe d'atteindre son objectif : obtenir plus de 15 % des intentions de vote au mois de mars. Certains commencent même à poser publiquement la question de savoir qui de Lionel Jospin ou de Jacques Chirac affrontera Jean-Pierre Chevènement au second tour. Pour nous, peu importe. Un débat avec Jacques Chirac serait plus classique. Un duel avec Lionel Jospin serait plus original. Mais, sur le fond, les termes en seraient quasi identiques, puisque l'un et l'autre ont mené et mèneraient la même politique, à quelques nuances prés.
En effet, sur l'essentiel, et d'abord la politique européenne, ils sont d'accord. Lionel Jospin a fini par l'avouer le jour où il a indiqué que l'entente entre Jacques Chirac et lui était à la virgule prés. La politique européenne détermine non seulement les grandes orientations de notre avenir, mais aussi notre vie quotidienne. Le dernier exemple en date est celui de la vente des automobiles. Par dogmatisme libéral, la commission de Bruxelles a décidé de casser un système qui donnait satisfaction. L'expérience montre que la concurrence imposée par les eurocrates permettra dans un premier temps quelques réductions de tarifs, qui seront rapidement résorbés par ailleurs. Surtout, le trafic des pièces détachées, déjà bien inquiétant pour notre sécurité, pourra devenir florissant. Vous remarquerez avec moi le silence complice des deux sortants.
Pour la même raison, ils acceptent la liquidation des services publics. La privatisation annoncée d'EDF est exemplaire. Dans un premier temps, d'un commun accord, ils ont accepté la concurrence dans le domaine de l'électricité, en disant qu'ils ne toucheraient pas au statut de l'entreprise publique. Bruxelles a approuvé. Dans un deuxième temps, ils nous ont dit que pour se maintenir à niveau EDF devait devenir un groupe mondial en achetant toutes les parts de marché qui se présentaient à l'étranger. Les concurrents se sont mis à protester puisque EDF pouvait entrer dans leur capital, alors que eux ne pouvaient entrer dans celui d'EDF. Ainsi, on créait une première pression en faveur de la privatisation. Dans un troisième temps, les dirigeants d'EDF déclarent qu'ils ont besoin d'argent frais pour cette stratégie mondialisée et demandent l'introduction d'au moins une partie de leur capital en bourse. Le RPR applaudit. Les socialistes s'interrogent gravement pour savoir s'il faut mettre ou pas un seuil à 51 %. Le programme socialiste affirme qu'il faut maintenir ce seuil. Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn n'en veulent pas. La vérité est ailleurs. L'éventuelle privatisation d'EDF ne peut être que progressive. Sa mise en vente d'un seul bloc assécherait le marché des capitaux. La seule solution raisonnable est de garder EDF dans le secteur public. C'est un outil exemplaire et performant, dont la République a besoin pour impulser et entraîner l'économie du pays. Mais, pendant que se prépare cette funeste privatisation, l'avenir énergétique de la France n'est pas traité. Le prototype de la nouvelle filière de réacteur n'est toujours pas mis en chantier.
Tous ces gens là sont tellement prisonniers de leur idéologie libérale qu'ils sont incapables de tirer les leçons de l'expérience, y compris celle des Etats-Unis. Les grandes pannes d'électricité en Californie auraient du les inciter à la prudence. La faillite retentissante d'Enron, qui était soi-disant la septième entreprise des Etats-Unis, remet en cause leur schéma simpliste. Car, Kenneth Lay, fondateur et dirigeant d'Enron, est le grand théoricien et le premier praticien du marché de l'électricité. A chaque fois, RPR et PS se réfugient derrière les aspects anecdotiques pour ignorer les logiques mises en uvre. Ainsi, pour Enron, on insiste sur les contributions financières de l'entreprise à la vie politique des Etats-Unis ou sur les manoeuvres douteuses de ses dirigeants. Mais, les premières sont légales dans ce pays. Mais, les secondes ont débuté quand le système a commencé de lui-même à se gripper.
Dans sa faillite, Enron a non seulement mis au chômage ses salariés, mais a aussi ruiné leur perspective de retraite. Leur fond de pension a été emporté dans le naufrage. Cela n'empêche pas nos deux sortant de continuer à dire qu'ils sont favorables au système actuel - la répartition - tout en proposant d'introduire les premiers éléments de capitalisation. Pour se justifier, ils nous disent que 40 % des capitaux des entreprises cotées au CAC 40 sont détenus par des fonds de pension anglo-saxons. Mais pourquoi donc ont-ils privatisés et privatisent-ils encore ? Les entreprises nationalisées constituaient notre fond de pension collectif national. Ils l'ont liquidé, et maintenant ils veulent jouer en bourse avec nos retraites. Or, autre révélation d'Enron, le système d'audit, qui doit certifier les comptes, peut-être complètement truqué. La crise de confiance atteint une hauteur inégalée. Les conséquences en sont imprévisibles.
En me limitant à ces seuls exemples, je pose la double question : sur quel critère Lionel Jospin peut-il encore se dire de gauche ? Sur quel critère Jacques Chirac peut-il se prétendre héritier du gaullisme ? Réponse : ils se décernent eux-mêmes les brevets, ils se décernent mutuellement les brevets. En 1983, Lionel Jospin disait qu'il fallait ouvrir une parenthèse libérale ; il ne l'a toujours pas refermée ; il n'a pas cherché à la refermer. Pour Jacques Chirac, le gaullisme se réduit à un pot de chrysanthème qu'il porte en novembre à Colombey-les-Deux-Eglises. Pourtant, l'habitude et la résignation continuent à donner une crédibilité minimale à leurs professions de foi. Mais, ils ne sont plus croyants depuis longtemps. Ils sont encore moins pratiquants. Ils ne sont que des façades de leurs prétentions. Ils usurpent des histoires qui ne sont plus leurs.
Lionel Jospin entraîne avec lui bien sûr le Parti socialiste, mais aussi ce qui reste du parti communiste. Jean-Claude Gayssot, ministre communiste des Transports, est en train de privatiser les Autoroutes du Sud de la France. Lionel Jospin n'est qu'un rentier de la gauche, mais il en a dilapidé le capital. Il abuse d'une rente de situation dont il n'est même plus le propriétaire indivis. Il n'est qu'un locataire de la gauche qui a déménagé à la cloche de bois. Lionel Jospin croit à la magie. Il pense que quelques incantations suffiront pour métamorphoser les citoyens en dévots. Lui et tous les résidus de la gauche plurielle sont mal placés pour distribuer des labels d'appartenance à la gauche. Pourtant, sans vergogne, ils continuent comme si de rien n'était. Ils veulent relancer le débat entre la droite et la gauche, comme si ce débat face à Jacques Chirac avait un sens.
Ne nous laissons pas impressionner. Le seul critère qui compte est celui des actes, celui de la politique menée. Et, la politique conduite par Lionel Jospin depuis 1997 n'est pas une politique globalement de gauche. Lorsque nous avons entendu son discours de politique générale, le 19 juin 1997, nous avons cru à un redressement républicain ; le mot de " République " y figurait dix sept fois. Malheureusement, la politique de Lionel Jospin s'est avérée un alignement sur la mondialisation ultra-libérale. Le tournant a été pris au séminaire gouvernemental de Rambouillet. Voilà pourquoi Jean-Pierre Chevènement a quitté le gouvernement ; l'étincelle en a été la Corse, parce que le traitement de ce dossier par Lionel Jospin en a été le symptôme le plus manifeste et le plus grave dans le domaine du ministre de l'Intérieur. Voilà pourquoi nous considérons comme morte et enterrée la majorité plurielle.
Je peux aussi tenir des propos analogues sur la droite. En effet, Jacques Chirac n'est plus à droite, il s'est dissout dans la mondialisation. Il a abandonné la République pour l'idéologie. Il a désarmé la France. Quel spectacle pitoyable, venons nous de vivre ! Jacques Chirac propose les services de la France aux Etats-Unis, George Bush les ignore. En dehors du renseignement, nous n'avons rien de sérieux à présenter. Les militaires n'en sont pas responsables. Les responsables sont ceux qui, depuis une douzaine d'année, ont donné consistance à l'expression de Laurent Fabius sur les " dividendes de la paix ". Ils ont sans cesse réduit les crédits militaires. Depuis sept ans, Jacques Chirac a oublié qu'il était le chef des armées.
Ainsi, les Français constatent l'existence d'un véritable bipartisme unique qui, trente ans après, n'a pas négocié un programme commun de gouvernement, mais a simultanément publié un programme commun de renoncement. Le tenants de l'ordre établis essayent d'insister sur le bipartisme, en nous disant que l'un des sortants serait de gauche et l'autre de droite. Nos compatriotes voient de plus en plus que ce bipartisme est surtout unique quant au fond. Voilà pourquoi Jean-Pierre Chevènement grimpe dans les sondages. Voilà pourquoi le Pôle républicain entre en résonance avec l'opinion.
Nous sommes dans une campagne électorale pour élire le Président de la République Française selon l'esprit et les dispositions de notre constitution actuelle. Les partis concourent à l'expression du suffrage. Le retour à la IVème République est banni. Aussi, Jean-Pierre Chevènement n'est pas le candidat du Mouvement des Citoyens, comme certains le disent encore trop souvent. Il n'est même pas le candidat du Pôle républicain. Celui-ci est un rassemblement qui s'est constitué autour de sa candidature, après qu'il se soit déclaré candidat. On peut soutenir Jean-Pierre Chevènement sans appartenir au Pôle républicain.
Le candidat, ne négocie avec personne. Il peut certes, demander des conseils. Comme vous le savez, il sollicite beaucoup d'entre nous. Mais, rien ne l'oblige à suivre ces conseils. C'est lui, et lui seul, qui fixe le programme, la démarche ; c'est sa responsabilité devant le peuple français. Jean-Pierre Chevènement a présenté à Vincennes, le 9 septembre 2001, dix axes stratégiques pour la France dans les cinq années qui viennent. Le Mouvement des Citoyens les a approuvés. Il nous revient de les faire connaître. Il est aux commandes et c'est lui qui dirige la manoeuvre.
D'autres que nous apportent leur soutien à Jean-Pierre Chevènement. Nous n'avons aucun tri à faire, aucun jugement à porter. Nous ne leur demandons qu'une seule chose : s'engager à respecter et à appliquer les orientations et les propositions de Jean-Pierre Chevènement. Mais, à partir du moment où ils acceptent ces orientations, Jean-Pierre Chevènement est autant leur candidat que le nôtre. La situation de la France est aujourd'hui telle que nous devons accepter tous les concours qui se présentent dans le respect du cadre fixé par le candidat.
Nos adversaires essayeront de nous faire la leçon en dénigrant des ralliements. Mais, d'où parle-t-il pour se croire étalon de morale quand ils ne sont que professeurs de petite vertu ? Je ne veux même pas évoquer les turpitudes des uns et des autres. J'en resterai à leur trahison systématique des engagements pris devant les citoyens pendant les campagnes électorales. Jacques Chirac et sa " fracture sociale ". Lionel Jospin et son " retour en tout à la République ". Il n'est pas jusqu'à Noël Mamère qui, dans les débats publics, sert de faire valoir à Jean-Marie Le Pen et qui n'hésite pas à poser pour les photographes à ses côtés. Aujourd'hui, ils banalisent Jean-Marie Le Pen pour essayer de contrer Jean-Pierre Chevènement. Demain, s'il le faut, ils le diaboliseront à nouveau. Le Pen est d'abord un instrument entre leurs mains, leurs mains sales.
Chers camarades,
Encore un effort, et la victoire est à portée de main. Jamais, depuis trente ans, le camp de la République n'a été si près de l'emporter. Mais, le succès n'est pas encore acquis. Alors, travaillons sans relâche, partout où nous nous trouvons pour convaincre nos compatriotes, nos proches, nos collègues de travail, nos voisins qu'une alternative est possible, qu'une alternative est crédible.
Si, au soir du 5 mai 2002, Jean-Pierre Chevènement est élu Président de la République Française, tous nos efforts, tous nos sacrifices seront récompensés. Bien sûr, commencera un autre combat, un combat combien exaltant, celui de la refondation de la République, celui pour une France relevée.
En tout état de cause, nous devrons être présents les 9 et 16 juin prochains dans toutes les circonscriptions législatives de France métropolitaine et d'outre-mer. Nous désignerons en temps voulu nos candidats. Attendons que les choses se décantent. En attendant, nul n'est habilité à se dire candidat. Nous ne sommes pas un parti qui se bat pour les honneurs et pour les places. Nous ne sommes pas le parti de la course à la soupe. Nous sommes le parti qui veut pour la France une autre politique, qui veut relever la France avec la République. Et, nous savons aujourd'hui que le seul moyen est de porter Jean-Pierre Chevènement à l'Elysée.
Alors, notre tache prioritaire, notre tache absolue est d'attirer, de regrouper, de mobiliser, d'agir. Partout, organisons des réunions, lançons des souscriptions, et, s'il le faut, proposons des pétitions. Nous soutenons un homme qui peut gagner, mais qui ne peut gagner que si nous le soutenons encore plus fermement. N'ayons pas peur de la victoire. N'ayons pas peur de nous élargir. N'ayons pas peur de nous renforcer.
Nous sommes déjà une structure composée de femmes et d'hommes dévoués. Pourtant, cela ne suffit pas. Il faut adresser aux masses. Il faut convaincre les masses.
Alors, courage et détermination. Les Français nous attendent. Ne les décevons pas.
(source http://www.georges-sarre.net, le 14 février 2002)