Texte intégral
Q - Africains, Belges et Québécois semblent plus intéressés à la Francophonie que les Français
R - Pour les Français, la Francophonie n'est pas un enjeu linguistique comme elle l'est chez certains de nos partenaires. Pourtant, c'est une idée qui progresse. Nos compatriotes perçoivent peu à peu que plus il y aura de gens dans le monde à partager notre langue, nos idées, un peu de notre culture et des cultures francophones, plus notre pays en retirera des avantages. Nos entreprises le savent mieux que tous, les villes et les collectivités aussi qui développent une coopération internationale. Et puis, il y a un autre enjeu que les Français découvrent : le pire, pour la France comme pour ses partenaires, serait que l'uniformisation culturelle et linguistique, c'est-à-dire la domination d'une culture sur toutes les autres soit fatale à nos valeurs. Car, derrière une langue, il y a une histoire, des concepts, des principes de droit.
Q - Envisagez-vous des accords, avec les hispanophones où d'autres, face à une certaine hégémonie de l'anglais ?
R - Le combat que nous menons, il faut le mener au nom du multilinguisme. C'est la seule manière de gagner la bataille. Il faut des alliances avec ceux qui parlent espagnol, italien, allemand... Mais si l'on veut que le français soit enseigné à l'étranger, il faut enseigner chez nous les langues étrangères.
Q - Qu'attendez-vous du Sommet de Moncton ?
R - D'abord un bilan de la réforme institutionnelle lancée au Sommet d'Hanoï en 1997. Le Secrétaire général, Boutros Boutros-Ghali, nous dira ce qu'elle a apporté. J'attends aussi qu'on y parle de moyens plus efficaces pour les opérateurs (l'Agence francophone qui gère une bonne partie des programmes de solidarité Nord-Sud, la chaîne francophone TV5, l'Association internationale des maires francophones...). Une évaluation de l'Agence universitaire francophone a montré des dysfonctionnements à corriger. Ce sera aussi le premier bilan de la Francophonie politique : la personnalité de Boutros Boutros-Ghali y a contribué ; la Francophonie est également apparue comme un lieu de médiation possible lors de conflits. L'approfondissement de la démocratie, l'extension des droits et libertés demeurent un objectif. Dans certains pays francophones, on est loin du compte. Des progrès restent à faire, nous devons avoir un degré d'exigence élevé. La Francophonie doit aider tous les pays membres à avoir cette même exigence.
Q - De nouveaux pays frappent-ils à la porte ?
R - Jusqu'où aller trop loin dans l'extension du périmètre de la Francophonie ? La France n'est pas indifférente au voeu de pays qui veulent devenir observateurs (Lituanie, Slovénie, Tchéquie) ou membres associés (Albanie, Macédoine). Mais pour ne pas diluer l'idée francophone, il faut des conditions minimales comme la pratique de la langue, le statut du français dans l'enseignement. Un pays qui choisit le français comme première ou deuxième langue étrangère indique sa volonté d'en faire une base de sa culture.
Q - La coopération décentralisée, à partir des collectivités locales, peut-elle se généraliser dans la Francophonie ?
R - Lorsque nous rencontrons nos collègues de pays du Nord, nous échangeons nos expériences. Si la France semble bien avoir une longueur d'avance, d'autres pays ont entrepris cette coopération. C'est vrai, par exemple, de la Belgique, pour partie de la Suisse... Notre idée est de faire avancer des coopérations triangulaires voire plus: deux villes du Nord ensemble sur un projet de solidarité avec une ville du Sud. C'est plus facile avec certains pays : la décentralisation en est à ses débuts en Afrique. N'oublions pas non plus les pays de l'Est et la coopération Sud-Sud : nous soutenons, par exemple, la présence en Côte-d'Ivoire de spécialistes vietnamiens en riziculture. La France a initié l'enseignement du français au Nigeria par des professeurs béninois : c'est un vaste projet régional de coopération linguistique, utile à ce pays comme à ses voisins francophones.
Q - Comme élu breton, comment liez-vous Francophonie et langues régionales ?
R - Ma conception de la Francophonie est une conception ouverte, pour le multilinguisme afin de préserver les richesses culturelles. Dans ce patrimoine, il y a les langues régionales J'espère bien que la Francophonie saura, autour du français langue commune, aider aussi les langues africaines. Des projets spécifiques sont en marche
(source htp://www.diplomatie.gouv.fr, le 02 septembre 1999)
R - Pour les Français, la Francophonie n'est pas un enjeu linguistique comme elle l'est chez certains de nos partenaires. Pourtant, c'est une idée qui progresse. Nos compatriotes perçoivent peu à peu que plus il y aura de gens dans le monde à partager notre langue, nos idées, un peu de notre culture et des cultures francophones, plus notre pays en retirera des avantages. Nos entreprises le savent mieux que tous, les villes et les collectivités aussi qui développent une coopération internationale. Et puis, il y a un autre enjeu que les Français découvrent : le pire, pour la France comme pour ses partenaires, serait que l'uniformisation culturelle et linguistique, c'est-à-dire la domination d'une culture sur toutes les autres soit fatale à nos valeurs. Car, derrière une langue, il y a une histoire, des concepts, des principes de droit.
Q - Envisagez-vous des accords, avec les hispanophones où d'autres, face à une certaine hégémonie de l'anglais ?
R - Le combat que nous menons, il faut le mener au nom du multilinguisme. C'est la seule manière de gagner la bataille. Il faut des alliances avec ceux qui parlent espagnol, italien, allemand... Mais si l'on veut que le français soit enseigné à l'étranger, il faut enseigner chez nous les langues étrangères.
Q - Qu'attendez-vous du Sommet de Moncton ?
R - D'abord un bilan de la réforme institutionnelle lancée au Sommet d'Hanoï en 1997. Le Secrétaire général, Boutros Boutros-Ghali, nous dira ce qu'elle a apporté. J'attends aussi qu'on y parle de moyens plus efficaces pour les opérateurs (l'Agence francophone qui gère une bonne partie des programmes de solidarité Nord-Sud, la chaîne francophone TV5, l'Association internationale des maires francophones...). Une évaluation de l'Agence universitaire francophone a montré des dysfonctionnements à corriger. Ce sera aussi le premier bilan de la Francophonie politique : la personnalité de Boutros Boutros-Ghali y a contribué ; la Francophonie est également apparue comme un lieu de médiation possible lors de conflits. L'approfondissement de la démocratie, l'extension des droits et libertés demeurent un objectif. Dans certains pays francophones, on est loin du compte. Des progrès restent à faire, nous devons avoir un degré d'exigence élevé. La Francophonie doit aider tous les pays membres à avoir cette même exigence.
Q - De nouveaux pays frappent-ils à la porte ?
R - Jusqu'où aller trop loin dans l'extension du périmètre de la Francophonie ? La France n'est pas indifférente au voeu de pays qui veulent devenir observateurs (Lituanie, Slovénie, Tchéquie) ou membres associés (Albanie, Macédoine). Mais pour ne pas diluer l'idée francophone, il faut des conditions minimales comme la pratique de la langue, le statut du français dans l'enseignement. Un pays qui choisit le français comme première ou deuxième langue étrangère indique sa volonté d'en faire une base de sa culture.
Q - La coopération décentralisée, à partir des collectivités locales, peut-elle se généraliser dans la Francophonie ?
R - Lorsque nous rencontrons nos collègues de pays du Nord, nous échangeons nos expériences. Si la France semble bien avoir une longueur d'avance, d'autres pays ont entrepris cette coopération. C'est vrai, par exemple, de la Belgique, pour partie de la Suisse... Notre idée est de faire avancer des coopérations triangulaires voire plus: deux villes du Nord ensemble sur un projet de solidarité avec une ville du Sud. C'est plus facile avec certains pays : la décentralisation en est à ses débuts en Afrique. N'oublions pas non plus les pays de l'Est et la coopération Sud-Sud : nous soutenons, par exemple, la présence en Côte-d'Ivoire de spécialistes vietnamiens en riziculture. La France a initié l'enseignement du français au Nigeria par des professeurs béninois : c'est un vaste projet régional de coopération linguistique, utile à ce pays comme à ses voisins francophones.
Q - Comme élu breton, comment liez-vous Francophonie et langues régionales ?
R - Ma conception de la Francophonie est une conception ouverte, pour le multilinguisme afin de préserver les richesses culturelles. Dans ce patrimoine, il y a les langues régionales J'espère bien que la Francophonie saura, autour du français langue commune, aider aussi les langues africaines. Des projets spécifiques sont en marche
(source htp://www.diplomatie.gouv.fr, le 02 septembre 1999)