Texte intégral
Les Européens veulent aider Colin Powell à réussir à réenclencher un processus aboutissant à des solutions. Personne n'attend de lui des miracles, c'est impossible car la situation est tragique, épouvantable, et les positions sont absolument antagonistes, bloquées. On voit bien qu'il n'a pas obtenu d'Ariel Sharon quoi que ce soit pour le moment en ce qui concerne le retrait de l'armée israélienne des villes palestiniennes autonomes réoccupées, en dépit des résolutions 1402 et 1403.
Mais il s'est réengagé, il est venu sur place, il a pu voir Arafat, il a passé trois heures avec lui. C'est important pour la suite, nous ne sommes qu'au début du processus. Nous, les Européens, nous sommes là, nous avons des vues tout à fait convergentes sur ce point et nous voulons agir pour augmenter ces chances de réussite.
Q - Comment faut-il analyser ces propositions de M. Sharon d'obtenir une conférence de paix assortie de tellement d'exclusives que nous avons l'impression qu'il "botte en touche" ?
R - On pourrait se dire que ce n'est pas un mauvais signe, parce que M. Sharon a toujours été radicalement opposé à toute forme d'internationalisation. Aujourd'hui, le fait d'accepter ou de suggérer une conférence régionale pourrait être la marque d'une évolution. Mais, si c'est pour rassembler des participants qui sont proches de lui, il n'y aura pas grand monde.
Une conférence sans les Européens, cela n'a pas de sens. Si l'on n'invite pas Arafat, les Arabes ne viendront pas. On ne sait pas trop ce qui resterait. Il faut se demander si ce n'est pas aussi une façon d'essayer de reporter la pression qui s'exerce sur M. Sharon sur un projet plus lointain, pour gagner du temps. Pendant ce temps là on ne parlerait plus de la mise en oeuvre de la résolution 1402 et de l'évacuation des territoires. C'est peut être cela aussi. Mais on ne sait jamais, peut-être qu'Ariel Sharon va lui aussi évoluer et qu'on retrouvera l'idée de conférence mais configurée autrement.
Q - Précisément quels sont les moyens de pression des Européens sur M. Sharon ?
R - Il faut plutôt demander à nouveau quels sont les moyens de pression du monde entier. Quels sont les moyens de pression des Américains, des Russes, de l'ONU, des Européens, des Arabes, de tout le monde ? Il n'y en a pas beaucoup puisqu'Ariel Sharon mène une politique très soutenue par les Israéliens, traumatisés par les attentats. Ils soutiennent aujourd'hui à un pourcentage très élevé les opérations militaires, même s'ils sont par ailleurs encore très nombreux à souhaiter une relance des négociations politiques en même temps. Il n'y a pas de moyens de pression qui puisse faire changer cette politique.
Il y a la persuasion, la ténacité, la discussion, les mises en garde et tout cela aura beaucoup plus de poids s'il y a une convergence entre les Américains et les Européens. A mon avis, c'est, à nouveau, le cas depuis que le Président Bush a fait ce discours important qui a marqué un tournant et qu'il a envoyé Colin Powell dans la région.
Q - Qu'est-ce que vous pensez justement de cette baisse de régime du camp de la paix immédiate en Israël. Comment l'analysez-vous ?
R - Dans le camp de la paix en Israël, il y a beaucoup de gens extrêmement courageux qui depuis très longtemps avaient des contacts avec les Palestiniens, même quand c'était interdit par la loi en Israël, et qui avaient beaucoup espéré du processus d'Oslo. Le camp de la paix a été totalement déstabilisé par l'échec des négociations pendant l'année 2000 entre Camp David et Taba. Et ses membres croient dans leur immense majorité que l'échec n'est dû qu'à Yasser Arafat, ce qui est contesté par des gens très bien informés y compris ceux qui ont participé aux négociations à cette époque, notamment du côté américain. Mais cette croyance s'est répandue qu'Arafat n'était pas un partenaire possible. Finalement il y a une résignation, même dans ce camp de la paix, à cette politique de force de Sharon et à cette idée que, si l'on ne peut pas avoir de discussion politique, au moins on essaie d'avoir la sécurité.
Il y a eu beaucoup d'erreurs du Président Clinton, de M. Barak, et de Yasser Arafat, beaucoup d'erreurs d'Arafat bien sûr, mais pas uniquement.
Mais c'est une discussion un peu académique pour le moment, parce que ce camp de la paix est désespéré, au fond.
Alors on voit s'exprimer à nouveau en Israël, non pas un vrai camp de la paix, parce qu'il n'a pas une vraie stratégie de la paix ou du processus politique mais l'on voit des réticences, des controverses, quelques militaires qui contestent, un débat dans la presse. En réalité ce n'est pas très fort. Il y a une sorte de quasi-unanimité en Israël aujourd'hui, sur l'opération de l'armée dans les territoires parce que tous les Israéliens en attendent la sécurité. Mais, je répète qu'il y a en même temps 72 % des Israéliens qui seraient favorables à la réouverture des négociations politiques si la terreur était jugulée. Les Israéliens savent donc bien que l'opération militaire, même si elle était réussie, au regard de tel ou tel critère, ne réglerait pas le problème. C'est une situation complexe.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 avril 2002)
Mais il s'est réengagé, il est venu sur place, il a pu voir Arafat, il a passé trois heures avec lui. C'est important pour la suite, nous ne sommes qu'au début du processus. Nous, les Européens, nous sommes là, nous avons des vues tout à fait convergentes sur ce point et nous voulons agir pour augmenter ces chances de réussite.
Q - Comment faut-il analyser ces propositions de M. Sharon d'obtenir une conférence de paix assortie de tellement d'exclusives que nous avons l'impression qu'il "botte en touche" ?
R - On pourrait se dire que ce n'est pas un mauvais signe, parce que M. Sharon a toujours été radicalement opposé à toute forme d'internationalisation. Aujourd'hui, le fait d'accepter ou de suggérer une conférence régionale pourrait être la marque d'une évolution. Mais, si c'est pour rassembler des participants qui sont proches de lui, il n'y aura pas grand monde.
Une conférence sans les Européens, cela n'a pas de sens. Si l'on n'invite pas Arafat, les Arabes ne viendront pas. On ne sait pas trop ce qui resterait. Il faut se demander si ce n'est pas aussi une façon d'essayer de reporter la pression qui s'exerce sur M. Sharon sur un projet plus lointain, pour gagner du temps. Pendant ce temps là on ne parlerait plus de la mise en oeuvre de la résolution 1402 et de l'évacuation des territoires. C'est peut être cela aussi. Mais on ne sait jamais, peut-être qu'Ariel Sharon va lui aussi évoluer et qu'on retrouvera l'idée de conférence mais configurée autrement.
Q - Précisément quels sont les moyens de pression des Européens sur M. Sharon ?
R - Il faut plutôt demander à nouveau quels sont les moyens de pression du monde entier. Quels sont les moyens de pression des Américains, des Russes, de l'ONU, des Européens, des Arabes, de tout le monde ? Il n'y en a pas beaucoup puisqu'Ariel Sharon mène une politique très soutenue par les Israéliens, traumatisés par les attentats. Ils soutiennent aujourd'hui à un pourcentage très élevé les opérations militaires, même s'ils sont par ailleurs encore très nombreux à souhaiter une relance des négociations politiques en même temps. Il n'y a pas de moyens de pression qui puisse faire changer cette politique.
Il y a la persuasion, la ténacité, la discussion, les mises en garde et tout cela aura beaucoup plus de poids s'il y a une convergence entre les Américains et les Européens. A mon avis, c'est, à nouveau, le cas depuis que le Président Bush a fait ce discours important qui a marqué un tournant et qu'il a envoyé Colin Powell dans la région.
Q - Qu'est-ce que vous pensez justement de cette baisse de régime du camp de la paix immédiate en Israël. Comment l'analysez-vous ?
R - Dans le camp de la paix en Israël, il y a beaucoup de gens extrêmement courageux qui depuis très longtemps avaient des contacts avec les Palestiniens, même quand c'était interdit par la loi en Israël, et qui avaient beaucoup espéré du processus d'Oslo. Le camp de la paix a été totalement déstabilisé par l'échec des négociations pendant l'année 2000 entre Camp David et Taba. Et ses membres croient dans leur immense majorité que l'échec n'est dû qu'à Yasser Arafat, ce qui est contesté par des gens très bien informés y compris ceux qui ont participé aux négociations à cette époque, notamment du côté américain. Mais cette croyance s'est répandue qu'Arafat n'était pas un partenaire possible. Finalement il y a une résignation, même dans ce camp de la paix, à cette politique de force de Sharon et à cette idée que, si l'on ne peut pas avoir de discussion politique, au moins on essaie d'avoir la sécurité.
Il y a eu beaucoup d'erreurs du Président Clinton, de M. Barak, et de Yasser Arafat, beaucoup d'erreurs d'Arafat bien sûr, mais pas uniquement.
Mais c'est une discussion un peu académique pour le moment, parce que ce camp de la paix est désespéré, au fond.
Alors on voit s'exprimer à nouveau en Israël, non pas un vrai camp de la paix, parce qu'il n'a pas une vraie stratégie de la paix ou du processus politique mais l'on voit des réticences, des controverses, quelques militaires qui contestent, un débat dans la presse. En réalité ce n'est pas très fort. Il y a une sorte de quasi-unanimité en Israël aujourd'hui, sur l'opération de l'armée dans les territoires parce que tous les Israéliens en attendent la sécurité. Mais, je répète qu'il y a en même temps 72 % des Israéliens qui seraient favorables à la réouverture des négociations politiques si la terreur était jugulée. Les Israéliens savent donc bien que l'opération militaire, même si elle était réussie, au regard de tel ou tel critère, ne réglerait pas le problème. C'est une situation complexe.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 avril 2002)