Texte intégral
GUILLAUME DURAND
Je dis bonsoir à François BAYROU, qui est à Ramallah, puisqu'il a rendez-vous avec, où il a vu il y a quelques instants Yasser ARAFAT. On va donner la priorité à BAYROU, parce qu'il est dans une situation un petit peu difficile. Vous avez rencontré, donc, le président ARAFAT. Que vous a-t-il dit, François BAYROU ?
FRANÇOIS BAYROU
J'ai rencontré ces trois derniers jours tous les responsables Israéliens d'abord, longuement, et palestiniens aujourd'hui ensuite, dans une situation de crise comme il n'y en a pas eue depuis longtemps et peut-être jamais eue dans cette région.
GUILLAUME DURAND
Est-ce que vous avez senti le dénouement ou le dénuement, la proximité de la paix ou la guerre totale ?
FRANÇOIS BAYROU
Ce qui est frappant c'est qu'en effet, on se sent au bord de la guerre. Au moment où je parle, il y a des tirs à quelques centaines de mètres de moi, on sent à la fois l'immense proximité de la guerre et puis on se dit que finalement la paix n'est pas si loin et qu'elle serait elle aussi à portée de la main. La guerre, parce qu'on est dans un engrenage implacable qui fait que d'attentats en répliques, il y a chaque jour davantage de personnes qui meurent, il y a chaque jour des enfants qui meurent, et que ça crée, ça fait naître des haines qui seront inextinguibles, et en même temps tout le monde sait qu'il faudra bien sortir de cette crise en s'asseyant autour de la table. La seule question qu'il y a à poser, c'est est-ce qu'on s'assied autour de la table après qu'il y aura eu des milliers et peut-être des dizaines de milliers de morts ou est-ce qu'on s'assied avant.
GUILLAUME DURAND
Mais est-ce que je peux savoir, François BAYROU, ce que vous a dit dans le contexte actuel et étant donné la pugnacité de SHARON, ARAFAT ? Il vous a dit quoi ?
FRANÇOIS BAYROU
Vous savez, ce qui est frappant et qui est d'une certaine manière terrible, c'est que les deux camps emploient les mêmes mots. Ils disent l'autre ne veut pas la paix, l'autre veut notre disparition, l'autre veut notre destruction et l'autre s'arrange pour tuer tous les efforts de paix. Les deux camps emploient exactement les mêmes mots, mais ceux qui trinquent, ce sont évidemment les populations et ce sont évidemment les victimes. Et c'est pour cela qu'on se dit qu'il faut une initiative. Ce qu'ARAFAT dit, mais c'est la même chose que ce que disent les responsables israéliens. C'est : nous, nous avons montré, disent les responsables israéliens, nous avons montré notre bonne volonté, nous avons fait des offres, ces offres ont été refusées et monsieur ARAFAT dit exactement la même chose. Et donc, on sent bien que ce qui manque dans cette affaire, c'est une initiative nouvelle, et à mon sens, la seule initiative nouvelle, si l'on excepte celle qui sera peut-être par la ligue arabe à l'initiative des Saoudiens à la fin du mois.
GUILLAUME DURAND
C'est une initiative européenne.
FRANÇOIS BAYROU
Voilà, la seule initiative nouvelle, c'est l'Europe qui peut la prendre, parce que si l'on croit comme je le crois après ces jours d'entretien, que le problème principal, c'est que aucun des responsables des deux camps n'a confiance dans l'autre camp. Alors, à ce moment-là, il faut des garants, il faut des cautions, il faut quelqu'un qui dise, quelqu'un de crédible qui dise : je me porte caution, je dis que moi présent, la négociation sera de bonne foi, sera sincère, et à ce moment-là on a l'impression qu'on pourrait y arriver, puis surtout que ce cycle de violence pourrait prendre fin, c'est un terrible cycle de violence qui fait que chacun se radicalise, les deux opinions publiques deviennent de plus en plus dur et de plus en plus désespérées en même temps.
GUILLAUME DURAND
Merci François BAYROU de ce témoignage.
(source http://www.bayrou.net, le 7 mars 2002)
Je dis bonsoir à François BAYROU, qui est à Ramallah, puisqu'il a rendez-vous avec, où il a vu il y a quelques instants Yasser ARAFAT. On va donner la priorité à BAYROU, parce qu'il est dans une situation un petit peu difficile. Vous avez rencontré, donc, le président ARAFAT. Que vous a-t-il dit, François BAYROU ?
FRANÇOIS BAYROU
J'ai rencontré ces trois derniers jours tous les responsables Israéliens d'abord, longuement, et palestiniens aujourd'hui ensuite, dans une situation de crise comme il n'y en a pas eue depuis longtemps et peut-être jamais eue dans cette région.
GUILLAUME DURAND
Est-ce que vous avez senti le dénouement ou le dénuement, la proximité de la paix ou la guerre totale ?
FRANÇOIS BAYROU
Ce qui est frappant c'est qu'en effet, on se sent au bord de la guerre. Au moment où je parle, il y a des tirs à quelques centaines de mètres de moi, on sent à la fois l'immense proximité de la guerre et puis on se dit que finalement la paix n'est pas si loin et qu'elle serait elle aussi à portée de la main. La guerre, parce qu'on est dans un engrenage implacable qui fait que d'attentats en répliques, il y a chaque jour davantage de personnes qui meurent, il y a chaque jour des enfants qui meurent, et que ça crée, ça fait naître des haines qui seront inextinguibles, et en même temps tout le monde sait qu'il faudra bien sortir de cette crise en s'asseyant autour de la table. La seule question qu'il y a à poser, c'est est-ce qu'on s'assied autour de la table après qu'il y aura eu des milliers et peut-être des dizaines de milliers de morts ou est-ce qu'on s'assied avant.
GUILLAUME DURAND
Mais est-ce que je peux savoir, François BAYROU, ce que vous a dit dans le contexte actuel et étant donné la pugnacité de SHARON, ARAFAT ? Il vous a dit quoi ?
FRANÇOIS BAYROU
Vous savez, ce qui est frappant et qui est d'une certaine manière terrible, c'est que les deux camps emploient les mêmes mots. Ils disent l'autre ne veut pas la paix, l'autre veut notre disparition, l'autre veut notre destruction et l'autre s'arrange pour tuer tous les efforts de paix. Les deux camps emploient exactement les mêmes mots, mais ceux qui trinquent, ce sont évidemment les populations et ce sont évidemment les victimes. Et c'est pour cela qu'on se dit qu'il faut une initiative. Ce qu'ARAFAT dit, mais c'est la même chose que ce que disent les responsables israéliens. C'est : nous, nous avons montré, disent les responsables israéliens, nous avons montré notre bonne volonté, nous avons fait des offres, ces offres ont été refusées et monsieur ARAFAT dit exactement la même chose. Et donc, on sent bien que ce qui manque dans cette affaire, c'est une initiative nouvelle, et à mon sens, la seule initiative nouvelle, si l'on excepte celle qui sera peut-être par la ligue arabe à l'initiative des Saoudiens à la fin du mois.
GUILLAUME DURAND
C'est une initiative européenne.
FRANÇOIS BAYROU
Voilà, la seule initiative nouvelle, c'est l'Europe qui peut la prendre, parce que si l'on croit comme je le crois après ces jours d'entretien, que le problème principal, c'est que aucun des responsables des deux camps n'a confiance dans l'autre camp. Alors, à ce moment-là, il faut des garants, il faut des cautions, il faut quelqu'un qui dise, quelqu'un de crédible qui dise : je me porte caution, je dis que moi présent, la négociation sera de bonne foi, sera sincère, et à ce moment-là on a l'impression qu'on pourrait y arriver, puis surtout que ce cycle de violence pourrait prendre fin, c'est un terrible cycle de violence qui fait que chacun se radicalise, les deux opinions publiques deviennent de plus en plus dur et de plus en plus désespérées en même temps.
GUILLAUME DURAND
Merci François BAYROU de ce témoignage.
(source http://www.bayrou.net, le 7 mars 2002)