Interview de M. Jean Saint-Josse, président de Chasse Pêche Nature Traditions, à La Chaîne info le 29 mai 2002, sur l'absence des candidats CPNT dans la campagne officielle pour les élections législatives, sa candidature face à celle de F. Bayrou et son refus du plan pêche européen.

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Média : La Chaîne Info - Télévision

Texte intégral

A. Hausser Vous avez 405 candidats CPNT aux législatives. Et vous êtes privé de campagne officielle à la télévision publique. Cela veut dire que vous n'êtes pas encore un vrai parti qui connaît toutes les règles électorales ?
- "Vous savez pour connaître la règle, il fallait lire le code électoral - nous l'avons lu. Il y a une ligne qui nous indique que 21 jours avant le premier tour, il faut faire une demande officielle au CSA. C'est curieux, d'autant plus que j'avais demandé une dérogation pour pouvoir être enregistré en Béarn, que le CSA m'avait répondu que oui, que j'avais les réalisateurs, et deux jours avant, ils nous disent d'annuler. Donc, ils savaient qu'on allait tourner. C'est curieux !"
C'est chez eux que ça ne marche pas ?
- "Je n'en sais rien, je ne sais pas chez qui, mais peut-être est-ce parce qu'on dérange, qu'on ne parle pas au cours de cette émission. Mais je suis là pour ça, on compense !"
Vous avez déposé un recours, mais c'est un peu tard.... C'est pour la forme quoi ?
- "Il faut se mettre en paix avec notre conscience. On aura tout fait."
Les Verts n'ont pas non plus obtenu non plus gain de cause. Donc, il n'y aura sans doute pas d'exception pour vous. Vous êtes personnellement en campagne, dans la deuxième circonscription des Pyrénées Atlantique. C'est une circonscription qui a la particularité de recevoir deux députés européens, dont le président de l'UDF - c'est son ancienne circonscription -, F. Bayrou. On dit que le RPR compte un peu sur vous pour faire battre F. Bayrou. C'est vrai ?
- "Je n'en sais strictement rien. Toujours est-il que F. Bayrou a voulu être le seul candidat à droite. Il l'est.."
Il est un peu légitime. C'est son ancienne circonscription.
- "C'est son problème. Oui c'est son ancienne. Il l'avait quitté pour prendre le mandat européen qui lui paraissait le plus important. Il avait raison, puisqu'il est pro-européen. Je trouve qu'il avait pris une bonne décision. Mais c'est que là, il n'a pas fini son mandat, et son mandat de député européen se termine dans deux ans. Donc, il a changé d'avis. Il est un peu parachuté de Strasbourg, dans cette affaire."
Ah, vous croyez ? Et les gens le lui reprochent vraiment ?
- "Un peu peut-être."
Ils ne retrouvent pas le petit du pays ?
- "Je n'en sais rien, mais je fais ma campagne tout à fait relax."
Mais vous vous rencontrez beaucoup quand même ! On voit beaucoup de photos de vous avec lui, sur les marchés...
- "Ecoutez, il n'y a pas 50 marchés, donc quand on veut faire les marchés, on se retrouve ! Il y a 90 communes. Je fais 90 réunions et il est sûr que quand on fait un circuit, on peut se retrouver. C'est tout à fait normal."
C'est un ami à vous ?
- "Nous avons fait les études ensemble. Oui, on est à trois kilomètres, on se connaît bien."
Et vous appellerez éventuellement à voter pour lui au deuxième tour ?
- "A moins que ce soit lui qui appelle à voter pour moi !"
C'est vrai que les électeurs décideront ! Vous avez dit que vous ne prendrez pas de décision de désistement avant le 10 juin, c'est-à-dire avant le lendemain du premier tour, en règle générale. Vous seriez prêt à provoquer des triangulaires ?
- "Ce sera décidé le lundi après le premier tour, parce que dans notre pays, on pense toujours au second tour, et à force de penser au second tour, il arrive ce qui peut arriver aux élections présidentielles. Donc, nous examinerons les résultats du premier tour. C'est la première fois que nous sommes candidats. En plus, je ne sais pas du tout comment peut réagir la population après le séisme des élections présidentielles. C'est très curieux comme sensation sur le terrain."
C'est-à-dire ?
- "On ne sent pas grand chose, sauf dans des pays où ils sont très mobilisés. J'étais hier soir à Abbeville, dans la Somme..."
C'est votre "terre d'élection", si je puis dire...
- "Oui, là, il y avait une forte mobilisation. Ce soir, je serai avec les candidats et les candidates à Paris. On va voir, mais c'est vrai que les gens ne se confient pas énormément. Je ne sais pas s'ils ne sont pas restés encore sous le coup de ces présidentielles..."
Ou pour eux, c'est déjà fini ?
- "Peut-être. Ou bien ils sont désabusés. C'est très curieux comme climat sur le terrain."
C'est-à-dire que vous ne sentez pas l'adhésion que vous avez ressentie pour les Européennes d'abord, et pour les présidentielles ensuite ?
- "Non, mais les autres candidats ressentent aussi la même chose. Donc, ce n'est pas une spécialité par rapport à CPNT. C'est général."
On dit que les chasseurs veulent la peau d'un certain nombre de députés, notamment socialistes. C'est toujours le cas ?
- "Ecoutez, pour le moment, nous sommes candidats. On a un projet, j'ai défendu les idées pendant l'élection présidentielle - c'était fait pour cela -, où d'ailleurs nous avons progressé sur 60 départements, ce qui n'est pas négligeable, et on est sur orbite pour les législatives. Alors, je ne veux pas faire de calcul, ou je ne veux pas prévoir des hypothèses, parce que généralement quand on les prévoit, elles sont fausses. Alors, comme je suis un bon paysan, j'attends les résultats pour me prononcer."
Alors, en "bon paysan", comment situez-vous votre parti, au lendemain des législatives, avec ou sans député ? Est-ce que vous serez dans la majorité présidentielle ou est-ce que vous êtes ailleurs ?
- "On est CPNT. De toute façon, les partis politiques éclatent en mille morceaux. Il n'y a qu'à voir le nombre de candidats. Donc, cela prouve bien que déjà, ils ne sont pas en position de cohésion. Donc, quand il n'y a pas cohésion, il est difficile de se positionner. Donc, nous, on restera ce qu'on est : c'est-à-dire un mouvement qui se veut être de la proximité, qui veut défendre une Europe des différences et qui souhaite mettre les gens à égalité des chances, que ce soit au niveau du service public, ou des structures à taille humaine sur le terrain, qu'elles soient économiques ou sociales."
A propos de défense de la pêche et de la chasse, vous vous êtes élevé contre le projet de réforme du plan pêche européen...
- "Bien entendu."
Mais est-ce que il ne faut pas un jour prendre des mesures, quand on voit que on est menacé de ne plus avoir de poisson ?
- "Attendez, il y a quelques scientifiques qui ont expliqué cela ..."
Les pêcheurs le disent aussi.
- "... à une commission qui se réunit dans son petit coin, sans avoir pris contact avec les élus, et qui veut récupérer plus de pouvoirs pour assommer le Parlement européen. Ca, c'est clair. Alors ça, c'est la démarche typique de ce que fait l'Europe. On s'attaque essentiellement aux petits oiseaux, aux animaux, aux poissons. Attendez, qu'on fasse des expertises sérieuses, mais en matière scientifique, il y a toujours la contradiction."
Vous voulez dire que ce plan a été adopté sans expertise ?
- "Non, il y a une expertise, mais cette expertise est partielle. Il n'y a pas eu de contre-expertise. De toute façon, quand on commence à expliquer que le stock de poissons diminue et qu'on va mettre des milliers de personnes au chômage, je crois que ça a des conséquences extraordinaires. Mais on fait toujours ça en Europe. C'est toujours par rapport au stock des populations d'oiseaux ou d'animaux et ensuite, on voit les conséquences. Et ça a toujours des conséquences économiques. Alors, si ça a des conséquences économiques, je pense qu'il faudrait avoir des consultations avec les élus, et qu'il y ait des contre-expertises. Les scientifiques n'ont pas la science infuse. Ils ont un avis qui n'est pas forcément le bon."
Vous voulez dire que l'Europe ne s'occupe que des petits oiseaux ?
- "Oui, tout à fait."
Vous devriez être content, vous qui êtes chasseur...
- "Non, parce que ce ne sont que des contraintes."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 30 mai 2002)