Texte intégral
ANDRE DUMAS : Autre invité d'EUROPE 1-midi, en direct, Ernest-Antoine Seillière. Quel sera le rôle du patronat dans la campagne électorale ? Que pense le patron du MEDEF du mouvement des hôteliers-restaurateurs en grève illimitée du paiement de la TVA, et des bons chiffres de la Sécu, et du coût des 35 heures ? Réponse dans un instant.
Troisième sujet du journal
ANDRE DUMAS : Ernest-Antoine Seillière, monsieur le président du MEDEF, bonjour.
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Bonjour.
ANDRE DUMAS : Parlons d'abord, si vous le voulez bien, de l'actualité toute chaude. Ce mouvement des restaurateurs, qui ont décidé d'appliquer d'office la baisse de la TVA de 19,6 à 5,5, ils étaient encore ce matin à l'Arc de Triomphe, c'est tout un symbole. Qu'est-ce que vous en pensez ? Vous êtes du côté de l'Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Alors, d'abord, si vous voulez, je pense qu'il faut beaucoup d'exaspération et beaucoup d'incohérence pour qu'une profession, faite de Françaises et de Français aussi, je dirais, sympathiques et respectables que les hôteliers et les restaurateurs, en vienne à des mesures comme celles-ci. L'exaspération, elle vient d ce que la fiscalité, dans sa complexité, fait que ça n'est pas le même prélèvement de TVA, selon qu'on est assis ou debout, dedans ou dehors, qu'on mange à la main ou dans l'assiette
ANDRE DUMAS : Du traditionnel ou du fast-food
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Qu'on boit à la paille ou du gobelet, enfin, bref, il y a donc une complexité qui n'est pas comprise. Et une injustice puisque certains, vous le savez, les fast-foods, ont une TVA faible, cependant que la TVA est beaucoup plus forte quand il s'agit de la restauration classique. Donc, tout ceci a créé de l'exaspération devant l'incohérence. Le problème n'est pas nouveau. Ils ont beaucoup demandé et rien obtenu. Ils voient des professions innombrables se mettre, si j'ose dire, dans la rue, les gendarmes, les médecins, les infirmières, les professeurs, les conducteurs de bus, les fonctionnaires de ceci et de cela, et tous obtenir satisfaction et des milliards et ils se disent : après tout, pourquoi pas nous !
ANDRE DUMAS : Bon. Mas les restaurateurs se mettent ainsi hors-la-loi en quelque sorte.
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Ecoutez, je pense qu'il faut regarder
ANDRE DUMAS : Ils forcent la main de Laurent Fabius, là, non ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Oh, je ne sais pas s'ils forcent la main de quiconque, mais en tout cas, ils manifestent clairement quelque chose qui ne fonctionne pas. Ils veulent le dire et je crois que les Françaises et les Français comprennent qu'il y a quelque chose qui ne marche pas. Cela dit, c'est une mesure conservatoire, ils paient bien la TVA, simplement ils l'affectent pour partie à un compte d'attente. Je ne considère pas qu'à ce stade, on puisse vraiment parler, je dirais, avec des grands mots.
ANDRE DUMAS : Bien. Alors, au moment où Jacques Chirac commence, vous venez de l'entendre, réellement sa campagne pour l'Elysée, on entend des personnalités de droite assez mécontentes parce que, disent-elles, le MEDEF reprend les idées de la droite.
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Alors, attendez, on ne comprend plus. Autrefois, c'était la droite
ANDRE DUMAS : Ca, c'est les communistes qui disent cela
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Alors, on ne sait plus. Ecoutez, nous, on le dit très fréquemment et très fortement, cela nous est complètement égal ! Ce qui est important, c'est que les entrepreneurs que nous représentons, aient des propositions fortes à faire connaître à l'opinion, qu'elles puissent faire partager, et que nous soyons considérés comme parfaitement légitimes de les avancer. C'est fait. Nos idées sont maintenant connues, de plus en plus, elles sont au centre du débat et les forces politiques, je dirais, s'en débrouillent avec ! Il y en a qui trouvent que c'est un peu chaud, comme une pomme de terre, il y en a d'autres qui, au contraire, trouvent que c'est sympathique, on se la renvoie peut-être un peu à la figure. Pour nous
ANDRE DUMAS : Vous dérangez
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Pour nous, l'important, c'est que nous mettions en débat ce que la société française semble politiquement incapable de faire : mettre en débat les grands sujets pour notre avenir, pour la réussite de notre pays. Nous sommes, vous le savez, nous les entrepreneurs, infiniment partisans de l'emploi, de la croissance et du succès pour la France.
ANDRE DUMAS : Cela veut dire que vous pensez que vous avez une mission politique ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Non, pas du tout. Nous avons une mission d'expression au nom des entrepreneurs. C'est très important. Nous sommes au centre de la société civile ceux qui font l'emploi, ceux qui font la croissance, ceux qui font la production des richesses, les producteurs du pays, c'est très important. Ils ont su s'installer au centre du débat. Les politiques doivent les entendre. Ils les entendent. Et bien entendu, nous sommes très heureux d'avoir fait ce que nous appelons le droit d'ingérence, qui a créé quelques émois, mais avec lequel nous sommes très confortables.
ANDRE DUMAS :Y-a-t-il dans les programmes des candidats actuels des idées qui vous plaisent ? Au RPR, chez Madelin et Martine Aubry pour Jospin peut-être ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Alors, nous ferons le point de cette affaire le 15 mars, de façon à ce que les entrepreneurs, qui ont lancé beaucoup d'idées, puissent vérifier ce qu'il en est advenu dans la campagne. Ce que nous pouvons dire, c'est qu'à ce stade, nous avons incontestablement le sentiment que ces idées ont été entendues et qu'elles ont déjà légèrement dépassé les discours de tout un chacun. Qu'il s'agisse, bien entendu, de candidats de gauche ou de droite. Nous sommes non-partisans et ce qui nous importe, c'est que l'on reprenne nos idées. Je pense que nous sommes un peu plus optimistes là-dessus que nous l'étions au démarrage de notre campagne " En avant l'entreprise, en avant la France ".
ANDRE DUMAS : Elisabeth Guigou a annoncé fièrement la semaine dernière un excédent de la Sécurité sociale de 3,9 milliards d'euros, en ajoutant que c'était bon pour le financement des 35 heures.
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Alors, je suis enchanté que madame Guigou, seule en France, soit très heureuse de la situation de la Sécurité sociale. Nous nous inscrivons, bien entendu, tout-à-fait en faux contre l'affirmation que cette grande institution essentielle à l'avenir et à la sécurité personnelle des Français soit en bonne santé et nous pensons que le gouvernement a pris, notamment pour le financement des 35 heures, des décisions qui sont contraires à l'éthique en matière sociale.
ANDRE DUMAS : Merci Ernest-Antoine Seillière.
(source http://www.medef.fr, le 20 février 2002)
Troisième sujet du journal
ANDRE DUMAS : Ernest-Antoine Seillière, monsieur le président du MEDEF, bonjour.
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Bonjour.
ANDRE DUMAS : Parlons d'abord, si vous le voulez bien, de l'actualité toute chaude. Ce mouvement des restaurateurs, qui ont décidé d'appliquer d'office la baisse de la TVA de 19,6 à 5,5, ils étaient encore ce matin à l'Arc de Triomphe, c'est tout un symbole. Qu'est-ce que vous en pensez ? Vous êtes du côté de l'Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Alors, d'abord, si vous voulez, je pense qu'il faut beaucoup d'exaspération et beaucoup d'incohérence pour qu'une profession, faite de Françaises et de Français aussi, je dirais, sympathiques et respectables que les hôteliers et les restaurateurs, en vienne à des mesures comme celles-ci. L'exaspération, elle vient d ce que la fiscalité, dans sa complexité, fait que ça n'est pas le même prélèvement de TVA, selon qu'on est assis ou debout, dedans ou dehors, qu'on mange à la main ou dans l'assiette
ANDRE DUMAS : Du traditionnel ou du fast-food
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Qu'on boit à la paille ou du gobelet, enfin, bref, il y a donc une complexité qui n'est pas comprise. Et une injustice puisque certains, vous le savez, les fast-foods, ont une TVA faible, cependant que la TVA est beaucoup plus forte quand il s'agit de la restauration classique. Donc, tout ceci a créé de l'exaspération devant l'incohérence. Le problème n'est pas nouveau. Ils ont beaucoup demandé et rien obtenu. Ils voient des professions innombrables se mettre, si j'ose dire, dans la rue, les gendarmes, les médecins, les infirmières, les professeurs, les conducteurs de bus, les fonctionnaires de ceci et de cela, et tous obtenir satisfaction et des milliards et ils se disent : après tout, pourquoi pas nous !
ANDRE DUMAS : Bon. Mas les restaurateurs se mettent ainsi hors-la-loi en quelque sorte.
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Ecoutez, je pense qu'il faut regarder
ANDRE DUMAS : Ils forcent la main de Laurent Fabius, là, non ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Oh, je ne sais pas s'ils forcent la main de quiconque, mais en tout cas, ils manifestent clairement quelque chose qui ne fonctionne pas. Ils veulent le dire et je crois que les Françaises et les Français comprennent qu'il y a quelque chose qui ne marche pas. Cela dit, c'est une mesure conservatoire, ils paient bien la TVA, simplement ils l'affectent pour partie à un compte d'attente. Je ne considère pas qu'à ce stade, on puisse vraiment parler, je dirais, avec des grands mots.
ANDRE DUMAS : Bien. Alors, au moment où Jacques Chirac commence, vous venez de l'entendre, réellement sa campagne pour l'Elysée, on entend des personnalités de droite assez mécontentes parce que, disent-elles, le MEDEF reprend les idées de la droite.
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Alors, attendez, on ne comprend plus. Autrefois, c'était la droite
ANDRE DUMAS : Ca, c'est les communistes qui disent cela
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Alors, on ne sait plus. Ecoutez, nous, on le dit très fréquemment et très fortement, cela nous est complètement égal ! Ce qui est important, c'est que les entrepreneurs que nous représentons, aient des propositions fortes à faire connaître à l'opinion, qu'elles puissent faire partager, et que nous soyons considérés comme parfaitement légitimes de les avancer. C'est fait. Nos idées sont maintenant connues, de plus en plus, elles sont au centre du débat et les forces politiques, je dirais, s'en débrouillent avec ! Il y en a qui trouvent que c'est un peu chaud, comme une pomme de terre, il y en a d'autres qui, au contraire, trouvent que c'est sympathique, on se la renvoie peut-être un peu à la figure. Pour nous
ANDRE DUMAS : Vous dérangez
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Pour nous, l'important, c'est que nous mettions en débat ce que la société française semble politiquement incapable de faire : mettre en débat les grands sujets pour notre avenir, pour la réussite de notre pays. Nous sommes, vous le savez, nous les entrepreneurs, infiniment partisans de l'emploi, de la croissance et du succès pour la France.
ANDRE DUMAS : Cela veut dire que vous pensez que vous avez une mission politique ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Non, pas du tout. Nous avons une mission d'expression au nom des entrepreneurs. C'est très important. Nous sommes au centre de la société civile ceux qui font l'emploi, ceux qui font la croissance, ceux qui font la production des richesses, les producteurs du pays, c'est très important. Ils ont su s'installer au centre du débat. Les politiques doivent les entendre. Ils les entendent. Et bien entendu, nous sommes très heureux d'avoir fait ce que nous appelons le droit d'ingérence, qui a créé quelques émois, mais avec lequel nous sommes très confortables.
ANDRE DUMAS :Y-a-t-il dans les programmes des candidats actuels des idées qui vous plaisent ? Au RPR, chez Madelin et Martine Aubry pour Jospin peut-être ?
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Alors, nous ferons le point de cette affaire le 15 mars, de façon à ce que les entrepreneurs, qui ont lancé beaucoup d'idées, puissent vérifier ce qu'il en est advenu dans la campagne. Ce que nous pouvons dire, c'est qu'à ce stade, nous avons incontestablement le sentiment que ces idées ont été entendues et qu'elles ont déjà légèrement dépassé les discours de tout un chacun. Qu'il s'agisse, bien entendu, de candidats de gauche ou de droite. Nous sommes non-partisans et ce qui nous importe, c'est que l'on reprenne nos idées. Je pense que nous sommes un peu plus optimistes là-dessus que nous l'étions au démarrage de notre campagne " En avant l'entreprise, en avant la France ".
ANDRE DUMAS : Elisabeth Guigou a annoncé fièrement la semaine dernière un excédent de la Sécurité sociale de 3,9 milliards d'euros, en ajoutant que c'était bon pour le financement des 35 heures.
ERNEST-ANTOINE SEILLIERE : Alors, je suis enchanté que madame Guigou, seule en France, soit très heureuse de la situation de la Sécurité sociale. Nous nous inscrivons, bien entendu, tout-à-fait en faux contre l'affirmation que cette grande institution essentielle à l'avenir et à la sécurité personnelle des Français soit en bonne santé et nous pensons que le gouvernement a pris, notamment pour le financement des 35 heures, des décisions qui sont contraires à l'éthique en matière sociale.
ANDRE DUMAS : Merci Ernest-Antoine Seillière.
(source http://www.medef.fr, le 20 février 2002)