Texte intégral
Monsieur le Président,
À mon retour d'un voyage au Proche-Orient, où il m'a été donné de rencontrer la plupart des responsables israéliens et palestiniens, il me paraît de mon devoir de m'adresser à vous, comme responsable de la diplomatie française.
Je n'ai pas besoin de vous dire à quel point la situation est préoccupante.
De représailles en représailles, d'attentats en raids, tout se passe comme si personne ne contrôlait plus la situation. Un fatal engrenage paraît s'être enclenché. Les populations civiles désespèrent et se sentent sans défense, contre les attentats pour les uns contre la force militaire pour les autres.
Pourtant, chacun le sait, il n'existe aucune autre solution disponible à terme qu'un cessez-le-feu et qu'une négociation.
La seule question qui se pose est de savoir si cette négociation interviendra avant ou après la mort de milliers, ou de dizaines de milliers de victimes supplémentaires.
Malheureusement, dans chaque camp, la perte de confiance est totale à l'égard des responsables de l'autre camp et les partisans de la paix perdent peu à peu leur audience.
C'est pourquoi il n'existe plus qu'un scénario crédible : l'intervention de garants extérieurs, capables de convaincre les belligérants et de garantir aussi bien la bonne foi de la négociation que la bonne exécution des accords.
Monsieur le Président, ma conviction et celle de beaucoup de mes interlocuteurs est que l'Union Européenne doit être un de ces garants, en liaison avec les Etats-Unis et peut-être les régimes arabes intéressés au processus de paix.
Sur le terrain, les diplomates représentant l'Union et ceux qui représentent la France se dépensent sans compter. Mais il manque une démarche politique d'envergure, au seul niveau convenable, celui des chefs d'Etat et de gouvernement.
Les liens historiques et politiques qui unissent l'union et ses membres tant à Israël qu'au monde arabe et à l'autorité palestinienne nous obligent. Les liens économiques et notre intervention financière dans la région pèsent dans le même sens.
Si l'Union européenne parle d'une seule voix, cette voix sera nécessairement entendue. Et cette voix sera utile.
L'urgence est telle qu'une intervention européenne, définie et exprimée au plus haut niveau, ne peut plus attendre.
La gravité des événements m'a poussé, Monsieur le Président, à vous confier cette conviction. Beaucoup d'esprits sont désespérés et attendent une dernière chance.
Si l'Union européenne intervient fortement, les chances de la paix se trouveront améliorées.
Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l'assurance de ma haute considération.
(source http://www.bayrou.net, le 15 mars 2002)
À mon retour d'un voyage au Proche-Orient, où il m'a été donné de rencontrer la plupart des responsables israéliens et palestiniens, il me paraît de mon devoir de m'adresser à vous, comme responsable de la diplomatie française.
Je n'ai pas besoin de vous dire à quel point la situation est préoccupante.
De représailles en représailles, d'attentats en raids, tout se passe comme si personne ne contrôlait plus la situation. Un fatal engrenage paraît s'être enclenché. Les populations civiles désespèrent et se sentent sans défense, contre les attentats pour les uns contre la force militaire pour les autres.
Pourtant, chacun le sait, il n'existe aucune autre solution disponible à terme qu'un cessez-le-feu et qu'une négociation.
La seule question qui se pose est de savoir si cette négociation interviendra avant ou après la mort de milliers, ou de dizaines de milliers de victimes supplémentaires.
Malheureusement, dans chaque camp, la perte de confiance est totale à l'égard des responsables de l'autre camp et les partisans de la paix perdent peu à peu leur audience.
C'est pourquoi il n'existe plus qu'un scénario crédible : l'intervention de garants extérieurs, capables de convaincre les belligérants et de garantir aussi bien la bonne foi de la négociation que la bonne exécution des accords.
Monsieur le Président, ma conviction et celle de beaucoup de mes interlocuteurs est que l'Union Européenne doit être un de ces garants, en liaison avec les Etats-Unis et peut-être les régimes arabes intéressés au processus de paix.
Sur le terrain, les diplomates représentant l'Union et ceux qui représentent la France se dépensent sans compter. Mais il manque une démarche politique d'envergure, au seul niveau convenable, celui des chefs d'Etat et de gouvernement.
Les liens historiques et politiques qui unissent l'union et ses membres tant à Israël qu'au monde arabe et à l'autorité palestinienne nous obligent. Les liens économiques et notre intervention financière dans la région pèsent dans le même sens.
Si l'Union européenne parle d'une seule voix, cette voix sera nécessairement entendue. Et cette voix sera utile.
L'urgence est telle qu'une intervention européenne, définie et exprimée au plus haut niveau, ne peut plus attendre.
La gravité des événements m'a poussé, Monsieur le Président, à vous confier cette conviction. Beaucoup d'esprits sont désespérés et attendent une dernière chance.
Si l'Union européenne intervient fortement, les chances de la paix se trouveront améliorées.
Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l'assurance de ma haute considération.
(source http://www.bayrou.net, le 15 mars 2002)