Texte intégral
Var Matin, le 20 janvier 2002
Pourquoi une telle réforme ?
"Il ne faut jamais oublier la part positive qu'est l'école, cet outil fantastique donné aux français et cesser de la dénigrer. La gauche a toujours lutté en faveur de la massification des études. Et aujourd'hui, l'école a atteint son objectif avec 80 % des jeunes qui obtiennent le bac.
L'enjeu actuel est tout autre : celui du parcours scolaire accompagné d'une qualification professionnelle. Il ne s'agit pas de revaloriser l'enseignement professionnel, non. C'est le travail qu'il faut valoriser. Car les métiers d'aujourd'hui sont devenus une science pratique et le niveau de connaissances est de plus en plus élevé. La professionnalisation exige des pré-requis élevés."
Le chômage remonte. Faut-il s'en inquiéter ?
"Si le chômage monte, il y a aussi pénurie de main-d'oeuvre. D'ici dix ans, 5 millions de personnes vont partir à la retraite. Par la croissance, des postes de travail supplémentaires vont être créés. Et, paradoxalement 1 250 000 personnes sont sans qualification. Aujourd'hui, la professionnalisation doit être le paradigme de l'éducation nationale.
Ici dans l'académie, il y a trop de CFA. L'apprentissage, c'est bien, mais ce n'est pas la seule voie, pour le retour au travail qualifié. Il y a des tas de jeunes qui restent sur le carreau. Et particulièrement pour le département du Var, j'insiste encore : aller vers l'enseignement professionnel est le meilleur outil pour le développement économique.
Le projet des lycées des métiers est aujourd'hui lancé. Il s'agit de constituer des établissements scolaires ayant une identité afin d'offrir un ensemble cohérent à tous les niveaux de diplômes, du CAP au à la licence professionnelle, en passant par le BTS.
Et cette identité valorise et dynamise le secteur professionnel correspondant".
(source http://www.enseignement-professionnel.gouv.fr, le 24 janvier 2002)
Les Echos le 29 janvier 2002
La remontée du chômage remet-elle en cause votre réflexion sur l'enseignement professionnel ?
"Pas du tout. La hausse du chômage, de toute façon conjoncturelle, n'empêche pas des secteurs entiers de connaître de graves pénuries de main d'uvre. Or la tendance ne fera que s'accentuer. D'ici à dix ans, 5 millions de personnes vont partir à la retraite. Même si l'on table sur une croissance molle, il faudra également créer au moins 2,5 millions d'emploi. Ce sont donc au minimum 7,5 millions de postes qu'il faudra pourvoir dans les dix prochaines années, or sur la même période, seuls 750.000 jeunes sortiront chaque année du système éducatif. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le marché de l'emploi fonctionnera à flux tendu ! Parallèlement, on constate que les niveaux de qualification dont ont besoin les entreprises s'élèvent. L'évolution extrêmement rapide des technologies provoque un " choc qualitatif ". Et je pense que c'est une chance pour la France : c'est l'occasion pour elle de déployer son système public de formation initiale professionnelle, unique au monde, et de se donner, du même coup, une ambition pour son école. La professionnalisation doit être la nouvelle étape de la démocratisation de notre système éducatif."
Qu'attendez-vous de la mise en place du lycée des métiers ?
"Qu'elle donne une lisibilité, une cohérence, et donc une meilleure efficacité aux filières professionnelles, puisque l'idée est de construire des parcours de formation complets, dans une famille de métiers adaptés à une situation locale. C'est un outil qui " fluidifie les parcours ", qui permettra de passer d'une formation à une autre, puisque les voies technologiques et professionnelles seront réunies. Le label va donner une image de marque aux établissements, élargir l'horizon professionnel des jeunes en les poussant à gravir tous les échelons de la professionnalisation, donner des objectifs aux enseignants. Enfin, les régions vont enfin savoir où elles vont : elles pourront donc plus facilement construire des stratégies de développement économique local".
Le lycée des métiers signe-t-il la mort des lycées professionnels généralistes ?
"Non, car le principe de réalisme prévaut : je n'ai rien inventé qui n'existe déjà, même partiellement. Nous n'allons pas intégrer de force les établissements ! Mais je pense que les lycées se rendront peu à peu à l'évidence qu'il est de leur intérêt, s'ils veulent attirer les jeunes, de construire ainsi des parcours cohérents. Il y a des lycées, notamment en zone rurale, où les formations sont éclatées. Mais il existe des dénominateurs communs, le développement local par exemple."
Dans la maquette du lycée des métiers, vous intégrez aussi les centres de formation des apprentis. S'agit-il de les d'absorber ?
"Seulement 6 % des apprentis sont aujourd'hui sous statut public. Alors que l'alternance est présente partout, l'Education nationale ne s'est pas assez intéressée à la pédagogie de l'apprentissage. Or, les régions ne peuvent à la fois financer les CFA et les lycées professionnels. Ma démarche pousse à l'unification de la voie des métiers : il y a certaine lassitude face au doublonnage des formations et aux guerres de tranchées. Quand dans le même lycée des métiers on trouvera le centre d'apprentissage et la voie scolaire, le jeune pourra passer facilement de l'un à l'autre. Il ne faut pas oublier que 40 % des contrats d'apprentissage sont rompus la première année. Difficile de savoir ce que deviennent ensuite ces jeunes qui ont dépassé l'âge de la scolarité obligatoire."
Le PS vient de présenter son projet pour 2002. Vos préoccupations sont-elles prises en compte ?
"Le thème de la formation tout au long de la vie est très présent et c'est une bonne chose. Je suis aussi assez content d'avoir vu mes définitions sur la " professionnalisation durable " être reprises. Mais je suis un peu déçu de voir que le mot lui même n'y est pas. Or la gauche doit impérativement dire quel est son prochain objectif pour l'école. On a eu l'objectif de massification, mais maintenant, quelle est la revendication sociale progressiste que l'on peut présenter aux maîtres et aux étudiants ? Je pense que c'est la professionnalisation. Une formation qui ne débouche pas sur une reconnaissance sociale est une mystification."
(source http://www.enseignement-professionnel.gouv.fr, le 29 janvier 2002)
Pourquoi une telle réforme ?
"Il ne faut jamais oublier la part positive qu'est l'école, cet outil fantastique donné aux français et cesser de la dénigrer. La gauche a toujours lutté en faveur de la massification des études. Et aujourd'hui, l'école a atteint son objectif avec 80 % des jeunes qui obtiennent le bac.
L'enjeu actuel est tout autre : celui du parcours scolaire accompagné d'une qualification professionnelle. Il ne s'agit pas de revaloriser l'enseignement professionnel, non. C'est le travail qu'il faut valoriser. Car les métiers d'aujourd'hui sont devenus une science pratique et le niveau de connaissances est de plus en plus élevé. La professionnalisation exige des pré-requis élevés."
Le chômage remonte. Faut-il s'en inquiéter ?
"Si le chômage monte, il y a aussi pénurie de main-d'oeuvre. D'ici dix ans, 5 millions de personnes vont partir à la retraite. Par la croissance, des postes de travail supplémentaires vont être créés. Et, paradoxalement 1 250 000 personnes sont sans qualification. Aujourd'hui, la professionnalisation doit être le paradigme de l'éducation nationale.
Ici dans l'académie, il y a trop de CFA. L'apprentissage, c'est bien, mais ce n'est pas la seule voie, pour le retour au travail qualifié. Il y a des tas de jeunes qui restent sur le carreau. Et particulièrement pour le département du Var, j'insiste encore : aller vers l'enseignement professionnel est le meilleur outil pour le développement économique.
Le projet des lycées des métiers est aujourd'hui lancé. Il s'agit de constituer des établissements scolaires ayant une identité afin d'offrir un ensemble cohérent à tous les niveaux de diplômes, du CAP au à la licence professionnelle, en passant par le BTS.
Et cette identité valorise et dynamise le secteur professionnel correspondant".
(source http://www.enseignement-professionnel.gouv.fr, le 24 janvier 2002)
Les Echos le 29 janvier 2002
La remontée du chômage remet-elle en cause votre réflexion sur l'enseignement professionnel ?
"Pas du tout. La hausse du chômage, de toute façon conjoncturelle, n'empêche pas des secteurs entiers de connaître de graves pénuries de main d'uvre. Or la tendance ne fera que s'accentuer. D'ici à dix ans, 5 millions de personnes vont partir à la retraite. Même si l'on table sur une croissance molle, il faudra également créer au moins 2,5 millions d'emploi. Ce sont donc au minimum 7,5 millions de postes qu'il faudra pourvoir dans les dix prochaines années, or sur la même période, seuls 750.000 jeunes sortiront chaque année du système éducatif. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le marché de l'emploi fonctionnera à flux tendu ! Parallèlement, on constate que les niveaux de qualification dont ont besoin les entreprises s'élèvent. L'évolution extrêmement rapide des technologies provoque un " choc qualitatif ". Et je pense que c'est une chance pour la France : c'est l'occasion pour elle de déployer son système public de formation initiale professionnelle, unique au monde, et de se donner, du même coup, une ambition pour son école. La professionnalisation doit être la nouvelle étape de la démocratisation de notre système éducatif."
Qu'attendez-vous de la mise en place du lycée des métiers ?
"Qu'elle donne une lisibilité, une cohérence, et donc une meilleure efficacité aux filières professionnelles, puisque l'idée est de construire des parcours de formation complets, dans une famille de métiers adaptés à une situation locale. C'est un outil qui " fluidifie les parcours ", qui permettra de passer d'une formation à une autre, puisque les voies technologiques et professionnelles seront réunies. Le label va donner une image de marque aux établissements, élargir l'horizon professionnel des jeunes en les poussant à gravir tous les échelons de la professionnalisation, donner des objectifs aux enseignants. Enfin, les régions vont enfin savoir où elles vont : elles pourront donc plus facilement construire des stratégies de développement économique local".
Le lycée des métiers signe-t-il la mort des lycées professionnels généralistes ?
"Non, car le principe de réalisme prévaut : je n'ai rien inventé qui n'existe déjà, même partiellement. Nous n'allons pas intégrer de force les établissements ! Mais je pense que les lycées se rendront peu à peu à l'évidence qu'il est de leur intérêt, s'ils veulent attirer les jeunes, de construire ainsi des parcours cohérents. Il y a des lycées, notamment en zone rurale, où les formations sont éclatées. Mais il existe des dénominateurs communs, le développement local par exemple."
Dans la maquette du lycée des métiers, vous intégrez aussi les centres de formation des apprentis. S'agit-il de les d'absorber ?
"Seulement 6 % des apprentis sont aujourd'hui sous statut public. Alors que l'alternance est présente partout, l'Education nationale ne s'est pas assez intéressée à la pédagogie de l'apprentissage. Or, les régions ne peuvent à la fois financer les CFA et les lycées professionnels. Ma démarche pousse à l'unification de la voie des métiers : il y a certaine lassitude face au doublonnage des formations et aux guerres de tranchées. Quand dans le même lycée des métiers on trouvera le centre d'apprentissage et la voie scolaire, le jeune pourra passer facilement de l'un à l'autre. Il ne faut pas oublier que 40 % des contrats d'apprentissage sont rompus la première année. Difficile de savoir ce que deviennent ensuite ces jeunes qui ont dépassé l'âge de la scolarité obligatoire."
Le PS vient de présenter son projet pour 2002. Vos préoccupations sont-elles prises en compte ?
"Le thème de la formation tout au long de la vie est très présent et c'est une bonne chose. Je suis aussi assez content d'avoir vu mes définitions sur la " professionnalisation durable " être reprises. Mais je suis un peu déçu de voir que le mot lui même n'y est pas. Or la gauche doit impérativement dire quel est son prochain objectif pour l'école. On a eu l'objectif de massification, mais maintenant, quelle est la revendication sociale progressiste que l'on peut présenter aux maîtres et aux étudiants ? Je pense que c'est la professionnalisation. Une formation qui ne débouche pas sur une reconnaissance sociale est une mystification."
(source http://www.enseignement-professionnel.gouv.fr, le 29 janvier 2002)