Communiqué commun des ministres de l'économie et des finances des pays membres de la Zone Franc sur la situation économique et financière des états de la Zone Franc, Dakar le 21 septembre 1989.

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Circonstance : Réunion des ministres de l'économie et des finances des pays membres de la Zone Franc à Dakar le 21 septembre 1989

Média : LES NOTES BLEUES

Texte intégral

Les ministres de l'économie et des finances des pays membres de la Zone Franc se sont réunis à Dakar, le 21 septembre 1989 sous la présidence de Monsieur Serigne Lamine Diop, ministre de l'économie et des finances de la République du Sénégal.
- Ont participé à cette réunion :
- Pour la République populaire du Bénin
- M. Didier Dassi, ministre des finances et de l'économie.
- M. Robert Dossou, ministre du plan et de la statistique.
- Pour le Burkina Faso
- Mme Bintou Sanogoh, ministre des finances.
- Pour la République du Cameroun
- M. Sadou Hayatou, ministre des finances.
- Mme Elisabeth Tankeu, ministre du plan et de l'aménagement du territoire.
- Pour la République Centrafricaine
- M. Dieudonné Wazoua, ministre de l'économie, des finances, du plan et de la coopération internationale.
- Pour la République Fédérale Islamique des Comores
- M. Saïd Ahmed Saïd Ali, ministre de l'économie et des finances.
- Pour la République populaire du Congo
- M. Edouard Gakosso, ministre des finances et du budget.
- Pour la République de Côte d'Ivoire
- M. Maurice Seri Gnoleba, ministre d'Etat.
- M. Abdoulaye Kone, ministre de l'économie et des finances.
- Pour la République Française
- M. Pierre Bérégovoy, ministre d'Etat, ministre de l'économie, des finances et du budget.
- Pour la République Gabonaise
- Mme Chantal Lidji-Badinga, secrétaire d'Etat auprès du ministre des finances, du budget et des participations.
- Pour la République de Guinée Equatoriale
- M. Antonio Fernando Nve Ngu, ministre délégué à la Présidence, chargé des affaires économiques et financières.
- M. Casto Nvono Akele, ministre délégué à l'économie, au commerce et à la planification.
- Pour la République du Mali
- M. Tiena Coulibaly, ministre des finances et du commerce.
- M. Souleymane Dembele, ministre du plan.
- Pour la République du Niger
- M. Adamou Salifou, secrétaire général du ministère des finances.
- Pour la République du Sénégal
- M. Serigne Lamine Diop, ministre de l'économie et des finances.
- M. Djibo Laity Ka, ministre du plan et de la coopération.
- Pour la République du Tchad
- M. Ngarnayal Mbailemdana, ministre des finances et de l'informatique.
- M. Balaam Facho, secrétaire d'Etat au plan et à la coopération.
- Pour la République Togolaise
- M. Komla Alipui, ministre de l'économie et des finances.
- Pour la Banque Centrale des Comores
- M. Mohamed Halifa, Directeur général.
- Pour la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest
- M. Alassane Ouattara, Gouverneur.
- Pour la Banque des Etats de l'Afrique Centrale
- M. Casimir Oye Mba, Gouverneur.
- Pour la Banque de France
- M. Jacques de Larosière, Gouverneur.
I - Les ministres ont examiné l'évolution récente de la situation économique et financière des Etats de la Zone Franc.
- Ils ont entendu les rapports de M. Abdoulaye Kone, ministre de l'économie et des finances de la République de Côte d'Ivoire, Président du Conseil des ministres de l'UMOA, de M. Antonio Fernando Nve Ngu, ministre délégué à la Présidence, chargé des affaires économiques et financières de la République de Guinée Equatoriale, président du Conseil d'administration de la Banque des Etats de l'Afrique Centrale, et de M. Saïd Ahmed Saïd Ali, ministre de l'économie et des finances de la République fédérale islamique des Comores, ainsi que de M. Pierre Bérégovoy, ministre d'Etat, ministre de l'économie, des finances et du budget de la République Française. Ces différents rapports ont souligné la situation économique encore difficile des pays africains de la Zone Franc, et la nécessité de poursuivre les efforts de redressement.
- S'agissant des systèmes bancaires de ces Etats, les ministres ont examiné les problèmes relatifs à la restructuration des banques primaires en difficultés. Ils ont encouragé les Autorités nationales compétentes et les Banques Centrales à poursuivre activement les efforts de redressement engagés à cet égard. Ils ont souligné la nécessité de lier les contributions financières à l'adoption, après concertation, des mesures de redressement nécessaires à l'assainissement durable des établissements en difficulté. Dans ce contexte, ils ont demandé aux Gouverneurs des Banques Centrales de leur faire un rapport sur le contrôle des banques lors de leur prochaine réunion en mars 1990. Ils se sont félicités de l'institution prochaine d'une commission bancaire régionale dans l'Union Monétaire Ouest Africaine.
- Ils ont par ailleurs pris connaissance des résultats, pour 1988 et pour le premier trimestre de 1989, de la balance des paiements de la France avec les Etats Africains de la Zone. Ils ont noté avec satisfaction pour 1988 la réduction du déficit de la balance courante par rapport à 1987, réduction liée elle même à celle, très sensible, du déficit commercial de la Zone Franc vis-à-vis de la France. Ils ont en outre noté la légère remontée en 1988 des flux financiers privés (prêts et investissements) venant de France en direction de ces pays. Ils ont convenu de la nécessité de tout mettre en oeuvre pour consolider cette tendance.
II - Les ministres ont ensuite débattu des questions économiques et monétaires internationales.
- S'agissant de la Stratégie internationale de la Dette, ils ont noté avec satisfaction le fait que les initiatives adoptées sur proposition française par le Sommet de Toronto ont été rapidement mises en oeuvre par le Club de Paris, au bénéfice des pays les plus pauvres, les plus endettés, et en ajustement. Les ministres ont particulièrement salué l'annulation de créances annoncée à Dakar par le président de la République Française en faveur des 35 pays les plus pauvres d'Afrique subsaharienne. Cette annulation, qui sera soumise au Parlement français en automne, devrait porter sur plus de 19 Mds de F.F. En ce qui concerne les pays dits "à revenu intermédiaire", les ministres ont pris note avec intérêt que les propositions faites par la France, à l'Assemblée générale des Nations unies en octobre 1988 avaient été largement discutées et reprises lors du Sommet de Paris des Pays industrialisés en juillet dernier. Ils ont exprimé le voeu que la Communauté internationale apporte, dès que possible, pour le traitement de la dette de ces Pays à revenu intermédiaire, des solutions innovantes et concrètes à leur situation, qui s'est détériorée ces dernières années.
- S'agissant de l'aide publique au développement, et étant donné la nécessité d'accroître les flux nets positifs, les ministres se sont félicités de la mise en oeuvre des initiatives adoptées en matière de facilités multilatérales tels que la Facilité d'Ajustement Structurel Renforcée, le doublement du capital de la BIRD, ou le Programme spécial de celle-ci pour les pays les plus pauvres et les plus endettés, toutes initiatives auxquelles la France a très largement contribué. Une vigilance particulière doit être néanmoins apportée à la confirmation par les bailleurs de fonds de la totalité de leurs engagements. Ils ont souhaité que la neuvième reconstitution des ressources de l'Association Internationale pour le Développement (AID) continue d'accorder la priorité à l'Afrique.
S'agissant de Lomé IV, ils ont constaté le bon déroulement de la négociation et exprimé le voeu que l'aide européenne soit renforcée, en particulier pour le STABEX. En effet, l'appui conjoncturel qu'offre celui-ci doit être prolongé et complété par une action structurelle à plus long terme.
- Les ministres ont réaffirmé leur préoccupation devant la baisse continue des prix de certains produits de base, décisifs pour les économies des pays africains membres de la Zone Franc, et notamment ses graves conséquences pour leurs équilibres externes, leurs finances publiques et leurs efforts d'ajustement.
- Ils ont rappelé par ailleurs l'intérêt qui s'attache au renforcement de la coordination nécessaire pour créer un environnement international stable et propice à la croissance dans tous les pays, notamment dans les pays en développement. A cet égard, ils ont exprimé à nouveau leur préoccupation devant certaines évolutions telles que le niveau des taux d'intérêt et les risques de protectionnisme.
- Ils ont souligné la nécessité, dans les circonstances actuelles, d'une reprise des allocations de DTS pour desserrer la contrainte qui s'exerce sur les réserves de change de nombreux pays en développement.
- Les ministres se sont félicités de la solidarité inaltérable entre les pays de la Zone Franc et ont réaffirmé leur attachement à cette Zone et à la stabilité monétaire qu'elle apporte aux pays membres.
- Les ministres représentant les pays Africains membres de la Zone Franc ont pris acte avec satisfaction de la poursuite des efforts déployés par la France, avec eux, au sein des Institutions Internationales et Européennes, pour aider les pays de la Zone Franc et accompagner leurs programmes d'ajustement.
- Enfin, ils se sont réjouis du climat fraternel qui a entouré leurs travaux et ont remercié le Sénégal pour son accueil.