Texte intégral
CONFERENCE DE PRESSE DE GEORGES SARRE POUR L'ARRET DES BOMBARDEMENTS AU KOSOVO
le mardi 12 mai 1999
Mesdames, Messieurs,
L'accord trouvé lors du sommet du G8 à Washington était un premier pas. Le bombardement de l'ambassade chinoise à Belgrade a compliqué les possibilités d'évolution de la situation. C'est pourquoi il faut créer les conditions psychologiques d'un retour rapide à la négociation.
D'autant que l'annonce unilatérale, par Belgrade d'un retrait partiel des forces militaires du Kosovo est un acte fort qui ouvre la porte à une réponse positive de l'OTAN à la suspension des bombardements effectués, sauf à afficher clairement l'objectif des USA, la capitulation sans conditions.
Dans ce but, j'ai pris l'initiative d'inviter mes collègues parlementaires à signer un appel à la suspension des bombardements en Yougoslavie pour favoriser sur-le-champ des initiatives diplomatiques.
Cet appel regroupe aujourd'hui plus de 250 parlementaires appartenant aux assemblées des pays membres de l'Union européenne. Pourquoi des assemblées ? Parce que ce sont les Parlements qui votent les crédits militaires, qui votent la guerre et les traités de paix, ainsi que les engagements internationaux. Il leur revient donc de faire savoir ce que pense une partie significative des ceux qui tiennent leur mandat de la souveraineté populaire. Tout le monde connaît les contours d'une solution politique négociée. Elle passe par la saisine du Conseil de sécurité de l'ONU et doit aboutir à une autonomie substantielle pour le KOSOVO, au retour chez eux de tous les Albanais du KOSOVO et à la garantie de ces accords par une force placée sous l'autorité de l'ONU. D'une manière plus générale, cette solution négociée doit garantir les droits, dans l'égalité des devoirs, de toutes les composantes du peuple de la République Fédérative de Yougoslavie, au Kosovo comme en Serbie, Voïvodine comprise, et au Monténégro.
Chaque jour qui passe rend plus cruelle la situation et notamment le sort des populations civiles, celles- là même que l'intervention se donnait pour but de protéger et qui sont contraintes à l'exil, quand elles ne sont pas la cible de ce que l'OTAN appelle pudiquement des "dommages collatéraux ".
Chaque jour qui passe révèle de nouvelles bavures et des risques fous d'engrenage, d'embrasement de l'ensemble des Balkans au cas où serait mise en oeuvre une intervention terrestre. Les Etats voisins, aux économies déjà chancelantes, sont ébranlés par l'afflux des réfugiés et voient se réveiller les irrédentismes ou les conflits ethniques.
Chaque jour qui passe continue de vider le KOSOVO de sa population albanaise.
L'adage " Errare Humanum est, perseverare diabolicum " s'applique aussi aux interventions internationales : il est temps d'arrêter cette opération dont les contours de leurs conséquences ne peuvent pas être dessinés.
Dès le départ j'avais indiqué que "des opérations militaires sans but clairement défini, sans fondement en droit international, sans débouché préparé, ne permettront pas de sortir de la crise".
Ce constat, est fait par les parlementaires qui co- signent avec moi ce texte et notamment par mes collègues français (*).
Le but que les Etats-Unis voulaient assigner à l'OTAN comme outil de la gestion des crises a été atteint avec l'unanimité qui s'est manifestée au sommet de Washington, mais dans la guerre actuelle, c'est l'échec. Tous les européens doivent donc méditer sur les périls graves qui naissent quand la clé de leur destin est remise aux Etats-Unis et à l'OTAN qui n'est plus que leur bras armé à l'échelle mondiale.
N'oublions pas que l'une des raisons pour lesquelles le Général de Gaulle avait retiré la France de l'organisation intégrée était précisément de ne pas être entraîné dans une guerre qui ne fût pas la nôtre.
Enfin, la communauté internationale ne doit pas être réduite à l'OTAN ou à l'Occident. La Russie, mise à l'écart de la gestion de la crise yougoslave, est beaucoup plus dangereuse quand elle est blessée: le retour du pan-slavisme et du nationalisme outrancier sont programmés si elle n'est pas associée aux négociations. Il n'y a que des périls à provoquer la Chine. Il faut arrêter les bombardements. Il faut trouver une solution politique à un conflit qui non seulement aboutit à la plus grande catastrophe humanitaire survenue en Europe depuis 1945 mais dresse l'une contre l'autre les deux moitiés de l'Europe et les peuples entre eux. L'accord intervenu au G8 est un petit pas dans la bonne direction car il associe enfin la Russie au processus diplomatique. Mais il reste beaucoup à faire.
Tel est l'objectif de cet appel que chacun des signataires a rejoint en conservant, sur les questions relatives au devenir de la Yougoslavie, sa propre sensibilité.
Je vous remercie.
Question au premier Ministre de G. SARRE
13/04/99
Je ne suis pas convaincu par tout ce qui s'est dit sur le caractère approprié du traitement de la question du kosovo. Une des causes du drame a été l'acceptation désastreuse en 1991 de l'éclatement de l'ex-Yougoslavie qui a ouvert une crise sans fin où les rivalités entre Serbes, Croates, Slovènes, Bosniaques, Kosovars se sont transformées en conflits meurtriers. Comme les Serbes se trouvaient répartis sur le territoire de quatre républiques Yougoslaves, deux solutions s'offraient alors : - la première : redéfinir le contenu de la Yougoslavie en maintenant au moins une confédération, - la deuxième : régler diplomatiquement la question des frontières des Etats successeurs à travers une conférence internationale, ce qui n'a pas été fait.
L'union Européenne a reconnu unilatéralement les frontières de la Croatie puis de la Bosnie, ceci naturellement n'excuse en rien les comportements des nationalistes serbes.
Après cette brève rétrospective, je voudrais regretter, Monsieur le premier Ministre, que la représentation nationale n'ait pas été informée complètement et dans le détail du résultat des négociations de Rambouillet. Il serait intéressant que nous sachions tous où les choses en sont restées et éventuellement, à partir de documents, connaître les initiatives prises par tel ou tel membre de l'alliance.
On peut également s'interroger sur l'adéquation de la fin et des moyens. Vingt jours après le déclenchement des frappes, l'incertitude persiste quant aux prespectives de résolution du conflit et le flot de réfugiés ne cesse de grossir démesurément avec son cortège de malheurs, de souffrances, de morts. A-t-on pesé par ailleurs le risque de rejeter la Russie dans le nationalisme ?
Mais tournons-nous résolument vers l'avenir. Il est clair qu'il faut parvenir à une solution politique et, je n'hésite pas à le dire, négociée. Il faut savoir aussi ce que parler veut dire. Ceux qui assimilent Milosevic à Hitler contribuent à banaliser le nazisme et la Shoa. Ils ont surtout pour but de disqualifier toute solution politique. Ils exigent de la Serbie une capitulation sans condition, comme s'il s'agissait de l'Allemagne nazie. Gardons le sens des proportions et des réalités. On a le droit d'exiger des responsables politiques, un peu de culture historique et géographique. La question du kosovo est une question très complexe. Dans cette région coexistent certes des Albanais très majoritaires mais aussi des Serbes, des Tsiganes, des Macédoniens.
Notre but doit être de leur permettre de coexister pacifiquement à l'intérieur de la RFY.
Est-ce encore possible après les bombardements aériens et les exactions qui les ont précédés et qui les ont suivis ? Toute guerre crée un processus incontrôlable. Madame Madeleine Albright considère que les accords de Rambouillet sont caducs. Est-ce aussi la position du Gouvernement français ?
Monsieur le premier Ministre, il faut aller à l'ONU parce que l'ONU est le seul cadre légal et que c'est là que l'on peut faire intervenir la Russie qui devra garantir l'indispensable accord politique.
Quand donc la France demandera-t-elle la réunion du Conseil de Sécurité de l'ONU ?
Garantir une autonomie substantielle du kosovo au sein de la RFY n'est pas un problème simple.
Il est donc important que notre pays garde toute sa liberté d'expression et d'initiative et ne se laisse pas ligoter aujourd'hui par le Conseil Atlantique, demain par le G8 et n'arrive pas devant le Conseil de Sécurité pieds et poings liés.
Déclaration de Georges SARRE à l'Assemblée nationale, L'engrenage.
le 20 avril 1999
Il n'est pas vrai que l'intervention terrestre et l'aggravation de la guerre soient devenues inévitables comme le prétendent certains qui se travestissent rapidement en kaki. Il est temps que la raison et la mesure prennent le dessus.
Il y a une solution diplomatique et politique. L'on en connait les termes :
une autonomie substantielle du Kosovo
- une cantonalisation pour permettre le retour des réfugiés Albanais et la coexistence des Albanais et des Serbes
une force internationale de l'ONU avec des Casques Bleus russes en évitant de puiser dans les pays de l'OTAN.
Il ne suffit pas de psalmodier, de réciter la messe. Nous voulons aboutir à une solution diplomatique et politique. Vouloir et agir vont de pair.
Il faut avoir la foi. Il faut prendre des initiatives rapidement. Plus les frappes durent, plus le Kosovo risque de se vider de ses Albanais.
Il faut passer rapidement au stade diplomatique et, je n'hésite pas à le dire, il faut négocier.
L'autre alternative, l'intervention terrestre, ce serait une crise profonde en Grèce, la déstabilisation du Monténégro, le réveil des minorités magyares en Roumanie et en Voivodine, sans compter les risques d'éclatement politique à Rome et à Paris.
Ce serait un engrenage plein de périls au cur de l'Europe et des conséquences en chaines en Russie. Il serait vraiment sage de penser avant d'agir.
Je me situe dans l'héritage de Jaurès. Quand on peut atteindre ses objectifs sans recourir à la guerre, c'est toujours préférable.
Car la guerre est toujours fraiche et joyeuse au début. Daniel Cohn-Bendit peut mettre une fleur au fusil des autres, il ne sera pas le premier. Mais l'Europe a déjà fait l'amère et terrible expérience des conséquences concrètes de la guerre. Il est vraiment temps de garder la tête froide et le sens de la mesure.
(Source http://www.mdc-france.org, le 25 mars 2002)
le mardi 12 mai 1999
Mesdames, Messieurs,
L'accord trouvé lors du sommet du G8 à Washington était un premier pas. Le bombardement de l'ambassade chinoise à Belgrade a compliqué les possibilités d'évolution de la situation. C'est pourquoi il faut créer les conditions psychologiques d'un retour rapide à la négociation.
D'autant que l'annonce unilatérale, par Belgrade d'un retrait partiel des forces militaires du Kosovo est un acte fort qui ouvre la porte à une réponse positive de l'OTAN à la suspension des bombardements effectués, sauf à afficher clairement l'objectif des USA, la capitulation sans conditions.
Dans ce but, j'ai pris l'initiative d'inviter mes collègues parlementaires à signer un appel à la suspension des bombardements en Yougoslavie pour favoriser sur-le-champ des initiatives diplomatiques.
Cet appel regroupe aujourd'hui plus de 250 parlementaires appartenant aux assemblées des pays membres de l'Union européenne. Pourquoi des assemblées ? Parce que ce sont les Parlements qui votent les crédits militaires, qui votent la guerre et les traités de paix, ainsi que les engagements internationaux. Il leur revient donc de faire savoir ce que pense une partie significative des ceux qui tiennent leur mandat de la souveraineté populaire. Tout le monde connaît les contours d'une solution politique négociée. Elle passe par la saisine du Conseil de sécurité de l'ONU et doit aboutir à une autonomie substantielle pour le KOSOVO, au retour chez eux de tous les Albanais du KOSOVO et à la garantie de ces accords par une force placée sous l'autorité de l'ONU. D'une manière plus générale, cette solution négociée doit garantir les droits, dans l'égalité des devoirs, de toutes les composantes du peuple de la République Fédérative de Yougoslavie, au Kosovo comme en Serbie, Voïvodine comprise, et au Monténégro.
Chaque jour qui passe rend plus cruelle la situation et notamment le sort des populations civiles, celles- là même que l'intervention se donnait pour but de protéger et qui sont contraintes à l'exil, quand elles ne sont pas la cible de ce que l'OTAN appelle pudiquement des "dommages collatéraux ".
Chaque jour qui passe révèle de nouvelles bavures et des risques fous d'engrenage, d'embrasement de l'ensemble des Balkans au cas où serait mise en oeuvre une intervention terrestre. Les Etats voisins, aux économies déjà chancelantes, sont ébranlés par l'afflux des réfugiés et voient se réveiller les irrédentismes ou les conflits ethniques.
Chaque jour qui passe continue de vider le KOSOVO de sa population albanaise.
L'adage " Errare Humanum est, perseverare diabolicum " s'applique aussi aux interventions internationales : il est temps d'arrêter cette opération dont les contours de leurs conséquences ne peuvent pas être dessinés.
Dès le départ j'avais indiqué que "des opérations militaires sans but clairement défini, sans fondement en droit international, sans débouché préparé, ne permettront pas de sortir de la crise".
Ce constat, est fait par les parlementaires qui co- signent avec moi ce texte et notamment par mes collègues français (*).
Le but que les Etats-Unis voulaient assigner à l'OTAN comme outil de la gestion des crises a été atteint avec l'unanimité qui s'est manifestée au sommet de Washington, mais dans la guerre actuelle, c'est l'échec. Tous les européens doivent donc méditer sur les périls graves qui naissent quand la clé de leur destin est remise aux Etats-Unis et à l'OTAN qui n'est plus que leur bras armé à l'échelle mondiale.
N'oublions pas que l'une des raisons pour lesquelles le Général de Gaulle avait retiré la France de l'organisation intégrée était précisément de ne pas être entraîné dans une guerre qui ne fût pas la nôtre.
Enfin, la communauté internationale ne doit pas être réduite à l'OTAN ou à l'Occident. La Russie, mise à l'écart de la gestion de la crise yougoslave, est beaucoup plus dangereuse quand elle est blessée: le retour du pan-slavisme et du nationalisme outrancier sont programmés si elle n'est pas associée aux négociations. Il n'y a que des périls à provoquer la Chine. Il faut arrêter les bombardements. Il faut trouver une solution politique à un conflit qui non seulement aboutit à la plus grande catastrophe humanitaire survenue en Europe depuis 1945 mais dresse l'une contre l'autre les deux moitiés de l'Europe et les peuples entre eux. L'accord intervenu au G8 est un petit pas dans la bonne direction car il associe enfin la Russie au processus diplomatique. Mais il reste beaucoup à faire.
Tel est l'objectif de cet appel que chacun des signataires a rejoint en conservant, sur les questions relatives au devenir de la Yougoslavie, sa propre sensibilité.
Je vous remercie.
Question au premier Ministre de G. SARRE
13/04/99
Je ne suis pas convaincu par tout ce qui s'est dit sur le caractère approprié du traitement de la question du kosovo. Une des causes du drame a été l'acceptation désastreuse en 1991 de l'éclatement de l'ex-Yougoslavie qui a ouvert une crise sans fin où les rivalités entre Serbes, Croates, Slovènes, Bosniaques, Kosovars se sont transformées en conflits meurtriers. Comme les Serbes se trouvaient répartis sur le territoire de quatre républiques Yougoslaves, deux solutions s'offraient alors : - la première : redéfinir le contenu de la Yougoslavie en maintenant au moins une confédération, - la deuxième : régler diplomatiquement la question des frontières des Etats successeurs à travers une conférence internationale, ce qui n'a pas été fait.
L'union Européenne a reconnu unilatéralement les frontières de la Croatie puis de la Bosnie, ceci naturellement n'excuse en rien les comportements des nationalistes serbes.
Après cette brève rétrospective, je voudrais regretter, Monsieur le premier Ministre, que la représentation nationale n'ait pas été informée complètement et dans le détail du résultat des négociations de Rambouillet. Il serait intéressant que nous sachions tous où les choses en sont restées et éventuellement, à partir de documents, connaître les initiatives prises par tel ou tel membre de l'alliance.
On peut également s'interroger sur l'adéquation de la fin et des moyens. Vingt jours après le déclenchement des frappes, l'incertitude persiste quant aux prespectives de résolution du conflit et le flot de réfugiés ne cesse de grossir démesurément avec son cortège de malheurs, de souffrances, de morts. A-t-on pesé par ailleurs le risque de rejeter la Russie dans le nationalisme ?
Mais tournons-nous résolument vers l'avenir. Il est clair qu'il faut parvenir à une solution politique et, je n'hésite pas à le dire, négociée. Il faut savoir aussi ce que parler veut dire. Ceux qui assimilent Milosevic à Hitler contribuent à banaliser le nazisme et la Shoa. Ils ont surtout pour but de disqualifier toute solution politique. Ils exigent de la Serbie une capitulation sans condition, comme s'il s'agissait de l'Allemagne nazie. Gardons le sens des proportions et des réalités. On a le droit d'exiger des responsables politiques, un peu de culture historique et géographique. La question du kosovo est une question très complexe. Dans cette région coexistent certes des Albanais très majoritaires mais aussi des Serbes, des Tsiganes, des Macédoniens.
Notre but doit être de leur permettre de coexister pacifiquement à l'intérieur de la RFY.
Est-ce encore possible après les bombardements aériens et les exactions qui les ont précédés et qui les ont suivis ? Toute guerre crée un processus incontrôlable. Madame Madeleine Albright considère que les accords de Rambouillet sont caducs. Est-ce aussi la position du Gouvernement français ?
Monsieur le premier Ministre, il faut aller à l'ONU parce que l'ONU est le seul cadre légal et que c'est là que l'on peut faire intervenir la Russie qui devra garantir l'indispensable accord politique.
Quand donc la France demandera-t-elle la réunion du Conseil de Sécurité de l'ONU ?
Garantir une autonomie substantielle du kosovo au sein de la RFY n'est pas un problème simple.
Il est donc important que notre pays garde toute sa liberté d'expression et d'initiative et ne se laisse pas ligoter aujourd'hui par le Conseil Atlantique, demain par le G8 et n'arrive pas devant le Conseil de Sécurité pieds et poings liés.
Déclaration de Georges SARRE à l'Assemblée nationale, L'engrenage.
le 20 avril 1999
Il n'est pas vrai que l'intervention terrestre et l'aggravation de la guerre soient devenues inévitables comme le prétendent certains qui se travestissent rapidement en kaki. Il est temps que la raison et la mesure prennent le dessus.
Il y a une solution diplomatique et politique. L'on en connait les termes :
une autonomie substantielle du Kosovo
- une cantonalisation pour permettre le retour des réfugiés Albanais et la coexistence des Albanais et des Serbes
une force internationale de l'ONU avec des Casques Bleus russes en évitant de puiser dans les pays de l'OTAN.
Il ne suffit pas de psalmodier, de réciter la messe. Nous voulons aboutir à une solution diplomatique et politique. Vouloir et agir vont de pair.
Il faut avoir la foi. Il faut prendre des initiatives rapidement. Plus les frappes durent, plus le Kosovo risque de se vider de ses Albanais.
Il faut passer rapidement au stade diplomatique et, je n'hésite pas à le dire, il faut négocier.
L'autre alternative, l'intervention terrestre, ce serait une crise profonde en Grèce, la déstabilisation du Monténégro, le réveil des minorités magyares en Roumanie et en Voivodine, sans compter les risques d'éclatement politique à Rome et à Paris.
Ce serait un engrenage plein de périls au cur de l'Europe et des conséquences en chaines en Russie. Il serait vraiment sage de penser avant d'agir.
Je me situe dans l'héritage de Jaurès. Quand on peut atteindre ses objectifs sans recourir à la guerre, c'est toujours préférable.
Car la guerre est toujours fraiche et joyeuse au début. Daniel Cohn-Bendit peut mettre une fleur au fusil des autres, il ne sera pas le premier. Mais l'Europe a déjà fait l'amère et terrible expérience des conséquences concrètes de la guerre. Il est vraiment temps de garder la tête froide et le sens de la mesure.
(Source http://www.mdc-france.org, le 25 mars 2002)