Texte intégral
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi d'abord, au nom du gouvernement français, de féliciter le ministre Mario-Alberto FLAMARIQUE, pour son élection à la présidence de cette 88e conférence internationale du travail et pour le rôle qu'il y joue.
Permettez-moi également de remercier le Directeur Général, Juan SOMAVIA, pour ses deux rapports : pour le traditionnel rapport d'activité et, pour la première fois, pour un rapport global intitulé " votre voix au travail " qui s'inscrit dans le suivi de la Déclaration sur les droits et principes fondamentaux au travail.
Vous en avez discuté hier. Le constat de ce rapport est préoccupant, notamment sur la liberté syndicale, et cela malgré les progrès accomplis. Le gouvernement français souhaite que l'effort se poursuive afin d'affiner ce constat. Je souhaite comme l'a proposé la délégation des travailleurs que des programmes coordonnés de coopération pour la promotion de la Déclaration puissent se mettre en place.
- En matière de révision des normes, la commission de la protection de la maternité s'est engagée dans un travail important : améliorer partout dans le monde la protection de la maternité.
Sur ce sujet, je voudrais redire très clairement l'attachement du gouvernement français à la protection de la maternité au travail, symbolique du BIT car elle est l'une des plus anciennes normes internationales.
Notre convention de 1952 a besoin d'être révisée : le rôle des femmes dans la société a changé, le taux d'activité féminin a beaucoup progressé, les économies se sont transformées, les conditions de travail ont évolué. Je me félicite que le texte actuellement soumis à la discussion présente des avancées importantes par l'élargissement du champ des protections proposées. Je partage également l'objectif qu'un plus grand nombre de pays ratifie cette convention.
Mais cet objectif ne doit pas se traduire par un recul. Je pense par exemple à la répartition du congé de maternité, et les avancées dans la discussion aujourd'hui me rassurent. Nous devons donc parvenir à adopter un texte qui, tout en respectant les différences culturelles des pays membres, élargisse le champ des protections accordées aux femmes, assure un niveau de protection global au moins équivalent à celui de la convention actuelle.
Si vous le permettez, Mesdames et Messieurs, un mot de plus sur notre Organisation Internationale du Travail.
Nous avons fait vivre ensemble une institution sur le principe du tripartisme : une institution sans précédent et toujours unique.
Ella a souvent inspiré le progrès social du XXe siècle et donné des points d'appui et des objectifs partagés aux organisations des travailleurs, des employeurs et aux gouvernements.
Nous avons bâti un code international de règles de la vie au travail, qui protège, oriente l'action de tous vers un travail plus décent, plus digne.
Les mécanismes mis en place par les pères fondateurs du BIT, les rapports, les observations, la commission de la liberté syndicale ont fait progresser tous les pays.
Mais nous savons qu'il reste beaucoup à faire, alors que des menaces pèsent sur notre système :
- la mondialisation, le renforcement de la concurrence, la marchandisation des services publics,
- l'évolution technologique, qui remet en cause les certitudes et les savoirs, les diplômes, les conditions du travail.
- la fragilisation du statut et des conditions de travail de beaucoup de salariés.
Ces risques peuvent devenir des opportunités si nous le souhaitons.
Dans nos pays, nous entendons de plus en plus des appels à l'affaiblissement des règles et de l'organisation sociale, à la remise en cause des gestions paritaires, au retour au rapport inégal de l'employeur au salarié. C'est une vague de fond qui exige que nous rappelions d'où nous venons et où nous souhaitons aller ensemble.
Les lois du marché ne peuvent définir les lois de la société. Qu'on y prenne garde, car dans l'univers de la loi du plus fort , tout le monde y perd à terme, les salariés, les entreprises et aussi la démocratie.
A ce moment il faut, enrichir notre réflexion sur l'avenir, si nous voulons que nos entreprises soient plus performantes.
L'enjeu pour nous est de poursuivre la protection minimale des travailleurs, de leurs droits individuels et collectifs. Mais l'enjeu réside aussi dans l'invention de nouvelles sécurités, de nouvelles garanties protégeant les hommes mais aussi les entreprises.
La mondialisation développe des forces économiques qui peuvent échapper à la souveraineté des pays et aux normes internationales. Elles peuvent jouer entre les pays, utiliser et même créer des niches sociales, se masquer par exemple derrière les sous-traitances.
La mondialisation s'accompagne aussi d'une explosion des nouvelles technologies qui font voler en éclat des évidences ancestrales : la durée du travail, le lieu de travail, la dépendance, la solidarité.
Dans tous ces domaines la norme est essentielle, mais sera insuffisante ; il faut sans doute là aussi utiliser des moyens nouveaux tout aussi puissants que ces forces qui changent notre monde.
Pourquoi par exemple, ne pas faire appel à des personnalités respectées dans le champ social pour réfléchir au respect de règles et de méthodes éthiques qui font référence aux termes mêmes qui fondent notre OIT, réfléchir au harcèlement moral, aux risques dus aux nouvelles technologies, aux conséquences de l'allongement de la vie)?
Voilà des thèmes sur lesquels il nous faut alerter, il nous faut aussi proposer.
On attend du BIT qu'il soit le phare dans ce monde d'incertitudes. Gardons les valeurs fondamentales patiemment dégagées par nos prédécesseurs ; épousons notre temps, nous avons à construire le 21ème siècle. Il est possible de faire rimer l'avenir avec le progrès social.
Alors voulons le. C'est le message que je souhaitais porter aujourd'hui.
Je vous remercie de votre attention.
(Source http://www.travail.gouv.fr, le 22 juin 2000)
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi d'abord, au nom du gouvernement français, de féliciter le ministre Mario-Alberto FLAMARIQUE, pour son élection à la présidence de cette 88e conférence internationale du travail et pour le rôle qu'il y joue.
Permettez-moi également de remercier le Directeur Général, Juan SOMAVIA, pour ses deux rapports : pour le traditionnel rapport d'activité et, pour la première fois, pour un rapport global intitulé " votre voix au travail " qui s'inscrit dans le suivi de la Déclaration sur les droits et principes fondamentaux au travail.
Vous en avez discuté hier. Le constat de ce rapport est préoccupant, notamment sur la liberté syndicale, et cela malgré les progrès accomplis. Le gouvernement français souhaite que l'effort se poursuive afin d'affiner ce constat. Je souhaite comme l'a proposé la délégation des travailleurs que des programmes coordonnés de coopération pour la promotion de la Déclaration puissent se mettre en place.
- En matière de révision des normes, la commission de la protection de la maternité s'est engagée dans un travail important : améliorer partout dans le monde la protection de la maternité.
Sur ce sujet, je voudrais redire très clairement l'attachement du gouvernement français à la protection de la maternité au travail, symbolique du BIT car elle est l'une des plus anciennes normes internationales.
Notre convention de 1952 a besoin d'être révisée : le rôle des femmes dans la société a changé, le taux d'activité féminin a beaucoup progressé, les économies se sont transformées, les conditions de travail ont évolué. Je me félicite que le texte actuellement soumis à la discussion présente des avancées importantes par l'élargissement du champ des protections proposées. Je partage également l'objectif qu'un plus grand nombre de pays ratifie cette convention.
Mais cet objectif ne doit pas se traduire par un recul. Je pense par exemple à la répartition du congé de maternité, et les avancées dans la discussion aujourd'hui me rassurent. Nous devons donc parvenir à adopter un texte qui, tout en respectant les différences culturelles des pays membres, élargisse le champ des protections accordées aux femmes, assure un niveau de protection global au moins équivalent à celui de la convention actuelle.
Si vous le permettez, Mesdames et Messieurs, un mot de plus sur notre Organisation Internationale du Travail.
Nous avons fait vivre ensemble une institution sur le principe du tripartisme : une institution sans précédent et toujours unique.
Ella a souvent inspiré le progrès social du XXe siècle et donné des points d'appui et des objectifs partagés aux organisations des travailleurs, des employeurs et aux gouvernements.
Nous avons bâti un code international de règles de la vie au travail, qui protège, oriente l'action de tous vers un travail plus décent, plus digne.
Les mécanismes mis en place par les pères fondateurs du BIT, les rapports, les observations, la commission de la liberté syndicale ont fait progresser tous les pays.
Mais nous savons qu'il reste beaucoup à faire, alors que des menaces pèsent sur notre système :
- la mondialisation, le renforcement de la concurrence, la marchandisation des services publics,
- l'évolution technologique, qui remet en cause les certitudes et les savoirs, les diplômes, les conditions du travail.
- la fragilisation du statut et des conditions de travail de beaucoup de salariés.
Ces risques peuvent devenir des opportunités si nous le souhaitons.
Dans nos pays, nous entendons de plus en plus des appels à l'affaiblissement des règles et de l'organisation sociale, à la remise en cause des gestions paritaires, au retour au rapport inégal de l'employeur au salarié. C'est une vague de fond qui exige que nous rappelions d'où nous venons et où nous souhaitons aller ensemble.
Les lois du marché ne peuvent définir les lois de la société. Qu'on y prenne garde, car dans l'univers de la loi du plus fort , tout le monde y perd à terme, les salariés, les entreprises et aussi la démocratie.
A ce moment il faut, enrichir notre réflexion sur l'avenir, si nous voulons que nos entreprises soient plus performantes.
L'enjeu pour nous est de poursuivre la protection minimale des travailleurs, de leurs droits individuels et collectifs. Mais l'enjeu réside aussi dans l'invention de nouvelles sécurités, de nouvelles garanties protégeant les hommes mais aussi les entreprises.
La mondialisation développe des forces économiques qui peuvent échapper à la souveraineté des pays et aux normes internationales. Elles peuvent jouer entre les pays, utiliser et même créer des niches sociales, se masquer par exemple derrière les sous-traitances.
La mondialisation s'accompagne aussi d'une explosion des nouvelles technologies qui font voler en éclat des évidences ancestrales : la durée du travail, le lieu de travail, la dépendance, la solidarité.
Dans tous ces domaines la norme est essentielle, mais sera insuffisante ; il faut sans doute là aussi utiliser des moyens nouveaux tout aussi puissants que ces forces qui changent notre monde.
Pourquoi par exemple, ne pas faire appel à des personnalités respectées dans le champ social pour réfléchir au respect de règles et de méthodes éthiques qui font référence aux termes mêmes qui fondent notre OIT, réfléchir au harcèlement moral, aux risques dus aux nouvelles technologies, aux conséquences de l'allongement de la vie)?
Voilà des thèmes sur lesquels il nous faut alerter, il nous faut aussi proposer.
On attend du BIT qu'il soit le phare dans ce monde d'incertitudes. Gardons les valeurs fondamentales patiemment dégagées par nos prédécesseurs ; épousons notre temps, nous avons à construire le 21ème siècle. Il est possible de faire rimer l'avenir avec le progrès social.
Alors voulons le. C'est le message que je souhaitais porter aujourd'hui.
Je vous remercie de votre attention.
(Source http://www.travail.gouv.fr, le 22 juin 2000)