Texte intégral
Mesdames et Messieurs les ministres,
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux d'inaugurer avec vous ce "Jardin planétaire". Avant de lancer ainsi les fêtes qui salueront l'entrée de notre pays dans l'an 2000, je veux remercier M. Bernard LATARJET des paroles chaleureuses qu'il vient de prononcer.
Le Parc et la Grande Halle de la Villette, qui forment l'écrin de ce "jardin-exposition", sont des lieux remarquables où se retrouvent, pour le seul mois d'août, près de 400 000 visiteurs - de Paris et des alentours, Français et touristes étrangers, intellectuels et promeneurs du dimanche. Lieux de loisir et de culture, qui offrent à chacun un très large éventail de manifestations : cinéma et cirque, jazz et musiques du monde, cabaret et théâtre de rue. Lieux de réflexion sur notre société, avec les expositions thématiques et les rencontres des cultures urbaines. Des lieux, enfin, où s'enrichit le lien social, grâce à une association d'insertion pour les jeunes en difficulté, un atelier d'animation consacré à la petite enfance, et tous les "bals-concerts", rendez-vous populaires qui rythment l'été.
En offrant ainsi à ceux qui veulent s'y engager un espace de création, d'association et d'échanges, où s'apprend et se perfectionne un art de vivre ensemble, la Villette est exemplaire de la politique de démocratisation de la culture que Mme Catherine TRAUTMANN met en oeuvre. Cette vocation trouve aujourd'hui une nouvelle illustration à travers ce magnifique " jardin planétaire ". Je voudrais féliciter le commissaire de cette exposition, M. Gilles CLEMENT, qui a su métamorphoser l'architecture métallique de la Grande Halle en une serre luxuriante. Depuis des années, votre travail a beaucoup contribué au renouveau des jardins en France et à la réconciliation de la culture et de l'environnement. Si un public nombreux visite aujourd'hui les jardins - celui d'Albert KAHN à Paris, comme ceux de Bagatelle, Vaux le Vicomte ou Cheverny -, c'est un peu grâce à vous, dont le talent est de rendre le jardin tout à la fois populaire et artistique.
Cette exposition propose à tous une réflexion sur l'inscription de l'homme dans la nature. Une nature envisagée de façons différentes au cours des siècles, selon une progression que la démarche didactique qui est celle de ce jardin nous permet de découvrir. Conception magique et mystique de l'Egypte ancienne, des YANOMANI ou des HOPI. Puis conception positiviste, l'homme formant le projet de domestiquer des forces restées jusque-là mystérieuses. Symbole de cette conception, les jardins à la française furent pensés "comme dépendances des palais (...), la nature se trouvant ainsi transformée en une vaste demeure sous le ciel ouvert", ainsi que l'écrit HEGEL dans son Esthétique. Depuis, l'homme a transformé le monde en un vaste jardin, "une vaste demeure". Le "jardin clos" que vous nous présentez symbolise bien ce monde entièrement exploré, aux limites connues, devenu familier. C'est un jardin des sens, puisqu'on peut y entendre une fourmi marcher, y humer quelques essences devenues rares, y toucher les matières brutes du bois et de la pierre, y voir des images de notre planète. C'est aussi un jardin des sciences - histoire, anthropologie, agronomie, biologie, écologie- qui nous invite à réfléchir à notre avenir.
Ce souci de notre avenir commun est le fondement d'une nouvelle éthique. Les préceptes que vous énoncez - "Ne pas blesser la terre", "Savoir utiliser l'eau"- sont autant d'exigences du développement durable. Permettre aux générations futures de disposer des mêmes ressources que les générations présentes, c'est reformuler, à l'invitation de Hans JONAS, l'impératif catégorique kantien, pour agir "de façon que les effets de [notre] action soient compatibles avec la permanence d'une vie authentiquement humaine". S'il n'est pas question de sacraliser une nature immuable, il s'agit bien de redéfinir la place de l'homme dans un monde qui l'abrite et le nourrit. C'est en ce sens que l'écologie doit être défendue. Afin de préserver une harmonie - devenue plus fragile- entre l'homme et la nature, nos choix doivent être rigoureux, attentifs aux prodigieux progrès scientifiques de ce siècle et respectueux du principe de précaution.
Tel est l'esprit qui guide l'action du Gouvernement. La recherche d'un développement à la fois dynamique et durable inspire la politique des contrats de plan pilotée par Mme VOYNET - laquelle devrait installer cet automne la nouvelle commission de développement durable. Des réflexions nouvelles sur la législation de l'eau et des sols sont en cours, notamment parce que d'un environnement sain découle une alimentation de qualité. J'avais demandé à Laurence TUBIANA de réfléchir aux moyens de fortifier les actions internationales de la France en cette matière, notamment à travers la coopération. Elle m'a rendu hier son rapport dont les propositions, en particulier celle d'un Institut international du développement durable, seront étudiées par le Gouvernement. A la fin du mois d'octobre, M. KOURILSKY et Mme VINET me remettront un rapport sur une meilleure application du principe de précaution. Avant la cinquième Conférence sur les climats, je réunirai la commission interministérielle sur l'effet de serre et le Gouvernement arrêtera les mesures indispensables au respect des engagements pris par la France à la conférence de Buenos Aires. Enfin, je resterai très vigilant sur le niveau d'exigence des positions françaises en matière de biosécurité, en cette année où nous devons mener une réflexion législative sur la bioéthique.
Le développement durable est un développement socialement équitable : lutte contre la pauvreté et combat pour l'environnement doivent aller de pair. Pour y parvenir, il nous faut nouer de nouvelles solidarités entre les pays du Nord et ceux du Sud. L'enjeu du prochain siècle est immense : la survie de l'humanité sur la planète. Cet enjeu, nous devons le servir sans relâche, et d'abord en étant les gardiens de la biodiversité contre la logique réductrice des échanges commerciaux : notamment lors des prochaines négociations de l'Organisation Mondiale du Commerce, en plaidant avec nos partenaires de l'Union européenne en faveur d'une convention mondiale sur les forêts, en redoublant d'efforts pour réduire les émissions de gaz carbonique dans l'atmosphère. A cette fin, comme je l'ai dit en clôturant le cinquantième anniversaire de l'UICN, la France doit oeuvrer pour que la conférence dite "Rio + 10" soit celle de l'équité internationale.
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux que la célébration du passage de l'an 2000 débute ici, par cette exposition. Car la manifestation qui nous réunit me paraît préfigurer l'esprit qui sera celui de cet événement. Aussi symbolique soit-il, le passage à l'an 2000 ne doit être dominé ni par la peur, ni par l'angoisse, ni par un quelconque millénarisme. Cette étape doit être franchie avec la volonté d'avancer ensemble, d'agir pour un progrès maîtrisé, fondé sur la recherche et le partage de la connaissance. C'est dans cet esprit et dans cette perspective que le Gouvernement a demandé à Jean-Jacques AILLAGON de conduire les travaux de la Mission "2000 en France".
Le passage à l'an 2000 sera d'abord une fête, une belle fête. La création y sera à l'honneur et permettra à notre pays d'exprimer sa pleine vitalité.
Vitalité de ses artistes, tout d'abord. De la richesse de leurs créations, ces fêtes de l'an 2000 offriront de nombreux témoignages : l'ouverture des "Portes de l'an 2000" à Paris sur les Champs Elysées, comme dans de nombreuses villes de France, les Rencontres théâtrales internationales de Corse, le Musée international d'art modeste de Sète, un Concert à Caen pour 2000 guitares... De ce foisonnement d'initiatives, j'évoquerai plus particulièrement deux événements organisés autour de la Fête de la musique. Cette réussite française, devenue européenne, est l'occasion d'ouvrir exceptionnellement à toutes les musiques d'aujourd'hui une partie du boulevard périphérique de Paris. Le 21 juin 2000, "Périphérock" accueillera des concerts de jeunes artistes, de musiciens de toute l'Europe. Le même jour, dans trente villes de France, plusieurs centaines d'enfants participeront à la création d'une oeuvre musicale.
Vitalité du débat, ensuite : treize forums de l'an 2000 permettent, à travers le pays, une réflexion sur des thèmes essentiels pour l'avenir de la planète : "mondialisation et francophonie", "la justice peut-elle empêcher la guerre ?", la conquête de l'espace, les technologies des communications, l'avenir de la démocratie.
Vitalité de notre identité, enfin. A la veille de l'an 2000, confiante en elle-même, riche de ses créateurs, la France est forte du brassage des identités qu'elle recèle. Dans une société à la recherche d'un meilleur équilibre entre temps du travail et temps des loisirs, la culture ne doit pas être un luxe réservé aux plus aisés, mais une chance pour tous.
Cette fête sera une fête du partage et de la fraternité.
Nous fêterons une France fraternelle. Nous avons voulu que les Français entrent tous ensemble dans l'an 2000. Tous nos concitoyens seront invités à célébrer l'événement, là où ils le souhaitent, en profitant de la multitude de projets qui verront le jour partout en France, dans la convivialité des multiples fêtes organisées dans les régions, les villes et les quartiers. Toute la France ne passera pas d'ailleurs l'an 2000 le même jour : nos compatriotes de Wallis et Futuna seront les premiers à voir la nouvelle année et ceux des Iles Marquises - les derniers à entrer dans l'an 2000 - organiseront, avec le Festival des arts, le plus grand rassemblement de pirogues des peuples du Pacifique.
La fraternité ne connaît pas de frontières. C'est l'image d'une France ouverte que la Mission 2000 a voulu donner : ouverte sur l'Europe, sur la francophonie, sur des horizons multipliés - une course nautique du Millénaire quittera la Méditerranée pour faire le tour du monde.
Nous fêterons une France du partage : c'est le sens de la "Méridienne verte" de Paul CHEMETOV. Sous les arbres plantés le long de la référence universelle que fut en son temps le méridien de Paris, traversant 337 communes, les Français seront invités le 14 juillet 2000 au plus grand pique-nique du siècle qui s'achève.
Ce sera une fête de la jeunesse et de la modernité.
La jeunesse sera au premier rang, grâce notamment au Parlement mondial des enfants réuni à Paris au mois d'octobre prochain sous l'égide de l'UNESCO et de l'Assemblée nationale, pour adopter un Manifeste de la jeunesse pour le XXIème siècle, ou au salon du livre de Montreuil-sous-Bois où mille enfants du monde seront conviés pour évoquer leurs lectures, leur histoire, leurs rêves.
Ces fêtes seront aussi le moment d'exprimer notre vision de la modernité. Une modernité partagée, qui soit le bien commun de tous, et non le privilège de quelques-uns. Une société moderne est une société plus humaine, dont les valeurs ne sont pas soumises à la logique du profit, mais dans laquelle l'ouverture économique va de pair avec la prise en compte des droits sociaux, de la protection de l'environnement, des identités culturelles. Une société moderne est une société ouverte au progrès, notamment technologique, mais qui maîtrise rationnellement les risques qui lui sont inhérents - le Gouvernement a ainsi pris toutes les mesures nécessaires pour franchir l'an 2000 en limitant les risques du bogue. Une société moderne est une société harmonieuse, qui sait définir un nouvel équilibre entre l'homme et son milieu : c'est le propos du "Jardin planétaire". C'est aussi le projet du Gouvernement.
Mesdames et Messieurs,
A l'image de ce "jardin planétaire" que nous venons de parcourir ensemble avec tant de plaisir, je souhaite que les fêtes de l'an 2000 nous aident à nous retrouver, à reconnaître ce que nous sommes, à dégager de la gangue du quotidien les ferments de l'avenir, à travailler en permanence, ensemble, à faire de notre vieux pays un pays neuf.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr le 20/09/99)
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux d'inaugurer avec vous ce "Jardin planétaire". Avant de lancer ainsi les fêtes qui salueront l'entrée de notre pays dans l'an 2000, je veux remercier M. Bernard LATARJET des paroles chaleureuses qu'il vient de prononcer.
Le Parc et la Grande Halle de la Villette, qui forment l'écrin de ce "jardin-exposition", sont des lieux remarquables où se retrouvent, pour le seul mois d'août, près de 400 000 visiteurs - de Paris et des alentours, Français et touristes étrangers, intellectuels et promeneurs du dimanche. Lieux de loisir et de culture, qui offrent à chacun un très large éventail de manifestations : cinéma et cirque, jazz et musiques du monde, cabaret et théâtre de rue. Lieux de réflexion sur notre société, avec les expositions thématiques et les rencontres des cultures urbaines. Des lieux, enfin, où s'enrichit le lien social, grâce à une association d'insertion pour les jeunes en difficulté, un atelier d'animation consacré à la petite enfance, et tous les "bals-concerts", rendez-vous populaires qui rythment l'été.
En offrant ainsi à ceux qui veulent s'y engager un espace de création, d'association et d'échanges, où s'apprend et se perfectionne un art de vivre ensemble, la Villette est exemplaire de la politique de démocratisation de la culture que Mme Catherine TRAUTMANN met en oeuvre. Cette vocation trouve aujourd'hui une nouvelle illustration à travers ce magnifique " jardin planétaire ". Je voudrais féliciter le commissaire de cette exposition, M. Gilles CLEMENT, qui a su métamorphoser l'architecture métallique de la Grande Halle en une serre luxuriante. Depuis des années, votre travail a beaucoup contribué au renouveau des jardins en France et à la réconciliation de la culture et de l'environnement. Si un public nombreux visite aujourd'hui les jardins - celui d'Albert KAHN à Paris, comme ceux de Bagatelle, Vaux le Vicomte ou Cheverny -, c'est un peu grâce à vous, dont le talent est de rendre le jardin tout à la fois populaire et artistique.
Cette exposition propose à tous une réflexion sur l'inscription de l'homme dans la nature. Une nature envisagée de façons différentes au cours des siècles, selon une progression que la démarche didactique qui est celle de ce jardin nous permet de découvrir. Conception magique et mystique de l'Egypte ancienne, des YANOMANI ou des HOPI. Puis conception positiviste, l'homme formant le projet de domestiquer des forces restées jusque-là mystérieuses. Symbole de cette conception, les jardins à la française furent pensés "comme dépendances des palais (...), la nature se trouvant ainsi transformée en une vaste demeure sous le ciel ouvert", ainsi que l'écrit HEGEL dans son Esthétique. Depuis, l'homme a transformé le monde en un vaste jardin, "une vaste demeure". Le "jardin clos" que vous nous présentez symbolise bien ce monde entièrement exploré, aux limites connues, devenu familier. C'est un jardin des sens, puisqu'on peut y entendre une fourmi marcher, y humer quelques essences devenues rares, y toucher les matières brutes du bois et de la pierre, y voir des images de notre planète. C'est aussi un jardin des sciences - histoire, anthropologie, agronomie, biologie, écologie- qui nous invite à réfléchir à notre avenir.
Ce souci de notre avenir commun est le fondement d'une nouvelle éthique. Les préceptes que vous énoncez - "Ne pas blesser la terre", "Savoir utiliser l'eau"- sont autant d'exigences du développement durable. Permettre aux générations futures de disposer des mêmes ressources que les générations présentes, c'est reformuler, à l'invitation de Hans JONAS, l'impératif catégorique kantien, pour agir "de façon que les effets de [notre] action soient compatibles avec la permanence d'une vie authentiquement humaine". S'il n'est pas question de sacraliser une nature immuable, il s'agit bien de redéfinir la place de l'homme dans un monde qui l'abrite et le nourrit. C'est en ce sens que l'écologie doit être défendue. Afin de préserver une harmonie - devenue plus fragile- entre l'homme et la nature, nos choix doivent être rigoureux, attentifs aux prodigieux progrès scientifiques de ce siècle et respectueux du principe de précaution.
Tel est l'esprit qui guide l'action du Gouvernement. La recherche d'un développement à la fois dynamique et durable inspire la politique des contrats de plan pilotée par Mme VOYNET - laquelle devrait installer cet automne la nouvelle commission de développement durable. Des réflexions nouvelles sur la législation de l'eau et des sols sont en cours, notamment parce que d'un environnement sain découle une alimentation de qualité. J'avais demandé à Laurence TUBIANA de réfléchir aux moyens de fortifier les actions internationales de la France en cette matière, notamment à travers la coopération. Elle m'a rendu hier son rapport dont les propositions, en particulier celle d'un Institut international du développement durable, seront étudiées par le Gouvernement. A la fin du mois d'octobre, M. KOURILSKY et Mme VINET me remettront un rapport sur une meilleure application du principe de précaution. Avant la cinquième Conférence sur les climats, je réunirai la commission interministérielle sur l'effet de serre et le Gouvernement arrêtera les mesures indispensables au respect des engagements pris par la France à la conférence de Buenos Aires. Enfin, je resterai très vigilant sur le niveau d'exigence des positions françaises en matière de biosécurité, en cette année où nous devons mener une réflexion législative sur la bioéthique.
Le développement durable est un développement socialement équitable : lutte contre la pauvreté et combat pour l'environnement doivent aller de pair. Pour y parvenir, il nous faut nouer de nouvelles solidarités entre les pays du Nord et ceux du Sud. L'enjeu du prochain siècle est immense : la survie de l'humanité sur la planète. Cet enjeu, nous devons le servir sans relâche, et d'abord en étant les gardiens de la biodiversité contre la logique réductrice des échanges commerciaux : notamment lors des prochaines négociations de l'Organisation Mondiale du Commerce, en plaidant avec nos partenaires de l'Union européenne en faveur d'une convention mondiale sur les forêts, en redoublant d'efforts pour réduire les émissions de gaz carbonique dans l'atmosphère. A cette fin, comme je l'ai dit en clôturant le cinquantième anniversaire de l'UICN, la France doit oeuvrer pour que la conférence dite "Rio + 10" soit celle de l'équité internationale.
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux que la célébration du passage de l'an 2000 débute ici, par cette exposition. Car la manifestation qui nous réunit me paraît préfigurer l'esprit qui sera celui de cet événement. Aussi symbolique soit-il, le passage à l'an 2000 ne doit être dominé ni par la peur, ni par l'angoisse, ni par un quelconque millénarisme. Cette étape doit être franchie avec la volonté d'avancer ensemble, d'agir pour un progrès maîtrisé, fondé sur la recherche et le partage de la connaissance. C'est dans cet esprit et dans cette perspective que le Gouvernement a demandé à Jean-Jacques AILLAGON de conduire les travaux de la Mission "2000 en France".
Le passage à l'an 2000 sera d'abord une fête, une belle fête. La création y sera à l'honneur et permettra à notre pays d'exprimer sa pleine vitalité.
Vitalité de ses artistes, tout d'abord. De la richesse de leurs créations, ces fêtes de l'an 2000 offriront de nombreux témoignages : l'ouverture des "Portes de l'an 2000" à Paris sur les Champs Elysées, comme dans de nombreuses villes de France, les Rencontres théâtrales internationales de Corse, le Musée international d'art modeste de Sète, un Concert à Caen pour 2000 guitares... De ce foisonnement d'initiatives, j'évoquerai plus particulièrement deux événements organisés autour de la Fête de la musique. Cette réussite française, devenue européenne, est l'occasion d'ouvrir exceptionnellement à toutes les musiques d'aujourd'hui une partie du boulevard périphérique de Paris. Le 21 juin 2000, "Périphérock" accueillera des concerts de jeunes artistes, de musiciens de toute l'Europe. Le même jour, dans trente villes de France, plusieurs centaines d'enfants participeront à la création d'une oeuvre musicale.
Vitalité du débat, ensuite : treize forums de l'an 2000 permettent, à travers le pays, une réflexion sur des thèmes essentiels pour l'avenir de la planète : "mondialisation et francophonie", "la justice peut-elle empêcher la guerre ?", la conquête de l'espace, les technologies des communications, l'avenir de la démocratie.
Vitalité de notre identité, enfin. A la veille de l'an 2000, confiante en elle-même, riche de ses créateurs, la France est forte du brassage des identités qu'elle recèle. Dans une société à la recherche d'un meilleur équilibre entre temps du travail et temps des loisirs, la culture ne doit pas être un luxe réservé aux plus aisés, mais une chance pour tous.
Cette fête sera une fête du partage et de la fraternité.
Nous fêterons une France fraternelle. Nous avons voulu que les Français entrent tous ensemble dans l'an 2000. Tous nos concitoyens seront invités à célébrer l'événement, là où ils le souhaitent, en profitant de la multitude de projets qui verront le jour partout en France, dans la convivialité des multiples fêtes organisées dans les régions, les villes et les quartiers. Toute la France ne passera pas d'ailleurs l'an 2000 le même jour : nos compatriotes de Wallis et Futuna seront les premiers à voir la nouvelle année et ceux des Iles Marquises - les derniers à entrer dans l'an 2000 - organiseront, avec le Festival des arts, le plus grand rassemblement de pirogues des peuples du Pacifique.
La fraternité ne connaît pas de frontières. C'est l'image d'une France ouverte que la Mission 2000 a voulu donner : ouverte sur l'Europe, sur la francophonie, sur des horizons multipliés - une course nautique du Millénaire quittera la Méditerranée pour faire le tour du monde.
Nous fêterons une France du partage : c'est le sens de la "Méridienne verte" de Paul CHEMETOV. Sous les arbres plantés le long de la référence universelle que fut en son temps le méridien de Paris, traversant 337 communes, les Français seront invités le 14 juillet 2000 au plus grand pique-nique du siècle qui s'achève.
Ce sera une fête de la jeunesse et de la modernité.
La jeunesse sera au premier rang, grâce notamment au Parlement mondial des enfants réuni à Paris au mois d'octobre prochain sous l'égide de l'UNESCO et de l'Assemblée nationale, pour adopter un Manifeste de la jeunesse pour le XXIème siècle, ou au salon du livre de Montreuil-sous-Bois où mille enfants du monde seront conviés pour évoquer leurs lectures, leur histoire, leurs rêves.
Ces fêtes seront aussi le moment d'exprimer notre vision de la modernité. Une modernité partagée, qui soit le bien commun de tous, et non le privilège de quelques-uns. Une société moderne est une société plus humaine, dont les valeurs ne sont pas soumises à la logique du profit, mais dans laquelle l'ouverture économique va de pair avec la prise en compte des droits sociaux, de la protection de l'environnement, des identités culturelles. Une société moderne est une société ouverte au progrès, notamment technologique, mais qui maîtrise rationnellement les risques qui lui sont inhérents - le Gouvernement a ainsi pris toutes les mesures nécessaires pour franchir l'an 2000 en limitant les risques du bogue. Une société moderne est une société harmonieuse, qui sait définir un nouvel équilibre entre l'homme et son milieu : c'est le propos du "Jardin planétaire". C'est aussi le projet du Gouvernement.
Mesdames et Messieurs,
A l'image de ce "jardin planétaire" que nous venons de parcourir ensemble avec tant de plaisir, je souhaite que les fêtes de l'an 2000 nous aident à nous retrouver, à reconnaître ce que nous sommes, à dégager de la gangue du quotidien les ferments de l'avenir, à travailler en permanence, ensemble, à faire de notre vieux pays un pays neuf.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr le 20/09/99)