Texte intégral
R. Elkrief - Vous êtes sur un petit nuage depuis quelques jours, parce que vous remontez dans les sondages. Est-ce que c'est parce que vous avez donné cette fameuse gifle à ce petit garçon ou est-ce que c'est simplement parce que vous êtes plus audible et que les grands candidats ne marquent pas par leur discours ?
- "La remontée dans les sondages, c'était avant. Ce qui s'est passé depuis - cet incident très révélateur de Strasbourg - n'est pas autre chose que la consolidation, la confirmation de cette montée. En effet, vous avez dit ce qui était la clé : L. Jospin et J. Chirac ont choisi de ne rien dire sur aucun sujet, de manière à n'effrayer aucun électeur avec l'idée qu'ils passeraient entre les gouttes. C'est cela que les Français voient très bien et comprennent très bien. Autrement dit, il y a, au sein des Français, un désir de changement profond. Et je crois que ce désir de changement va s'exprimer dimanche prochain."
Si on vient à ce que vous dites, ce qui a marqué beaucoup, c'est votre intervention au meeting de l'UEM qui voulait le parti unique de la droite à Toulouse et la gifle à Strasbourg...
- "Et mon voyage à Jérusalem et à Ramallah..."
Est-ce que ce n'est pas plus de l'émotionnel que des idées quand même ?
- "Les électeurs ne votent pas seulement pour un programme écrit sur du papier glacé, mais ils votent pour un homme ou une femme, pour une personne et pour sa manière d'être. Au fond, ces événements ont peut-être révélé, à un certain nombre de Français, ce que je suis. C'est-à-dire que je ne veux pas biaiser ni ruser avec les problèmes comme ils se posent, avec les difficultés que les Français rencontrent. Je pense que maintenant, il faut les affronter, faire face, avoir une approche solide, ferme et compréhensive en même temps et avoir des solutions à long terme sur l'Europe, sur les pouvoirs locaux, sur les rendez-vous que l'Etat doit prendre avec lui-même et avec les Français."
Ce n'est pas une manière d'instrumentaliser, d'utiliser des moments un peu forts, médiatisés, et qui finalement sont une bonne pub, comme on dit ?
- "Non, je n'instrumentalise rien. Je suis seulement aussi simple que je le suis dans la vie. Je suis en face des difficultés de la France. Il y a une France - j'écoutais A. Duhamel - qui va mal. Une très grande partie de la France va mal. J'ai fait le tour de France en bus à l'automne, pendant des semaines et de semaines - et souvent sous les sourires - : je vous assure que quand on va rencontrer les Français où ils sont et où ils vivent, on découvre alors qu'ils sont, depuis des années et des années, devant des problèmes qu'on ne les aide jamais à régler. Il y a des centaines de cités dans lesquelles aucun représentant de l'Etat n'ose mettre les pieds, aucun représentant de l'autorité ou de la loi n'ose mettre les pieds."
Pendant cette campagne, ils y sont tous allés ou presque. L. Jospin a dit que, lui n'a pas reçu de lazzi et R. Hue qui était à votre place, hier, a dit qu'il était en banlieue et qu'on ne lui faisait pas les poches...
- "Vous savez pourquoi ? Parce que lorsque L. Jospin se déplace - ce qui n'est pas souvent - il est entouré de 30 gardes du corps ! C'est facile de dire : "moi, on ne me fais pas les poches"."
R. Hue a dit qu'il vivait en banlieue - lui - et qu'on ne lui faisait pas les poches non plus.
- "Demandez à tous les Français. Si vous sortez de ce studio, si vous allez sur le trottoir et si vous leur posez la question de savoir si eux se sentent exposés à ce type de choses - vols, violences, insultes, menaces ..."
Des incivilités...
- "On les appelle "incivilités" parce qu'on est poli - on est toujours poli, n'est-ce pas ? Mais la réalité, c'est que les Français sont exaspérés, désespérés et exaspérés. On tourne la page. Il s'agit dans cette élection de tourner la page sur toutes ces années où on a été impuissant et où on a fuit les problèmes, pour les affronter de face."
On change d'homme, mais est-ce qu'on change vraiment de programmes et vraiment de méthodes ?
- "On change vraiment de méthodes."
D'abord, on change les hommes, c'est ce que vous dites ?
- "Je dis qu'on change vraiment de méthodes. Au lieu d'avoir un Etat lointain et qui se fiche de tout, on a un Etat qui prend les problèmes. On ne résoudra pas tout en quelques jours ou d'un coup de baguette magique, mais on va au moins s'en occuper. Comprenez : ce que les Français voient, ce qu'ils ont sous les yeux, c'est un Etat qui ne s'en occupe pas. Ce sont des gouvernants qui ne s'en occupent pas et qui passent leur temps à dire qu'il n'y a pas de problème. Franchement, ce pays mérite, désormais, qu'on s'en occupe et qu'on s'en occupe tous ensemble, qu'on relève les manches, que les hommes de bonne volonté avancent et travaillent pour qu'on fasse peu à peu reculer les problèmes. Ce n'est pas une affaire de quelques jours. Il y a des choses très profondes qui vont mal. Cela commence par l'éducation. Vous aurez beau recruter des milliers de policiers supplémentaires, si on n'aide pas l'éducation des enfants, on échouera. Vous voyez : remettre des priorités mais, pour une fois, affronter les choses au lieu de les fuir."
Il y a aussi un deuxième tour. Vous êtes parti pour le premier tour et j'ai entendu un de vos proches - H. Morin - qui a dit : "F. Bayrou ne sera pas Premier ministre d'un Chirac réélu". Si vous faites un score honorable, qu'est-ce que vous faites de ce score ?
- "Je parlerai du deuxième tour après le premier. Parce qu'il y a des mois et des mois que les médias ou les sondages font tout pour faire croire aux Français que le premier tour est joué et qu'on va directement au deuxième. Or ce que vous venez de dire dans les informations de ce matin, c'est qu'en réalité les deux favoris qu'on annonçait comme les vainqueurs assurés du premier tour - L. Jospin en particulier - décrochent. Et ils décrochent lourdement et gravement. Cela veut dire que les Français veulent imposer, par le premier tour, le changement ou un signe de changement assez fort pour que nul ne puisse plus l'ignorer."
Concrètement, cela peut s'exprimer comment ? Encore une fois, si vous avez un score intéressant, comment cela s'exprime au deuxième tour ? Quelles conditions posez-vous ? Comment êtes-vous présent ?
- "Je m'exprimerai après le premier tour sur le deuxième. Parce que le premier tour, je vous le répète, est le tour essentiel. Alors, je ne veux pas l'éluder, le court-circuiter..."
Une indication tout de même !
- "Je ne vous donnerai aucune indication ! Ce qui vous permettra le soir du premier tour ou le lendemain du premier tour d'être tout ouïe."
Vous avez commencé des négociations sur les législatives ?
- "Il n'y aura de ma part aucune négociation avant le premier tour des élections, parce que ce serait trahir le désir de changement que les Français portent sur mon nom. J'ai un message qui est : qu'il faut changer profondément la manière dont on fait la politique française. Je ne le trahirai pas en allant négocier ou préparer des manoeuvres avant le premier tour de cette élection."
Rendez-vous donc au deuxième tour !
(source : Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 16 avril 2002)
- "La remontée dans les sondages, c'était avant. Ce qui s'est passé depuis - cet incident très révélateur de Strasbourg - n'est pas autre chose que la consolidation, la confirmation de cette montée. En effet, vous avez dit ce qui était la clé : L. Jospin et J. Chirac ont choisi de ne rien dire sur aucun sujet, de manière à n'effrayer aucun électeur avec l'idée qu'ils passeraient entre les gouttes. C'est cela que les Français voient très bien et comprennent très bien. Autrement dit, il y a, au sein des Français, un désir de changement profond. Et je crois que ce désir de changement va s'exprimer dimanche prochain."
Si on vient à ce que vous dites, ce qui a marqué beaucoup, c'est votre intervention au meeting de l'UEM qui voulait le parti unique de la droite à Toulouse et la gifle à Strasbourg...
- "Et mon voyage à Jérusalem et à Ramallah..."
Est-ce que ce n'est pas plus de l'émotionnel que des idées quand même ?
- "Les électeurs ne votent pas seulement pour un programme écrit sur du papier glacé, mais ils votent pour un homme ou une femme, pour une personne et pour sa manière d'être. Au fond, ces événements ont peut-être révélé, à un certain nombre de Français, ce que je suis. C'est-à-dire que je ne veux pas biaiser ni ruser avec les problèmes comme ils se posent, avec les difficultés que les Français rencontrent. Je pense que maintenant, il faut les affronter, faire face, avoir une approche solide, ferme et compréhensive en même temps et avoir des solutions à long terme sur l'Europe, sur les pouvoirs locaux, sur les rendez-vous que l'Etat doit prendre avec lui-même et avec les Français."
Ce n'est pas une manière d'instrumentaliser, d'utiliser des moments un peu forts, médiatisés, et qui finalement sont une bonne pub, comme on dit ?
- "Non, je n'instrumentalise rien. Je suis seulement aussi simple que je le suis dans la vie. Je suis en face des difficultés de la France. Il y a une France - j'écoutais A. Duhamel - qui va mal. Une très grande partie de la France va mal. J'ai fait le tour de France en bus à l'automne, pendant des semaines et de semaines - et souvent sous les sourires - : je vous assure que quand on va rencontrer les Français où ils sont et où ils vivent, on découvre alors qu'ils sont, depuis des années et des années, devant des problèmes qu'on ne les aide jamais à régler. Il y a des centaines de cités dans lesquelles aucun représentant de l'Etat n'ose mettre les pieds, aucun représentant de l'autorité ou de la loi n'ose mettre les pieds."
Pendant cette campagne, ils y sont tous allés ou presque. L. Jospin a dit que, lui n'a pas reçu de lazzi et R. Hue qui était à votre place, hier, a dit qu'il était en banlieue et qu'on ne lui faisait pas les poches...
- "Vous savez pourquoi ? Parce que lorsque L. Jospin se déplace - ce qui n'est pas souvent - il est entouré de 30 gardes du corps ! C'est facile de dire : "moi, on ne me fais pas les poches"."
R. Hue a dit qu'il vivait en banlieue - lui - et qu'on ne lui faisait pas les poches non plus.
- "Demandez à tous les Français. Si vous sortez de ce studio, si vous allez sur le trottoir et si vous leur posez la question de savoir si eux se sentent exposés à ce type de choses - vols, violences, insultes, menaces ..."
Des incivilités...
- "On les appelle "incivilités" parce qu'on est poli - on est toujours poli, n'est-ce pas ? Mais la réalité, c'est que les Français sont exaspérés, désespérés et exaspérés. On tourne la page. Il s'agit dans cette élection de tourner la page sur toutes ces années où on a été impuissant et où on a fuit les problèmes, pour les affronter de face."
On change d'homme, mais est-ce qu'on change vraiment de programmes et vraiment de méthodes ?
- "On change vraiment de méthodes."
D'abord, on change les hommes, c'est ce que vous dites ?
- "Je dis qu'on change vraiment de méthodes. Au lieu d'avoir un Etat lointain et qui se fiche de tout, on a un Etat qui prend les problèmes. On ne résoudra pas tout en quelques jours ou d'un coup de baguette magique, mais on va au moins s'en occuper. Comprenez : ce que les Français voient, ce qu'ils ont sous les yeux, c'est un Etat qui ne s'en occupe pas. Ce sont des gouvernants qui ne s'en occupent pas et qui passent leur temps à dire qu'il n'y a pas de problème. Franchement, ce pays mérite, désormais, qu'on s'en occupe et qu'on s'en occupe tous ensemble, qu'on relève les manches, que les hommes de bonne volonté avancent et travaillent pour qu'on fasse peu à peu reculer les problèmes. Ce n'est pas une affaire de quelques jours. Il y a des choses très profondes qui vont mal. Cela commence par l'éducation. Vous aurez beau recruter des milliers de policiers supplémentaires, si on n'aide pas l'éducation des enfants, on échouera. Vous voyez : remettre des priorités mais, pour une fois, affronter les choses au lieu de les fuir."
Il y a aussi un deuxième tour. Vous êtes parti pour le premier tour et j'ai entendu un de vos proches - H. Morin - qui a dit : "F. Bayrou ne sera pas Premier ministre d'un Chirac réélu". Si vous faites un score honorable, qu'est-ce que vous faites de ce score ?
- "Je parlerai du deuxième tour après le premier. Parce qu'il y a des mois et des mois que les médias ou les sondages font tout pour faire croire aux Français que le premier tour est joué et qu'on va directement au deuxième. Or ce que vous venez de dire dans les informations de ce matin, c'est qu'en réalité les deux favoris qu'on annonçait comme les vainqueurs assurés du premier tour - L. Jospin en particulier - décrochent. Et ils décrochent lourdement et gravement. Cela veut dire que les Français veulent imposer, par le premier tour, le changement ou un signe de changement assez fort pour que nul ne puisse plus l'ignorer."
Concrètement, cela peut s'exprimer comment ? Encore une fois, si vous avez un score intéressant, comment cela s'exprime au deuxième tour ? Quelles conditions posez-vous ? Comment êtes-vous présent ?
- "Je m'exprimerai après le premier tour sur le deuxième. Parce que le premier tour, je vous le répète, est le tour essentiel. Alors, je ne veux pas l'éluder, le court-circuiter..."
Une indication tout de même !
- "Je ne vous donnerai aucune indication ! Ce qui vous permettra le soir du premier tour ou le lendemain du premier tour d'être tout ouïe."
Vous avez commencé des négociations sur les législatives ?
- "Il n'y aura de ma part aucune négociation avant le premier tour des élections, parce que ce serait trahir le désir de changement que les Français portent sur mon nom. J'ai un message qui est : qu'il faut changer profondément la manière dont on fait la politique française. Je ne le trahirai pas en allant négocier ou préparer des manoeuvres avant le premier tour de cette élection."
Rendez-vous donc au deuxième tour !
(source : Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 16 avril 2002)