Interview de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, à l'AFP et RFI le 22 septembre 1999, sur la mise en place d'un corps de protection cicile au Kosovo intégrant les forces démilitarisées de l'UCK .

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Intervenant(s) : 

Circonstance : 54ème session de l'Assemblée générale des Nations-Unies (ONU) à New York (Etats-Unis) du 21 au 25 septembre 1999

Média : Radio France Internationale

Texte intégral

Q - Vous savez, quand je dis "vous" c'est la France, publié un communiqué à cinq aujourd'hui sur le Kosovo. Quel est le message qu'envoie ce texte, notamment le passage qui évoque la constitution du Corps de protection civile ?
R - Le message c'est que nous souhaitons et nous voulons que la mise en place de ce Corps de protection du Kosovo, qui a été créé avec notre accord et qui est un élément clé de la démilitarisation et de la transformation de l'UCK, qui était un des éléments importants et un des objectifs de la résolution 1244, nous voulons que dans la pratique, cela aille bien dans le sens de cette résolution 1244.
Nous avons rappelé, Mme Albright, M. Fischer, M. Cook, M. Dini et moi-même, nous avons rappelé quelques principes de base qui sont dans les accords d'ailleurs, cela va sans dire, mais cela va encore mieux en le disant. La vocation de ce corps est d'être chargé de la protection civile et de rien d'autre. Ce corps est placé sous l'autorité de la mission de l'ONU, ce qu'on appelle la MINUK, et de la KFOR, et il doit être ouvert à tous. C'est-à-dire pas uniquement aux membres de l'UCK, mais bien évidemment à d'autres Kosovars qui ne seraient pas membres de l'UCK, et même à des représentants des minorités présentes au Kosovo. Donc ce sont des principes qui sont nos grands principes, ceux à partir desquels nous avons mené l'action que l'on sait, au Kosovo, des principes qui fondent la résolution 1244, et c'est dans ces conditions que ce corps sera un élément majeur de l'établissement d'une société démocratique au Kosovo.
Q - En dehors des principes, pensez-vous que ce soit acceptable sur le terrain, et notamment par l'UCK ?
R - Nous avons pris acte, nous avons noté que l'accord s'est fait et les principes que je viens de rappeler sont dans les accords. Donc cela est conforme aux accords signés. Mais c'est important que tous les habitants du Kosovo sachent que les Ministres des Affaires étrangères de ces pays, qui ont joué le rôle clé que l'on sait dans la gestion de l'affaire du Kosovo, sont là, présents, amicaux mais attentifs.
Q - Vous pensez par exemple, que l'UCK peut se retrouver dans une force de protection dans l'état actuel des choses, au côté des serbes ?
R - Le recrutement sera individuel dans ce corps de protection - corps de protection civile, ce n'est pas une armée. Le recrutement sera individuel et sera d'ailleurs supervisé au sommet par la MINUK et par la KFOR, et je pense qu'il peut y avoir, et qu'il faut qu'il y ait, si on veut bâtir un Kosovo différent, des gens issus de l'UCK, d'autres de la minorité serbe, évidemment ces gens ne doivent pas avoir de sang sur les mains, ne doivent pas être responsables d'exactions, mais il y a forcément, de part et d'autre, des gens qui vont finir par comprendre qu'ils sont là pour créer ensemble un pays différent, pour sortir de la fatalité balkanique de l'engrenage de la vengeance. Voilà l'objectif de la communauté internationale et la ligne du Conseil de sécurité. Il faut tout faire dans cette direction, et nous avons voulu le souligner et le dire clairement au moment où est arrivé cet accord important.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 septembre 1999)