Texte intégral
C'est un plaisir particulier pour moi d'accueillir, aujourd'hui à Paris, le Secrétaire général de la Ligue arabe M. Amr Moussa.
C'est un homme d'expérience. La sagesse qui est la sienne, développée au fil des années, à la tête de la diplomatie égyptienne et aujourd'hui, à la Ligue arabe en fait pour nous, un interlocuteur très précieux. Nous avons procédé à un tour d'horizon des grandes questions régionales, de la situation au Proche-Orient, des perspectives en Iraq, qui nous a permis de constater de grandes convergences de vues. Tout d'abord sur un impératif essentiel, sur un souci commun que nous avons de privilégier et de développer le dialogue des cultures face à l'incompréhension, face aux malentendus, face à l'intolérance. Ce dialogue des cultures est essentiel pour permettre à nos peuples de mieux se comprendre, de mieux s'apprécier et de créer le climat propice à la recherche de la paix.
En ce qui concerne la situation au Proche-Orient, évidemment la clef est la recherche d'une solution politique fondée sur la recherche de la paix. C'est l'objectif de la diplomatie française, c'est notre impératif. Il y a aujourd'hui, une forte activité et une mobilisation diplomatique dans la région. On le voit du côté des pays arabes et nous avons salué l'action du sommet de Beyrouth et l'activité diplomatique de différents Etats.
Il y a, du côté américain une forte mobilisation. C'est le cas aussi, du côté de l'Union européenne, M. Solana est là-bas actuellement. Il y a donc aujourd'hui, une activation diplomatique à la mesure de l'inquiétude que crée la situation dans la région.
Nous voulons dire très clairement notre souci de l'arrêt des violences, d'encourager et d'avancer vers une évolution de l'Autorité palestinienne. De ce point de vue, les gestes qui sont faits aujourd'hui vont dans le bon sens, c'est à dire créer un climat de confiance et de responsabilité.
Dans la recherche d'une solution politique, il faut essayer de favoriser le dialogue par le biais d'une conférence internationale dont nous sommes d'accord pour penser qu'elle doit être soigneusement préparée, qu'elle doit faire l'objet d'un examen attentif : ses objectifs doivent être la recherche d'un statut permanent et la création d'un Etat palestinien, pour que deux Etats, Israël et l'Etat palestinien soient capables de vivre en paix et en sécurité dans la région.
Au-delà de l'objectif, il faut aussi s'entendre sur le format. Notre souhait est que l'ensemble des parties puissent être associées à cette conférence, y compris la Syrie et le Liban et que se confirme la mobilisation de l'ensemble des partenaires occidentaux. Cela donne un rôle particulier évidemment au "quartet".
Cette préparation doit faire l'objet d'une concertation très étroite. C'est pour cela que la rencontre d'aujourd'hui A une valeur particulière pour nous, car elle nous permet de mieux comprendre les positions des uns et des autres et de faire avancer cette concertation. Celle-ci doit se poursuivre au cours des prochaines semaines.
Nous avons aussi évoqué, je l'ai dit en introduction, la situation de l'Iraq pour dire notre préoccupation devant la situation des populations iraquiennes et aussi, devant l'exigence de stabilité et de sécurité dans la région. Nous souhaitons évidemment l'application des résolutions des Nations unies. Nous souhaitons dans ce cadre que le retour des inspecteurs puisse confirmer ce retour à la stabilité, qu'il crée les conditions d'une stabilisation de la région.
Q - Le président Moubarak a proposé au président Bush un plan de paix avec la création d'un Etat palestinien en prévision de l'ouverture des négociations.
La France serait-elle d'accord avec un tel plan ?
R - Il y a actuellement un certain nombre de propositions qui sont faites par les différentes parties. Je crois qu'il est très important d'avoir un examen d'ensemble de ces propositions et de s'entendre sur l'objectif qui est le nôtre. Je partage, de ce point de vue, le sentiment qu'a exprimé le Secrétaire général ce matin : c'est l'objectif d'une solution globale, l'objectif d'un statut permanent qui doit être le nôtre. A partir des différentes propositions qui existent, à partir des résultats du Sommet de Beyrouth qui constitue une étape importante dans la recherche de ces solutions, il est important que nos diplomaties se mobilisent et cherchent à faire avancer les choses. Je crois donc que cet examen doit forcément être global. Nous examinerons les initiatives des uns et des autres - nous prenons connaissance des propositions égyptiennes, mais il y a aussi d'autres propositions - à la lumière de la capacité que nous avons de faire avancer l'ensemble des projets, de faire avancer la situation dans la région pour enclencher un processus positif. L'objectif est bien la paix et je crois que chacune des parties se rend compte que l'engrenage d'aujourd'hui n'est pas susceptible d'apporter de solution. Il y a un sentiment d'insécurité, un sentiment d'instabilité qui pèse sur l'ensemble des parties et qui est profondément ressenti comme tel par chacun. L'activité diplomatique, la mobilisation diplomatique doit prendre tous ses droits. Il appartient à chacun d'entre nous de faire des propositions et d'examiner la meilleure façon de faire avancer les choses.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 juin 2002)