Interview de M. Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France, dans "Minute" du 12 juin 2002, sur les raisons de sa réélection dès le premier tour des élections législatives et sur sa décision de rester en dehors de l'UMP tout en allant dans le sens d'une rupture avec le socialisme.

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Média : 20 minutes - Minute

Texte intégral

Minute : "Vous êtes le député le mieux élu de France, avec plus de 67 % des voix. Comment analysez-vous votre résultat personnel ? Quel message lanceriez-vous à la nouvelle majorité ? Comment allez-vous organiser le MPF : allez-vous être l'aiguillon de la majorité ?
Philippe de Villiers : Ce résultat est dû à deux causes. Premièrement, la clarté des idées et la cohérence dans la durée. Deuxièmement, mes réalisations en Vendée sur le terrain. Le gouvernement est dans une situation inédite. La vague qui submerge le pays est une vague d'espoir. Cela suppose, de la part du gouvernement, beaucoup de détermination.
Si l'espoir était déçu, si les réformes n'étaient pas entreprises, notamment en matière d'immigration, de fiscalité et de sécurité, les gens auraient le sentiment d'une nouvelle trahison. Cela suppose une rupture totale avec le socialisme, politiquement, mais aussi mentalement.
Durant les quelques mois de ces vingt dernières années (de mai 1995 à juin 1997) pendant lesquels les formations de droite se sont vu confier sans partage par le peuple français la responsabilité de gouverner notre pays, nos dirigeants se sont laissés intimider par la gauche et n'ont pas osé appliquer leur programme, malgré un mandat populaire explicite.
Nous allons être l'aiguillon et la vigie. La société que nous souhaitons, c'est une société de responsabilité : responsabilité des délinquants, qui doivent assumer les conséquences de leurs actes et à qui la tolérance zéro doit être appliquée sans faiblesse ; responsabilité dans l'entreprise, entrepreneurs et salariés devant vivre des fruits de leurs efforts, et non pas d'aides multipliées à l'infini ; responsabilité à l'école, élèves et étudiants devant réaliser que le diplôme n'est pas un droit, n'en déplaise à Martine Aubry, mais le résultat d'un travail ; responsabilité des immigrés qui veulent devenir français, pour qui l'octroi de la nationalité ne peut pas être automatique, mais se mériter. La société que nous préparons, c'est une société de liberté ; liberté d'entreprendre, sans les pesanteurs démesurées de procédures administratives toujours plus contraignantes ; liberté des idées, en soulevant la chape de plomb du "politiquement correct" ; liberté de vivre selon nos habitudes et nos traditions, sans directives technocratiques, européennes ou autres, qui entravent la création et prétendent régir notre façon de nous nourrir, de nous distraire, de circuler
Je resterai à l'extérieur de l'UMP car le MPF n'a pas vocation à se fondre dans une sorte d'hyper centre.
Je ferai entendre ma voix, chaque fois que cela sera nécessaire, pour aller dans le sens d'une rupture avec le socialisme.
Je dirai notamment aux gouvernants que la liberté d'agir passe par le rapatriement du pouvoir de Bruxelles à Paris.
(source http://www.mpf-villiers.org, le 13 juin 2002)