Interview de M. Jean-Pierre Chevènement, candidat du Mouvement des citoyens à l'élection présidentielle de 2002, dans "Sud Ouest Bordeaux" le 27 février 2002, sur sa position dans les sondages, sur ses propositions en matière de politique agricole, sur le rassemblement autour de sa candidature.

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Média : Sud Ouest

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SUD-OUEST -
D'après le sondage IFOP publié hier, vous êtes crédité de 12%. Pensez-vous figurer au second tour ?
Jean-Pierre Chevènement : J'observe qu'après une intense occupation des ondes, des écrans et de éditoriaux par le duel Chirac-Jospin, dont on nous explique qu'il résumerait l'enjeu de l'élection présidentielle, non seulement je ne recule pas, mais les études d'opinion soulignent la progression de mon audience, d'ailleurs constante depuis septembre 2001.
Deux Français sur trois ne veulent pas d'un second tour Chirac-Jospin, parce que trois Français sur quatre on bien vu que leur programme était le même. Ma candidature est la seule à pouvoir sortir le pays de l'alternance du pareil au même. Et le puissant courant de sympathie qui se constitue me portera au second tour.
Il est temps de tourner la page d'un septennat d'abandon et de renvoyer dos à dos les sortants qui sont l'un et l'autre, chacun à sa manière, les acteurs du déclin.
Vous étiez hier au Salon de l'agriculture. Ne pensez-vous pas que c'est le secteur qui a le plus bénéficié de l'Europe à travers la PAC ?
La réforme de la PAC en 1992, les accords de Berlin on détruit la politique des prix rémunérateurs pour aligner les prix agricoles sur les cours mondiaux. Jacques Chirac et Lionel Jospin ont donné leur feu vert pour qu'à Doha, l'OMC accélère cet alignement dont les conséquences sont et seront catastrophiques pour notre agriculture : baisse des prix à la production, revenus de plus en plus dépendants des primes, dérive productiviste et risques sanitaires.
Je propose au contraire une politique des prix fondée sur la qualité des productions et l'organisation des marchés. C'est ainsi seulement que nous donnerons à nos agriculteurs la possibilité de vivre avec le revenu qu'ils méritent.
La gauche ne s'est-elle pas trop longtemps désintéressée des problèmes de ruralité ?
Les socialistes sont prisonniers de leur alliance avec les Verts. Il en résulte un mépris inconnu jusqu'alors pour le mode vie rural : les agriculteurs sont voués à la vindicte, les loisirs comme la chasse ou la pêche sont dénigrés. On compte actuellement une installation de jeune agriculteur pour deux départs : c'est la programmation du déclin de la ruralité.
J'ajoute que la chasse doit relever d'une réglementation adaptée aux pratiques régionales. On ne peut à la fois défendre la subsidiarité et vouloir régler à Bruxelles les dates d'ouverture de la chasse ! Et, pour ma part, j'estime que passer ses loisirs à la pêche ou à la chasse est aussi estimable que de les passer en rave-parties.
A gauche, on vous reproche de ne réunir que des soutiens de droite. Qui pourrait donc vous appuyer au second tour, si vous y figurez ?
Je serai présent au second tour, précisément parce que je suis le seul candidat à disposer d'une telle capacité de rassemblement : les communistes qui n'ont pas oublié les exigences populaires comme les gaullistes fidèles à l'héritage d'indépendance nationale, de service de l'Etat légué par le général de Gaulle. Des gens venus de la gauche de la gauche, et d'autres qui sont attachés à la souveraineté nationale. Les radicaux qui veulent faire vivre l'exigence républicaine. Tous ceux qui font passer l'intérêt public et l'intérêt national avant les considérations de partis forment la majorité de notre peuple. Ils ne veulent plus ni de l'Etat RPR ni de l'Etat PS. Je compte sur eux pour ouvrir une nouvelle page dans l'histoire de notre démocratie : celle où toutes les forces de la France seront capables de s'unir pour relever les défis de notre avenir.
(source http://www.chevenement2002.net, le 13 mars 2002)