Interview de M. Jean-François Copé, secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement et porte-parole du gouvernement, à Europe 1 le 10 juin 2002, sur le résultat du premier tour des élections législatives.

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Circonstance : Premier tour des élections législatives le 9 juin 2002

Média : Europe 1

Texte intégral

D'abord votre situation personnelle à Meaux ?
- "La situation est un assez bon reflet de ce qu'est aujourd'hui la France au plan électoral. Je me trouve en tête avec près de 44 % des voix, alors que mon adversaire socialiste, qui est la députée sortante, se retrouve avec quelque chose comme 26 %. Et il n'y a pas de triangulaire alors que j'avais été battu sur une triangulaire en 1997. Et je crois que ça montre aussi l'évolution des choses."
Franchement, pensiez-vous que la droite aurait une telle avance au soir du premier tour, avec 44-36 ?
- "J'ai appris depuis longtemps à ne plus faire de pronostics au plan électoral. Je crois que ce qu'il faut retenir de tout ça, c'est que durant notre campagne, nous en avons appelé à la cohérence. Nous avons essayé de convaincre les Français que le projet sur lequel nous avions beaucoup travaillé depuis de nombreux mois derrière le président de la République, était le meilleur possible pour redresser notre pays, tant au plan de l'autorité publique, toutes ces questions de sécurité et de justice, mais aussi au plan économique et social."
Donc vous appeliez au refus de la cohabitation.
- "A la fois, refus de la cohabitation qui est évidemment le symbole absolu de l'inaction, on l'a vu pendant ces dernières années, mais aussi et surtout l'idée que, finalement il y a un vrai choix entre une politique de gauche et une politique de droite, et que notre objectif naturellement, est de mettre maintenant en place une politique moderne dans laquelle on a un vrai message sur le rôle de l'Etat, et notamment dans le domaine de l'autorité. Et aussi un message économique et social. Il faut que chacun comprenne que, sur le plan social, personne n'a le monopole. Et j'entends un peu trop souvent tel ou tel responsable de gauche vouloir s'arroger le monopole. Tout cela est terminé, on a changé de siècle et plus personne n'est propriétaire de ce type d'idées. "
Reste quand même le deuxième tour. Appelez-vous, vous aussi, à la mobilisation de l'électorat même si ça peut vous être préjudiciable ?
- "Non, non. Un appel à la mobilisation pour le vote n'est jamais préjudiciable pour qui que ce soit. C'est d'abord à la démocratie de que l'on pense. Il faut bien sûr en appeler à la mobilisation sachant que chacun doit bien comprendre qu'aujourd'hui rien n'est fait au plan électoral. Et les Français doivent revenir voter au second tour. Sachant que nous sommes dans un esprit de satisfaction mais aussi de grande modestie. Parce que la tâche est énorme et qu'au-delà de l'effet spectaculaire du nombre de voix qui se sont portées sur nos candidats, il y a une réalité sévère aussi, c'est que beaucoup de nos concitoyens, pendant la campagne, nous ont dit : attention, vous avez maintenant une obligation de résultats, vous devez réussir. Et pour réussir, il nous faut une vraie majorité présidentielle dimanche prochain. Et donc c'est maintenant que le rendez-vous essentiel va avoir lieu et c'est pour ça qu'on en appelle à la mobilisation des Français."
C'est vrai qu'on vous a senti bien modeste hier soir devant ces résultats flatteurs pour vous et pour votre groupe. Est-ce un mot d'ordre de J.-P. Raffarin, à ses ministres : "Soyez humbles" ?
- "Oui, enfin au-delà du mot d'ordre, je crois que c'est l'état d'esprit dans lequel on est. Nous n'avons pas oublié les conditions de notre défaite il y a cinq ans ; nous n'avons pas oublié que les Français ne supportent plus l'arrogance. Nous devons avancer avec plus d'interrogations que de certitudes ; on doit passer beaucoup plus de temps à écouter et à partager, à comprendre. C'est ce qu'essaient d'expliquer ce que certains de vos confrères appellent "la génération terrain", tous ces élus que nous sommes, dans des villes difficiles, où il y a une désespérance, une fracture, une peur de l'avenir très importantes et sur lesquelles nous avons nous appris à être modestes parce que demain, l'efficacité de la politique passe par le fait d'aller aux résultats et pas simplement aux belles paroles. Alors, on va aller aux résultats ; les chantiers seront difficiles, ils exigent de l'humilité et de la détermination aussi. Nous en avons beaucoup. C'est d'ailleurs la caractéristique de cette nouvelle génération qui arrive à droite et qui a envie de faire bouger les choses avec le plus grand nombre de Français."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 12 juin 2002)