Texte intégral
Q - Monsieur le Ministre, il semble quand même que la clé de l'une des solutions pour le Proche-Orient, soit l'organisation d'élections démocratiques chez les Palestiniens. Est-ce que l'Union européenne et la France sont prêtes à les aider dans l'organisation administrative de ces élections ?
R - Nous y sommes, bien sûr, très disposés et c'est le sens de l'engagement de la France : à la fois uvrer pour que tout ce qui est aujourd'hui sur la table puisse avancer - les élections, vous l'avez mentionné, les réformes de l'Autorité palestinienne, tout ceci doit être encouragé - et nous devons également renforcer la crédibilité de l'Autorité palestinienne si nous voulons être en mesure très rapidement de créer les conditions d'un Etat palestinien à part entière, vivant en paix et en sécurité à côté d'Israël.
Mais tout ceci n'est pas suffisant. Il faut une perspective politique de paix. Si nous voulons donner de l'espoir aux pays de la région - et c'est le sens, une nouvelle fois, de ma visite dans cette région, le sens de ma visite hier au Liban, le sens de ma visite aujourd'hui en Syrie et de mon long entretien avec le président Bachar El Assad et avec le ministre des Affaires étrangères - aujourd'hui la paix doit être globale, juste et durable. Pour être globale, il faut bien sûr travailler sur le volet israélo-palestinien, mais il faut aussi travailler sur le volet libanais et sur le volet syrien. Et je repars confiant, parce que les entretiens que nous avons pu avoir montrent bien qu'il y a aujourd'hui dans cette région, à la fois conscience de l'urgence et volonté d'avancer.
Q - Et mobilisation aussi.
R - La mobilisation est très importante. Dans le monde de l'après-11 septembre, nous ne pouvons pas attendre. Si nous ne sommes pas en initiative, d'autres, mal intentionnés, exploiteront alors le vide laissé sur la scène internationale. L'urgence est là, l'initiative est un devoir. Devoir d'inquiétude pour la communauté internationale, devoir d'action et de résultat.
Q - Monsieur le Ministre, une dernière question concernant ce dossier. Il semble qu'on avait presque oublié la conférence internationale. On n'en parlait plus depuis des semaines ; aujourd'hui, vous en parlez partout où vous allez. Est-ce que vous pensez que c'est vraiment le cadre, maintenant que c'est l'urgence, que c'est vraiment cela qu'il faut précipiter aujourd'hui pour arriver à une solution ?
R - C'est indispensable. Les concertations doivent se multiplier, c'est évident. Mais la conférence internationale est aujourd'hui le seul cadre disponible permettant de réunir l'ensemble des parties, avec des termes de référence sur lesquels la communauté internationale aujourd'hui s'entend : les résolutions des Nations unies, les accords de Madrid avec le principe "la terre contre la paix". Il y a là des éléments objectifs sur lesquels tout le monde s'entend, alors pourquoi perdre du temps, pourquoi laisser les larmes, le sang, la peur prendre le dessus.
Q - C'est ce que vous allez dire aux Américains : la conférence internationale, c'est urgent ?
R - Bien sûr, je serai en Russie lundi, je verrai nos amis américains mercredi. Cette urgence là, nous en portons la conviction et nous estimons, avec l'ensemble des pays européens, qu'il y a maintenant, pour tous, le devoir de se mobiliser.
Q - Monsieur le Ministre, le ministre des Affaires étrangères syrien a dit que vous êtes tout à fait d'accord sur le fond du sujet. Il paraît que vous avez estimé qu'il y a des marges de manuvre et une vision d'avenir dans le plan américain. Avez-vous l'impression d'avoir été écouté sur ce volet par vos interlocuteurs syriens ?
R - Tout à fait. Je crois que ces conversations ont été utiles. Je crois qu'on a conscience aujourd'hui des convergences qui existent sur la scène internationale : convergences qui sont marquées par la très forte mobilisation des pays arabes depuis le début de l'année, avec le sommet arabe de Beyrouth et l'initiative de paix arabe ; convergences marquées par le Conseil européen de Séville qui, là encore, a marqué clairement les objectifs ; et par les récentes déclarations du président Bush. Mais au-delà de ces convergences, il faut se servir des complémentarités entre les différentes diplomaties. Nous sommes convaincus que la politique de sécurité, seule, ne peut pas aboutir à créer, justement, les conditions de la stabilité. Il faut, en plus, une volonté de paix, un effort politique pour une solution politique, qui est aujourd'hui indispensable. C'est dans ce contexte que nous estimons, face à l'urgence, qu'il faut des initiatives.
Q - Dans cette logique, croyez-vous les Américains capables de modifier ou de donner la précision que les Syriens demandent lorsqu'ils parlent de références. Avez-vous pu, lors de vos entretiens, convaincre vos interlocuteurs syriens, que l'on peut arriver à travailler avec les Américains sur des références vers la paix et la tenue de cette conférence tant attendue ?
R - Je crois qu'il y a un sentiment très partagé aujourd'hui sur la scène internationale, c'est l'inquiétude. Chacun voit bien la tragédie qui est celle du Proche-Orient. D'un côté Israël qui vit dans l'angoisse de l'attentat terroriste, qui perturbe et empêche la vie quotidienne, qui crée un sentiment permanent de drame ; de l'autre côté, des Palestiniens qui vivent sous le couvre-feu, sous l'occupation, qui n'ont pas d'avenir, le sentiment de ne pas avoir de lendemain possible. Tout ceci crée une urgence. Et à partir de là, je crois qu'il y a une résolution, le souci d'avancer, le souci du résultat et la complémentarité entre les différentes diplomaties peut, je crois, aujourd'hui, faire la différence
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 juillet 2002)
R - Nous y sommes, bien sûr, très disposés et c'est le sens de l'engagement de la France : à la fois uvrer pour que tout ce qui est aujourd'hui sur la table puisse avancer - les élections, vous l'avez mentionné, les réformes de l'Autorité palestinienne, tout ceci doit être encouragé - et nous devons également renforcer la crédibilité de l'Autorité palestinienne si nous voulons être en mesure très rapidement de créer les conditions d'un Etat palestinien à part entière, vivant en paix et en sécurité à côté d'Israël.
Mais tout ceci n'est pas suffisant. Il faut une perspective politique de paix. Si nous voulons donner de l'espoir aux pays de la région - et c'est le sens, une nouvelle fois, de ma visite dans cette région, le sens de ma visite hier au Liban, le sens de ma visite aujourd'hui en Syrie et de mon long entretien avec le président Bachar El Assad et avec le ministre des Affaires étrangères - aujourd'hui la paix doit être globale, juste et durable. Pour être globale, il faut bien sûr travailler sur le volet israélo-palestinien, mais il faut aussi travailler sur le volet libanais et sur le volet syrien. Et je repars confiant, parce que les entretiens que nous avons pu avoir montrent bien qu'il y a aujourd'hui dans cette région, à la fois conscience de l'urgence et volonté d'avancer.
Q - Et mobilisation aussi.
R - La mobilisation est très importante. Dans le monde de l'après-11 septembre, nous ne pouvons pas attendre. Si nous ne sommes pas en initiative, d'autres, mal intentionnés, exploiteront alors le vide laissé sur la scène internationale. L'urgence est là, l'initiative est un devoir. Devoir d'inquiétude pour la communauté internationale, devoir d'action et de résultat.
Q - Monsieur le Ministre, une dernière question concernant ce dossier. Il semble qu'on avait presque oublié la conférence internationale. On n'en parlait plus depuis des semaines ; aujourd'hui, vous en parlez partout où vous allez. Est-ce que vous pensez que c'est vraiment le cadre, maintenant que c'est l'urgence, que c'est vraiment cela qu'il faut précipiter aujourd'hui pour arriver à une solution ?
R - C'est indispensable. Les concertations doivent se multiplier, c'est évident. Mais la conférence internationale est aujourd'hui le seul cadre disponible permettant de réunir l'ensemble des parties, avec des termes de référence sur lesquels la communauté internationale aujourd'hui s'entend : les résolutions des Nations unies, les accords de Madrid avec le principe "la terre contre la paix". Il y a là des éléments objectifs sur lesquels tout le monde s'entend, alors pourquoi perdre du temps, pourquoi laisser les larmes, le sang, la peur prendre le dessus.
Q - C'est ce que vous allez dire aux Américains : la conférence internationale, c'est urgent ?
R - Bien sûr, je serai en Russie lundi, je verrai nos amis américains mercredi. Cette urgence là, nous en portons la conviction et nous estimons, avec l'ensemble des pays européens, qu'il y a maintenant, pour tous, le devoir de se mobiliser.
Q - Monsieur le Ministre, le ministre des Affaires étrangères syrien a dit que vous êtes tout à fait d'accord sur le fond du sujet. Il paraît que vous avez estimé qu'il y a des marges de manuvre et une vision d'avenir dans le plan américain. Avez-vous l'impression d'avoir été écouté sur ce volet par vos interlocuteurs syriens ?
R - Tout à fait. Je crois que ces conversations ont été utiles. Je crois qu'on a conscience aujourd'hui des convergences qui existent sur la scène internationale : convergences qui sont marquées par la très forte mobilisation des pays arabes depuis le début de l'année, avec le sommet arabe de Beyrouth et l'initiative de paix arabe ; convergences marquées par le Conseil européen de Séville qui, là encore, a marqué clairement les objectifs ; et par les récentes déclarations du président Bush. Mais au-delà de ces convergences, il faut se servir des complémentarités entre les différentes diplomaties. Nous sommes convaincus que la politique de sécurité, seule, ne peut pas aboutir à créer, justement, les conditions de la stabilité. Il faut, en plus, une volonté de paix, un effort politique pour une solution politique, qui est aujourd'hui indispensable. C'est dans ce contexte que nous estimons, face à l'urgence, qu'il faut des initiatives.
Q - Dans cette logique, croyez-vous les Américains capables de modifier ou de donner la précision que les Syriens demandent lorsqu'ils parlent de références. Avez-vous pu, lors de vos entretiens, convaincre vos interlocuteurs syriens, que l'on peut arriver à travailler avec les Américains sur des références vers la paix et la tenue de cette conférence tant attendue ?
R - Je crois qu'il y a un sentiment très partagé aujourd'hui sur la scène internationale, c'est l'inquiétude. Chacun voit bien la tragédie qui est celle du Proche-Orient. D'un côté Israël qui vit dans l'angoisse de l'attentat terroriste, qui perturbe et empêche la vie quotidienne, qui crée un sentiment permanent de drame ; de l'autre côté, des Palestiniens qui vivent sous le couvre-feu, sous l'occupation, qui n'ont pas d'avenir, le sentiment de ne pas avoir de lendemain possible. Tout ceci crée une urgence. Et à partir de là, je crois qu'il y a une résolution, le souci d'avancer, le souci du résultat et la complémentarité entre les différentes diplomaties peut, je crois, aujourd'hui, faire la différence
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 juillet 2002)