Texte intégral
Madame la Secrétaire d'Etat,
Monsieur l'Administrateur associé,
Mesdames, Messieurs,
C'est pour moi un grand honneur de représenter le gouvernement français à cette réunion qui marque en quelque sorte l'acte de naissance du groupe de travail international sur les Biens Publics Mondiaux dont la France, conjointement avec la Suède et le PNUD, a proposé la création. J'y vois une occasion exemplaire de coopération internationale, fondée sur une réflexion commune et tournée vers l'action, impliquant des acteurs de toutes sortes, du Nord comme du Sud, gouvernements, organisations internationales et société civile, dans un partenariat ambitieux pour affronter les grands défis auxquels notre monde est aujourd'hui confronté.
En cette occasion, je suis heureuse de représenter le gouvernement français tout entier, en particulier le Ministre des Affaires étrangères et le Ministre délégué à la Coopération et à la Francophonie qui sont retenus aujourd'hui à Paris par la conférence annuelle des ambassadeurs de France. Je le fais d'autant plus volontiers que la réflexion sur les biens publics mondiaux est au cur des problématiques du développement durable dont j'ai la charge. Lorsqu'il y a trois mois, le Président de la République française, M. Jacques CHIRAC, a décidé de créer un secrétariat d'Etat au développement durable dont il m'a fait l'honneur de me confier la responsabilité, il a manifesté très clairement l'importance attachée par la France aux efforts entrepris pour assurer un développement qui n'obère pas l'avenir des générations futures.
La lutte contre toutes les formes de pollution, la préservation de la biodiversité, la sécurité alimentaire, l'accès aux soins, le combat contre les grandes pandémies sont au centre de l'ordre du jour du sommet de Johannesburg. Ce sont aussi des biens publics mondiaux, tout comme la stabilité économique et financière internationale ou la diversité culturelle au sujet de laquelle le président Jacques CHIRAC présidera dans quelques jours une table ronde. Et l'on voit bien que nous ne serons pas capables d'apporter des réponses concrètes et efficaces à ces questions essentielles si nous ne le faisons pas par une approche collective et responsable qui est précisément l'approche par les biens publics mondiaux que nous voulons promouvoir.
Depuis quelques années, le concept de biens publics mondiaux, bien connu des économistes, est apparu au premier plan dans la recherche sur l'économie du développement et la réflexion sur les fondements d'une politique de coopération internationale qui soit apte à prendre en compte les enjeux complexes d'un monde profondément transformé par la mondialisation. J'ai plaisir, à ce sujet, à saluer le rôle joué dans cette évolution par le bureau des études de développement du PNUD, dirigé par Mme Inge KAUL, ici présente.
La France, pour sa part, est profondément convaincue que ce concept des biens publics mondiaux est très prometteur est très riche, non seulement de possibles développements théoriques, mais aussi et surtout d'applications concrètes en faveur du développement durable et de la lutte contre la pauvreté. Ses mérites tournent autour de quelques convictions fondamentales.
La France a d'abord la conviction que dans un monde de plus en plus globalisé, marqué par l'imbrication croissante des diverses questions à traiter, dans lequel les menaces, qu'elles soient économiques, environnementales ou sanitaires se jouent des frontières, seule une approche collective et mondiale permettra d'apporter des réponses efficaces et équitables et de garantir un avenir digne aux générations futures.
La conviction aussi que ces questions sont urgentes : la mondialisation, en effet, est porteuse de grands progrès par le développement des échanges et le partage du savoir qu'elle permet ; mais elle a aussi des effets pervers ; elle aggrave la fracture Nord-Sud, creuse l'écart entre les pays développés ou émergents et ceux qui sont trop faibles pour pouvoir tirer parti des opportunités de la mondialisation et prendre part aux actions collectives entreprises pour la maîtriser. Jamais les inégalités n'ont été aussi grandes à travers la planète au point d'être aujourd'hui non seulement une insulte à la dignité humaine mais aussi une menace pour l'avenir de l'humanité et pour la stabilité du monde. Or nous savons que sur ce point, le marché, si nécessaire et si efficace qu'il soit, ne peut apporter les correctifs indispensables à ces effets pervers.
La troisième conviction qui nous anime, c'est que ces régulations ne seront légitimes que si elles sont édictées par des enceintes représentatives et selon des modalités démocratiques et équitables. Cela suppose une nouvelle approche de la gouvernance mondiale dans laquelle le concept de biens publics mondiaux prend tout son sens : de même qu'au niveau national, il est de la responsabilité des pouvoirs publics d'assurer la prévalence de l'intérêt général en édictant les normes requises, en garantissant leur respect et en apportant les financements nécessaires aux biens publics nationaux, de même il faudra bien que la communauté internationale se donne les moyens légitimes d'assurer la production, la gestion, l'allocation et la préservation des biens publics mondiaux.
Une telle approche m'amène à mettre en avant une dernière conviction qui est au cur d'une certaine conception de l'Homme que la France fait sienne. L'humanité est une. L'avenir des uns et des autres est lié. Notre devenir sera commun. Les malheurs des uns font la menace sur les autres. Il nous faut assurer la contrepartie positive de cette communauté de destin en faisant en sorte que les progrès des uns soient aussi ceux des autres. Voilà pourquoi il est urgent, comme le disait le président Jacques Chirac à Monterrey, de faire en sorte que la mondialisation soit aussi celle de la solidarité. Or quelle approche pourrait, mieux que celle des Biens Publics Mondiaux, prendre en compte cet intérêt général mondial ?
Nous savons certes que cette approche se heurte encore à de nombreux obstacles, à des critiques parfois sévères, à un fort scepticisme. De nombreuses questions se posent : en quoi le concept de biens publics mondiaux est-il réellement novateur ? comment peut-il s'articuler avec le marché ? quelles conséquences pratiques peut-on en tirer pour l'action ? comment répondra-t-on à l'inquiétude souvent exprimée au Sud de voir le financement des biens publics mondiaux se faire au détriment de l'aide publique au développement ?
Voilà pourquoi il est important que nous approfondissions ensemble la réflexion sur les biens publics mondiaux. Il nous faut répondre au scepticisme en emportant l'adhésion d'un nombre toujours croissant de partenaires . Pour cela il nous faut étudier l'applicabilité concrète du concept, rechercher quels moyens efficaces et réalistes peuvent être proposés pour améliorer la production, le financement et la gestion des biens publics mondiaux. Il nous faut aussi réaffirmer avec force que le financement des biens publics mondiaux ne doit pas se substituer à l'aide publique au développement mais, au contraire, venir en addition à celle-ci. Il nous faut mobiliser les compétences et les expériences, en organisant des débats, en favorisant les échanges d'idées, en mettant à contribution les milieux de la recherche comme les entreprises ou les organisations de solidarité internationale. Il nous faut réfléchir à une liste commune de biens publics mondiaux qui relèvent d'une approche collective. Tel est l'objet du groupe de travail international dont nous proposons la création.
Dans cette entreprise, nous devrons garder à l'esprit quelques principes fondamentaux : en premier lieu il conviendra d'aborder ces travaux dans un esprit ouvert, dénué de tout a priori, exempt de toute approche idéologique. En second lieu, nous devrons veiller à passer du stade des recherches théoriques à celui des applications concrètes et donc des propositions politiques. Enfin, ce travail de réflexion et de proposition devra être l'occasion d'un véritable partenariat Nord-Sud.
La tâche est immense. Elle est passionnante aussi car elle ouvre des perspectives nouvelles. Elle est exaltante enfin car nous avons la conviction qu'elle peut apporter de réels progrès à la condition de l'humanité et préparer un meilleur avenir à nos enfants. Voilà pourquoi la France est fière d'être, avec ses partenaires suédois et du PNUD à qui je voudrais dire ma gratitude pour leur enthousiasme pour ce projet, avec le soutien de plusieurs pays, notamment l'Afrique du Sud qui nous accueille si bien ici, le Mexique qui nous a récemment accueillis à Monterrey, le Mali et l'Inde que je voudrais remercier pour leur soutien, à l'origine de cette initiative.
Dans sa tâche, le groupe de travail international sur les biens publics mondiaux aura besoin de notre soutien, de votre soutien, pour son fonctionnement, ses activités, ses réflexions. La France assumera ses responsabilités. Elle a déjà prévu une importante contribution au fonctionnement du groupe de travail, qui sera inscrite au budget du ministère des affaires étrangères et qui comportera la mise à disposition d'un expert auprès du secrétariat et une dotation pour contribuer à financer la participation de pays du Sud aux travaux.
Mais il nous faut aller plus loin. C'est le soutien qui sera apporté à cette initiative qui lui permettra de porter tous ses fruits en faveur de la réduction de la pauvreté et du développement durable au bénéfice de tous.
Je vous remercie de votre attention.
(source http://www.johannesbourg.environnement.gouv.fr, le 5 septembre 2002)
Monsieur l'Administrateur associé,
Mesdames, Messieurs,
C'est pour moi un grand honneur de représenter le gouvernement français à cette réunion qui marque en quelque sorte l'acte de naissance du groupe de travail international sur les Biens Publics Mondiaux dont la France, conjointement avec la Suède et le PNUD, a proposé la création. J'y vois une occasion exemplaire de coopération internationale, fondée sur une réflexion commune et tournée vers l'action, impliquant des acteurs de toutes sortes, du Nord comme du Sud, gouvernements, organisations internationales et société civile, dans un partenariat ambitieux pour affronter les grands défis auxquels notre monde est aujourd'hui confronté.
En cette occasion, je suis heureuse de représenter le gouvernement français tout entier, en particulier le Ministre des Affaires étrangères et le Ministre délégué à la Coopération et à la Francophonie qui sont retenus aujourd'hui à Paris par la conférence annuelle des ambassadeurs de France. Je le fais d'autant plus volontiers que la réflexion sur les biens publics mondiaux est au cur des problématiques du développement durable dont j'ai la charge. Lorsqu'il y a trois mois, le Président de la République française, M. Jacques CHIRAC, a décidé de créer un secrétariat d'Etat au développement durable dont il m'a fait l'honneur de me confier la responsabilité, il a manifesté très clairement l'importance attachée par la France aux efforts entrepris pour assurer un développement qui n'obère pas l'avenir des générations futures.
La lutte contre toutes les formes de pollution, la préservation de la biodiversité, la sécurité alimentaire, l'accès aux soins, le combat contre les grandes pandémies sont au centre de l'ordre du jour du sommet de Johannesburg. Ce sont aussi des biens publics mondiaux, tout comme la stabilité économique et financière internationale ou la diversité culturelle au sujet de laquelle le président Jacques CHIRAC présidera dans quelques jours une table ronde. Et l'on voit bien que nous ne serons pas capables d'apporter des réponses concrètes et efficaces à ces questions essentielles si nous ne le faisons pas par une approche collective et responsable qui est précisément l'approche par les biens publics mondiaux que nous voulons promouvoir.
Depuis quelques années, le concept de biens publics mondiaux, bien connu des économistes, est apparu au premier plan dans la recherche sur l'économie du développement et la réflexion sur les fondements d'une politique de coopération internationale qui soit apte à prendre en compte les enjeux complexes d'un monde profondément transformé par la mondialisation. J'ai plaisir, à ce sujet, à saluer le rôle joué dans cette évolution par le bureau des études de développement du PNUD, dirigé par Mme Inge KAUL, ici présente.
La France, pour sa part, est profondément convaincue que ce concept des biens publics mondiaux est très prometteur est très riche, non seulement de possibles développements théoriques, mais aussi et surtout d'applications concrètes en faveur du développement durable et de la lutte contre la pauvreté. Ses mérites tournent autour de quelques convictions fondamentales.
La France a d'abord la conviction que dans un monde de plus en plus globalisé, marqué par l'imbrication croissante des diverses questions à traiter, dans lequel les menaces, qu'elles soient économiques, environnementales ou sanitaires se jouent des frontières, seule une approche collective et mondiale permettra d'apporter des réponses efficaces et équitables et de garantir un avenir digne aux générations futures.
La conviction aussi que ces questions sont urgentes : la mondialisation, en effet, est porteuse de grands progrès par le développement des échanges et le partage du savoir qu'elle permet ; mais elle a aussi des effets pervers ; elle aggrave la fracture Nord-Sud, creuse l'écart entre les pays développés ou émergents et ceux qui sont trop faibles pour pouvoir tirer parti des opportunités de la mondialisation et prendre part aux actions collectives entreprises pour la maîtriser. Jamais les inégalités n'ont été aussi grandes à travers la planète au point d'être aujourd'hui non seulement une insulte à la dignité humaine mais aussi une menace pour l'avenir de l'humanité et pour la stabilité du monde. Or nous savons que sur ce point, le marché, si nécessaire et si efficace qu'il soit, ne peut apporter les correctifs indispensables à ces effets pervers.
La troisième conviction qui nous anime, c'est que ces régulations ne seront légitimes que si elles sont édictées par des enceintes représentatives et selon des modalités démocratiques et équitables. Cela suppose une nouvelle approche de la gouvernance mondiale dans laquelle le concept de biens publics mondiaux prend tout son sens : de même qu'au niveau national, il est de la responsabilité des pouvoirs publics d'assurer la prévalence de l'intérêt général en édictant les normes requises, en garantissant leur respect et en apportant les financements nécessaires aux biens publics nationaux, de même il faudra bien que la communauté internationale se donne les moyens légitimes d'assurer la production, la gestion, l'allocation et la préservation des biens publics mondiaux.
Une telle approche m'amène à mettre en avant une dernière conviction qui est au cur d'une certaine conception de l'Homme que la France fait sienne. L'humanité est une. L'avenir des uns et des autres est lié. Notre devenir sera commun. Les malheurs des uns font la menace sur les autres. Il nous faut assurer la contrepartie positive de cette communauté de destin en faisant en sorte que les progrès des uns soient aussi ceux des autres. Voilà pourquoi il est urgent, comme le disait le président Jacques Chirac à Monterrey, de faire en sorte que la mondialisation soit aussi celle de la solidarité. Or quelle approche pourrait, mieux que celle des Biens Publics Mondiaux, prendre en compte cet intérêt général mondial ?
Nous savons certes que cette approche se heurte encore à de nombreux obstacles, à des critiques parfois sévères, à un fort scepticisme. De nombreuses questions se posent : en quoi le concept de biens publics mondiaux est-il réellement novateur ? comment peut-il s'articuler avec le marché ? quelles conséquences pratiques peut-on en tirer pour l'action ? comment répondra-t-on à l'inquiétude souvent exprimée au Sud de voir le financement des biens publics mondiaux se faire au détriment de l'aide publique au développement ?
Voilà pourquoi il est important que nous approfondissions ensemble la réflexion sur les biens publics mondiaux. Il nous faut répondre au scepticisme en emportant l'adhésion d'un nombre toujours croissant de partenaires . Pour cela il nous faut étudier l'applicabilité concrète du concept, rechercher quels moyens efficaces et réalistes peuvent être proposés pour améliorer la production, le financement et la gestion des biens publics mondiaux. Il nous faut aussi réaffirmer avec force que le financement des biens publics mondiaux ne doit pas se substituer à l'aide publique au développement mais, au contraire, venir en addition à celle-ci. Il nous faut mobiliser les compétences et les expériences, en organisant des débats, en favorisant les échanges d'idées, en mettant à contribution les milieux de la recherche comme les entreprises ou les organisations de solidarité internationale. Il nous faut réfléchir à une liste commune de biens publics mondiaux qui relèvent d'une approche collective. Tel est l'objet du groupe de travail international dont nous proposons la création.
Dans cette entreprise, nous devrons garder à l'esprit quelques principes fondamentaux : en premier lieu il conviendra d'aborder ces travaux dans un esprit ouvert, dénué de tout a priori, exempt de toute approche idéologique. En second lieu, nous devrons veiller à passer du stade des recherches théoriques à celui des applications concrètes et donc des propositions politiques. Enfin, ce travail de réflexion et de proposition devra être l'occasion d'un véritable partenariat Nord-Sud.
La tâche est immense. Elle est passionnante aussi car elle ouvre des perspectives nouvelles. Elle est exaltante enfin car nous avons la conviction qu'elle peut apporter de réels progrès à la condition de l'humanité et préparer un meilleur avenir à nos enfants. Voilà pourquoi la France est fière d'être, avec ses partenaires suédois et du PNUD à qui je voudrais dire ma gratitude pour leur enthousiasme pour ce projet, avec le soutien de plusieurs pays, notamment l'Afrique du Sud qui nous accueille si bien ici, le Mexique qui nous a récemment accueillis à Monterrey, le Mali et l'Inde que je voudrais remercier pour leur soutien, à l'origine de cette initiative.
Dans sa tâche, le groupe de travail international sur les biens publics mondiaux aura besoin de notre soutien, de votre soutien, pour son fonctionnement, ses activités, ses réflexions. La France assumera ses responsabilités. Elle a déjà prévu une importante contribution au fonctionnement du groupe de travail, qui sera inscrite au budget du ministère des affaires étrangères et qui comportera la mise à disposition d'un expert auprès du secrétariat et une dotation pour contribuer à financer la participation de pays du Sud aux travaux.
Mais il nous faut aller plus loin. C'est le soutien qui sera apporté à cette initiative qui lui permettra de porter tous ses fruits en faveur de la réduction de la pauvreté et du développement durable au bénéfice de tous.
Je vous remercie de votre attention.
(source http://www.johannesbourg.environnement.gouv.fr, le 5 septembre 2002)