Interview de Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de l'écologie et du développement durable, dans "La Tribune" du 29 novembre 2002, sur l'implication des entreprises dans la politique du développement durable et de la lutte contre l'effet de serre.

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Média : La Tribune

Texte intégral

Q - L'un des six axes majeurs de la stratégie nationale du gouvernement en matière de développement durable concerne l'activité économique. Comment convaincre les entreprises de s'engager dans ce domaine ?
R - Il n'est pas possible de défendre une vision environnementaliste excluant l'entreprise, comme le faisaient mes prédécesseurs. Il faut au contraire un cadre général favorisant la responsabilisation des acteurs. Ce qui signifie en premier lieu que toutes les entreprises sont concernées par le développement durable. Nous allons chercher à valoriser rapidement les meilleures pratiques en réalisant, par exemple, un premier bilan des rapports sociaux et environnementaux publiés par les sociétés cotées, conformément aux obligations de la récente loi NRE. Dans la même logique, nous défendons l'idée d'une responsabilité environnementale et sociale des entreprises, et nous souhaitons que cette vision soit adoptée par d'autres Etats, en particulier sur le plan européen. A terme, la France travaillera à l'adoption d'une convention internationale fixant des normes minimales applicables par les entreprises, quel que soit le pays où elles opèrent.
Q - Au sujet des PME, quelles mesures spécifiques envisagez-vous ?
R - Le développement durable n'est pas un produit de luxe réservé aux grandes entreprises ! Les PME sont concernées par la même tendance de fond. Pour les aider, les Drire (Directions régionales de l'Industrie, de la Recherche et de l'Environnement) ont un rôle important à jouer, tout comme les chambres consulaires ou les fédérations professionnelles. Par le biais des Drire, l'Etat peut notamment favoriser la réalisation de diagnostics environnementaux au sein des entreprises, ou inciter ces dernières à opter pour des technologies plus propres.
Q - En matière économique, quelles autres directions sont privilégiées par le gouvernement ?
R - Pour nous, toute l'entreprise est concernée par le développement durable. En d'autres termes, nous croyons que le management environnemental et la certification, du type ISO 14001, procurent un avantage compétitif aux entreprises, et non un handicap. Nous voulons donc participer au travail d'harmonisation internationale dans ce domaine, afin que les règles soient les mêmes pour tous.
Q - La lutte contre l'effet de serre figurera-t-elle dans la stratégie nationale ?
R - Bien sûr, une attention toute particulière concerne la question de l'énergie et du changement climatique. Face à ce problème majeur, je partage les convictions de mon confrère ministre de l'Economie et des Finances, Francis Mer. Celui-ci a notamment déclaré lors du séminaire que nous allions être contraints de modifier radicalement nos modèles de développement actuels, sinon nous irions dans le mur ! Une telle évolution suppose des ruptures technologiques majeures des modes de production et de consommation énergétiques.
Q - Que prévoit le gouvernement ?
R - Nous allons tout d'abord lancer un débat national sur l'énergie au premier semestre 2003, avant de définir les choix de la France pour l'avenir. Par ailleurs, les grandes entreprises sont en train de préparer des engagements volontaires de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre. Nous évaluerons dans trois ans les progrès réalisés par les industriels et nous en tirerons les conséquences.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 décembre 2002)