Texte intégral
Q - Au moment de la diffusion de notre entretien, vous serez dans l'avion du retour vers Paris, la journée de New York a été longue, qu'a-t-elle apporté de plus neuf et de plus fort pour vous ?
R - Cela a été une bonne réunion, parce qu'elle a permis au secrétaire d'Etat américain, d'indiquer un certain nombre de suspicions, d'indices, de témoignages, sur la situation de l'Iraq et à l'ensemble du Conseil de sécurité, d'exiger de la part de l'Iraq des réponses claires.
Q - La démonstration de Colin Powell contenait-elle, pour vous, des révélations surprenantes ?
R - Non, cette présentation n'apportait pas de surprise majeure, ni de preuves formelles, d'ailleurs le secrétaire d'Etat américain l'avait dit précédemment, clairement. Ce qui est important, c'est d'essayer de préciser les incertitudes, de préciser les risques et, pour cela, les inspecteurs sont sur place, sur le terrain, dirigés par M. Blix et M. El Baradeï, qui sont à la fois l'il et la main du Conseil de sécurité et qui doivent apprécier la réalité des faits. Il s'agissait donc, pour le Conseil de sécurité, d'entendre le secrétaire d'Etat américain préciser la nature des inquiétudes qui sont les siennes et, à partir de là, de permettre aux inspecteurs d'être plus efficaces sur le terrain.
Q - A New York, où vous êtes encore, vous avez, une nouvelle fois, dénoncé des zones d'ombres chez les Iraquiens et exprimé, je vous cite : "des présomptions significatives et des préoccupations sur les armes biologiques, chimiques et sur le nucléaire". Est-ce que l'Iraq reste, ce matin encore, une menace ?
R - Il y a un risque iraquien et nous attendons que l'Iraq apporte des réponses claires sur le fond et, en particulier, sur le dossier des armes chimiques et sur les armes biologiques ; il est important que l'Iraq accepte et se plie aux demandes de la communauté internationale, qu'il s'agisse des scientifiques qui doivent pouvoir être interrogés sans témoin, qu'il s'agisse encore des avions U2, qui doivent pouvoir survoler le territoire iraquien, de façon à ce que la communauté internationale ait toutes les informations dont elle a besoin. Mais ces réponses ne sont pas suffisantes. Nous pensons qu'il faut aujourd'hui un renforcement du régime des inspections, - c'est la nouvelle étape dans laquelle nous entrons -, initiative que la France a prise et a proposée ce matin, au Conseil de sécurité.
Q - Vous avez, par exemple, proposé de multiplier par deux ou trois les inspecteurs et les contrôleurs sur place des sites iraquiens, d'utiliser, d'échanger les renseignements, d'utiliser des Mirage 4 d'observation, mais comment les inspecteurs de l'ONU, Dominique de Villepin, peuvent-ils enquêter avec efficacité si Saddam Hussein continue de considérer tout savant ou expert iraquien qui parle, comme un traître à son pays ?
R - Il y a une détermination de la communauté internationale : la communauté a fait un choix, qui est de défendre la voie des inspections. Nous avons adressé ce message, depuis le premier jour, à Saddam Hussein, et nous avons fait des progrès dans ce domaine, en particulier, M. El Baradeï l'a dit clairement, dans le domaine nucléaire. Il reste encore des zones d'ombres, dans le domaine balistique, dans le domaine chimique, dans le domaine biologique, et nous voulons que les inspecteurs puissent avoir, véritablement, tous les moyens d'obtenir les informations qui nous permettront d'atteindre l'objectif de la communauté internationale, c'est-à-dire le désarmement de l'Iraq.
Q - Le Conseil de sécurité a-t-il ou va-t-il retenir vos propositions ?
R - Nous en avons parlé lors du déjeuner, avec l'ensemble des membres du Conseil de sécurité, avec les inspecteurs. Vous le savez, ils retournent sur place, ils seront le 8 à Bagdad et apprécieront alors quels sont les moyens dont ils ont véritablement besoin. Nous appuierons toutes leurs demandes et nous aurons l'occasion d'examiner leur rapport le 14 février devant le Conseil de sécurité puisqu'une nouvelle fois ils feront un rapport d'étape.
Q - Cela veut-il dire que les jours qui viennent, les quinze jours qui viennent, seront décisifs ?
R - Ces jours sont importants parce que nous voulons plus de coopération active de la part de l'Iraq, nous sommes mobilisés dans ce sens et en même temps, nous sommes convaincus qu'il y a, là, la possibilité entre des inspections qui ne sont pas suffisamment efficaces et l'intervention militaire, de trouver une autre voie, une voie où la communauté internationale tout entière est unie pour faire avancer, efficacement, les inspections sur place.
Q - Est-ce que vous demandez à Saddam Hussein de satisfaire sans délai, il paraît que vous l'avez dit, aux exigences de MM. Blix et El Baradeï, c'est-à-dire combien de temps pourra-t-il faire le sourd ?
R - Tout à fait. Nous demandons à Saddam Hussein de répondre rapidement aux demandes de la communauté internationale. Vous savez, la résolution 1441 est une bonne résolution, elle ne prévoit pas de date butoir. Mais que dit-elle ? Elle dit que les inspections doivent permettre d'arriver au désarmement de l'Iraq. Il faut donc faire en sorte qu'elles puissent être, tous les jours, davantage plus efficaces. Tant que les inspections font des progrès, il faut poursuivre. Le jour où nous serons dans l'impasse, il faudra alors que le Conseil de sécurité, sur la base du rapport des inspecteurs, puisse évaluer les choses.
Q - Avec une deuxième résolution ?
R - Avec une deuxième résolution, nous ne sommes pas aujourd'hui dans ce temps-là, nous sommes dans le temps des inspections, mais si les inspecteurs devaient avoir le sentiment que leur travail sur le terrain est dans l'impasse, alors, il faudra bien évidemment que le Conseil de sécurité puisse être saisi. Nous l'avons dit depuis le départ, il ne peut pas y avoir d'automaticité du recours à la force.
Q - Mais, est-ce que vous dites : la France retient toutes les options y compris le recours à la force, même si vous l'avez dit, on l'avait peut-être oublié, cela redevient nouveau. Est-ce que vous le confirmez ?
R - La France l'a toujours dit : nous avons une position constante, une position de fermeté vis-à-vis de l'Iraq, nous le disons, la force ne peut être qu'un dernier recours, mais nous n'excluons aucune possibilité, y compris bien sûr donc le recours à la force, mais c'est en dernière extrémité, et c'est pour cela qu'il est si important que la communauté internationale soit mobilisée pour essayer de trouver, par le biais des inspections, une réponse. Nous sommes heureux de voir que ces inspections, sur le terrain, peuvent aujourd'hui continuer d'être efficaces.
Q - Est-ce qu'il vous semble qu'à New York, la France est isolée et minoritaire, comme on l'a dit à la Maison Blanche, aujourd'hui ?
R - Je pense que c'est exactement l'inverse, aujourd'hui, il y a une large majorité du Conseil de sécurité qui souhaite poursuivre dans la voie des inspections, et je crois que la position et les propositions de la France sont bien accueillies : tout le monde souhaite pouvoir conférer aux Nations unies le rôle central qui leur appartient.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 février 2003)
R - Cela a été une bonne réunion, parce qu'elle a permis au secrétaire d'Etat américain, d'indiquer un certain nombre de suspicions, d'indices, de témoignages, sur la situation de l'Iraq et à l'ensemble du Conseil de sécurité, d'exiger de la part de l'Iraq des réponses claires.
Q - La démonstration de Colin Powell contenait-elle, pour vous, des révélations surprenantes ?
R - Non, cette présentation n'apportait pas de surprise majeure, ni de preuves formelles, d'ailleurs le secrétaire d'Etat américain l'avait dit précédemment, clairement. Ce qui est important, c'est d'essayer de préciser les incertitudes, de préciser les risques et, pour cela, les inspecteurs sont sur place, sur le terrain, dirigés par M. Blix et M. El Baradeï, qui sont à la fois l'il et la main du Conseil de sécurité et qui doivent apprécier la réalité des faits. Il s'agissait donc, pour le Conseil de sécurité, d'entendre le secrétaire d'Etat américain préciser la nature des inquiétudes qui sont les siennes et, à partir de là, de permettre aux inspecteurs d'être plus efficaces sur le terrain.
Q - A New York, où vous êtes encore, vous avez, une nouvelle fois, dénoncé des zones d'ombres chez les Iraquiens et exprimé, je vous cite : "des présomptions significatives et des préoccupations sur les armes biologiques, chimiques et sur le nucléaire". Est-ce que l'Iraq reste, ce matin encore, une menace ?
R - Il y a un risque iraquien et nous attendons que l'Iraq apporte des réponses claires sur le fond et, en particulier, sur le dossier des armes chimiques et sur les armes biologiques ; il est important que l'Iraq accepte et se plie aux demandes de la communauté internationale, qu'il s'agisse des scientifiques qui doivent pouvoir être interrogés sans témoin, qu'il s'agisse encore des avions U2, qui doivent pouvoir survoler le territoire iraquien, de façon à ce que la communauté internationale ait toutes les informations dont elle a besoin. Mais ces réponses ne sont pas suffisantes. Nous pensons qu'il faut aujourd'hui un renforcement du régime des inspections, - c'est la nouvelle étape dans laquelle nous entrons -, initiative que la France a prise et a proposée ce matin, au Conseil de sécurité.
Q - Vous avez, par exemple, proposé de multiplier par deux ou trois les inspecteurs et les contrôleurs sur place des sites iraquiens, d'utiliser, d'échanger les renseignements, d'utiliser des Mirage 4 d'observation, mais comment les inspecteurs de l'ONU, Dominique de Villepin, peuvent-ils enquêter avec efficacité si Saddam Hussein continue de considérer tout savant ou expert iraquien qui parle, comme un traître à son pays ?
R - Il y a une détermination de la communauté internationale : la communauté a fait un choix, qui est de défendre la voie des inspections. Nous avons adressé ce message, depuis le premier jour, à Saddam Hussein, et nous avons fait des progrès dans ce domaine, en particulier, M. El Baradeï l'a dit clairement, dans le domaine nucléaire. Il reste encore des zones d'ombres, dans le domaine balistique, dans le domaine chimique, dans le domaine biologique, et nous voulons que les inspecteurs puissent avoir, véritablement, tous les moyens d'obtenir les informations qui nous permettront d'atteindre l'objectif de la communauté internationale, c'est-à-dire le désarmement de l'Iraq.
Q - Le Conseil de sécurité a-t-il ou va-t-il retenir vos propositions ?
R - Nous en avons parlé lors du déjeuner, avec l'ensemble des membres du Conseil de sécurité, avec les inspecteurs. Vous le savez, ils retournent sur place, ils seront le 8 à Bagdad et apprécieront alors quels sont les moyens dont ils ont véritablement besoin. Nous appuierons toutes leurs demandes et nous aurons l'occasion d'examiner leur rapport le 14 février devant le Conseil de sécurité puisqu'une nouvelle fois ils feront un rapport d'étape.
Q - Cela veut-il dire que les jours qui viennent, les quinze jours qui viennent, seront décisifs ?
R - Ces jours sont importants parce que nous voulons plus de coopération active de la part de l'Iraq, nous sommes mobilisés dans ce sens et en même temps, nous sommes convaincus qu'il y a, là, la possibilité entre des inspections qui ne sont pas suffisamment efficaces et l'intervention militaire, de trouver une autre voie, une voie où la communauté internationale tout entière est unie pour faire avancer, efficacement, les inspections sur place.
Q - Est-ce que vous demandez à Saddam Hussein de satisfaire sans délai, il paraît que vous l'avez dit, aux exigences de MM. Blix et El Baradeï, c'est-à-dire combien de temps pourra-t-il faire le sourd ?
R - Tout à fait. Nous demandons à Saddam Hussein de répondre rapidement aux demandes de la communauté internationale. Vous savez, la résolution 1441 est une bonne résolution, elle ne prévoit pas de date butoir. Mais que dit-elle ? Elle dit que les inspections doivent permettre d'arriver au désarmement de l'Iraq. Il faut donc faire en sorte qu'elles puissent être, tous les jours, davantage plus efficaces. Tant que les inspections font des progrès, il faut poursuivre. Le jour où nous serons dans l'impasse, il faudra alors que le Conseil de sécurité, sur la base du rapport des inspecteurs, puisse évaluer les choses.
Q - Avec une deuxième résolution ?
R - Avec une deuxième résolution, nous ne sommes pas aujourd'hui dans ce temps-là, nous sommes dans le temps des inspections, mais si les inspecteurs devaient avoir le sentiment que leur travail sur le terrain est dans l'impasse, alors, il faudra bien évidemment que le Conseil de sécurité puisse être saisi. Nous l'avons dit depuis le départ, il ne peut pas y avoir d'automaticité du recours à la force.
Q - Mais, est-ce que vous dites : la France retient toutes les options y compris le recours à la force, même si vous l'avez dit, on l'avait peut-être oublié, cela redevient nouveau. Est-ce que vous le confirmez ?
R - La France l'a toujours dit : nous avons une position constante, une position de fermeté vis-à-vis de l'Iraq, nous le disons, la force ne peut être qu'un dernier recours, mais nous n'excluons aucune possibilité, y compris bien sûr donc le recours à la force, mais c'est en dernière extrémité, et c'est pour cela qu'il est si important que la communauté internationale soit mobilisée pour essayer de trouver, par le biais des inspections, une réponse. Nous sommes heureux de voir que ces inspections, sur le terrain, peuvent aujourd'hui continuer d'être efficaces.
Q - Est-ce qu'il vous semble qu'à New York, la France est isolée et minoritaire, comme on l'a dit à la Maison Blanche, aujourd'hui ?
R - Je pense que c'est exactement l'inverse, aujourd'hui, il y a une large majorité du Conseil de sécurité qui souhaite poursuivre dans la voie des inspections, et je crois que la position et les propositions de la France sont bien accueillies : tout le monde souhaite pouvoir conférer aux Nations unies le rôle central qui leur appartient.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 février 2003)