Texte intégral
Q - Exil ou pas exil de Saddam Hussein, est-ce que vous pensez que cette solution qui a été évoquée par les Américains peut être une solution à la crise iraquienne ?
Nous sommes là devant des scénarios qui n'ont pas été prévus par la communauté internationale. L'objectif qui a été posé par les Nations unies, c'est le désarmement de l'Iraq. Nous sommes concentrés sur cet objectif-là. Que d'autres ambitions soient poursuivies - le changement de régime, le départ de Saddam Hussein -, tout ceci fait partie des possibilités que d'aucuns peuvent envisager. Pour la France, il y a un objectif et un seul : c'est le désarmement de l'Iraq. C'est ce pourquoi nous sommes mobilisés. Nous voulons, dans le cadre posé par la résolution 1441, obtenir une coopération active de la part de l'Iraq, qui permettra de satisfaire à l'exigence qui est la nôtre : le plein respect par l'Iraq de ses obligations internationales.
Q - Est-ce une erreur de mélanger les objectifs ?
R - Je comprends parfaitement qu'on puisse l'envisager et que cela puisse être un objectif pour tel ou tel pays. Pour la France, nous en restons à cet objectif simple, le désarmement de l'Iraq, et c'est pour cela que nous sommes mobilisés. Nous avons pris des initiatives en les expliquant à l'ensemble des représentants du Conseil de sécurité pour qu'ils puissent apporter les informations dont ils pouvaient disposer. Nous avons eu - et le président de la République s'est longuement entretenu avec MM. Blix et El Baradeï à Paris avant qu'ils ne partent à Bagdad - un accord signé entre les Nations unies et l'Iraq. Nous souhaitons que cet accord puisse marquer le véritable début d'une coopération forte et active avec l'Iraq, mais l'objectif pour la France est clair : le désarmement de l'Iraq. Il y a là un élément essentiel et qui doit être valable pour les autres crises de prolifération. Je pense à la Corée du Nord ou à d'autres pays qui pourraient être concernés. Il s'agit véritablement d'avancer avec des résultats.
Q - Vous avez rencontré Colin Powell, comment évaluez-vous le risque d'action unilatérale des Etats-Unis ?
R - Aujourd'hui la communauté internationale est confrontée à un choix. Le choix de la coopération, tel qu'il a été décidé par les Nations unies, ou le choix du recours à la force. Et je comprends qu'il y a une certaine impatience du côté des Etats-Unis. Je tiens à affirmer, dans le contexte actuel, la très forte détermination de la France. Nous souhaitons, tous les jours, que la coopération, les inspections, puissent devenir plus efficaces. Et nous constatons que depuis deux mois des progrès ont été faits. Il faut que ces progrès s'intensifient, que la coopération active de l'Iraq puisse se vérifier sur le terrain. Mais nous pensons que les inspecteurs disposent des moyens, avec près de 300 inspections faites chaque mois, d'arriver véritablement à l'objectif que nous nous sommes fixé, celui du désarmement. Il y a donc toute raison de continuer, d'améliorer, de tirer les conséquences des difficultés que nous pouvons rencontrer. C'est là, je crois, le bon sens. L'option militaire comporterait une très lourde incertitude mais surtout elle n'aurait pas la légitimité de la communauté internationale. Elle serait donc peu efficace, car elle rallumerait un certain nombre de divisions sur la scène internationale et nous voulons l'éviter.
Q - Les Etats-Unis ont l'air déterminés à alimenter le dossier en expliquant que l'Iraq viole la résolution 1441, d'une part parce que la déclaration sur les armements était fausse et d'autre part parce qu'il ne coopère pas activement. Hans Blix l'a dit lui aussi. Quelle est votre position là dessus ? Est-ce que la manière dont coopèrent les Iraquiens est acceptable ?
R - La position de la France est simple. Tant que les inspecteurs disposent des moyens d'avancer et de réaliser leurs inspections, il n'y a aucune raison de changer de pied, d'arrêter les inspections. Le jour où les inspecteurs nous diront : "nous ne pouvons plus travailler en Iraq", alors il appartiendra au Conseil de sécurité de se réunir une nouvelle fois et de prendre les décisions qui s'imposent. Pour le moment, ce n'est pas le cas. Le président de la République a rencontré à Paris M. Blix et M. El Baradeï. C'est dans ce contexte-là que nous travaillons. Vous le savez, les inspecteurs vont faire rapport au Conseil de sécurité le 27 janvier. Cela sera l'occasion de faire un point. Notre sentiment est qu'il y a la possibilité, par les inspections, d'arriver à un règlement pacifique de cette crise. Et c'est très important dans un monde dangereux, dans un monde qui est en crise, de montrer que la communauté internationale unie est capable de relever le défi, capable d'atteindre les objectifs qu'elle s'est fixés.
Q - Quelles seraient selon vous les conséquences d'une action militaire américaine unilatérale sur la guerre contre le terrorisme ?
R - Il y a évidemment, face à des menaces globales, le besoin d'une réponse globale. C'est pour cela que nous avons demandé une réunion ministérielle, qui s'est tenue ce matin, sur le terrorisme, dans le cadre du Conseil de sécurité. Nous avons pu constater à cette occasion que les problèmes sont liés : le terrorisme, la prolifération, les crises. Il y a là un sentiment d'injustice, des réseaux qui profitent de la situation mondiale. Il est donc important d'être mobilisés sur tous les fronts, d'agir, de rechercher la plus grande efficacité. Et pour cela nous avons besoin de toute l'énergie, de toute l'imagination de la communauté internationale. Un scénario d'intervention militaire unilatérale risquerait d'engendrer beaucoup d'incompréhension, beaucoup de frustration et il n'y aurait ni la légitimité, ni l'efficacité que donnerait à un tel projet la mobilisation de l'action internationale. Nous sommes donc tout à fait convaincus que c'est dans la voie de la coopération qu'il faut agir.
Q - Que pensez-vous de l'élection de la Libye à la tête de la Commission des Droits de l'Homme ?
R - Vous savez que l'Europe s'est abstenue dans le cadre de cette élection. C'est le groupe africain qui a présenté la candidature de la Libye. Bien évidemment, sur cette question des Droits de l'Homme, la France est particulièrement mobilisée et sera particulièrement vigilante sur la façon dont cette présidence sera exercée.
Q - Vous ne le regrettez pas ?
R - C'est un choix de la communauté africaine. C'est un choix de la communauté internationale. Nous en prenons acte. Mais nous sommes très exigeants et très vigilants sur l'effectivité de la politique qui sera menée, car les Droits de l'Homme, c'est un axe fort de la diplomatie française./
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 janvier 2003)
Nous sommes là devant des scénarios qui n'ont pas été prévus par la communauté internationale. L'objectif qui a été posé par les Nations unies, c'est le désarmement de l'Iraq. Nous sommes concentrés sur cet objectif-là. Que d'autres ambitions soient poursuivies - le changement de régime, le départ de Saddam Hussein -, tout ceci fait partie des possibilités que d'aucuns peuvent envisager. Pour la France, il y a un objectif et un seul : c'est le désarmement de l'Iraq. C'est ce pourquoi nous sommes mobilisés. Nous voulons, dans le cadre posé par la résolution 1441, obtenir une coopération active de la part de l'Iraq, qui permettra de satisfaire à l'exigence qui est la nôtre : le plein respect par l'Iraq de ses obligations internationales.
Q - Est-ce une erreur de mélanger les objectifs ?
R - Je comprends parfaitement qu'on puisse l'envisager et que cela puisse être un objectif pour tel ou tel pays. Pour la France, nous en restons à cet objectif simple, le désarmement de l'Iraq, et c'est pour cela que nous sommes mobilisés. Nous avons pris des initiatives en les expliquant à l'ensemble des représentants du Conseil de sécurité pour qu'ils puissent apporter les informations dont ils pouvaient disposer. Nous avons eu - et le président de la République s'est longuement entretenu avec MM. Blix et El Baradeï à Paris avant qu'ils ne partent à Bagdad - un accord signé entre les Nations unies et l'Iraq. Nous souhaitons que cet accord puisse marquer le véritable début d'une coopération forte et active avec l'Iraq, mais l'objectif pour la France est clair : le désarmement de l'Iraq. Il y a là un élément essentiel et qui doit être valable pour les autres crises de prolifération. Je pense à la Corée du Nord ou à d'autres pays qui pourraient être concernés. Il s'agit véritablement d'avancer avec des résultats.
Q - Vous avez rencontré Colin Powell, comment évaluez-vous le risque d'action unilatérale des Etats-Unis ?
R - Aujourd'hui la communauté internationale est confrontée à un choix. Le choix de la coopération, tel qu'il a été décidé par les Nations unies, ou le choix du recours à la force. Et je comprends qu'il y a une certaine impatience du côté des Etats-Unis. Je tiens à affirmer, dans le contexte actuel, la très forte détermination de la France. Nous souhaitons, tous les jours, que la coopération, les inspections, puissent devenir plus efficaces. Et nous constatons que depuis deux mois des progrès ont été faits. Il faut que ces progrès s'intensifient, que la coopération active de l'Iraq puisse se vérifier sur le terrain. Mais nous pensons que les inspecteurs disposent des moyens, avec près de 300 inspections faites chaque mois, d'arriver véritablement à l'objectif que nous nous sommes fixé, celui du désarmement. Il y a donc toute raison de continuer, d'améliorer, de tirer les conséquences des difficultés que nous pouvons rencontrer. C'est là, je crois, le bon sens. L'option militaire comporterait une très lourde incertitude mais surtout elle n'aurait pas la légitimité de la communauté internationale. Elle serait donc peu efficace, car elle rallumerait un certain nombre de divisions sur la scène internationale et nous voulons l'éviter.
Q - Les Etats-Unis ont l'air déterminés à alimenter le dossier en expliquant que l'Iraq viole la résolution 1441, d'une part parce que la déclaration sur les armements était fausse et d'autre part parce qu'il ne coopère pas activement. Hans Blix l'a dit lui aussi. Quelle est votre position là dessus ? Est-ce que la manière dont coopèrent les Iraquiens est acceptable ?
R - La position de la France est simple. Tant que les inspecteurs disposent des moyens d'avancer et de réaliser leurs inspections, il n'y a aucune raison de changer de pied, d'arrêter les inspections. Le jour où les inspecteurs nous diront : "nous ne pouvons plus travailler en Iraq", alors il appartiendra au Conseil de sécurité de se réunir une nouvelle fois et de prendre les décisions qui s'imposent. Pour le moment, ce n'est pas le cas. Le président de la République a rencontré à Paris M. Blix et M. El Baradeï. C'est dans ce contexte-là que nous travaillons. Vous le savez, les inspecteurs vont faire rapport au Conseil de sécurité le 27 janvier. Cela sera l'occasion de faire un point. Notre sentiment est qu'il y a la possibilité, par les inspections, d'arriver à un règlement pacifique de cette crise. Et c'est très important dans un monde dangereux, dans un monde qui est en crise, de montrer que la communauté internationale unie est capable de relever le défi, capable d'atteindre les objectifs qu'elle s'est fixés.
Q - Quelles seraient selon vous les conséquences d'une action militaire américaine unilatérale sur la guerre contre le terrorisme ?
R - Il y a évidemment, face à des menaces globales, le besoin d'une réponse globale. C'est pour cela que nous avons demandé une réunion ministérielle, qui s'est tenue ce matin, sur le terrorisme, dans le cadre du Conseil de sécurité. Nous avons pu constater à cette occasion que les problèmes sont liés : le terrorisme, la prolifération, les crises. Il y a là un sentiment d'injustice, des réseaux qui profitent de la situation mondiale. Il est donc important d'être mobilisés sur tous les fronts, d'agir, de rechercher la plus grande efficacité. Et pour cela nous avons besoin de toute l'énergie, de toute l'imagination de la communauté internationale. Un scénario d'intervention militaire unilatérale risquerait d'engendrer beaucoup d'incompréhension, beaucoup de frustration et il n'y aurait ni la légitimité, ni l'efficacité que donnerait à un tel projet la mobilisation de l'action internationale. Nous sommes donc tout à fait convaincus que c'est dans la voie de la coopération qu'il faut agir.
Q - Que pensez-vous de l'élection de la Libye à la tête de la Commission des Droits de l'Homme ?
R - Vous savez que l'Europe s'est abstenue dans le cadre de cette élection. C'est le groupe africain qui a présenté la candidature de la Libye. Bien évidemment, sur cette question des Droits de l'Homme, la France est particulièrement mobilisée et sera particulièrement vigilante sur la façon dont cette présidence sera exercée.
Q - Vous ne le regrettez pas ?
R - C'est un choix de la communauté africaine. C'est un choix de la communauté internationale. Nous en prenons acte. Mais nous sommes très exigeants et très vigilants sur l'effectivité de la politique qui sera menée, car les Droits de l'Homme, c'est un axe fort de la diplomatie française./
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 janvier 2003)