Déclaration de Mme Claudie Haigneré, ministre déléguée à la recherche et aux technologies nouvelles, sur l'avenir de la politique spatiale, au Sénat le 14 janvier 2003.

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Circonstance : Cérémonie de voeux du groupe parlementaire Espace, au Sénat le 14 janvier 2003

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Mesdames, Messieurs,
Je souhaite vous dire ma joie d'être parmi vous à l'occasion des voeux du groupe parlementaire de l'espace.
J'aimerais profiter de cette occasion qui nous réunit aujourd'hui pour partager avec vous les espoirs que nous fondons pour l'année 2003 pour l'ensemble du secteur spatial et la détermination avec laquelle je souhaite que nous abordions ensemble cette nouvelle année.
Je veux que cette année soit placée sous le signe du renouveau. Avec volonté et audace, je souhaite que l'ensemble du secteur spatial français retrouve la dynamique qui a toujours été la sienne. L'année 2002 a été une année particulièrement difficile, tant pour l'industrie satellite, avec une situation commerciale particulièrement morose, que pour la filière lanceur, qui a du faire face à la tragique défaillance du vol 157. Dans cette conjoncture particulièrement difficile, le CNES a également souffert d'une situation héritée d'une histoire tourmentée.
Si la situation paraît aujourd'hui critique, je suis persuadée que les hommes et les éléments sont aujourd'hui réunis pour donner ce nouvel élan à l'espace. Je tiens à cette occasion à saluer l'ensemble du nouveau bureau et les nouveaux membres du Groupe parlementaire espace, qui, par leur action, sont l'un des piliers d'une politique spatiale française forte.
Vous savez qu'avec Madame Alliot-Marie, j'ai demandé à Roger Maurice Bonnet, le président du COSPAR, de mener une réflexion sur l'avenir de la politique spatiale de la France : ce rapport me sera remis dans les jours à venir. Mais, quelles qu'en soient les recommandations, je tiens à vous faire part ici de ma volonté de donner une nouvelle impulsion à ce secteur qui doit voir son importance stratégique réaffirmée. Le CNES a tout son rôle dans une politique spatiale européenne : un CNES fort, ce qui veut dire un CNES dynamique, inventif, souple, moteur.
Ce renouveau est également celui des institutions européennes : l'Agence Spatiale Européenne a élu dans les derniers jours de 2002, son nouveau directeur, pour sa compétence reconnue de tous. Notre concitoyen Jean-Jacques Dordain oeuvre aujourd'hui comme directeur des lanceurs au rétablissement rapide de la filière Ariane. J'espère que les efforts de l'Agence, avec ceux d'Arianespace et du CNES, porteront leurs fruits afin de pérenniser la réputation d'excellence des lanceurs européens et de regagner la confiance aujourd'hui ébranlée. La conférence ministérielle de l'Agence devra résoudre la difficile équation qui nous est aujourd'hui posée pour la filière des lanceurs face à la pression des différents acteurs sur la scène internationale et je souhaite, à cette occasion, refonder le spatial européen.
Demain, le nouveau directeur de l'Agence aura la lourde tache de porter des dossiers complexes comme ceux de Galileo, qui malgré les efforts de la France, jusqu'au plus haut niveau de l'Etat, peine à aboutir, ou celui du rapprochement de l'Agence et de la Commission européenne. Les nouveaux concepts comme GMES, encore en cours de maturation, verront, je l'espère, des perspectives s'ouvrir. Je fonde de grands espoirs pour que notre action conjointe à celle de l'Agence Spatiale Européenne, permette l'aboutissement de ces dossiers stratégiques.
L'Union européenne se renouvelle également : alors que la commission finalise un livre vert sur l'espace, la réforme de ses institutions et en particulier la rédaction d'un nouveau traité donne à la France l'opportunité de porter l'inscription d'une compétence spatiale parmi les compétences de l'Union européenne. Cet élément est fondamental pour que l'ensemble des questions relatives au secteur spatial, qu'elles soient économiques ou juridiques, soient intégrées dans l'établissement d'une politique spatiale européenne qui doit aujourd'hui dépasser les seuls aspects technologiques. Je sais déjà l'intérêt de nos partenaires allemands et italiens pour cette question et j'espère que nous pourrons construire ensemble cette perspective.
A cette évocation de notre collaboration avec nos partenaires, je souhaite également que cette année soit placée sous le signe de la coopération. Coopération avec les pays européens en particulier. Cette coopération qui passe par le travail de l'ensemble des institutions de l'Etat ; je tiens à rappeler et à encourager le dynamisme du GPE, qui, au travers de ses contacts nombreux avec les parlements nationaux ou européens, promeut l'espace. Quel événement que la conférence interparlementaire organisée encore cette année, à Londres ...
Mais cette coopération, c'est également celle entre l'industrie et l'Etat, que je souhaite voir renouvelée, avec une meilleure répartition des rôles et des responsabilités, prenant en compte les impératifs de chacun des acteurs, l'engagement de chacun, à tous les niveaux, avec une meilleure coopération au sein de l'industrie elle-même. Je voudrais pour cette année un travail en commun afin de définir des projets qui doivent viser à développer un espace plus proche de notre quotidien, plus proche de notre société et de nos besoins. Cette orientation, promue par l'Union européenne, définie dans le plan stratégique du CNES, prônée par tous, est la pierre angulaire du renouveau que j'ai évoqué plus tôt.
J'aurai l'occasion de revenir sur nos actions lors de la communication que je présenterai en conseil des ministres au premier trimestre. Je puis cependant vous assurer de l'acuité de la question spatiale pour le gouvernement : ce secteur stratégique, qui traverse une crise économique sans précédent, dans un paysage institutionnel changeant, vit aujourd'hui une période mouvementée. La solidarité dont nous devons faire preuve tous aujourd'hui est fondamentale.
Mesdames, Messieurs les Parlementaires,
Puissent nos voeux et nos efforts conjoints concrétiser toutes les attentes que nous avons pour le spatial français et européen !
( Source http://www.recherche.gouv.fr, le 20 janvier 2003 )