Texte intégral
Je suis particulièrement heureuse de me trouver, ici, parmi vous aujourd'hui pour l'inauguration d'une distillerie nouvelle sur l'île de Marie-Galante.
Ma présence aujourd'hui n'est pas le fruit du hasard, elle est le symbole de l'attachement particulier que porte le Gouvernement à la préservation, et au-delà, au développement de la filière canne-sucre-rhum, filière d'une toute première importance pour nos Antilles, pour la Guadeloupe, et vital pour Marie-Galante.
Permettez-moi, à cette occasion, de faire un rapide tour d'horizon de l'ensemble de la filière.
2002 a été marquée par une récolte de canne plus abondante que les années précédentes, aussi bien en Guadeloupe continentale qu'à Marie-Galante. Après 2001 caractérisé par de fortes sécheresses, cette récolte plus abondante a été perçue par tous, comme un espoir, même si certains ont pu déplorer, en particulier en Guadeloupe continentale, l'impossibilité de traiter l'ensemble des cannes dites " récoltables ". On peut aussi regretter que l'abondance des pluies, en début de campagne, ait entraîné une baisse de la richesse, dont la moyenne est descendue en dessous du seuil psychologique de 9 % de richesse saccharine. Je sais que les planteurs et leurs représentants sont préoccupés à l'issue de la campagne. Je veux leur dire aujourd'hui que le Gouvernement est à leur écoute. Une mission s'est rendue récemment en Guadeloupe pour approfondir les relations entre les produits issus de la valorisation de la canne et les revenus des planteurs. Cette mission rendra son rapport à la fin de ce mois ou au début du mois prochain, et je peux vous affirmer que le Ministère de l'Outre-Mer veillera à ce que ses recommandations soient analysées en détail, afin de se traduire par des mesures concrètes au bénéfice des planteurs de canne. Il me paraît toutefois important de souligner tout l'intérêt que nous verrions à ce que les planteurs eux-mêmes mettent en place un système permettant de compenser les mauvaises années, grâce à des cotisations volontaires à l'issue des bonnes années. Ce mécanisme de compensation ainsi géré par la profession, permettrait d'appuyer l'action des pouvoirs publics qui consacrent des moyens conséquents au maintien de la filière et à son développement.
Concernant l'outil industriel sucrier, les restructurations passées ont conduit au maintien de deux sucreries en Guadeloupe, l'une au Moule, la sucrerie GARDEL et l'autre à Grande Anse, la SRMG. Ces outils industriels doivent aujourd'hui permettre de traiter les 650 000 t annuelles produits en Guadeloupe, dont près de 550 000 t en Guadeloupe continentale et près de 100 000 t à Marie-Galante. Nous devons maintenir un niveau d'investissement adapté au maintien d'une capacité de traitement des cannes quotidiennes en adéquation avec la production. C'est avec cet objectif que l'Etat a passé des conventions avec chacune des deux sucreries, afin que l'outil industriel soit entretenu et adapté, et que les producteurs bénéficient de capacités de traitement conforme à leur souhait et à leur production. C'est pourquoi, il me paraît indispensable que les planteurs, acteurs principaux de la filière, soient associés aux décisions concernant la récolte ainsi qu'à la gestion des outils industriels.
Concernant les distilleries, qu'il s'agisse de rhum industriel ou de rhum agricole, nous ne pouvons que nous féliciter de la bonne santé de la filière " rhum " et de sa forte contribution à la filière " sucre ", dans une vision globale de rentabilité de la filière canne-sucre-rhum. A ce titre, je voudrais rappeler le succès des négociations menées par les autorités françaises à Bruxelles, concernant le maintien du régime fiscal particulier jusqu'en 2009. Cette décision permet à l'ensemble des acteurs rhumiers de la filière d'avoir un peu plus de visibilité sur leur capacité de développement.
Je voudrais souligner à cet égard, la nécessité et l'importance que j'attache aux relations étroites et fortes entre l'interprofession et les pouvoirs publics. Cette interprofession, représentée par le CIRT DOM, se doit d'intégrer toutes les composantes de la profession de façon à être le reflet de la richesse et de la diversité des producteurs de rhum.
Le Gouvernement pour sa part a la volonté de préserver et développer cette filière dans un esprit de concertation le plus large possible, avec tous les acteurs qu'il s'agisse des planteurs, des récolteurs, des industriels sucriers, des artisans et industriels rhumiers. C'est dans cet esprit, qu'il nous faut trouver entre les deux filières économiques " sucre " et " rhum ", le juste équilibre dans la perception et l'influence exercé par chacun des acteurs.
Je souhaiterais aussi exprimer de façon claire et forte, le soutien que le Ministère de l'Outre-mer apportera aux côtés des Ministères de l'Agriculture et des Finances, à la défense des intérêts de toute la filière canne-sucre-rhum au niveau des enceintes bruxelloises, dans cette période caractérisée par tant d'incertitudes : incertitude que matérialise l'échéance de 2006 pour l'organisation commune de marché du sucre, incertitude que matérialise 2009 pour la reconduction du contingent fiscal et économique concernant le rhum, incertitude qui se concrétise par l'attaque et la demande de panel lancés par l'Australie et le Brésil devant l'Organisation mondiale du commerce, pour dénoncer le régime particulier de nos exportations de sucre.
Nous sommes réunis aujourd'hui pour inaugurer cette distillerie de rhum agricole, une inauguration qui, au premier abord, peu paraître modeste au regard des quantités de rhum qui seront produites dans cette unité (4 000 t à 6 000 t de cannes broyées par an). Mais cette inauguration revêt pour moi une symbolique forte car, c'est la première fois depuis bien longtemps, que l'on inaugure une distillerie neuve destinée à produire du rhum agricole, et je suis particulièrement heureuse que cette inauguration ait lieu à Marie-Galante.
Lorsque j'évoquais à l'instant l'attachement des pouvoirs publics au maintien et au développement de la filière canne-sucre-rhum, nous en avons ici la preuve : le niveau d'implication financière de la Région, de l'Etat et de l'Union Européenne dans cette unité que nous inaugurons aujourd'hui, est proche de 65 %.
Comment ne pas se féliciter de l'importance de la canne à sucre pour Marie-Galante, quand on sait qu'un tiers des distilleries agricoles de Guadeloupe se trouvent sur cette île et qu'une sucrerie s'y maintient en produisant le sixième du sucre guadeloupéen. Je crois que les Marie-Galantais peuvent être fiers d'avoir su préserver la culture de la production cannière.
Je voudrais souligner toute la symbolique que nous attribuons à cette nouvelle installation, en particulier pour sa contribution au développement durable de Marie-Galante.
Développement durable, premièrement par son intégration agricole. En effet, l'exploitation agricole familiale (SCEA) de 70 ha, historiquement à l'origine de cette distillerie, conserve une place d'importance au sein du capital (12 %), mais surtout fournira près des trois quarts des cannes qui seront broyées dans cette unité. Le contrat agricole à long terme qui lie cette exploitation agricole familiale et la distillerie me paraît être un exemple des relations contractuelles qui doivent pouvoir exister entre les producteurs et les transformateurs. J'y vois un signe concret en faveur du développement économique de Marie-Galante.
Développement durable, aussi, grâce à la prise en compte des directives environnementales pour l'aménagement de la distillerie, en particulier, grâce à l'utilisation d'énergie renouvelable, puisque des éoliennes vont bientôt trouver leur place sur ce site au côté du moulin à vent historique du début du 19 siècle, mais aussi, en terme de traitement des effluents puisque des installations sans précédent permettront de limiter les rejets de cette unité dans son environnement. Il faut insister, ici sur la qualité de cette installation qui n'a pas d'équivalent en Guadeloupe, et qui constitue, peut-être, une sorte de modèle.
Développement durable, enfin, par la mise en valeur de la dimension culturelle de la distillerie. L'association du vieux moulin, son maintien au côté de cette nouvelle unité moderne, lie le passé et le futur en montrant aux générations présentes et futures, l'évolution dans la continuité des liens unissant la canne à sucre et Marie-Galante. Cette dimension culturelle trouvera son développement avec la constitution d'un pôle d'intérêt touristique sur le lieu de la distillerie alliant la culture, l'histoire et la production contemporaine. Je crois significatif de souligner que le partenaire agricole de la société Bardinet, la SCEA a pour projet d'utiliser ce pôle d'intérêt touristique pour constituer le point de départ d'un itinéraire qui cheminera parmi les moulins et qui s'intitulera probablement la " route des moulins ".
Quel beau projet aux multiples dimensions et quel plaisir pour moi de souhaiter à la distillerie de Bellevue, à la filière canne-sucre-rhum de Marie-Galante, de Guadeloupe et des Antilles, la longue vie qu'elle mérite.
(source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 23 janvier 2003)
Ma présence aujourd'hui n'est pas le fruit du hasard, elle est le symbole de l'attachement particulier que porte le Gouvernement à la préservation, et au-delà, au développement de la filière canne-sucre-rhum, filière d'une toute première importance pour nos Antilles, pour la Guadeloupe, et vital pour Marie-Galante.
Permettez-moi, à cette occasion, de faire un rapide tour d'horizon de l'ensemble de la filière.
2002 a été marquée par une récolte de canne plus abondante que les années précédentes, aussi bien en Guadeloupe continentale qu'à Marie-Galante. Après 2001 caractérisé par de fortes sécheresses, cette récolte plus abondante a été perçue par tous, comme un espoir, même si certains ont pu déplorer, en particulier en Guadeloupe continentale, l'impossibilité de traiter l'ensemble des cannes dites " récoltables ". On peut aussi regretter que l'abondance des pluies, en début de campagne, ait entraîné une baisse de la richesse, dont la moyenne est descendue en dessous du seuil psychologique de 9 % de richesse saccharine. Je sais que les planteurs et leurs représentants sont préoccupés à l'issue de la campagne. Je veux leur dire aujourd'hui que le Gouvernement est à leur écoute. Une mission s'est rendue récemment en Guadeloupe pour approfondir les relations entre les produits issus de la valorisation de la canne et les revenus des planteurs. Cette mission rendra son rapport à la fin de ce mois ou au début du mois prochain, et je peux vous affirmer que le Ministère de l'Outre-Mer veillera à ce que ses recommandations soient analysées en détail, afin de se traduire par des mesures concrètes au bénéfice des planteurs de canne. Il me paraît toutefois important de souligner tout l'intérêt que nous verrions à ce que les planteurs eux-mêmes mettent en place un système permettant de compenser les mauvaises années, grâce à des cotisations volontaires à l'issue des bonnes années. Ce mécanisme de compensation ainsi géré par la profession, permettrait d'appuyer l'action des pouvoirs publics qui consacrent des moyens conséquents au maintien de la filière et à son développement.
Concernant l'outil industriel sucrier, les restructurations passées ont conduit au maintien de deux sucreries en Guadeloupe, l'une au Moule, la sucrerie GARDEL et l'autre à Grande Anse, la SRMG. Ces outils industriels doivent aujourd'hui permettre de traiter les 650 000 t annuelles produits en Guadeloupe, dont près de 550 000 t en Guadeloupe continentale et près de 100 000 t à Marie-Galante. Nous devons maintenir un niveau d'investissement adapté au maintien d'une capacité de traitement des cannes quotidiennes en adéquation avec la production. C'est avec cet objectif que l'Etat a passé des conventions avec chacune des deux sucreries, afin que l'outil industriel soit entretenu et adapté, et que les producteurs bénéficient de capacités de traitement conforme à leur souhait et à leur production. C'est pourquoi, il me paraît indispensable que les planteurs, acteurs principaux de la filière, soient associés aux décisions concernant la récolte ainsi qu'à la gestion des outils industriels.
Concernant les distilleries, qu'il s'agisse de rhum industriel ou de rhum agricole, nous ne pouvons que nous féliciter de la bonne santé de la filière " rhum " et de sa forte contribution à la filière " sucre ", dans une vision globale de rentabilité de la filière canne-sucre-rhum. A ce titre, je voudrais rappeler le succès des négociations menées par les autorités françaises à Bruxelles, concernant le maintien du régime fiscal particulier jusqu'en 2009. Cette décision permet à l'ensemble des acteurs rhumiers de la filière d'avoir un peu plus de visibilité sur leur capacité de développement.
Je voudrais souligner à cet égard, la nécessité et l'importance que j'attache aux relations étroites et fortes entre l'interprofession et les pouvoirs publics. Cette interprofession, représentée par le CIRT DOM, se doit d'intégrer toutes les composantes de la profession de façon à être le reflet de la richesse et de la diversité des producteurs de rhum.
Le Gouvernement pour sa part a la volonté de préserver et développer cette filière dans un esprit de concertation le plus large possible, avec tous les acteurs qu'il s'agisse des planteurs, des récolteurs, des industriels sucriers, des artisans et industriels rhumiers. C'est dans cet esprit, qu'il nous faut trouver entre les deux filières économiques " sucre " et " rhum ", le juste équilibre dans la perception et l'influence exercé par chacun des acteurs.
Je souhaiterais aussi exprimer de façon claire et forte, le soutien que le Ministère de l'Outre-mer apportera aux côtés des Ministères de l'Agriculture et des Finances, à la défense des intérêts de toute la filière canne-sucre-rhum au niveau des enceintes bruxelloises, dans cette période caractérisée par tant d'incertitudes : incertitude que matérialise l'échéance de 2006 pour l'organisation commune de marché du sucre, incertitude que matérialise 2009 pour la reconduction du contingent fiscal et économique concernant le rhum, incertitude qui se concrétise par l'attaque et la demande de panel lancés par l'Australie et le Brésil devant l'Organisation mondiale du commerce, pour dénoncer le régime particulier de nos exportations de sucre.
Nous sommes réunis aujourd'hui pour inaugurer cette distillerie de rhum agricole, une inauguration qui, au premier abord, peu paraître modeste au regard des quantités de rhum qui seront produites dans cette unité (4 000 t à 6 000 t de cannes broyées par an). Mais cette inauguration revêt pour moi une symbolique forte car, c'est la première fois depuis bien longtemps, que l'on inaugure une distillerie neuve destinée à produire du rhum agricole, et je suis particulièrement heureuse que cette inauguration ait lieu à Marie-Galante.
Lorsque j'évoquais à l'instant l'attachement des pouvoirs publics au maintien et au développement de la filière canne-sucre-rhum, nous en avons ici la preuve : le niveau d'implication financière de la Région, de l'Etat et de l'Union Européenne dans cette unité que nous inaugurons aujourd'hui, est proche de 65 %.
Comment ne pas se féliciter de l'importance de la canne à sucre pour Marie-Galante, quand on sait qu'un tiers des distilleries agricoles de Guadeloupe se trouvent sur cette île et qu'une sucrerie s'y maintient en produisant le sixième du sucre guadeloupéen. Je crois que les Marie-Galantais peuvent être fiers d'avoir su préserver la culture de la production cannière.
Je voudrais souligner toute la symbolique que nous attribuons à cette nouvelle installation, en particulier pour sa contribution au développement durable de Marie-Galante.
Développement durable, premièrement par son intégration agricole. En effet, l'exploitation agricole familiale (SCEA) de 70 ha, historiquement à l'origine de cette distillerie, conserve une place d'importance au sein du capital (12 %), mais surtout fournira près des trois quarts des cannes qui seront broyées dans cette unité. Le contrat agricole à long terme qui lie cette exploitation agricole familiale et la distillerie me paraît être un exemple des relations contractuelles qui doivent pouvoir exister entre les producteurs et les transformateurs. J'y vois un signe concret en faveur du développement économique de Marie-Galante.
Développement durable, aussi, grâce à la prise en compte des directives environnementales pour l'aménagement de la distillerie, en particulier, grâce à l'utilisation d'énergie renouvelable, puisque des éoliennes vont bientôt trouver leur place sur ce site au côté du moulin à vent historique du début du 19 siècle, mais aussi, en terme de traitement des effluents puisque des installations sans précédent permettront de limiter les rejets de cette unité dans son environnement. Il faut insister, ici sur la qualité de cette installation qui n'a pas d'équivalent en Guadeloupe, et qui constitue, peut-être, une sorte de modèle.
Développement durable, enfin, par la mise en valeur de la dimension culturelle de la distillerie. L'association du vieux moulin, son maintien au côté de cette nouvelle unité moderne, lie le passé et le futur en montrant aux générations présentes et futures, l'évolution dans la continuité des liens unissant la canne à sucre et Marie-Galante. Cette dimension culturelle trouvera son développement avec la constitution d'un pôle d'intérêt touristique sur le lieu de la distillerie alliant la culture, l'histoire et la production contemporaine. Je crois significatif de souligner que le partenaire agricole de la société Bardinet, la SCEA a pour projet d'utiliser ce pôle d'intérêt touristique pour constituer le point de départ d'un itinéraire qui cheminera parmi les moulins et qui s'intitulera probablement la " route des moulins ".
Quel beau projet aux multiples dimensions et quel plaisir pour moi de souhaiter à la distillerie de Bellevue, à la filière canne-sucre-rhum de Marie-Galante, de Guadeloupe et des Antilles, la longue vie qu'elle mérite.
(source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 23 janvier 2003)