Texte intégral
(Interview à Radio Classique le 12 janvier 2003 à Novosibirsk) :
Q - Quel rôle voulait jouer la France exactement dans la crise coréenne, alors que le vrai jeu se déroule entre la Corée du Nord et les Etats-Unis. N'avait-il pas l'impression de s'immiscer, inutilement dans ce dossier ?
R - Pas du tout, je crois qu'il faut avancer dans tous les domaines en même temps. Bien évidemment, la voie bilatérale entre les Etats-Unis et la Corée du Nord doit continuer d'être explorée et je me réjouis que les Américains aient marqué leur disponibilité à renouer le dialogue. Cependant, il faut aussi avancer en matière régionale, et tous les efforts dans ce sens sont les bienvenus, mais aussi dans le cadre multilatéral puisque c'est une question qui intéresse la région et l'ensemble du monde.
Il s'agit d'une question de stabilité, de sécurité ; il y a, en jeu, la grande affaire du respect de la non-prolifération. C'est une question qui nous intéresse tous, même si, évidemment, de par l'Histoire, de par leur position, les Américains ont une responsabilité particulière. Ils ont, vous le savez, 37000 soldats stationnés en Corée du Sud, cette situation qui est le dernier héritage de la guerre froide, - il n'y a pas de traité de paix entre la Corée du Nord et la Corée du Sud - justifie donc l'implication particulière des Etats-Unis.
Q - Lors de cette tournée, vous avez annoncé que le 20 janvier, la France présiderait une conférence ministérielle sur la lutte contre le terrorisme à New York. Quel lien entre le terrorisme et la crise nord-coréenne ?
R - Il y a aujourd'hui un lien très profond entre les grands problèmes du monde, qu'il s'agisse du terrorisme, de la prolifération, des crises régionales ou de la montée de l'intégrisme. Il faut donc prendre en compte tous les liens qui existent et l'on peut voir, dans certaines situations, un certain nombre de rapprochements entre toutes ces questions. Je crois donc que nous aborderons, bien sûr, le terrorisme dans toutes ses dimensions le 20 janvier, avec l'ensemble des membres du Conseil de sécurité et éventuellement, en fonction de l'évolution des choses, nous pourrons aborder, en marge ou dans le cadre de cette réunion, d'autres sujets. Mais nous entendons bien nous concentrer sur cette question centrale du terrorisme. Il s'agit là d'un enjeu essentiel pour le monde, il y a beaucoup à faire.
Q - Craignez-vous que la Corée du Nord vende des armes de destruction massive à des groupes terroristes par exemple ?
R - Je crois qu'il faut faire face à toutes les éventualités. Nous avons vu des situations à travers le monde, où des contacts entre des groupes mafieux, entre certains Etats et des réseaux terroristes pouvaient exister. Il faut donc être vigilant et tout l'intérêt de la concertation que nous nouons aujourd'hui sur le plan international, concertation dans le domaine du renseignement, concertation dans le domaine policier, concertation dans le domaine judiciaire, a justement pour objectif d'essayer de réduire l'incertitude, de réduire la menace en accroissant la connaissance, en accroissant nos informations et notre capacité à répondre à ces défis.
Q - La sécurité collective qui est une notion qui vient de l'OTAN, vous la remettez à l'honneur avec un nouvel élan, aussi, vous parlez fréquemment de responsabilité des Etats puissants. Dans ce schéma, il faut qu'une puissance au moins soit prête à utiliser la force. Serait-ce les Etats-Unis dans ce cas-ci ?
R - Le principe même de la sécurité collective qui est au coeur du système multilatéral et en particulier du système des Nations unies doit, à mon sens, évidemment s'accompagner de l'action, s'accompagner de l'initiative. Il ne peut pas y avoir de sécurité collective sans responsabilité collective. Je l'ai dit à plusieurs reprises, le droit sans la force est évidemment inopérant. Il s'agit de prendre toutes ces responsabilités et l'exemple de l'Iraq, à ce titre, est très parlant. Nous faisons preuve d'une très grande fermeté vis-à-vis de l'Iraq en marquant notre volonté d'une coopération active de la part de ce pays et en même temps, nous voulons privilégier la voie du dialogue, faire en sorte que, par les inspections, il soit possible d'aboutir au désarmement de l'Iraq. Tel est bien l'objectif de la communauté internationale.
Q - J'ai aussi l'impression que vous respectez profondément les Américains, le système politique, leur rôle dans le monde mais que vous pensez qu'ils se trompaient, cet été encore, sur la démarche à adopter face à l'Iraq. Est-ce vrai ? Etes-vous celui qui sauve les Etats-Unis de leurs propres égarements ?
R - Nous avons une relation très ancienne et très particulière avec les Etats-Unis. Ils ont été là lorsque nous étions dans la difficulté, il est important que nous abordions cette nouvelle étape dans la vie du monde en étroite collaboration avec nos amis américains. Il y a une complémentarité dans les actions que nous pouvons mener, c'est vrai dans le dossier de l'Iraq, c'est vrai dans celui de la Corée du Nord, c'est vrai face au terrorisme. Ce sont des épreuves qu'il nous faut affronter ensemble. Tel est bien l'esprit dans lequel la diplomatie française veut aborder les grandes questions du monde en initiative, en complémentarité avec les Américains, en prenant en compte la diversité, la complexité de certaines situations et nous avons vocation, compte tenu de notre héritage, de notre position dans l'Europe, à intégrer tout particulièrement ces valeurs de partage, ces valeurs d'échange, cette diversité des cultures qui est la marque, si je puis dire, de la diplomatie française et de la diplomatie européenne. Il s'agit donc en permanence d'essayer de trouver des solutions ensemble. La capacité que nous avons à agir est évidemment beaucoup plus grande, dès lors que nous le faisons ensemble dans un cadre collectif, avec un objectif commun.
Aujourd'hui, je dois dire que l'ensemble des diplomaties du monde est capable de cet effort. Je me suis évidemment beaucoup réjoui, comme tout le monde, de la capacité que nous avons eue à obtenir, dans le cadre des Nations unies, une résolution 1441 sur l'Iraq votée à l'unanimité. Cela montre que lorsque nous nous donnons du mal, lorsque nous faisons les efforts nécessaires, nous sommes capables, tous ensemble, de nous mobiliser pour le même objectif.
Q - A l'issue de ce voyage, avez-vous l'impression que vous avez tiré la Russie, la Chine et la Corée du Sud, surtout les deux premiers pays sur une position française ou au moins une position commune ? Est-ce l'un des résultats de cette tournée ?
R - Je crois que l'objectif principal est le fait d'être capable de nous concerter en permanence sur les grands sujets. On l'a vu concernant la Corée du Nord, chacun comprend l'importance de faire des efforts dans tous les domaines de responsabilité possibles : le cadre bilatéral bien sûr entre les Etats-Unis et la Corée du Nord, c'est une évidence, mais le cadre régional, c'est essentiel. Nous voulons prendre ne compte en particulier la situation spécifique de la Corée du Sud. Il y a une dimension humaine qui ne doit échapper à personne. Voilà un pays qui est divisé par l'Histoire, voilà un pays qui aspire à sa réconciliation, voilà un peuple qui a souffert des épreuves de l'Histoire et qui aspire aujourd'hui à retrouver son unité. C'est tout l'objectif de la politique de réconciliation qu'a menée le président Kim Dae-Jung. Nous prenons en compte cette situation spécifique et nous voulons donc agir par tous les moyens qui sont à notre disposition. Il y a une obligation pour nous tous, c'est de faire respecter les engagements internationaux. C'est extrêmement important, d'où la fermeté indispensable. La fermeté peut s'accompagner du dialogue, d'une disponibilité et c'est cette disponibilité dont nous voulons témoigner dans les différentes instances. Nous ne perdons évidemment jamais de vue l'objectif qui est le nôtre : cet objectif c'est bien, au bout du compte, de faire en sorte que la Corée du Nord respecte ses obligations.
Il y aura, comme vous le savez, dans le cadre de l'AIEA, une réunion du Conseil des gouverneurs la semaine prochaine. Il y aura aussi une réunion dans le cadre du Conseil de sécurité. Il est très important que nous coordonnions avec tous nos partenaires les positions qui seront les nôtres. Le Japon est aussi évidemment très concerné, compte tenu du risque de sécurité qui pèse sur ce pays comme sur la Corée du Sud. Ce sera l'occasion de faire le point, à la fois sur la situation de l'Iraq mais en même temps sur la situation de la Corée du Nord
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 janvier 2003)
(Interview à RFI le 14 janvier 2003) :
Q - Sur le dossier nord-coréen, la France veut aussi compter. Le ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin vient d'effectuer une tournée en Chine et en Corée du Sud notamment pour aborder ces questions. Sophie Marsaudon lui a demandé s'il n'avait pas l'impression de jouer les trouble-fêtes dans un bras de fer entre les Etats-Unis et la Corée du Nord.
R - Pas du tout, je crois qu'il faut avancer dans tous les domaines en même temps. Bien évidemment, la voie bilatérale entre les Etats-Unis et la Corée du Nord doit continuer d'être explorée et je me réjouis que les Américains aient marqué leur disponibilité à renouer le dialogue. Mais, il faut avancer aussi en matière régionale et tous les efforts en ce sens sont les bienvenus ; mais aussi dans le cadre multilatéral puisque c'est une question qui intéresse la région et l'ensemble du monde. Il s'agit d'une question de stabilité, de sécurité ; il y a en jeu la grande affaire du respect de la non prolifération. C'est donc une question qui nous intéresse tous, même si, évidemment, de par l'Histoire, de par leur position, les Américains ont une responsabilité particulière. Ils ont, vous le savez, 37 000 soldats stationnés en Corée du Sud. Cette situation qui est, je dirais, le dernier héritage de la guerre froide - il n'y a pas de traité de paix entre la Corée du Nord et la Corée du Sud -, justifie donc l'implication particulière des Etats-Unis.
Q - Il va y avoir le 20 janvier, à l'initiative de la France qui préside ce mois-ci le Conseil de sécurité, une réunion sur la lutte contre le terrorisme. Espérez-vous parler aussi du dossier nord-coréen ? Quel est le lien que l'on peut faire entre ces deux affaires ?
R - Il y a aujourd'hui un lien très profond entre les grands problèmes du monde, qu'il s'agisse du terrorisme, qu'il s'agisse de la prolifération, qu'il s'agisse des crises régionales ou de la montée de l'intégrisme ; il faut donc prendre en compte tous les liens qui existent et l'on peut voir, dans certaines situations, un certain nombre de rapprochements entre toutes ces questions. Je crois donc que nous aborderons bien sûr le terrorisme dans toutes ces dimensions, le 20 janvier, avec l'ensemble des membres du Conseil de sécurité et, éventuellement, en fonction de l'évolution des choses, nous pourrons aborder, en marge ou dans le cadre de cette réunion, d'autres sujets. Mais nous entendons bien nous concentrer sur cette question centrale du terrorisme. Il s'agit là d'un enjeu essentiel pour le monde, il y a beaucoup à faire.
Q - Craignez-vous que la Corée du Nord ne vende des armes nucléaires à des groupes terroristes justement ?
R - Je crois qu'il faut faire face à toutes les éventualités. Nous avons vu des situations à travers le monde où des contacts entre des groupes mafieux, entre certains Etats et des réseaux terroristes pouvaient exister, il faut donc être vigilant et tout l'intérêt de la concertation que nous nouons aujourd'hui sur le plan international, concertation dans le domaine du renseignement, concertation dans le domaine policier, judiciaire, a justement pour objectif d'essayer de réduire l'incertitude, de réduire la menace en accroissant la connaissance, en accroissant nos informations et notre capacité à répondre à ces défis.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 janvier 2003)
Q - Quel rôle voulait jouer la France exactement dans la crise coréenne, alors que le vrai jeu se déroule entre la Corée du Nord et les Etats-Unis. N'avait-il pas l'impression de s'immiscer, inutilement dans ce dossier ?
R - Pas du tout, je crois qu'il faut avancer dans tous les domaines en même temps. Bien évidemment, la voie bilatérale entre les Etats-Unis et la Corée du Nord doit continuer d'être explorée et je me réjouis que les Américains aient marqué leur disponibilité à renouer le dialogue. Cependant, il faut aussi avancer en matière régionale, et tous les efforts dans ce sens sont les bienvenus, mais aussi dans le cadre multilatéral puisque c'est une question qui intéresse la région et l'ensemble du monde.
Il s'agit d'une question de stabilité, de sécurité ; il y a, en jeu, la grande affaire du respect de la non-prolifération. C'est une question qui nous intéresse tous, même si, évidemment, de par l'Histoire, de par leur position, les Américains ont une responsabilité particulière. Ils ont, vous le savez, 37000 soldats stationnés en Corée du Sud, cette situation qui est le dernier héritage de la guerre froide, - il n'y a pas de traité de paix entre la Corée du Nord et la Corée du Sud - justifie donc l'implication particulière des Etats-Unis.
Q - Lors de cette tournée, vous avez annoncé que le 20 janvier, la France présiderait une conférence ministérielle sur la lutte contre le terrorisme à New York. Quel lien entre le terrorisme et la crise nord-coréenne ?
R - Il y a aujourd'hui un lien très profond entre les grands problèmes du monde, qu'il s'agisse du terrorisme, de la prolifération, des crises régionales ou de la montée de l'intégrisme. Il faut donc prendre en compte tous les liens qui existent et l'on peut voir, dans certaines situations, un certain nombre de rapprochements entre toutes ces questions. Je crois donc que nous aborderons, bien sûr, le terrorisme dans toutes ses dimensions le 20 janvier, avec l'ensemble des membres du Conseil de sécurité et éventuellement, en fonction de l'évolution des choses, nous pourrons aborder, en marge ou dans le cadre de cette réunion, d'autres sujets. Mais nous entendons bien nous concentrer sur cette question centrale du terrorisme. Il s'agit là d'un enjeu essentiel pour le monde, il y a beaucoup à faire.
Q - Craignez-vous que la Corée du Nord vende des armes de destruction massive à des groupes terroristes par exemple ?
R - Je crois qu'il faut faire face à toutes les éventualités. Nous avons vu des situations à travers le monde, où des contacts entre des groupes mafieux, entre certains Etats et des réseaux terroristes pouvaient exister. Il faut donc être vigilant et tout l'intérêt de la concertation que nous nouons aujourd'hui sur le plan international, concertation dans le domaine du renseignement, concertation dans le domaine policier, concertation dans le domaine judiciaire, a justement pour objectif d'essayer de réduire l'incertitude, de réduire la menace en accroissant la connaissance, en accroissant nos informations et notre capacité à répondre à ces défis.
Q - La sécurité collective qui est une notion qui vient de l'OTAN, vous la remettez à l'honneur avec un nouvel élan, aussi, vous parlez fréquemment de responsabilité des Etats puissants. Dans ce schéma, il faut qu'une puissance au moins soit prête à utiliser la force. Serait-ce les Etats-Unis dans ce cas-ci ?
R - Le principe même de la sécurité collective qui est au coeur du système multilatéral et en particulier du système des Nations unies doit, à mon sens, évidemment s'accompagner de l'action, s'accompagner de l'initiative. Il ne peut pas y avoir de sécurité collective sans responsabilité collective. Je l'ai dit à plusieurs reprises, le droit sans la force est évidemment inopérant. Il s'agit de prendre toutes ces responsabilités et l'exemple de l'Iraq, à ce titre, est très parlant. Nous faisons preuve d'une très grande fermeté vis-à-vis de l'Iraq en marquant notre volonté d'une coopération active de la part de ce pays et en même temps, nous voulons privilégier la voie du dialogue, faire en sorte que, par les inspections, il soit possible d'aboutir au désarmement de l'Iraq. Tel est bien l'objectif de la communauté internationale.
Q - J'ai aussi l'impression que vous respectez profondément les Américains, le système politique, leur rôle dans le monde mais que vous pensez qu'ils se trompaient, cet été encore, sur la démarche à adopter face à l'Iraq. Est-ce vrai ? Etes-vous celui qui sauve les Etats-Unis de leurs propres égarements ?
R - Nous avons une relation très ancienne et très particulière avec les Etats-Unis. Ils ont été là lorsque nous étions dans la difficulté, il est important que nous abordions cette nouvelle étape dans la vie du monde en étroite collaboration avec nos amis américains. Il y a une complémentarité dans les actions que nous pouvons mener, c'est vrai dans le dossier de l'Iraq, c'est vrai dans celui de la Corée du Nord, c'est vrai face au terrorisme. Ce sont des épreuves qu'il nous faut affronter ensemble. Tel est bien l'esprit dans lequel la diplomatie française veut aborder les grandes questions du monde en initiative, en complémentarité avec les Américains, en prenant en compte la diversité, la complexité de certaines situations et nous avons vocation, compte tenu de notre héritage, de notre position dans l'Europe, à intégrer tout particulièrement ces valeurs de partage, ces valeurs d'échange, cette diversité des cultures qui est la marque, si je puis dire, de la diplomatie française et de la diplomatie européenne. Il s'agit donc en permanence d'essayer de trouver des solutions ensemble. La capacité que nous avons à agir est évidemment beaucoup plus grande, dès lors que nous le faisons ensemble dans un cadre collectif, avec un objectif commun.
Aujourd'hui, je dois dire que l'ensemble des diplomaties du monde est capable de cet effort. Je me suis évidemment beaucoup réjoui, comme tout le monde, de la capacité que nous avons eue à obtenir, dans le cadre des Nations unies, une résolution 1441 sur l'Iraq votée à l'unanimité. Cela montre que lorsque nous nous donnons du mal, lorsque nous faisons les efforts nécessaires, nous sommes capables, tous ensemble, de nous mobiliser pour le même objectif.
Q - A l'issue de ce voyage, avez-vous l'impression que vous avez tiré la Russie, la Chine et la Corée du Sud, surtout les deux premiers pays sur une position française ou au moins une position commune ? Est-ce l'un des résultats de cette tournée ?
R - Je crois que l'objectif principal est le fait d'être capable de nous concerter en permanence sur les grands sujets. On l'a vu concernant la Corée du Nord, chacun comprend l'importance de faire des efforts dans tous les domaines de responsabilité possibles : le cadre bilatéral bien sûr entre les Etats-Unis et la Corée du Nord, c'est une évidence, mais le cadre régional, c'est essentiel. Nous voulons prendre ne compte en particulier la situation spécifique de la Corée du Sud. Il y a une dimension humaine qui ne doit échapper à personne. Voilà un pays qui est divisé par l'Histoire, voilà un pays qui aspire à sa réconciliation, voilà un peuple qui a souffert des épreuves de l'Histoire et qui aspire aujourd'hui à retrouver son unité. C'est tout l'objectif de la politique de réconciliation qu'a menée le président Kim Dae-Jung. Nous prenons en compte cette situation spécifique et nous voulons donc agir par tous les moyens qui sont à notre disposition. Il y a une obligation pour nous tous, c'est de faire respecter les engagements internationaux. C'est extrêmement important, d'où la fermeté indispensable. La fermeté peut s'accompagner du dialogue, d'une disponibilité et c'est cette disponibilité dont nous voulons témoigner dans les différentes instances. Nous ne perdons évidemment jamais de vue l'objectif qui est le nôtre : cet objectif c'est bien, au bout du compte, de faire en sorte que la Corée du Nord respecte ses obligations.
Il y aura, comme vous le savez, dans le cadre de l'AIEA, une réunion du Conseil des gouverneurs la semaine prochaine. Il y aura aussi une réunion dans le cadre du Conseil de sécurité. Il est très important que nous coordonnions avec tous nos partenaires les positions qui seront les nôtres. Le Japon est aussi évidemment très concerné, compte tenu du risque de sécurité qui pèse sur ce pays comme sur la Corée du Sud. Ce sera l'occasion de faire le point, à la fois sur la situation de l'Iraq mais en même temps sur la situation de la Corée du Nord
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 janvier 2003)
(Interview à RFI le 14 janvier 2003) :
Q - Sur le dossier nord-coréen, la France veut aussi compter. Le ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin vient d'effectuer une tournée en Chine et en Corée du Sud notamment pour aborder ces questions. Sophie Marsaudon lui a demandé s'il n'avait pas l'impression de jouer les trouble-fêtes dans un bras de fer entre les Etats-Unis et la Corée du Nord.
R - Pas du tout, je crois qu'il faut avancer dans tous les domaines en même temps. Bien évidemment, la voie bilatérale entre les Etats-Unis et la Corée du Nord doit continuer d'être explorée et je me réjouis que les Américains aient marqué leur disponibilité à renouer le dialogue. Mais, il faut avancer aussi en matière régionale et tous les efforts en ce sens sont les bienvenus ; mais aussi dans le cadre multilatéral puisque c'est une question qui intéresse la région et l'ensemble du monde. Il s'agit d'une question de stabilité, de sécurité ; il y a en jeu la grande affaire du respect de la non prolifération. C'est donc une question qui nous intéresse tous, même si, évidemment, de par l'Histoire, de par leur position, les Américains ont une responsabilité particulière. Ils ont, vous le savez, 37 000 soldats stationnés en Corée du Sud. Cette situation qui est, je dirais, le dernier héritage de la guerre froide - il n'y a pas de traité de paix entre la Corée du Nord et la Corée du Sud -, justifie donc l'implication particulière des Etats-Unis.
Q - Il va y avoir le 20 janvier, à l'initiative de la France qui préside ce mois-ci le Conseil de sécurité, une réunion sur la lutte contre le terrorisme. Espérez-vous parler aussi du dossier nord-coréen ? Quel est le lien que l'on peut faire entre ces deux affaires ?
R - Il y a aujourd'hui un lien très profond entre les grands problèmes du monde, qu'il s'agisse du terrorisme, qu'il s'agisse de la prolifération, qu'il s'agisse des crises régionales ou de la montée de l'intégrisme ; il faut donc prendre en compte tous les liens qui existent et l'on peut voir, dans certaines situations, un certain nombre de rapprochements entre toutes ces questions. Je crois donc que nous aborderons bien sûr le terrorisme dans toutes ces dimensions, le 20 janvier, avec l'ensemble des membres du Conseil de sécurité et, éventuellement, en fonction de l'évolution des choses, nous pourrons aborder, en marge ou dans le cadre de cette réunion, d'autres sujets. Mais nous entendons bien nous concentrer sur cette question centrale du terrorisme. Il s'agit là d'un enjeu essentiel pour le monde, il y a beaucoup à faire.
Q - Craignez-vous que la Corée du Nord ne vende des armes nucléaires à des groupes terroristes justement ?
R - Je crois qu'il faut faire face à toutes les éventualités. Nous avons vu des situations à travers le monde où des contacts entre des groupes mafieux, entre certains Etats et des réseaux terroristes pouvaient exister, il faut donc être vigilant et tout l'intérêt de la concertation que nous nouons aujourd'hui sur le plan international, concertation dans le domaine du renseignement, concertation dans le domaine policier, judiciaire, a justement pour objectif d'essayer de réduire l'incertitude, de réduire la menace en accroissant la connaissance, en accroissant nos informations et notre capacité à répondre à ces défis.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 janvier 2003)