Déclaration de Mme Margie Sudre, secrétaire d'Etat chargé de la francophonie, sur la diversité de l'enseignement des langues en France et sur l'importance du français dans les relations internationales, Paris le 29 janvier 1997.

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  • Margie Sudre - Secrétaire d'Etat chargé de la francophonie

Circonstance : Ouverture du 15ème salon "Expolangues"

Texte intégral

L'amitié franco-canadienne mais aussi la Francophonie sont une fois de plus à l'honneur, quelques jours seulement après la visite à Paris de M. le Premier ministre Jean Chrétien et j'ai beaucoup de plaisir, Madame, à redire, à vos côtés, le message d'ouverture que porte la Francophonie et qu'elle souhaite partager avec toutes les langues du monde. Et quel cadre serait plus approprié pour le faire que ce 15ème Salon Expolangues ?
Je souhaite donc redire nos convictions et notre combat communs. En effet, l'apprentissage et la connaissance des langues ne permettent pas simplement l'exercice de la mémoire, le développement d'un esprit de logique et de finesse, l'ouverture à d'autres cultures. Notre souci de développer la Francophonie ne reflète pas davantage la nostalgie qu'une attitude défensive. Nous n'éprouvons ni complexes ni anxiétés, et ne manifestons aucune inquiétude mais au contraire beaucoup de curiosité à l'égard des progrès vertigineux et quasi quotidiens de la société de l'information. En nous intéressant à la question de la vitalité et de la diversité des langues, nous avons la conviction de toucher à quelque chose d'essentiel pour l'avenir de nos peuples. Nous prétendons en effet ne pas nous laisser imposer la société dans laquelle demain nous vivrons. C'est au fond cela que l'on a appelé, au moment des négociations du GATT, l'exception culturelle. Voilà pourquoi nous manifestons ensemble la volonté de promouvoir la pluralité des langues et des cultures contre les risques de l'uniformisation et de l'appauvrissement dont ne sortiraient grandies ni la pensée, ni la culture, ni l'entente entre les hommes.

La France essaie d'être fidèle à l'exemple qu'elle prêche en diversifiant l'enseignement des langues dans son système scolaire : plusieurs langues sont enseignées dès l'école primaire et l'apprentissage de langues plus rares est encouragé. Je signalerai ainsi la récente création d'un CAPES de néerlandais qui permettra, d'accroître, en France, le nombre de ceux qui parlent et connaissent cette langue, qui est celle, ne l'oublions pas, de deux des principaux partenaires de notre pays dans l'Union européenne. Une récente enquête a d'ailleurs révélé que les Français étaient désormais plus polyglottes que leurs voisins, qu'ils étaient plus capables que les autres de s'exprimer dans une langue étrangère et surtout qu'ils parlaient des langues plus diverses.

Cet effort, la France le fait parce que c'est son intérêt. Il importe en effet que nos concitoyens soient armés dans l'évolution qui pousse nos sociétés à se rapprocher toujours plus les unes des autres. La connaissance d'une ou plusieurs langues étrangères est évidemment un atout mais au-delà de ces bénéfices immédiats, cela nous permettra, je l'espère, de convaincre nos partenaires européens d'agir de la même façon. J'ai déjà eu l'occasion de le dire à Strasbourg comme à Bruxelles : nous ne pourrions continuer à construire l'Europe en reniant ce qui fait la richesse et la force de notre continent, l'attachement à la diversité des langues, des cultures et des identités nationales. J'ai tenu, dans ma brève visite de l'exposition tout à l'heure, à passer dans tous les stands qui représentent si bien cette réalité : Institut Goethe, Institut Dante, Institut Cervantes, Institut Camoes et d'autres encore. Voilà des noms qui nous rappellent si bien à ce devoir d'attachement que j'évoquais à l'instant. La promotion du plurilinguisme reste l'une des préoccupations de la France au sein de l'Union européenne et j'en ai fait l'une de mes priorités en 1997.

Je suis également particulièrement heureuse de saluer l'exemple donné par le Canada, pays invité d'honneur de cette 15ème édition du salon. Le Canada et le Québec ont réussi à défendre, dans un contexte pourtant difficile, leur identité francophone tout en demeurant largement ouverts sur leur environnement, et en pratiquant bien souvent un bilinguisme dont vous êtes, Madame, une brillante illustration.

Notre communauté d'intérêt, j'ai pu en mesurer la solidité au sein de la Francophonie multilatérale où nos deux pays, associés à 47 autres partenaires des cinq continents, construisent un espace de solidarité politique. La France et le Canada ont travaillé ensemble à l'adaptation des institutions francophones à cette nouvelle ambition, rénovation réussie puisque dans quelques mois, à Hanoï, sera désigné le premier Secrétaire général de la Francophonie qui, comme l'a souligné le président de la République, sera sur la scène internationale "le visage, la voix et l'autorité" de notre communauté.

Nous croyons en effet qu'au-delà de sa fécondité littéraire, une langue comme la nôtre porte des valeurs qui n'appartiennent qu'à elle, et qui sont indispensables à l'équilibre du monde.

Je voudrais souhaiter la bienvenue à tous les exposants dont le nombre et la variété témoignent de la vitalité des enseignements linguistiques dans notre pays. J'ai une pensée toute particulière pour les présidents des comités d'alliance française présents à Paris à l'occasion du colloque annuel de l'Alliance ainsi que pour les attachés linguistiques en poste dans nos ambassades qui se sont déplacés pour participer aux tables rondes et conférences prévues pendant la durée du Salon.

Je ne terminerai pas sans féliciter chaleureusement les organisateurs et notamment M. Jean-Marc de Chauvigny, commissaire général, pour l'excellence de leur travail et sans remercier tout particulièrement M. Van Deth qui a créé, il y a près de 15 ans, Expolangues, dont le succès ne s'est jamais démenti et qui maintenant est repris dans plusieurs pays à travers le monde, en Australie, en Hongrie, en Grande-Bretagne, en Espagne, en Allemagne, en Ukraine ou au Brésil.

C'est donc avec beaucoup de plaisir que je déclare ouverte la 15ème édition du Salon Expolangues de Paris..

(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 octobre 2001)