Texte intégral
Je tiens à vous dire d'emblée tout le plaisir qui est le mien, ce soir à vous accueillir au quai d'Orsay à l'occasion du colloque annuel de l'Alliance française vous, directeurs, venus de plus de 76 pays, mais aussi, et tout particulièrement, vous, présidents de comités qui avez bien voulu répondre à l'invitation transmise par nos ambassades.
Je veux, en effet, remercier ceux qui, comme vous, aux quatre coins du monde, se dévouent en consacrant leur temps, à la bonne marche du comité dont ils ont la charge, mais aussi en mobilisant les ressources privées qui leur permettront de faire face aux nouveaux défis auxquels notre organisation peut être confronté, qu'il s'agisse de l'achat d'un bâtiment, de la rénovation de locaux ou tout simplement de la modernisation de nos bibliothèques ou de nos salles de cours.
Cette reconnaissance, et les encouragements que je veux vous exprimer, reposent sur quelques idées simples :
1) votre action est étonnamment originale et doit le rester,
2) nous devons construire ensemble le projet culturel extérieur de la France, fondé notamment sur une politique linguistique ambitieuse,
3) vous êtes les meilleurs porteurs de notre message culturel, car vous incarnez le dialogue des cultures.
Ma première conviction est en effet que les 1058 comités d'alliances répartis sur 133 pays dans le monde sont une chance extraordinaire pour la France. On dit que la tradition française est centralisatrice et jacobine ! Eh bien, depuis plus de 110 ans, l'Alliance française prouve que tout ne procède pas de l'Etat et que nous savons nous adapter à tous les terrains.
A côté des services extérieurs de l'Etat, le réseau culturel repose en effet, pour plus de la moitié, sur des alliances qui assurent même, dans certaines régions, l'exclusivité de notre présence culturelle ; je pense ici aux Amériques, aux pays du Golfe, à certains pays d'Asie du Sud-Est, à l'Australie...
Cette originalité de notre présence culturelle qui, avec vous, s'appuie sur le monde associatif, sur des personnalités étrangères amies de la France, nous est enviée par de nombreux partenaires européens qui admirent l'aptitude que vous avez manifestée à mobiliser l'ensemble de la société civile. Il y a un mystère de l'Alliance française.
En 1997, nous croyons plus que jamais à l'avenir de ce réseau. J'en veux pour preuve le fait qu'au cours des dix dernières années nous avons rééquilibré avec beaucoup de constance, notre soutien au réseau culturel au profit des alliances. Dans le cadre du programme d'appui à la création de centres de ressources sur la France contemporaine, nos ambassadeurs, de Buenos Aires à New York, de Wellington à Quito, choisissent souvent l'Alliance comme lieu où le public vient naturellement à la recherche d'informations sur notre pays.
Je dis tout ceci pour vous confirmer la détermination des pouvoirs publics français : nous voulons moderniser avec vous le réseau des alliances françaises.
Depuis bientôt dix ans, on a beaucoup employé l'expression "rapprochement des réseaux" pour désigner d'un côté les alliances, de l'autre les centres culturels, les services extérieurs de l'Etat.
Cette expression a pu parfois inquiéter certains comités qui ont craint une menace pour leur autonomie.
Je pense que mes propos vous auront persuadés qu'il n'y a pas lieu de s'alarmer et que nous sommes aujourd'hui plus que jamais convaincus de la complémentarité de deux approches distinctes qui illustrent bien l'originalité française par rapport aux autres grands réseaux européens.
Pour autant, je crois sincèrement que la spécificité de son statut sur le plan local ne doit pas empêcher l'Alliance française d'être investie d'une mission de service public et de participer pleinement à la politique culturelle extérieure de la France.
Ainsi avons-nous invité les comités à signer avec les pouvoirs publics des contrats sur objectifs qui permettent d'organiser les relations avec l'ambassade en consignant les apports de chacun. Nous souhaitons que se définisse un véritable partenariat sur projet, notamment dans le cadre de ces centres culturels et de coopération linguistique que nous créons.
C'est dans une semblable dynamique que je préconise la généralisation des contrats sur objectifs pour que partout où cela sera possible, l'Alliance française soit associée à notre politique de coopération. Et s'il est une préoccupation sensible autour de laquelle se retrouver, n'est-ce pas celle de la langue, qui est notre lien le plus fort, avec les valeurs qu'elle porte, le message universel qu'elle transmet ?
Au moment où se généralise la prise de conscience de ce qu'on appelle en France la mondialisation, n'est-il pas temps d'unir tous nos efforts pour retrouver ensemble les principes fondateurs de l'Alliance définis par Paul Cambon en 1883 : "contribuer au développement de la connaissance et du goût de la langue et de la pensée françaises".
La promotion de notre langue est en effet au centre des priorités de notre diplomatie.
Quand je vous écoute parler le français, la langue de la France, je m'aperçois qu'elle est devenue notre langue commune. Vous vous êtes approprié cette langue.
Au delà de votre activité d'enseignement, la France a besoin de vous pour encourager les responsables éducatifs à promouvoir le plurilinguisme, pour les convaincre de généraliser l'enseignement de deux langues vivantes étrangères, mais aussi, pour séduire de nouveaux publics, pour diversifier votre offre de cours en ne négligeant aucun des publics potentiels dans les milieux professionnels. Je sais que le colloque que vous suivez actuellement traite de toutes ces questions.
En maintenant la position du français comme langue à vocation universelle nous lutterons ensemble contre cette uniformisation culturelle si souvent évoquée comme l'un des risques majeurs auxquels nous sommes tous confrontés.
Une de nos priorités doit donc être la présence de notre langue et de contenus en français sur les inforoutes, cristallisation s'il en est de la mondialisation.
J'ai volontairement choisi de mettre l'accent sur la langue mais j'aurais aussi bien pu parler de la mission qui revient à l'Alliance française pour diffuser la culture qui lui est intrinsèquement liée. Cette diffusion permet à l'image de la France, une image dont nous devons être fiers, d'être présente partout, grâce à vous.
C'est ensemble que nous pourrons formuler et mettre en oeuvre un grand dessein pour la France à l'étranger.
Je terminerai en rappelant que le rayonnement français passe par l'échange et le respect des autres, par une capacité qui nous est propre d'aimer toutes les cultures du monde, d'apprécier la richesse et la diversité culturelle et civilisatrice des autres nations. C'est le sens même du message que nous adressons à tous les peuples du monde.
C'est pourquoi, je reprends à mon compte les propos étincelants d'actualité, du général de Gaulle prononcés pour le 60ème anniversaire de l'Alliance française, à Alger, le 31 octobre 1943 alors que la France renaissait dans le combat.
Il disait : "c'est par de libres rapports spirituels et moraux établis entre nous-mêmes et les autres que notre influence culturelle peut s'étendre à l'avantage de tous et qu'inversement ils peuvent accroître ce que nous valons. Organiser ces rapports telle fut la raison de naître, telle est la raison de vivre, telle sera la raison de poursuivre l'Alliance française" !
Mesdames, Messieurs, je vous remercie
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 octobre 2001)
Je veux, en effet, remercier ceux qui, comme vous, aux quatre coins du monde, se dévouent en consacrant leur temps, à la bonne marche du comité dont ils ont la charge, mais aussi en mobilisant les ressources privées qui leur permettront de faire face aux nouveaux défis auxquels notre organisation peut être confronté, qu'il s'agisse de l'achat d'un bâtiment, de la rénovation de locaux ou tout simplement de la modernisation de nos bibliothèques ou de nos salles de cours.
Cette reconnaissance, et les encouragements que je veux vous exprimer, reposent sur quelques idées simples :
1) votre action est étonnamment originale et doit le rester,
2) nous devons construire ensemble le projet culturel extérieur de la France, fondé notamment sur une politique linguistique ambitieuse,
3) vous êtes les meilleurs porteurs de notre message culturel, car vous incarnez le dialogue des cultures.
Ma première conviction est en effet que les 1058 comités d'alliances répartis sur 133 pays dans le monde sont une chance extraordinaire pour la France. On dit que la tradition française est centralisatrice et jacobine ! Eh bien, depuis plus de 110 ans, l'Alliance française prouve que tout ne procède pas de l'Etat et que nous savons nous adapter à tous les terrains.
A côté des services extérieurs de l'Etat, le réseau culturel repose en effet, pour plus de la moitié, sur des alliances qui assurent même, dans certaines régions, l'exclusivité de notre présence culturelle ; je pense ici aux Amériques, aux pays du Golfe, à certains pays d'Asie du Sud-Est, à l'Australie...
Cette originalité de notre présence culturelle qui, avec vous, s'appuie sur le monde associatif, sur des personnalités étrangères amies de la France, nous est enviée par de nombreux partenaires européens qui admirent l'aptitude que vous avez manifestée à mobiliser l'ensemble de la société civile. Il y a un mystère de l'Alliance française.
En 1997, nous croyons plus que jamais à l'avenir de ce réseau. J'en veux pour preuve le fait qu'au cours des dix dernières années nous avons rééquilibré avec beaucoup de constance, notre soutien au réseau culturel au profit des alliances. Dans le cadre du programme d'appui à la création de centres de ressources sur la France contemporaine, nos ambassadeurs, de Buenos Aires à New York, de Wellington à Quito, choisissent souvent l'Alliance comme lieu où le public vient naturellement à la recherche d'informations sur notre pays.
Je dis tout ceci pour vous confirmer la détermination des pouvoirs publics français : nous voulons moderniser avec vous le réseau des alliances françaises.
Depuis bientôt dix ans, on a beaucoup employé l'expression "rapprochement des réseaux" pour désigner d'un côté les alliances, de l'autre les centres culturels, les services extérieurs de l'Etat.
Cette expression a pu parfois inquiéter certains comités qui ont craint une menace pour leur autonomie.
Je pense que mes propos vous auront persuadés qu'il n'y a pas lieu de s'alarmer et que nous sommes aujourd'hui plus que jamais convaincus de la complémentarité de deux approches distinctes qui illustrent bien l'originalité française par rapport aux autres grands réseaux européens.
Pour autant, je crois sincèrement que la spécificité de son statut sur le plan local ne doit pas empêcher l'Alliance française d'être investie d'une mission de service public et de participer pleinement à la politique culturelle extérieure de la France.
Ainsi avons-nous invité les comités à signer avec les pouvoirs publics des contrats sur objectifs qui permettent d'organiser les relations avec l'ambassade en consignant les apports de chacun. Nous souhaitons que se définisse un véritable partenariat sur projet, notamment dans le cadre de ces centres culturels et de coopération linguistique que nous créons.
C'est dans une semblable dynamique que je préconise la généralisation des contrats sur objectifs pour que partout où cela sera possible, l'Alliance française soit associée à notre politique de coopération. Et s'il est une préoccupation sensible autour de laquelle se retrouver, n'est-ce pas celle de la langue, qui est notre lien le plus fort, avec les valeurs qu'elle porte, le message universel qu'elle transmet ?
Au moment où se généralise la prise de conscience de ce qu'on appelle en France la mondialisation, n'est-il pas temps d'unir tous nos efforts pour retrouver ensemble les principes fondateurs de l'Alliance définis par Paul Cambon en 1883 : "contribuer au développement de la connaissance et du goût de la langue et de la pensée françaises".
La promotion de notre langue est en effet au centre des priorités de notre diplomatie.
Quand je vous écoute parler le français, la langue de la France, je m'aperçois qu'elle est devenue notre langue commune. Vous vous êtes approprié cette langue.
Au delà de votre activité d'enseignement, la France a besoin de vous pour encourager les responsables éducatifs à promouvoir le plurilinguisme, pour les convaincre de généraliser l'enseignement de deux langues vivantes étrangères, mais aussi, pour séduire de nouveaux publics, pour diversifier votre offre de cours en ne négligeant aucun des publics potentiels dans les milieux professionnels. Je sais que le colloque que vous suivez actuellement traite de toutes ces questions.
En maintenant la position du français comme langue à vocation universelle nous lutterons ensemble contre cette uniformisation culturelle si souvent évoquée comme l'un des risques majeurs auxquels nous sommes tous confrontés.
Une de nos priorités doit donc être la présence de notre langue et de contenus en français sur les inforoutes, cristallisation s'il en est de la mondialisation.
J'ai volontairement choisi de mettre l'accent sur la langue mais j'aurais aussi bien pu parler de la mission qui revient à l'Alliance française pour diffuser la culture qui lui est intrinsèquement liée. Cette diffusion permet à l'image de la France, une image dont nous devons être fiers, d'être présente partout, grâce à vous.
C'est ensemble que nous pourrons formuler et mettre en oeuvre un grand dessein pour la France à l'étranger.
Je terminerai en rappelant que le rayonnement français passe par l'échange et le respect des autres, par une capacité qui nous est propre d'aimer toutes les cultures du monde, d'apprécier la richesse et la diversité culturelle et civilisatrice des autres nations. C'est le sens même du message que nous adressons à tous les peuples du monde.
C'est pourquoi, je reprends à mon compte les propos étincelants d'actualité, du général de Gaulle prononcés pour le 60ème anniversaire de l'Alliance française, à Alger, le 31 octobre 1943 alors que la France renaissait dans le combat.
Il disait : "c'est par de libres rapports spirituels et moraux établis entre nous-mêmes et les autres que notre influence culturelle peut s'étendre à l'avantage de tous et qu'inversement ils peuvent accroître ce que nous valons. Organiser ces rapports telle fut la raison de naître, telle est la raison de vivre, telle sera la raison de poursuivre l'Alliance française" !
Mesdames, Messieurs, je vous remercie
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 octobre 2001)