Déclaration de M. Alain Richard, ministre de la défense, sur la nouvelle organisation de l'armée de terre et la mise en place du Commandement de la Force d'Action terrestre à Lille le 30 juin 1998.

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Circonstance : Création du CFAT (Commandement de la Force d'Action Terrestre) et du CFLT (Commandement de la Force Logistique Terrestre) à Lille le 30 juin 1998

Texte intégral

Alain RICHARD : Cette consécration de Lille en temps que place majeure de la nouvelle organisation de notre armée de terre est le terme d'un intense travail de préparation. J'exprime ma satisfaction de la présence du général Mercier qui, aussi bien dans ses fonctions antérieures que depuis qu'il a pris la responsabilité de chef d'état-major de l'armée de terre, a été véritablement l'artisan de ce difficile processus. La nouvelle organisation de l'armée de terre illustre l'adaptabilité et la capacité de répondre à des situations très diverses avec un temps de réaction très rapide et en respectant un principe d'économie et de meilleur emploi de nos moyens.
L'objectif essentiel de cette réforme, qui est de pouvoir mettre nos capacités d'action sur le terrain en cohérence avec nos choix politiques dans le traitement des crises, est atteint grâce à la mise en place de la Force d'Action Terrestre. Cette force peut être amenée à intervenir par décision autonome des autorités françaises ; cela se produira comme dans le passé pour nos autres forces. L'un des concepts moteurs de cette organisation est de nous permettre de jouer un rôle efficace en coopération dans une coalition. Cela fait partie des leçons essentielles qui ont été retenues des expériences de conflits ou de crises que nous avons connues. Ma conviction est que la nouvelle organisation répond pleinement à cette objectif de caractère international.
On nous dit que les capacités de projection au terme de la réforme de l'armée de terre seront de 50 000 hommes au maximum ou de 30 000 plus 5000, mais aujourd'hui, dans les douze ou dix-huit mois qui viennent, quelles sont ses capacités de projection réelles ?
Alain RICHARD : Nous sommes déjà au dessus de ce qui était la situation en 1996 et on n'est pas encore à la situation d'aboutissement.
Pourquoi une structure d'un niveau opératif aussi élevé que le CFAT est-elle simplement inter-armes et non résolument inter-armées ?
Général MERCIER: Les missions qui sont confiées au commandement de la Force d'Action Terrestre sont d'abord d'assurer la préparation opérationnelle des états-majors et d'être en mesure de mettre sur pied soit un corps d'armée de type OTAN, soit l'ossature du commandement d'une force multinationale composante terrestre. Le CFAT est équipé et formaté pour répondre à ce besoin.
Il va de soi que les réflexions de nos alliés qui, justement, tendent à conférer au commandement terrestre une capacité opérative vont dans le sens de nos propres réflexions. Ce que nous avons vu sur le théâtre bosniaque nous incite à approfondir cette réflexion. Nous avons vu après l'épisode FORPRONU un premier épisode de l'Alliance qui a positionné sur ce théâtre un commandement opératif et un commandement plutôt terrestre qui était fourni par l'état-major britannique. On s'est aperçu que quand il y a une mission qui est à très forte dominante d'une armée on a tout intérêt à cumuler le niveau opératif et le niveau du commandement des forces terrestres. Ce qui a été fait dans le deuxième mandat, confié à l'Alliance sur le théâtre yougoslave. Nous réfléchissons déjà à la possibilité de confier un niveau opératif au CFAT.
Pourquoi avoir choisi Lille pour implanter le CFAT ?
Alain RICHARD : Premièrement, la cohérence avec l'organisation antérieure résultant de la présence du 3e Corps d'armée était un élément décisif. Il est clair que dans la répartition des effectifs de l'armée de terre il reste une dominante qui correspond à nos implantations de force qui ont été très fortement rationalisées ces dernières années vers le nord et l'est de la France. Par ailleurs la vocation internationale et la qualité des liaisons de Lille ont aussi influé.
Je voudrais insister sur le fait que cette nouvelle organisation de l'armée de terre place les armées françaises en pointe dans la modularité des forces terrestres. L'expérience que nous développons est suivie avec beaucoup d'intérêt par les gouvernements de nombreux pays européens.