Interview de M. Renaud Muselier, secrétaire d'Etat aux affaires étrangères, à "Europe 1" le 1er avril 2003, sur le déploiement de l'aide humaintaire en Irak.

Prononcé le 1er avril 2003

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Média : Europe 1

Texte intégral

Q - Où en est-on du chargement des camions en partance pour l'Irak ?
R - Un convoi humanitaire a été mis en place par Solidarités. Cette ONG indépendante envoie un convoi de trois camions, 60 tonnes de matériel, 100 palettes qui partent par la route.
Q - Combien de temps mettront-ils pour arriver sur place ?
R - Une semaine à 10 jours.
Q - Cette aide sera-t-elle regroupée avec celle d'autres pays ou bien sait-on que c'est la France qui vient en aide aux populations ?
R - Non, pour l'instant c'est le premier convoi humanitaire européen. C'est le premier convoi français. Plusieurs actions sont menées au niveau humanitaire, d'une part dans le cadre des Nations unies avec la résolution 1472. Parallèlement à cela, nous nous sommes rendus à Bruxelles et à Genève pour mettre en place le dispositif européen. 79 millions d'euros sont débloqués au niveau d'ECHO, l'organisme européen d'aide humanitaire. Nous avons rencontré le CICR, le HCR, c'est-à-dire la Croix Rouge internationale et le Comité pour les Réfugiés. Le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, a également débloqué 10 millions d'euros pour, je dirais, "amorcer la pompe".
Q - On en a parlé précisément avec le président de la Croix Rouge française, l'aide humanitaire c'est une façon comme une autre pour la France d'être présente sur le lieu des combats.
R - Non je ne suis pas tout à fait d'accord. Aujourd'hui il y a la guerre et nous le déplorons. Nous nous sommes positionnés de façon très claire, très digne, sereine et responsable aux Nations unies. Pour autant il y a un problème majeur pour les populations civiles. Tous les experts sont d'accord : 10 millions de personnes sont susceptibles d'avoir besoin d'aide alimentaire. Aujourd'hui, au niveau international, nous avons la capacité d'intervenir pour trois mois et seulement pour 1 million de personnes. Nous devons donc mettre en place tout le dispositif possible pour aider ces gens qui se retrouvent dans une situation particulièrement difficile.
Q - Monsieur Muselier, vous avez dit un jour "au quai d'Orsay, c'est Dominique de Villepin qui fait tout et moi le reste", cela tient toujours ?
R - Oui, il est le ministre des Affaires étrangères, il porte la parole de la France et moi je la démultiplie à travers le monde, je suis médecin de formation et je suis, bien entendu, attentif à tous ces problèmes : le respect des Droits de l'Homme, la souffrance humaine. Et nous avons aujourd'hui la possibilité de faire un certain nombre de choses. C'est pour cette raison que nous avons travaillé de façon très proche avec des ONG que nous recevons régulièrement. Aujourd'hui une ONG a déjà débloqué un dispositif. Nous les aidons, nous leur facilitons la tâche sur le plan administratif, nous faisons en sorte que sur le terrain, il y ait la meilleure sécurité possible et nous les aidons sur le plan financier parce qu'elles sont reconnues sur le plan national et international et surtout très efficaces sur le terrain.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 avril 2003)