Interview de M. Dominique Perben, ministre de la justice, à Europe 1 le 12 mars 2003, à la suite de l'évasion d'un détenu de la prison de Fresnes grâce à l'intervention d'un commando extérieur lourdement armé.

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Média : Europe 1

Texte intégral

Vous étiez évidemment sur place, dès 7h00 ce matin. Que peut-on faire contre une telle détermination ?
- "Nous avons affaire effectivement à des types d'évasion que nous ne connaissions pas jusqu'ici, qui sont des opérations de type militaire, un peu comparables à ce qui a été fait contre certains fourgons blindés, avec une utilisation d'armes qui sont en fait des armes de guerre très dangereuses, et des gens qui prennent le maximum de risques. Il nous faut donc maintenant adapter nos dispositifs. Nous avons déjà commencé à modifier notre sécurité dans les établissements. Par exemple, en renforçant les miradors, en les dotant de protection anti-balles, ce qui a été le cas, et heureusement ce matin, puisque les miradors sont criblés de balles de gros calibre. Et pour autant, nos deux gardiens n'ont pas été blessés, ils ont pu riposter. Il nous faut aussi réfléchir sans doute, à un renforcement [...] matériel de certains accès. Et puis il nous faut sans doute aussi mieux nous coordonner avec la surveillance extérieure des établissements. Car jusqu'ici, les prisons étaient organisées pour éviter que les gens n'en sortent, mais là, ce n'est pas exactement comme cela que ça se passe, puisqu'on a d'abord des commandos qui rentrent et qui, ensuite, évidemment, font sortir les autres. Je réunis vendredi matin l'ensemble des directeurs régionaux pour voir s'il faut adapter notre plan sécurité, que nous avons déjà engagé depuis plusieurs mois. Et puis, voir aussi avec eux, s'il y a des modifications, en terme d'organisation du travail, à faire pour améliorer la sécurité dans nos établissements."
On a le sentiment que rien ne décourage les commandos. Ce détenu quand même, A. Ferrara, ce n'était pas n'importe qui ; il devait sans doute bénéficier d'une protection particulière et pourtant il est dehors ce matin !
- "Oui, nous l'avions sorti de la Santé il y a quelques mois parce que nous avions des doutes sur son profil, sur ses intentions. Il était donc à Fresnes surveillé de près. Il était par ailleurs au quartier disciplinaire qui est, en principe, le mieux sécurisé. Mais vous comprenez bien que là, nous avons affaire à des gens qui fonctionnent avec de tels moyens et en prenant de tels risques... Il est bien difficile pour le personnel pénitentiaire de faire face. Le personnel a riposté avec des armes à feu, mais l'opération est allée très très vite et on ne sait pas exactement s'ils ont touché ou non les assaillants. Ils ont fait leur travail, le mieux qu'ils ont pu. Mais évidemment, ils n'ont pas pu empêcher cette évasion-là."
Il nous manque un dernier élément : on sait que le commando a fait sauter la porte de la prison. Ensuite, que s'est-il passé ? Ils ont pu progresser jusqu'à la cellule avant de repartir par la porte ?
- "Oui, c'est très proche. J'étais sur place il y a une heure."
"C'est très proche", c'est peut-être un problème ?
- "Il y a deux portes tout à fait sécurisée, classiques, de prison. Une première, puis une seconde, puis ensuite, il y a une petite cour, et ensuite, ils ont accédé au bâtiment du quartier disciplinaire qui est à cet endroit-là, et ils ont fait également sauter les barreaux de la cellule de ce garçon."
Et ils ont pu repartir tranquillement...
- "Tranquillement non, parce que cela continuait à tirer dans tous les sens. Ils ont par ailleurs croisé les forces de police qui arrivaient, qui sont venues très très vite. Et ils ont tiré sur les voitures de police qui arrivaient."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 12 mars 2003)