Texte intégral
Le Parisien : Comment réagissez-vous aux sifflets qui ont accueilli Nicolas Sarkozy samedi au Bourget ?
Jean-Pierre Chevènement : Un ministre doit être capable de rappeler ce qu'est la loi, qu'il soit applaudi ou sifflé. Tout cela n'a pas d'importance. Ces sifflets montrent le chemin qu'il reste à faire pour que les principes de la laïcité puissent être compris par un certain nombre de gens, qui d'ailleurs ne sont pas représentatifs de tous les musulmans.
A-t-il eu raison de participer au rassemblement annuel de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) ?
Oui. Il est toujours utile de parler. Mais il aurait dû rappeler la déclaration de principe signée par toutes les organisations participant à la consultation sur l'islam de France, notamment l'UOIF : le principe de la laïcité de l'Etat et de l'école publique, ainsi que celui de l'égalité de l'homme et de la femme.
Nicolas Sarkozy n'a-t-il pas mis le doigt dans un engrenage dangereux en créant le Conseil français du culte musulman ?
Je ne crois pas. Il faut que l'islam puisse disposer d'une instance représentative, et qu'un dialogue puisse se nouer avec les pouvoirs publics.
Même avec une organisation proche des Frères musulmans, et partisane d'un islam identitaire ?
Justement, je conteste que, à partir du moment où ils ont signé cette déclaration sur la laïcité, ils puissent prendre des libertés à l'égard des principes. C'est pourquoi je suggère que Nicolas Sarkozy adresse à toutes les administrations, établissements scolaires et représentants des collectivités locales si cela est nécessaire, le texte de cette déclaration qu'on semble avoir complètement oubliée, et qui réglait le problème !
Le gouvernement doit-il légiférer pour interdire le foulard islamique dans les services publics ?
Je pense que les décisions du Conseil d'Etat sont assez claires sur le principe : il ne doit pas y avoir de prosélytisme religieux à l'école. Ainsi que, par extension, dans les services publics. Cette affaire du voile, je le crains, risque d'occulter le vrai problème, qui est celui de l'accès à la citoyenneté et de la lutte contre les discriminations à l'égard des jeunes issus de l'immigration. Cette affaire doit être replacée dans un contexte plus large, celui de l'égalité que la République doit à tous ses citoyens.
Jean-Pierre Chevènement est ancien ministre et président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen.
(Source http://www.mrc-france.org, le 24 avril 2003)
Jean-Pierre Chevènement : Un ministre doit être capable de rappeler ce qu'est la loi, qu'il soit applaudi ou sifflé. Tout cela n'a pas d'importance. Ces sifflets montrent le chemin qu'il reste à faire pour que les principes de la laïcité puissent être compris par un certain nombre de gens, qui d'ailleurs ne sont pas représentatifs de tous les musulmans.
A-t-il eu raison de participer au rassemblement annuel de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) ?
Oui. Il est toujours utile de parler. Mais il aurait dû rappeler la déclaration de principe signée par toutes les organisations participant à la consultation sur l'islam de France, notamment l'UOIF : le principe de la laïcité de l'Etat et de l'école publique, ainsi que celui de l'égalité de l'homme et de la femme.
Nicolas Sarkozy n'a-t-il pas mis le doigt dans un engrenage dangereux en créant le Conseil français du culte musulman ?
Je ne crois pas. Il faut que l'islam puisse disposer d'une instance représentative, et qu'un dialogue puisse se nouer avec les pouvoirs publics.
Même avec une organisation proche des Frères musulmans, et partisane d'un islam identitaire ?
Justement, je conteste que, à partir du moment où ils ont signé cette déclaration sur la laïcité, ils puissent prendre des libertés à l'égard des principes. C'est pourquoi je suggère que Nicolas Sarkozy adresse à toutes les administrations, établissements scolaires et représentants des collectivités locales si cela est nécessaire, le texte de cette déclaration qu'on semble avoir complètement oubliée, et qui réglait le problème !
Le gouvernement doit-il légiférer pour interdire le foulard islamique dans les services publics ?
Je pense que les décisions du Conseil d'Etat sont assez claires sur le principe : il ne doit pas y avoir de prosélytisme religieux à l'école. Ainsi que, par extension, dans les services publics. Cette affaire du voile, je le crains, risque d'occulter le vrai problème, qui est celui de l'accès à la citoyenneté et de la lutte contre les discriminations à l'égard des jeunes issus de l'immigration. Cette affaire doit être replacée dans un contexte plus large, celui de l'égalité que la République doit à tous ses citoyens.
Jean-Pierre Chevènement est ancien ministre et président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen.
(Source http://www.mrc-france.org, le 24 avril 2003)