Texte intégral
Mesdames, Messieurs, Mesdemoiselles, les lycéens et leurs professeurs,
Mesdames messieurs les élus,
Mesdames messieurs,
Je voudrais dire vraiment ma profonde gratitude à Peter Medgyessy pour sa présence parmi nous, mais aussi pour son message et pour cette volonté de dialogue qu'il affirme ainsi en participant à cette action de sensibilisation de la France à notre avenir européen.
Ici à Avignon dans le Vaucluse, en Provence - Alpes Cotes d'Azur, dans ces territoires bénis des papes, nous voulons exprimer notre foi dans cette nouvelle Europe. Je suis très heureux que ce débat puisse avoir lieu en présence de jeunes, notamment ceux du lycée Théodore AUBANEL, que j'ai donc pu entendre tout à l'heure et ainsi mesuré le travail qui a été effectué. Je peux vous dire que ce lycée sera, dans l'avenir, encore plus grand qu'il n'est aujourd'hui : votre proviseur vient de Poitou-Charentes. Et comme c'était un des meilleurs proviseurs du Poitou-Charentes, elle a dirigé deux très grands lycées à Poitiers et à La Rochelle, et donc je suis très heureux de la saluer et de voir qu'elle continue son bon travail, ici, dans ces terres provençales.
Je voudrais dire à tous les parlementaires, les sénateurs, les députés mais aussi les députées et députés européens qui sont ici présents, le bonheur que j'ai à les retrouver, parce qu'ils participent à ce travail d'explication. Je voudrais également saluer les représentants de l'Etat qui participent aussi à cette mobilisation, messieurs les préfets et l'ensemble des services qui sont ici représentés.
Ce qui est très important pour nous aujourd'hui, et je parle aux jeunes, l'Europe qui est la vôtre, c'est une Europe qui est en train de changer, nous changeons d'Europe. Nous, nous avons vécu une Europe à six qui s'est agrandie ; nous avons vécu une Europe sur un certain nombre de bases et ces bases sont en train de changer, une nouvelle géographie, une nouvelle organisation. Nous sommes face à un nouveau projet européen, à une nouvelle organisation européenne, nous préparons de nouvelles institutions, nous parlons même de Constitution, de traité constitutionnel, c'est-à-dire une nouvelle politique européenne, et puis un nouveau périmètre et un périmètre qui n'est pas complètement achevé, puisque aujourd'hui, nous sommes prêts dans un traité qui sera signé je crois le 16 avril à Athènes, à accueillir dix nouveaux membres et ensuite peut-être d'autres, ce qui veut dire que notre géographie bouge et que notre histoire est en train de bouger. Et c'est donc très important de bien mesurer combien l'Europe qui est en train de se dessiner aujourd'hui est nouvelle et combien il faut prendre ce projet à bras le corps, à bras le cur pour le bâtir parce que ce sont les peuples qui vont le bâtir. Nous devons nous engager avec détermination dans cette nouvelle perspective. Cela veut dire nous préparer à accueillir des nouveaux membres, cela veut dire aller au devant d'eux, cela veut dire donner, recevoir, connaître, apprendre, cela veut dire intégrer cet espace, bouger davantage, sauter les frontières, dépasser notre seule perspective, Dieu sait si l'amitié franco-allemande est importante, mais pour aller au-delà, voir et rencontrer ces peuples qui ont un vrai appétit d'Europe, avec lesquels nous devrons parler car nous tirerons de la substance intellectuelle, morale, économique, sociale de ce dialogue, c'est un élément très important, nous changeons d'Europe.
Mais évidement, je vous aurais dit ça il y a deux ou trois mois avec encore plus de convictions, parce que nous avions une convention européenne qui était sur le point d'aboutir, avec des propositions franco-allemandes, des propositions espagnoles et britanniques très voisines. On voyait une architecture se dessiner, avec un président du Conseil élu sur cinq ans, deux fois deux ans et demi, avec un président de la Commission, élu par le Parlement européen, avec un ministre des Affaires étrangères et puis ce terrible dossier de l'Irak est venu sur la scène internationale, et donc les plus européens d'entre nous parmi lesquels je me place se disent : que ferait aujourd'hui un ministre des Affaires étrangères européens ? On voit bien que la question de l'Irak pose un certain nombre de sujets dans notre réflexion institutionnelle. Nous voulions, avec le président Giscard d'Estaing, dans la Convention relancer l'Europe par sa tête politique, par la défense commune. Mais à quoi sert une défense commune si nous ne faisons pas les mêmes guerres ? Et donc il nous faut réfléchir à ces sujets.
Alors je crois que la première des choses à affirmer c'est qu'il faut refuser que l'Irak tue l'Europe. Et donc il faut refuser ce piège dans lequel on pourrait être mis, parce que peut-être que dans le monde, il y a des pôles qui seraient satisfaits de voir l'Europe fragilisée. Nous avons un devoir de renforcer l'Europe quels que soient nos tiraillements sur la question irakienne. Et c'est vrai que la France, l'Allemagne et la Belgique d'un côté, l'Espagne, l'Italie, le Royaume-Uni de l'autre, nous ne sommes pas sur les mêmes positions. Mais d'abord, respectons les positions des uns, des autres ; faisons en sorte que l'on comprenne, que l'on cherche à comprendre l'histoire. Comprenons aussi dans les pays venus de l'Est, le besoin qu'ils ont de protection, eux qui ont été dans des schémas de défense qui sont aujourd'hui complètement dépassés. Comprenons le rôle qu'a pu jouer l'OTAN dans cette organisation européenne. Ecoutons tout ce que nous disent nos pays partenaires. Je crois qu'il faut avoir une attitude de dialogue, d'ouverture. Le temps n'est pas à l'humeur, le temps est à l'Europe et donc il nous faut nous parler. Surtout qu'au fond, nous Français, sur ces sujets, nous pouvons dire un certain nombre de choses parce qu'il semblerait que les peuples d'Europe sont en marche derrière les idées que nous avons défendues. Et, finalement, si l'Europe est aujourd'hui tiraillée dans ses structures, elle semble unie dans ses peuples. Et au fond, comme disait Lamartine, les grandes idées viennent des peuples. Aujourd'hui, peut-être que l'Europe ralentit dans ses hautes sphères mais peut-être que l'Europe d'en bas, elle est en train de se rassembler par ses peuples. Il y a sans doute, là, de l'espoir, et c'est un espoir qui est profond parce que la paix c'est le sens de l'Europe.
L'Europe est construite pour la paix et la paix, c'est essentiel au projet européen. Europe signifie paix dans la langue de Jean Monnet, dans la langue de Schuman, dans la langue des fondateurs de l'Europe. L'Europe c'est la paix et donc les peuples aujourd'hui de toute l'Europe sont pour cette paix, non pas une paix qui se veut pacifiste, innocente, une paix qui sait construire une défense, qui sait mettre des armées en marche pour des grandes idées et aujourd'hui se mobiliser pour ce qui doit être notre combat c'est-à-dire le terrorisme. Et donc cette Europe, aujourd'hui, elle est sans doute en phase avec les peuples d'Europe qui veulent la paix, qui veulent donc l'Europe. Mais cette difficulté que nous avons à gérer les crises politiques et notamment la crise irakienne, ne doit pas nous décourager.
Regardons d'où vient l'Europe. Il y a un magnifique livre qui est sur ce sujet qui est d'Edgar Morin qui s'appelle " Penser l'Europe ". Edgar Morin nous montre combien finalement l'Europe tout au long de son histoire a tourné le dos à son projet commun, combien finalement la géographie nous a divisés, combien les guerres nous ont entre-tués, combien au fond la diversité culturelle n'a pas forcément cherché à toujours construire le rapprochement des peuples. Et qu'on se souvienne encore il n'y a pas si longtemps - ce n'est pas Edgar Morin là, c'est Finkielkraut - quand Finkielkraut nous dit : que pensez-vous dans la 9ème symphonie dans les camps de concentration ? Le summum de la civilisation dans le summum de l'horreur. Ca veut bien dire que la culture à elle seule ne fait pas la paix. La culture a besoin de la liberté, la civilisation a besoin des droits de l'homme et qu'au fond l'Europe toute entière, pour se construire, a besoin de la conscience de son destin. Et finalement, l'Europe a sans doute davantage existé par ses divisions, par les sursauts qu'elle a imposés à ses peuples et l'Europe est devenue une nation historique sans être une nation géographique, parce que, justement, elle a posé à ses peuples des visions de l'impossible. C'est parce que les peuples ont refusé les impasses qu'ils ont cherché à construire l'Europe et, aujourd'hui, nous sommes un peu dans cette perspective-là. Au fond, la désunion des Etats fait de l'Europe une proie dans la mondialisation, une proie pour le terrorisme. Plus nous serons divisés, plus nous serons fragiles.
Ce qui fait l'Europe, ce n'est pas notre passé, c'est notre avenir. Ce qui fait l'Europe c'est que nous avons besoin, pour lutter contre le terrorisme, pour lutter contre le cancer, pour lutter contre un certain nombre de grands fléaux qui sont ceux de la société d'aujourd'hui, nous avons besoin de nous rassembler. L'Europe est un besoin, ce n'est pas un don du passé. L'Europe vous devez, nous devons la construire parce qu'elle est nécessaire à notre avenir, au fond c'est cette communauté de destin qui fait que plus les choses sont difficiles, plus les incompréhensions sont menaçantes, plus l'Europe est exigeante, et plus il nous faut nous engager dans cette Europe qui cherche à briser le mur des divisions. L'Europe est née avec des divisions, elle a construit des murs et des barrières. Mais l'Europe, aujourd'hui, pour assurer notre avenir a besoin d'abattre les murs et les barrières. C'est pour ça qu'il faut, quelles que soient les difficultés, aller au devant des uns, des autres, parler et parler encore, pour pouvoir construire ensemble. C'est notre destin. Partout ailleurs, si nous ne sommes pas capables de construire cette Europe, nous ne connaîtrons que le déclin et l'affaiblissement.
C'est donc cette difficulté qui est la nôtre aujourd'hui de surmonter les divisions d'aujourd'hui, mais ne soyons pas pessimistes, nos aînés ont surmonté des divisions bien plus terribles encore. Quand le général de Gaulle avec Adenauer ont reconstruit le projet franco-allemand, ils ont dû surmonter des divisions profondes non seulement dans les curs mais dans les peuples. Et donc, aujourd'hui, ayons cette volonté de faire en sorte que l'Europe brise le mur des divisions d'aujourd'hui. Je crois que dans cette circonstance-là, peut-être qu'il nous faut être davantage encore engagés dans les projets. Peut-être que nous ne trouverons pas, demain matin, la solution à toutes les grandes questions qui nous sont posées, et ce n'est pas demain matin que nous aurons forcément toute une politique étrangère commune particulièrement définie. Mais nous pouvons avancer, et dans la politique étrangère et dans la défense. Nous pouvons faire avec Thalès un porte-avions pour le Royaume Uni, nous pouvons faire avec un certain nombre d'entreprises un certain nombre de projets communs. Construisons des projets, bâtissons l'Europe de ce concret, de ces échanges, de ces réalisations. Et donc, engageons plus avant encore cette Europe qui, sur le plan des territoires, qu'on appelle les petites Europe - ces coopérations interrégionales, ces espaces interrégionaux, ces espaces alpins, ces espaces méditerranéens, ces espaces atlantiques, ces espaces de Mer du nord, et sur le plan économique tous ces espaces d'action commune. On a parlé tout à l'heure du Pacte de stabilité et de croissance. Voilà un espace important qui est un espace de discipline pour tous ceux qui sont autour de l'euro. Certes, il faudrait faire bouger un peu le Pacte sur certaines règles. Il faudrait lui dire, comme dit le chancelier Schröder, j'aurais besoin d'un peu de souplesse pour qu'on tienne compte par exemple des efforts de recherche, parce qu'aujourd'hui, avec un pacte de stabilité, on se trouve limité dans des grands efforts de recherche. L'Europe a besoin de faire des efforts considérables de recherche. C'est ce que je disais tout à l'heure aux agriculteurs - c'est valable pour les artisans, c'est valable pour les industriels - c'est par la création, l'intelligence, les brevets, la recherche, tout ce qui est l'injection de l'intelligence humaine dans l'économie qui nous fera exister. Et tout cela, ça exige évidemment des efforts importants et une capacité de création. Mais nous voyons bien que la recherche est une nécessité comme la défense.
Dans le Pacte de stabilité, nous devons tous avoir la même équation. Mais il y en a qui font beaucoup d'efforts pour la défense de l'Europe et d'autres qui font moins d'efforts pour la défense de l'Europe. Donc, il ne faudrait pas conduire à ce que l'Europe n'est pas de défense, sous prétexte qu'il y a les 3 %. Nous pensons que la France doit faire des efforts en matière de défense et si nous avons fait voter - en ce moment nous sommes encore en discussion sur la loi de programmation militaire - c'est parce que nous pensons que nous ne pouvons pas être membres permanents du Conseil de sécurité et porter la voix, comme aujourd'hui la porte Dominique de Villepin, la voix de la France, si nous ne sommes même pas capables de faire les efforts nous-mêmes pour la défense de la France et la défense de l'Europe. Il y a donc dans le pacte de stabilité des choses qui peuvent bouger. Mais l'idée d'une discipline commune, d'un partenariat commun, de cette capacité à ce que les ministres se voient régulièrement, est un élément très important et je rejoins tout à fait François Fillon quand il disait qu'avec l'Europe sociale, il faut aussi avoir cette logique de projets, cette organisation, cette gouvernance européenne sociale qui nous permet d'avoir des règles communes, avec aussi des dimensions nationales, parce que c'est vrai qu'en France - moi qui suis un républicain social - je pense qu'il faut vraiment que la nation ait sa place aussi dans le social. Et nous avons besoin que la République défende - c'est un jeu entre lui et moi, parce qu'il est très républicain social et moi aussi, mais c'est pour cela qu'il ne faut pas que le social soit complètement à l'extérieur de la République, parce qu'il faut qu'on puisse avoir dans nos politiques locales, le jour où il faut faire des contrats emploi solidarité, le jour où il faut faire un certain nombre d'actions, quand notre tissu social est déchiré, il faut injecter du lien social et ça, ça fait partie de la République. Ca fait partie du pacte social, et donc il faut qu'on ait quelques leviers nationaux pour pouvoir agir dans le tissu social. Mais cela veut dire aussi qu'il faut une harmonisation et, là-dessus, je crois qu'on sera d'accord pour dire que cette harmonisation peut se faire, comme le disait François Fillon tout à l'heure, avec la majorité qualifiée, avec ce qui sera nécessaire. Plus nous avancerons sur ce paquet social au niveau européen, d'avancer aussi sur le paquet fiscal parce que les deux sont symétriques, on voit mal comment on pourrait avoir un système social qui se rapproche et un système fiscal qui s'éloigne. Je crois qu'il y a là un projet social important, je pense à ces grandes causes, qui sont très importantes.
On parlait tout à l'heure de la vieillesse avec Hubert Falco, je crois que c'est très important et prenons ça quand même comme une bonne nouvelle. Une petite fille sur deux qui naît, aujourd'hui, vivra jusqu'à 100 ans, ce n'est quand même pas une catastrophe. Naturellement, ça va coûter un peu cher. D'accord, ça va nous faire réorganiser un peu nos systèmes de santé. D'accord ça va poser plein de problèmes. Mais enfin on se bat tous pour ça. On se bat contre la mort, on se bat pour assurer une qualité de vie. Nous avons, grâce à la science, grâce à la médecine, des bons résultats. A nous d'adapter la société aux objectifs que nous nous fixons. Ca veut dire, naturellement, mobiliser des énergies pour que la santé, le social puissent permettre cette organisation qui soit une organisation européenne, puisque nous avons les mêmes sujets.
Un mot sur la politique d'immigration car ça je crois que c'est très important. Je pense que la politique d'immigration devra être à la fois nationale et à la fois européenne. C'est vrai que le droit d'asile est quelque chose qui repose sur des pratiques. Nous avons en France engagé une réforme du droit d'asile pour faire en sorte que l'on traite plus rapidement la situation des demandeurs d'asile qui n'est pas une situation humainement acceptable compte tenu des délais. Donc nous avons des réformes nationales à faire. Mais c'est vrai qu'il faut une politique européenne pour que l'on puisse avoir la même politique sur l'ensemble des frontières et la protection de nos frontières extérieures. Et puis ça veut dire qu'il nous faut aussi avoir des politiques communes pour échanger avec les pays sources, et qu'on ait des filières qui soient positives d'immigration, pour qu'on puisse avec les pays sources, avoir des accords de partenariat et qu'on puisse construire au niveau de l'Europe les mêmes relations. Il faut que l'Europe ait avec le Mali ou d'autres pays les mêmes types de relation pour pouvoir échanger et faire en sorte que l'on puisse faire respecter le droit comme le fait actuellement la France.
Voilà je crois que toutes ces petites Europe de projets qu'il nous faut construire en permanence pour traverser les périodes de crise. La période d'élan reviendra où nous pourrons, ensemble, préparer notre traité constitutionnel, préparer l'ensemble du grand débat national que nous aurons au printemps 2004 avec l'ensemble des ratifications sur l'élargissement, sur la Convention je l'espère. Et puis, les élections européennes qui auront lieu aussi et qui seront un rendez-vous entre les citoyens et l'Union européenne. C'est, je crois, très important de se dire que l'Europe c'est fait par les autres, l'Europe, c'est fait par notre capacité à bâtir, les uns et les autres, à chaque niveau, au niveau local comme au niveau régional, comme au niveau national, comme au niveau européen, des projets qui nous rassemblent.
Je voudrais vraiment vous dire que cette conscience européenne doit vraiment être renforcée chez nous. Cela ne veut pas dire qu'on remet en cause notre appartenance à la France, qu'on met en cause notre appartenance à notre drapeau, à ce bleu de l'histoire, à ce blanc de notre espoir, à ce rouge du sang de nos ancêtres. Non, nous tenons toujours à notre drapeau, mais nous devons avoir une conscience européenne. Pourquoi ? Parce que l'avenir de l'humanité se pose aujourd'hui au niveau de la planète. L'humanité, aujourd'hui, s'est donné les moyens de se détruire de mille façons, y compris par la génétique mais aussi par des armes de destruction massive. Donc la défense de l'humanité, elle pose la question de la gouvernance mondiale, elle pose la question de la planète. C'est pour cela que nous avons besoin de l'ONU pour nous battre pour la paix. C'est pour cela que nous avons besoin de l'Organisation mondiale du commerce pour défendre le sud. C'est pour cela que demain nous avons besoin de l'Organisation mondiale de l'environnement pour défendre la planète et faire en sorte que les émissions de gaz carbonique ne viennent pas percer davantage la couche d'ozone et ainsi fragiliser l'existence de la vie sur la terre. C'est pour cela que nous devons, aujourd'hui, prendre conscience que le monde est notre espace vital et que l'Europe est notre province. Et c'est ce combat-là qu'il faut aujourd'hui avancer pour la planète. C'est pour cela que ces combats sont articulés entre le local et mes racines et le planétaire et mon avenir. Il y a une cohérence et cette cohérence-là, c'est le principe de vie, c'est le principe d'humanité, c'est celui qui doit tous nous animer.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 14 mars 2003)
Mesdames messieurs les élus,
Mesdames messieurs,
Je voudrais dire vraiment ma profonde gratitude à Peter Medgyessy pour sa présence parmi nous, mais aussi pour son message et pour cette volonté de dialogue qu'il affirme ainsi en participant à cette action de sensibilisation de la France à notre avenir européen.
Ici à Avignon dans le Vaucluse, en Provence - Alpes Cotes d'Azur, dans ces territoires bénis des papes, nous voulons exprimer notre foi dans cette nouvelle Europe. Je suis très heureux que ce débat puisse avoir lieu en présence de jeunes, notamment ceux du lycée Théodore AUBANEL, que j'ai donc pu entendre tout à l'heure et ainsi mesuré le travail qui a été effectué. Je peux vous dire que ce lycée sera, dans l'avenir, encore plus grand qu'il n'est aujourd'hui : votre proviseur vient de Poitou-Charentes. Et comme c'était un des meilleurs proviseurs du Poitou-Charentes, elle a dirigé deux très grands lycées à Poitiers et à La Rochelle, et donc je suis très heureux de la saluer et de voir qu'elle continue son bon travail, ici, dans ces terres provençales.
Je voudrais dire à tous les parlementaires, les sénateurs, les députés mais aussi les députées et députés européens qui sont ici présents, le bonheur que j'ai à les retrouver, parce qu'ils participent à ce travail d'explication. Je voudrais également saluer les représentants de l'Etat qui participent aussi à cette mobilisation, messieurs les préfets et l'ensemble des services qui sont ici représentés.
Ce qui est très important pour nous aujourd'hui, et je parle aux jeunes, l'Europe qui est la vôtre, c'est une Europe qui est en train de changer, nous changeons d'Europe. Nous, nous avons vécu une Europe à six qui s'est agrandie ; nous avons vécu une Europe sur un certain nombre de bases et ces bases sont en train de changer, une nouvelle géographie, une nouvelle organisation. Nous sommes face à un nouveau projet européen, à une nouvelle organisation européenne, nous préparons de nouvelles institutions, nous parlons même de Constitution, de traité constitutionnel, c'est-à-dire une nouvelle politique européenne, et puis un nouveau périmètre et un périmètre qui n'est pas complètement achevé, puisque aujourd'hui, nous sommes prêts dans un traité qui sera signé je crois le 16 avril à Athènes, à accueillir dix nouveaux membres et ensuite peut-être d'autres, ce qui veut dire que notre géographie bouge et que notre histoire est en train de bouger. Et c'est donc très important de bien mesurer combien l'Europe qui est en train de se dessiner aujourd'hui est nouvelle et combien il faut prendre ce projet à bras le corps, à bras le cur pour le bâtir parce que ce sont les peuples qui vont le bâtir. Nous devons nous engager avec détermination dans cette nouvelle perspective. Cela veut dire nous préparer à accueillir des nouveaux membres, cela veut dire aller au devant d'eux, cela veut dire donner, recevoir, connaître, apprendre, cela veut dire intégrer cet espace, bouger davantage, sauter les frontières, dépasser notre seule perspective, Dieu sait si l'amitié franco-allemande est importante, mais pour aller au-delà, voir et rencontrer ces peuples qui ont un vrai appétit d'Europe, avec lesquels nous devrons parler car nous tirerons de la substance intellectuelle, morale, économique, sociale de ce dialogue, c'est un élément très important, nous changeons d'Europe.
Mais évidement, je vous aurais dit ça il y a deux ou trois mois avec encore plus de convictions, parce que nous avions une convention européenne qui était sur le point d'aboutir, avec des propositions franco-allemandes, des propositions espagnoles et britanniques très voisines. On voyait une architecture se dessiner, avec un président du Conseil élu sur cinq ans, deux fois deux ans et demi, avec un président de la Commission, élu par le Parlement européen, avec un ministre des Affaires étrangères et puis ce terrible dossier de l'Irak est venu sur la scène internationale, et donc les plus européens d'entre nous parmi lesquels je me place se disent : que ferait aujourd'hui un ministre des Affaires étrangères européens ? On voit bien que la question de l'Irak pose un certain nombre de sujets dans notre réflexion institutionnelle. Nous voulions, avec le président Giscard d'Estaing, dans la Convention relancer l'Europe par sa tête politique, par la défense commune. Mais à quoi sert une défense commune si nous ne faisons pas les mêmes guerres ? Et donc il nous faut réfléchir à ces sujets.
Alors je crois que la première des choses à affirmer c'est qu'il faut refuser que l'Irak tue l'Europe. Et donc il faut refuser ce piège dans lequel on pourrait être mis, parce que peut-être que dans le monde, il y a des pôles qui seraient satisfaits de voir l'Europe fragilisée. Nous avons un devoir de renforcer l'Europe quels que soient nos tiraillements sur la question irakienne. Et c'est vrai que la France, l'Allemagne et la Belgique d'un côté, l'Espagne, l'Italie, le Royaume-Uni de l'autre, nous ne sommes pas sur les mêmes positions. Mais d'abord, respectons les positions des uns, des autres ; faisons en sorte que l'on comprenne, que l'on cherche à comprendre l'histoire. Comprenons aussi dans les pays venus de l'Est, le besoin qu'ils ont de protection, eux qui ont été dans des schémas de défense qui sont aujourd'hui complètement dépassés. Comprenons le rôle qu'a pu jouer l'OTAN dans cette organisation européenne. Ecoutons tout ce que nous disent nos pays partenaires. Je crois qu'il faut avoir une attitude de dialogue, d'ouverture. Le temps n'est pas à l'humeur, le temps est à l'Europe et donc il nous faut nous parler. Surtout qu'au fond, nous Français, sur ces sujets, nous pouvons dire un certain nombre de choses parce qu'il semblerait que les peuples d'Europe sont en marche derrière les idées que nous avons défendues. Et, finalement, si l'Europe est aujourd'hui tiraillée dans ses structures, elle semble unie dans ses peuples. Et au fond, comme disait Lamartine, les grandes idées viennent des peuples. Aujourd'hui, peut-être que l'Europe ralentit dans ses hautes sphères mais peut-être que l'Europe d'en bas, elle est en train de se rassembler par ses peuples. Il y a sans doute, là, de l'espoir, et c'est un espoir qui est profond parce que la paix c'est le sens de l'Europe.
L'Europe est construite pour la paix et la paix, c'est essentiel au projet européen. Europe signifie paix dans la langue de Jean Monnet, dans la langue de Schuman, dans la langue des fondateurs de l'Europe. L'Europe c'est la paix et donc les peuples aujourd'hui de toute l'Europe sont pour cette paix, non pas une paix qui se veut pacifiste, innocente, une paix qui sait construire une défense, qui sait mettre des armées en marche pour des grandes idées et aujourd'hui se mobiliser pour ce qui doit être notre combat c'est-à-dire le terrorisme. Et donc cette Europe, aujourd'hui, elle est sans doute en phase avec les peuples d'Europe qui veulent la paix, qui veulent donc l'Europe. Mais cette difficulté que nous avons à gérer les crises politiques et notamment la crise irakienne, ne doit pas nous décourager.
Regardons d'où vient l'Europe. Il y a un magnifique livre qui est sur ce sujet qui est d'Edgar Morin qui s'appelle " Penser l'Europe ". Edgar Morin nous montre combien finalement l'Europe tout au long de son histoire a tourné le dos à son projet commun, combien finalement la géographie nous a divisés, combien les guerres nous ont entre-tués, combien au fond la diversité culturelle n'a pas forcément cherché à toujours construire le rapprochement des peuples. Et qu'on se souvienne encore il n'y a pas si longtemps - ce n'est pas Edgar Morin là, c'est Finkielkraut - quand Finkielkraut nous dit : que pensez-vous dans la 9ème symphonie dans les camps de concentration ? Le summum de la civilisation dans le summum de l'horreur. Ca veut bien dire que la culture à elle seule ne fait pas la paix. La culture a besoin de la liberté, la civilisation a besoin des droits de l'homme et qu'au fond l'Europe toute entière, pour se construire, a besoin de la conscience de son destin. Et finalement, l'Europe a sans doute davantage existé par ses divisions, par les sursauts qu'elle a imposés à ses peuples et l'Europe est devenue une nation historique sans être une nation géographique, parce que, justement, elle a posé à ses peuples des visions de l'impossible. C'est parce que les peuples ont refusé les impasses qu'ils ont cherché à construire l'Europe et, aujourd'hui, nous sommes un peu dans cette perspective-là. Au fond, la désunion des Etats fait de l'Europe une proie dans la mondialisation, une proie pour le terrorisme. Plus nous serons divisés, plus nous serons fragiles.
Ce qui fait l'Europe, ce n'est pas notre passé, c'est notre avenir. Ce qui fait l'Europe c'est que nous avons besoin, pour lutter contre le terrorisme, pour lutter contre le cancer, pour lutter contre un certain nombre de grands fléaux qui sont ceux de la société d'aujourd'hui, nous avons besoin de nous rassembler. L'Europe est un besoin, ce n'est pas un don du passé. L'Europe vous devez, nous devons la construire parce qu'elle est nécessaire à notre avenir, au fond c'est cette communauté de destin qui fait que plus les choses sont difficiles, plus les incompréhensions sont menaçantes, plus l'Europe est exigeante, et plus il nous faut nous engager dans cette Europe qui cherche à briser le mur des divisions. L'Europe est née avec des divisions, elle a construit des murs et des barrières. Mais l'Europe, aujourd'hui, pour assurer notre avenir a besoin d'abattre les murs et les barrières. C'est pour ça qu'il faut, quelles que soient les difficultés, aller au devant des uns, des autres, parler et parler encore, pour pouvoir construire ensemble. C'est notre destin. Partout ailleurs, si nous ne sommes pas capables de construire cette Europe, nous ne connaîtrons que le déclin et l'affaiblissement.
C'est donc cette difficulté qui est la nôtre aujourd'hui de surmonter les divisions d'aujourd'hui, mais ne soyons pas pessimistes, nos aînés ont surmonté des divisions bien plus terribles encore. Quand le général de Gaulle avec Adenauer ont reconstruit le projet franco-allemand, ils ont dû surmonter des divisions profondes non seulement dans les curs mais dans les peuples. Et donc, aujourd'hui, ayons cette volonté de faire en sorte que l'Europe brise le mur des divisions d'aujourd'hui. Je crois que dans cette circonstance-là, peut-être qu'il nous faut être davantage encore engagés dans les projets. Peut-être que nous ne trouverons pas, demain matin, la solution à toutes les grandes questions qui nous sont posées, et ce n'est pas demain matin que nous aurons forcément toute une politique étrangère commune particulièrement définie. Mais nous pouvons avancer, et dans la politique étrangère et dans la défense. Nous pouvons faire avec Thalès un porte-avions pour le Royaume Uni, nous pouvons faire avec un certain nombre d'entreprises un certain nombre de projets communs. Construisons des projets, bâtissons l'Europe de ce concret, de ces échanges, de ces réalisations. Et donc, engageons plus avant encore cette Europe qui, sur le plan des territoires, qu'on appelle les petites Europe - ces coopérations interrégionales, ces espaces interrégionaux, ces espaces alpins, ces espaces méditerranéens, ces espaces atlantiques, ces espaces de Mer du nord, et sur le plan économique tous ces espaces d'action commune. On a parlé tout à l'heure du Pacte de stabilité et de croissance. Voilà un espace important qui est un espace de discipline pour tous ceux qui sont autour de l'euro. Certes, il faudrait faire bouger un peu le Pacte sur certaines règles. Il faudrait lui dire, comme dit le chancelier Schröder, j'aurais besoin d'un peu de souplesse pour qu'on tienne compte par exemple des efforts de recherche, parce qu'aujourd'hui, avec un pacte de stabilité, on se trouve limité dans des grands efforts de recherche. L'Europe a besoin de faire des efforts considérables de recherche. C'est ce que je disais tout à l'heure aux agriculteurs - c'est valable pour les artisans, c'est valable pour les industriels - c'est par la création, l'intelligence, les brevets, la recherche, tout ce qui est l'injection de l'intelligence humaine dans l'économie qui nous fera exister. Et tout cela, ça exige évidemment des efforts importants et une capacité de création. Mais nous voyons bien que la recherche est une nécessité comme la défense.
Dans le Pacte de stabilité, nous devons tous avoir la même équation. Mais il y en a qui font beaucoup d'efforts pour la défense de l'Europe et d'autres qui font moins d'efforts pour la défense de l'Europe. Donc, il ne faudrait pas conduire à ce que l'Europe n'est pas de défense, sous prétexte qu'il y a les 3 %. Nous pensons que la France doit faire des efforts en matière de défense et si nous avons fait voter - en ce moment nous sommes encore en discussion sur la loi de programmation militaire - c'est parce que nous pensons que nous ne pouvons pas être membres permanents du Conseil de sécurité et porter la voix, comme aujourd'hui la porte Dominique de Villepin, la voix de la France, si nous ne sommes même pas capables de faire les efforts nous-mêmes pour la défense de la France et la défense de l'Europe. Il y a donc dans le pacte de stabilité des choses qui peuvent bouger. Mais l'idée d'une discipline commune, d'un partenariat commun, de cette capacité à ce que les ministres se voient régulièrement, est un élément très important et je rejoins tout à fait François Fillon quand il disait qu'avec l'Europe sociale, il faut aussi avoir cette logique de projets, cette organisation, cette gouvernance européenne sociale qui nous permet d'avoir des règles communes, avec aussi des dimensions nationales, parce que c'est vrai qu'en France - moi qui suis un républicain social - je pense qu'il faut vraiment que la nation ait sa place aussi dans le social. Et nous avons besoin que la République défende - c'est un jeu entre lui et moi, parce qu'il est très républicain social et moi aussi, mais c'est pour cela qu'il ne faut pas que le social soit complètement à l'extérieur de la République, parce qu'il faut qu'on puisse avoir dans nos politiques locales, le jour où il faut faire des contrats emploi solidarité, le jour où il faut faire un certain nombre d'actions, quand notre tissu social est déchiré, il faut injecter du lien social et ça, ça fait partie de la République. Ca fait partie du pacte social, et donc il faut qu'on ait quelques leviers nationaux pour pouvoir agir dans le tissu social. Mais cela veut dire aussi qu'il faut une harmonisation et, là-dessus, je crois qu'on sera d'accord pour dire que cette harmonisation peut se faire, comme le disait François Fillon tout à l'heure, avec la majorité qualifiée, avec ce qui sera nécessaire. Plus nous avancerons sur ce paquet social au niveau européen, d'avancer aussi sur le paquet fiscal parce que les deux sont symétriques, on voit mal comment on pourrait avoir un système social qui se rapproche et un système fiscal qui s'éloigne. Je crois qu'il y a là un projet social important, je pense à ces grandes causes, qui sont très importantes.
On parlait tout à l'heure de la vieillesse avec Hubert Falco, je crois que c'est très important et prenons ça quand même comme une bonne nouvelle. Une petite fille sur deux qui naît, aujourd'hui, vivra jusqu'à 100 ans, ce n'est quand même pas une catastrophe. Naturellement, ça va coûter un peu cher. D'accord, ça va nous faire réorganiser un peu nos systèmes de santé. D'accord ça va poser plein de problèmes. Mais enfin on se bat tous pour ça. On se bat contre la mort, on se bat pour assurer une qualité de vie. Nous avons, grâce à la science, grâce à la médecine, des bons résultats. A nous d'adapter la société aux objectifs que nous nous fixons. Ca veut dire, naturellement, mobiliser des énergies pour que la santé, le social puissent permettre cette organisation qui soit une organisation européenne, puisque nous avons les mêmes sujets.
Un mot sur la politique d'immigration car ça je crois que c'est très important. Je pense que la politique d'immigration devra être à la fois nationale et à la fois européenne. C'est vrai que le droit d'asile est quelque chose qui repose sur des pratiques. Nous avons en France engagé une réforme du droit d'asile pour faire en sorte que l'on traite plus rapidement la situation des demandeurs d'asile qui n'est pas une situation humainement acceptable compte tenu des délais. Donc nous avons des réformes nationales à faire. Mais c'est vrai qu'il faut une politique européenne pour que l'on puisse avoir la même politique sur l'ensemble des frontières et la protection de nos frontières extérieures. Et puis ça veut dire qu'il nous faut aussi avoir des politiques communes pour échanger avec les pays sources, et qu'on ait des filières qui soient positives d'immigration, pour qu'on puisse avec les pays sources, avoir des accords de partenariat et qu'on puisse construire au niveau de l'Europe les mêmes relations. Il faut que l'Europe ait avec le Mali ou d'autres pays les mêmes types de relation pour pouvoir échanger et faire en sorte que l'on puisse faire respecter le droit comme le fait actuellement la France.
Voilà je crois que toutes ces petites Europe de projets qu'il nous faut construire en permanence pour traverser les périodes de crise. La période d'élan reviendra où nous pourrons, ensemble, préparer notre traité constitutionnel, préparer l'ensemble du grand débat national que nous aurons au printemps 2004 avec l'ensemble des ratifications sur l'élargissement, sur la Convention je l'espère. Et puis, les élections européennes qui auront lieu aussi et qui seront un rendez-vous entre les citoyens et l'Union européenne. C'est, je crois, très important de se dire que l'Europe c'est fait par les autres, l'Europe, c'est fait par notre capacité à bâtir, les uns et les autres, à chaque niveau, au niveau local comme au niveau régional, comme au niveau national, comme au niveau européen, des projets qui nous rassemblent.
Je voudrais vraiment vous dire que cette conscience européenne doit vraiment être renforcée chez nous. Cela ne veut pas dire qu'on remet en cause notre appartenance à la France, qu'on met en cause notre appartenance à notre drapeau, à ce bleu de l'histoire, à ce blanc de notre espoir, à ce rouge du sang de nos ancêtres. Non, nous tenons toujours à notre drapeau, mais nous devons avoir une conscience européenne. Pourquoi ? Parce que l'avenir de l'humanité se pose aujourd'hui au niveau de la planète. L'humanité, aujourd'hui, s'est donné les moyens de se détruire de mille façons, y compris par la génétique mais aussi par des armes de destruction massive. Donc la défense de l'humanité, elle pose la question de la gouvernance mondiale, elle pose la question de la planète. C'est pour cela que nous avons besoin de l'ONU pour nous battre pour la paix. C'est pour cela que nous avons besoin de l'Organisation mondiale du commerce pour défendre le sud. C'est pour cela que demain nous avons besoin de l'Organisation mondiale de l'environnement pour défendre la planète et faire en sorte que les émissions de gaz carbonique ne viennent pas percer davantage la couche d'ozone et ainsi fragiliser l'existence de la vie sur la terre. C'est pour cela que nous devons, aujourd'hui, prendre conscience que le monde est notre espace vital et que l'Europe est notre province. Et c'est ce combat-là qu'il faut aujourd'hui avancer pour la planète. C'est pour cela que ces combats sont articulés entre le local et mes racines et le planétaire et mon avenir. Il y a une cohérence et cette cohérence-là, c'est le principe de vie, c'est le principe d'humanité, c'est celui qui doit tous nous animer.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 14 mars 2003)