Interview de Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense, à l'AFP le 16 juin 2003, sur le lancement par la France d'un programme de drones de combat.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Agence de presse

Texte intégral


AFP : Après un an à la tête du ministère de la Défense, quelles sont vos priorités pour l'industrie aéronautique et de défense ?
Mme Alliot-Marie : La France fait un effort considérable pour la défense avec la loi de programmation militaire (LPM) 2003-2008. Il nous revient de faire le meilleur usage de ces crédits. J'ai engagé le ministère à soutenir un travail continu d'évaluation de modernisation et de réforme. Cela suppose aussi des industriels compétitifs et responsabilisés.
Les relations des industriels de défense avec le ministère doivent être établies sur des bases claires et modernisées. De nouveaux partenariats doivent nous permettre de travailler dans les meilleures conditions.
La performance industrielle doit se mettre à l'heure de l'Europe de la Défense. C'est une priorité politique et économique.
Mais des efforts restent à accomplir pour mieux intégrer les marchés de défense. L'Agence européenne est un concept qui progresse. C'est une nécessité pour les clients, comme pour les industriels.
Vous parlez de préparation de l'avenir. La guerre en Irak a démontré l'importance des drones. Comment la France aborde-t-elle ce défi ?
Afin de poursuivre l'effort de recherche et de développement et préparer le futur dans le domaine des avions de combat, la France a décidé de lancer un programme de démonstrateur d'avion de combat non piloté appelé UCAV (Unmanned Combat Aerial Vehicles).
Ce programme de démonstration permet de maîtriser la technologie novatrice des avions sans pilote. Il contribuera au maintien des compétences et technologies-clés nécessaires pour lancer les futurs programmes d'avions de combat, pilotés ou non, en Europe après 2020.
La maîtrise d'uvre de ce démonstrateur sera confiée à Dassault Aviation. Le projet associera également d'autres industriels du secteur, en particulier Thales. Il sera conduit dans le cadre d'un partenariat innovant entre l'Etat et l'industrie.
Depuis votre nomination, vous vous êtes beaucoup investie politiquement en faveur de l'Europe de la défense. Qu'en est-il au plan technologique ?
Avec la loi de programmation militaire 2003-2008, la France fait un effort budgétaire qui légitime notre action au niveau européen. Les résultats sont déjà tangibles : la dynamique créée a permis de mobiliser d'autres pays, comme le Royaume-Uni ou l'Allemagne. Cela se traduit dans la relance de programmes emblématiques comme l'A400M et Galileo.
Le programme UCAV doit permettre à l'Europe de démontrer sa capacité autonome à réaliser des avions de combat non pilotés. Les pays européens seront donc invités à apporter, avec leurs industriels, une contribution au maintien en Europe des technologies clés dans ce domaine stratégique.
Propos recueillis par Emmanuel Angleys
(source http://www.defense.gouv.fr, le 19 juin 2003)