Interview de M. Dominique Galouzeau de Villepin, ministre des affaires étrangères, de la coopération et de la francophonie, à RTL le 11 septembre 2003, sur l'assassinat de la ministre des affaires étrangères suédoise, Anna Lindh.

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Texte intégral

Q - La mort dans ces conditions si tragiques de la ministre suédoise des Affaires étrangères constitue un choc en Europe et vous la connaissiez très bien ?
R - Oui très bien, parce que tout au long de ces derniers mois, nous avons beaucoup travaillé ensemble à nous occuper des grandes échéances européennes. Elle était d'autant plus proche de nous qu'elle avait, avec son pays, une position voisine de celle de la France sur la crise irakienne ; elle échangeait les mêmes principes, le même idéal que le nôtre. Et puis, à la table du Conseil européen, la Suède était notre voisine. Le président de la République était assis à côté d'Anna Lindh, c'est dire à quel point, ce matin, c'est une grande émotion car Anna Lindh, c'était d'abord un sourire, un sourire merveilleux, une femme enthousiaste, passionnée par la tâche qui était la sienne. C'était une voix forte de la Suède sur la scène internationale et en même temps, c'était une voix ferme. C'était quelqu'un qui savait où elle allait, qui avait une grande idée pour son pays et qui, à chaque étape, avait marqué cette conviction.
Q - Pensez-vous que l'on peut faire un lien entre cet assassinat et le référendum sur l'euro dimanche ?
R - Il est prématuré de se prononcer. Nous ne connaissons pas les causes réelles de cet assassinat. A partir de là, on ne peut que se livrer à des conjectures. Je crois que cela marque bien, néanmoins, l'insécurité du monde dans lequel nous vivons. Cela doit conduire à s'interroger évidemment sur la façon de répondre à ces menaces, qui existent bel et bien. Elle était très engagée dans la vie de son pays, très populaire.
C'est un moment fort pour la Suède, vous savez que le Conseil suédois est actuellement réuni pour savoir quelle décision prendre : faut-il poursuivre dans la voie du référendum ou, au contraire, reporter un tel choix ? C'est bien sûr un choix qui n'appartient qu'aux Suédois eux-mêmes.
Q - Après l'assassinat il y a quelques années de Olof Palme, on repose la question du rapport entre l'homme politique et le citoyen, ils étaient très proches, cela vous interpelle aussi quelque part ?
R - Oui, c'était une femme de grande proximité et la Suède est un modèle démocratique où, entre l'homme politique et le citoyen, il n'y a aucune barrière. Je crois que, bien sûr, la sécurité doit être une préoccupation dans la zone publique. On doit prendre en compte ce risque-là qui peut surgir à tout moment du fait d'une menace réelle ou d'un déséquilibré qui peut, à un moment donné, intervenir, mais je crois surtout qu'il faut une grande vigilance et nous sommes toujours à la merci du hasard, de la main du destin.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 septembre 2003)