Texte intégral
Q - Quelle est la réponse de la France au discours de George Bush ?
R - L'Irak vit un moment grave. Avec la conjonction du nationalisme, du terrorisme et de l'islamisme, il s'enfonce aujourd'hui dans une spirale de violence qui peut conduire à une situation de chaos. Face à cela, les Américains ont infléchi leur discours : la dernière intervention du président Bush annonce un rôle plus important pour l'ONU et appelle à un engagement international en Irak. Mais le projet de résolution qu'ils ont déposé aux Nations unies ne traduit pas encore suffisamment cet esprit d'ouverture : il reste dans un cadre d'occupation, qui est celui de l'après-guerre.
Soyons clairs. La situation en Irak nous concerne tous : le développement de nouvelles filières terroristes en particulier constitue une source d'inquiétude majeure. La question que nous devons tous nous poser, c'est donc : les mesures proposées par les Etats-Unis sont-elles à la hauteur des difficultés ? Sont-elles susceptibles d'enrayer le mouvement de décomposition actuel ?
Q - Et quelle est votre conviction ?
Notre conviction est que pour se donner les moyens de réussir, il faut aller plus loin. La logique actuelle nous fait courir deux risques : d'un côté une multiplication d'attentats, la division des communautés, le morcellement du territoire ; de l'autre la démobilisation, le désarroi des Irakiens.
Q - Quelles sont vos propositions ?
R - Je serai le 13 septembre à Genève avec les autres membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies pour discuter de la voie à suivre. En tout état de cause, il faut changer de logique pour sortir de l'impasse. La priorité doit aller au rétablissement de la souveraineté irakienne. L'essentiel du pouvoir est aujourd'hui aux mains de la coalition : il doit passer aux mains des Irakiens eux-mêmes. Cela suppose la définition d'un calendrier précis : transfert du pouvoir à des autorités irakiennes intérimaires et, au-delà, un processus constitutionnel et la mise en place d'un gouvernement pleinement légitime. Dans le domaine économique, la transparence doit être la règle. Dès que possible, il faut mettre en place un véritable budget, placé sous l'autorité des Irakiens. Cette reconstruction devra être soutenue par toute la communauté internationale, à travers une conférence des donateurs. Une première réunion est prévue à Madrid le 24 octobre. La sécurité, enfin, relève d'abord des forces d'occupation présentes sur le terrain. Quant à une force multinationale, elle devra être décidée par le Conseil de sécurité, avec un mandat clair et des rapports précis et réguliers devant les Nations unies.
Q - Une nouvelle querelle franco-américaine est-elle en vue ?
R - Nous avons toujours refusé l'esprit de querelle. Nous travaillons avec les Etats-Unis en amis et en alliés. Cela suppose de la compréhension et de la franchise. L'amitié, c'est une exigence. Aujourd'hui, il y a une réalité irakienne, qui appelle des mesures sans précédent. Face à cette réalité, nous avons un devoir de responsabilité et de lucidité. Est-ce que davantage d'hommes sur le terrain permettra d'éviter les attentats ? Est-ce que davantage de moyens budgétaires préviendra le risque de décomposition ?
Nous devons répondre clairement à ces questions et sortir de l'ambiguïté : non, ce n'est pas suffisant. Ne cédons pas aux illusions. Alors faisons preuve de courage et choisissons les bonnes solutions, même si elles sont difficiles. Aujourd'hui, il faut un débat et nous souhaitons avancer des propositions. Nous l'avons fait depuis le début de la crise irakienne, notamment dans la période des inspections. Notre seul souci, c'est l'efficacité, qui exige l'unité de la communauté internationale et la légitimité du pouvoir irakien. Nous voulons instaurer un dialogue constructif, non seulement avec les Etats-Unis mais aussi avec toutes les parties concernées en Irak, les Etats de la région et l'ensemble de la communauté internationale.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 septembre 2003)
R - L'Irak vit un moment grave. Avec la conjonction du nationalisme, du terrorisme et de l'islamisme, il s'enfonce aujourd'hui dans une spirale de violence qui peut conduire à une situation de chaos. Face à cela, les Américains ont infléchi leur discours : la dernière intervention du président Bush annonce un rôle plus important pour l'ONU et appelle à un engagement international en Irak. Mais le projet de résolution qu'ils ont déposé aux Nations unies ne traduit pas encore suffisamment cet esprit d'ouverture : il reste dans un cadre d'occupation, qui est celui de l'après-guerre.
Soyons clairs. La situation en Irak nous concerne tous : le développement de nouvelles filières terroristes en particulier constitue une source d'inquiétude majeure. La question que nous devons tous nous poser, c'est donc : les mesures proposées par les Etats-Unis sont-elles à la hauteur des difficultés ? Sont-elles susceptibles d'enrayer le mouvement de décomposition actuel ?
Q - Et quelle est votre conviction ?
Notre conviction est que pour se donner les moyens de réussir, il faut aller plus loin. La logique actuelle nous fait courir deux risques : d'un côté une multiplication d'attentats, la division des communautés, le morcellement du territoire ; de l'autre la démobilisation, le désarroi des Irakiens.
Q - Quelles sont vos propositions ?
R - Je serai le 13 septembre à Genève avec les autres membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies pour discuter de la voie à suivre. En tout état de cause, il faut changer de logique pour sortir de l'impasse. La priorité doit aller au rétablissement de la souveraineté irakienne. L'essentiel du pouvoir est aujourd'hui aux mains de la coalition : il doit passer aux mains des Irakiens eux-mêmes. Cela suppose la définition d'un calendrier précis : transfert du pouvoir à des autorités irakiennes intérimaires et, au-delà, un processus constitutionnel et la mise en place d'un gouvernement pleinement légitime. Dans le domaine économique, la transparence doit être la règle. Dès que possible, il faut mettre en place un véritable budget, placé sous l'autorité des Irakiens. Cette reconstruction devra être soutenue par toute la communauté internationale, à travers une conférence des donateurs. Une première réunion est prévue à Madrid le 24 octobre. La sécurité, enfin, relève d'abord des forces d'occupation présentes sur le terrain. Quant à une force multinationale, elle devra être décidée par le Conseil de sécurité, avec un mandat clair et des rapports précis et réguliers devant les Nations unies.
Q - Une nouvelle querelle franco-américaine est-elle en vue ?
R - Nous avons toujours refusé l'esprit de querelle. Nous travaillons avec les Etats-Unis en amis et en alliés. Cela suppose de la compréhension et de la franchise. L'amitié, c'est une exigence. Aujourd'hui, il y a une réalité irakienne, qui appelle des mesures sans précédent. Face à cette réalité, nous avons un devoir de responsabilité et de lucidité. Est-ce que davantage d'hommes sur le terrain permettra d'éviter les attentats ? Est-ce que davantage de moyens budgétaires préviendra le risque de décomposition ?
Nous devons répondre clairement à ces questions et sortir de l'ambiguïté : non, ce n'est pas suffisant. Ne cédons pas aux illusions. Alors faisons preuve de courage et choisissons les bonnes solutions, même si elles sont difficiles. Aujourd'hui, il faut un débat et nous souhaitons avancer des propositions. Nous l'avons fait depuis le début de la crise irakienne, notamment dans la période des inspections. Notre seul souci, c'est l'efficacité, qui exige l'unité de la communauté internationale et la légitimité du pouvoir irakien. Nous voulons instaurer un dialogue constructif, non seulement avec les Etats-Unis mais aussi avec toutes les parties concernées en Irak, les Etats de la région et l'ensemble de la communauté internationale.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 septembre 2003)