Texte intégral
F. Laborde-.[...] G. Bush a dit après le 11 septembre qu'il lançait une "croisade" - ce sont ses propres mots -, contre le terrorisme. Votre sentiment ?
- "Une 4ème guerre mondiale contre le terrorisme. L'ennui, c'est que le terrorisme n'est pas défini, sauf par Monsieur Bush. Les objectifs, les moyens, la stratégie, c'est Monsieur Bush. On constate qu'il y a eu une erreur majeure qui a été commise par les Américains. Ils ont mis très peu de force en Afghanistan où leur intervention était, selon moi, légitime : mettre à bas le régime des "Taliban" qui abritait O. Ben Laden..."
Ce qui explique pourquoi les Américains sont en Irak, c'est le pétrole et le contrôle de la zone, ce qui explique pourquoi ils veulent rester seuls maîtres du jeu ? Même si, aujourd'hui, ils appellent l'ONU à la rescousse, ils souhaitent garder le commandement des opérations ?
- "Ils veulent rester maîtres du jeu, en vertu du principe "nous faisons la cuisine et vous, nos alliés, vous faîtes la vaisselle". Est-ce que l'on peut accepter de faire la vaisselle ? Je dois dire que jusqu'à présent, j'apprécie la position française, je considère que la politique définie par J. Chirac et D. de Villepin est tout à fait juste. La France doit demander le retour le plus rapide possible à la souveraineté de l'Irak, et sous l'égide de l'ONU."
C'est donc aux Irakiens à gérer l'Irak avec des Casques bleus de l'ONU, et non pas des forces américaines ?
- "Il faut en effet prévoir un calendrier pour le retrait des forces américaines, et peut-être l'interposition d'un contingent de soldats de l'ONU. Mais aux Irakiens eux-mêmes de faire la police. On a cassé la vaisselle, il faut reconstruire. C'est un travail difficile, c'est une situation dans laquelle la France peut jouer un rôle de médiation avec les alliés qu'elle a su conserver : l'Allemagne, la Russie et la Chine."
[...]
Concernant le budget, il y a quelques difficultés entre le Gouvernement français et l'Europe sur les dérapages avec, pour conséquences quelque chose qui vous concerne en tant qu'élu, puisque cela touche votre région, ce sont les aides accordées par l'Etat français à Alstom, qui pourraient être interrompues...
- "Je trouve qu'il y a quelque chose de profondément immoral dans les déclarations des responsables de la Commission européenne, qu'il s'agisse de M. Prodi, qui qualifiait "d'absurdes" les règles du Pacte de stabilité, il y a encore quelques mois et qui fait aujourd'hui des rappels à l'ordre, alors qu'on voit que les Etats-Unis ont un déficit qui va être de 6 % l'an prochain, le Japon de 7,5, et nous, nous sommes plafonnés à 3 %, alors que la récession est là. Et Monsieur Monti, qui refuse que soient versées les aides qui peuvent permettre la survie d'Alstom, c'est-à-dire d'une grande entreprise dans les technologies de pointe, le TGV, les centrales électriques, les paquebots..."
Cela voudrait dire qu'il pourrait y avoir des licenciements s'il n'y a pas cette subvention européenne ?
- "Bien évidemment, il y a déjà un plan de suppression d'emplois très important mais à plus forte raison, si une faillite intervient, ce sont des dizaines de milliers de travailleurs qui seront jetés à la rue. C'est une entreprise qui sera bradée, vendue par appartements. C'est scandaleux, car l'Europe, aujourd'hui, n'a pas de politique à l'échelle internationale. Nous sommes exposés à la concurrence des pays à très bas salaires et à monnaie de pacotille, nous n'avons pas de politique de change, l'euro est trop fort, nous n'avons pas de politique monétaire, nos taux d'intérêt sont le double de ce qu'ils sont aux Etats-Unis, et nous n'avons pas de politique budgétaire. Donc nous sommes désarmés par l'Europe. Voilà douze ans que je le dis, ce n'est pas d'aujourd'hui..."
Oui, on sait que l'Europe n'est pas votre tasse de thé...
- "Ce n'est pas cela. Je fais des critiques argumentées. J'observe que M. Raffarin dit, aujourd'hui, ce que je dis depuis 1991."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 12 septembre 2003)
- "Une 4ème guerre mondiale contre le terrorisme. L'ennui, c'est que le terrorisme n'est pas défini, sauf par Monsieur Bush. Les objectifs, les moyens, la stratégie, c'est Monsieur Bush. On constate qu'il y a eu une erreur majeure qui a été commise par les Américains. Ils ont mis très peu de force en Afghanistan où leur intervention était, selon moi, légitime : mettre à bas le régime des "Taliban" qui abritait O. Ben Laden..."
Ce qui explique pourquoi les Américains sont en Irak, c'est le pétrole et le contrôle de la zone, ce qui explique pourquoi ils veulent rester seuls maîtres du jeu ? Même si, aujourd'hui, ils appellent l'ONU à la rescousse, ils souhaitent garder le commandement des opérations ?
- "Ils veulent rester maîtres du jeu, en vertu du principe "nous faisons la cuisine et vous, nos alliés, vous faîtes la vaisselle". Est-ce que l'on peut accepter de faire la vaisselle ? Je dois dire que jusqu'à présent, j'apprécie la position française, je considère que la politique définie par J. Chirac et D. de Villepin est tout à fait juste. La France doit demander le retour le plus rapide possible à la souveraineté de l'Irak, et sous l'égide de l'ONU."
C'est donc aux Irakiens à gérer l'Irak avec des Casques bleus de l'ONU, et non pas des forces américaines ?
- "Il faut en effet prévoir un calendrier pour le retrait des forces américaines, et peut-être l'interposition d'un contingent de soldats de l'ONU. Mais aux Irakiens eux-mêmes de faire la police. On a cassé la vaisselle, il faut reconstruire. C'est un travail difficile, c'est une situation dans laquelle la France peut jouer un rôle de médiation avec les alliés qu'elle a su conserver : l'Allemagne, la Russie et la Chine."
[...]
Concernant le budget, il y a quelques difficultés entre le Gouvernement français et l'Europe sur les dérapages avec, pour conséquences quelque chose qui vous concerne en tant qu'élu, puisque cela touche votre région, ce sont les aides accordées par l'Etat français à Alstom, qui pourraient être interrompues...
- "Je trouve qu'il y a quelque chose de profondément immoral dans les déclarations des responsables de la Commission européenne, qu'il s'agisse de M. Prodi, qui qualifiait "d'absurdes" les règles du Pacte de stabilité, il y a encore quelques mois et qui fait aujourd'hui des rappels à l'ordre, alors qu'on voit que les Etats-Unis ont un déficit qui va être de 6 % l'an prochain, le Japon de 7,5, et nous, nous sommes plafonnés à 3 %, alors que la récession est là. Et Monsieur Monti, qui refuse que soient versées les aides qui peuvent permettre la survie d'Alstom, c'est-à-dire d'une grande entreprise dans les technologies de pointe, le TGV, les centrales électriques, les paquebots..."
Cela voudrait dire qu'il pourrait y avoir des licenciements s'il n'y a pas cette subvention européenne ?
- "Bien évidemment, il y a déjà un plan de suppression d'emplois très important mais à plus forte raison, si une faillite intervient, ce sont des dizaines de milliers de travailleurs qui seront jetés à la rue. C'est une entreprise qui sera bradée, vendue par appartements. C'est scandaleux, car l'Europe, aujourd'hui, n'a pas de politique à l'échelle internationale. Nous sommes exposés à la concurrence des pays à très bas salaires et à monnaie de pacotille, nous n'avons pas de politique de change, l'euro est trop fort, nous n'avons pas de politique monétaire, nos taux d'intérêt sont le double de ce qu'ils sont aux Etats-Unis, et nous n'avons pas de politique budgétaire. Donc nous sommes désarmés par l'Europe. Voilà douze ans que je le dis, ce n'est pas d'aujourd'hui..."
Oui, on sait que l'Europe n'est pas votre tasse de thé...
- "Ce n'est pas cela. Je fais des critiques argumentées. J'observe que M. Raffarin dit, aujourd'hui, ce que je dis depuis 1991."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 12 septembre 2003)