Texte intégral
Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur le député,
Vous me pardonnerez si je souhaite situer la réponse à votre question dans un cadre plus large parce que je pense que, pour quiconque a ici le souci de la responsabilité, c'est à ce processus plus large qu'en réalité il faut faire référence.
Je n'ai pas l'intention, sauf pour me remettre dans ce cadre, de prendre des mots qui sont lancés dans le débat, pour en faire objet d'interpellation. Je n'ai pas même l'intention de prendre tel ou tel élément de dossier discuté actuellement par les élus de Corse - et je crois savoir monsieur le député que vous y participez -, parce que des réponses sur ces points, dans un processus en cours ne sont pas faits en réalité pour favoriser la discussion engagée.
Ce qui est vrai, c'est que l'île de beauté connaît depuis plusieurs décennies, des difficultés très graves, qu'aucune majorité, aucun gouvernement, quelle que soit sa sensibilité, n'a pu y apporter, malgré tous les efforts, des réponses totalement satisfaisantes. Mon gouvernement est engagé aujourd'hui dans une démarche ; quelle est cette démarche ? Elle consiste à demander aux élus de la Corse, que j'ai invités à venir me voir à Matignon en décembre, à réfléchir sur la situation de leur île face à un gouvernement qui n'a pas décidé d'imputer exclusivement aux Corses, ce qui est commode mais réducteur, les difficultés chroniques de cette île et qui est prêt à regarder avec les élus de ces départements, comment on peut avancer. Depuis, des discussions se sont engagées dans le cadre de l'Assemblée de Corse mais ouvertes aux présidents des conseils généraux et aux parlementaires de l'île.
Je pense que le plus utile que nous puissions faire est de laisser cette étape du processus se dérouler, de laisser les élus de la Corse qui sont mis en responsabilité, qui acceptent de réfléchir ensemble, qui peut-être esquisseront des réponses communes, qui peut-être simplement manifesteront leurs divisions sur un certain nombre de points, nous dire à nous le Gouvernement, à moi le Premier ministre, aux ministres qui m'entoureront, quels sont les points sur lesquels ils souhaitent que nous avancions.
J'ai rendez-vous en mars, s'ils y sont prêts, avec les élus de la Corse et sur la base des propositions qu'ils feront, nous verrons quelle étape nouvelle nous pouvons franchir.
C'est dans ce cadre que le problème de la langue corse, langue obligatoire ou pas langue obligatoire, sera posé. Vous ne me ferez pas détacher morceau par morceau, des éléments de cette discussion globale qui est nécessaire.
Sachez en tout cas, compte-tenu des tribunes qui s'ouvrent aux uns et aux autres et dans certains organes peut-être plus pour certains que pour d'autres, que pour être au clair sur la démarche, le dialogue que j'ai engagé, que le Gouvernement a engagé, est un dialogue qui est ouvert avec les élus de la Corse, y compris les nationalistes et non pas un dialogue ouvert avec les nationalistes, à travers les élus de la Corse. C'est l'ensemble des élus qui m'intéresse, c'est leur capacité à proposer, à réunir, qui m'est utile et c'est dans cet esprit de responsabilité que vous devriez accompagner l'action du Gouvernement."
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 10 février 2000)